CHAP IV : ANALYSE EXPLICATIVE DE L'INFLUENCE DES
FACTEURS LIES A LA P.F SUR LA SURVIE INFANTILE
Dans le chapitre précédent nous avons mis en
évidence les éventuelles relations susceptibles d'exister entre
d'une part, les variables liées à la P.F telle que la pratique
contraceptive moderne, l'intervalle intergénésique
précédent, l'âge de la mère à l'accouchement
et le rang de naissance et d'autre part, la survie infantile. Nous avions
néanmoins constaté que toutes ces variables avaient une influence
significative sur la survie des enfants de moins d'un an. Nous avions cependant
émis des réserves quant à la persistance des ces relations
du faite que les analyses avaient été faite sans tenir compte des
effets des autres variables en présence. Ainsi, pour pouvoir
vérifier la solidité de ces relations, émettre des
conclusions quant à nos hypothèses d'études et enfin
formuler les recommandations qui s'imposent dans l'optique d'améliorer
la survie infantile au Rwanda, ce chapitre présente les résultats
de l'analyse multivariée explicative obtenus par la méthode de
régression logistique dont le principe avait été
exposé précédemment.
Comme les résultats du modèle dépendent
largement du choix des variables utilisées, nous allons d'abord
commencer par nous assurer s'il n'y a pas de problème de
multicollinéarité entre les variables à utiliser, suivra
ensuite l'adéquation et la validation du modèle et enfin nous
discuterons de l'influence de la P.F des femmes Rwandaises sur la survie
infantile et ses mécanismes d'action.
Vérification de la condition de
multicollinéarité entre les variables à
utiliser
Comme nous l'avions déjà
signalé précédemment, l'application de la méthode
de régression logistique demande que les variables à utiliser ne
soient pas fortement inter-corrélées. Est-il donc indispensable
que soit vérifiée la condition de multicollinéarité
entre les variables à utiliser avant toute analyse y recourant. Le
tableau 4.1 donne les résultats des analyses
d'inter-corrélation entre les variables retenues dans l'étude.
Ils ont été obtenu à partir de la commande
« collin » du logiciel STATA
(commande téléchargeable sur le net dans le cas
où elle n'est pas intégrée dans la version du STATA).
L'interprétation de ses résultats est faite grâce aux
statistiques VIF ou Tolérance (l'une
étant l'inverse de l'autre) selon la règle
suivante :
Si la valeur du VIF>3,3 (équivalent
à Tolérance<0,3) ; la variable concernée
est une combinaison linéaire des autres variables et doit donc
être éliminée du
modèle ;
Sinon la variable est retenue.
Tableau 4.1 : Analyse de la
multicollinéarité entre les variables à
utiliser
Variable
|
VIF
|
Tolérance
|
Survie infantile
|
1,02
|
0,98
|
Milieu de résidence
|
1,39
|
0,72
|
Région de résidence
|
1,03
|
0,97
|
Condition de vie du ménage
|
1,00
|
1,00
|
Taille du ménage
|
1,20
|
0,83
|
Milieu de socialisation
|
1,25
|
0,80
|
Religion de la mère
|
1,03
|
0,97
|
Niveau d'instruction de la mère
|
1,22
|
0,82
|
Niveau d'instruction du conjoint
|
1,20
|
0,83
|
Activité économique de la mère
|
1,09
|
0,91
|
Activité économique du père
|
1,04
|
0,96
|
Nombre de visites
|
2,09
|
0,48
|
Lieu d'accouchement
|
1,49
|
0,67
|
Assistance à l'accouchement
|
1,31
|
0,77
|
Taille de l'enfant à la naissance
|
1,01
|
0,99
|
Vaccination Polio0 et BCG
|
1,01
|
0,99
|
Sexe de l'enfant
|
1,01
|
0,99
|
Contraception
|
1,06
|
0,94
|
Age à l'accouchement
|
1,77
|
0,56
|
Intervalle intergénésique
précédent
|
1,70
|
0,59
|
Rang de naissance
|
2,85
|
0,35
|
Source : Résultats d'analyse des
données de l'EDSR-III
A la lumière des résultats reprise dans le
tableau précédent on remarque qu'aucune variable n'a une valeur
de tolérance inférieure à 0,3. Ainsi, aucun
problème de forte inter-corrélation n'est détecté
entre les variables à utiliser. Cela nous permet allons de garder toutes
nos variables pour le modèle de régression logistique.
Adéquation et validation du modèle
utilisé (modèle saturé)
La statistique du khi-deux et sa
probabilité nous permettent d'apprécier globalement
l'adéquation du modèle à prédire le
phénomène étudier. La valeur du Khi-deux est d'abord
comparée à 0 et ensuite il faut comparer sa probabilité
associée au seuil fixé (rappelons que nous nous sommes
fixé un seuil de 5%). Le modèle sera alors adéquat si la
valeur du Khi-deux est différente de zéro et sa
probabilité associée inférieure à 5%. Nous dirons
alors que le Khi-deux est significativement différent de zéro et
nous considérerons que le modèle est adéquat. Le tableau
suivant donne les valeurs des indicateurs d'adéquation, du pouvoir de
classement et du pouvoir prédictif total du modèle saturé.
Ces valeurs ont été obtenues par les commandes
« chi2 »,
« lstat »,
« lsens » et
« lroc » du logiciel
STATA 9.0 respectivement pour les statistiques du Khi-deux,
coefficient de sensibilité, coefficient de spécificité et
la courbe ROC.
Tableau 4.2 : Synthèse des
indicateurs d'adéquation et du pouvoir de discrimination du
modèle (modèle saturé).
|
Adéquation
|
Pouvoir de classement
|
Prédiction
|
Statistique
|
Khi-deux
|
Sensibilité
|
Spécificité
|
Ensemble
|
Aire ROC
|
Valeur
|
305,86
|
91,6%
|
75%
|
91,52%
|
0,7071
|
Seuil
|
0,00
|
0,50
|
0,55
|
0,55
|
0,00
|
Source : Résultats de
l'analyses des données EDSR-III
Il ressort du tableau précédent que le
modèle est adéquat. En effet, la valeur du Khi-deux du
modèle est de 305,86, et est significativement différent de
zéro, au seuil de 1%. Cela signifie en d'autres termes que le
modèle fournit suffisamment d'arguments pour permettre de rejeter
l'hypothèse nulle selon laquelle « il n'y a aucune
différence significative dans la survie infantile selon les
modalités des variables explicatives utilisées ». Il
nous permet ainsi de postuler que le modèle explique, au moins en
partie, la variabilité de la survie infantile au Rwanda, faute de
pouvoir expliquer la totalité.
Les valeurs des statistiques de classement montrent, au seuil
de 0,55 (signalons ici que le seuil fixé par défaut par le
logiciel est de 0,5), la puissance de classement du modèle. En
effet, le modèle saturé permet de bien classer globalement
environ 92 (plus précisément 91,52) enfants sur 100. En
particulier, la valeur de sensibilité du modèle est de 91,6%.
Cela signifie en outre que le modèle permet de bien classer près
de 92 enfants survivants parmi 100 survivants (capacité à
prédire un événement). En d'autres termes, seuls 8 enfants
sur 100 sont mal classés par le modèle tandis que la valeur de
spécificité du modèle est de 75%, et signifie que le
modèle classe correctement, au même seuil de 0,55, trois enfants
décédés sur quatre le sont effectivement. Cependant, ces
marges d'erreurs ne devraient pas faire croire à des manquements du
modèle mais sont dû à un arbitrage que nous avons fait
entre la sensibilité et la spécificité du fait que les
deux statistiques croissent en sens inverse en fonction du seuil choisit
(confer graphique 2.9).
Quant au pouvoir prédictif du modèle, il est
définit comme étant la capacité de celui-ci à
discriminer (Legrand, 2008). Il permet d'évaluer la précision du
modèle à discriminer les « outcomes
positifs » Y=1 des « outcomes négatifs »
Y=0. Il est fournit par l'aire de la surface sous la courbe ROC (Receiver
operating characteristic). Cette dernière correspond en principe au
pouvoir prédictif total du modèle (PPTM) alors que son pouvoir
prédictif réel (PPRM) est obtenu par la formule suivante :
PPRM= [(PPTM-0,5)/0,5]*100 (%)
L'interprétation peut se faire soit directement
grâce à l'aire sous la courbe ROC (confer la règle de pouce
mentionné dans la partie méthodologie), soit selon la valeur du
pouvoir du pouvoir prédictif réel. Nous utiliserons la
première option dans ce travail.
Le tableau ci-haut indique une aire ROC de 0,7071 et prouve
donc que le pouvoir de discrimination du modèle est
acceptable.
Fort de ces constats, nous osons espérer que ce
modèle nous permettra de mener à bien nos analyses grâce
à la méthode de régression logistique et de mieux
appréhender le phénomène de survie infantile tout en
minimisant autant que possible les biais sur les résultats obtenus. Ces
analyses consisterons essentiellement en la vérification de nos
hypothèses d'étude et conduirons finalement à la
formulation des recommandations visant à améliorer la survie
infantile au Rwanda.
Spécification des modèles et discussion
des résultats
Pour évaluer la contribution de la planification
familiale à la survie infantile et vérifier nos hypothèses
d'études, nous avons procédé à la régression
par étape. Ces étapes nous ont permis de mesurer les effets bruts
et nets de chacune des variables indépendantes et
particulièrement celles liées à la planification familiale
des femmes.
Les effets bruts sont définis comme étant les
effets de chaque variable indépendante pris individuellement. L'effet
net total mesure par contre l'effet d'une variable indépendante lorsque
les autres variables indépendantes sont contrôlées. Enfin,
l'effet net direct est, quant à lui, mesuré lorsque les variables
intermédiaires ont été également introduites dans
le modèle. En d'autres termes, c'est l'effet d'une variable
indépendante quand les autres facteurs restent constants
(c'est-à-dire toute autre chose étant égale). Ces effets
ont été calculés en ajustant la régression
logistique par une équation incluant simultanément toutes les
variables du modèle.
a. Spécifications des
modèles
La revue de la littérature nous a permis d'identifier
quatre facteurs liées à la P.F que sont : la pratique
contraceptive moderne, l'âge de la mère à l'accouchement,
l'intervalle intergénésique précédent et le rang de
naissance. Le premier est considéré comme variable
indépendante principale rendant compte de la planification familiale des
femmes alors que les trois autres sont des variables intermédiaires
rendant compte des comportements procréateurs de celles-ci. Ainsi,
voulant évaluer la contribution de la P.F des femmes à la survie
infantile, cinq modèles ont été construis. Un
modèle M0 pour évaluer les effets bruts et
quatre modèles M1, M2, M3 et M4 correspondants à
l'introduction successive de chacune des quatre variables liées à
la P.F ci-haut citées. Plus clairement :
ü Le modèle M1 comprend
l'utilisation des méthodes contraceptives modernes et toutes les
variables de contrôle ;
ü Le modèle M2 comprend, en plus
de variables reprises dans M1, l'âge de
la mère à l'accouchement ;
ü Le modèle M3 comprend, en plus
de variables reprises dans M2, l'intervalle
intergénésique précédent ;
ü Le modèle M4 comprend, en plus
de variables reprises dans M3, le rang de naissance.
Présentation et discussion des résultats
L'application de la régression logistique aux
différents modèles susmentionnés nous a conduit aux
résultats repris dans le tableau 4.3. Les valeurs
inscrites au niveau des modalités représentent pour chaque
modèle les Odds ratios (qui dans notre étude approximent bien les
rapports de chances du fait que la mortalité infantile est un
phénomène rare) qu'ont les individus appartenant à cette
modalité comparée à ceux de la modalité de
référence tandis que la valeur se trouvant au niveau de la
variable mesure la corrélation semi partielle entre celle-ci et la
survie infantile. En d'autres termes, cette statistique décrit la
corrélation entre la variable explicative et la survie infantile tout en
contrôlant les effets des autres variables en présence.
Il ressort de ces résultats (Modèle
saturé M4) que toutes les variables relatives à
la P.F sont significativement associées à la survie infantile.
Cela conforte les résultats observés à cet effet au niveau
bivarié pour les trois variables significatives que sont : la
pratique contraceptive moderne, l'IIP et le rang de naissance.
Néanmoins, l'association positive entre l'âge de la mère
à l'accouchement et la survie infantile observée au niveau
bivarié est infirmée. En effet, au niveau des variables
liées à la PF, le tableau des résultats montre que, toutes
choses égales par ailleurs, les corrélations semi partielles des
trois premières variables sont significatives à 1% tandis que
elle ne l'est qu'à 10% pour l'âge de la mère à
l'accouchement. Ainsi, toutes les quatre variables sont donc significativement
corrélées avec la survie infantile. Au niveau de chacune de ces
variables, on remarque également que toute chose égale par
ailleurs, la variabilité de la survie infantile entre les
modalités de la variable est significative excepté la
modalité 35 ans et plus de la variable âge de la mère
à l'accouchement. Cela signifie que toutes ces variables ont une part
significative dans l'explication de la variabilité totale de la survie
infantile au Rwanda.
Les résultats du tableau 4.3
indiquent en outre que parmi les variables associées à la P.F,
l'intervalle intergénésique précédent est le
déterminant le plus important avec 64,49% du pouvoir explicatif total de
ces quatre variables, suivit de la pratique contraceptive moderne 22,45%, du
rang de naissance 7,35% et de l'âge de la mère à
l'accouchement avec 5,71%.
A. INFLUENCE DE LA CONTRACEPTION ET DES COMPORTEMENTS
PROCREATEURS SUR LA SURVIE INFANTILE
Analysons à présent
l'influence de chacune des quatre facteurs liés à la P.F des
femmes sur la survie infantile afin d'apprécier leur contribution dans
l'amélioration de la survie des enfants de moins d'un an.
1. Influence de la pratique contraceptive moderne sur
la survie infantile
L'examen du modèle saturé M4
met en lumière l'existence d'une influence positive directe (sans passer
par les comportements procréateurs) de la pratique contraceptive moderne
sur la survie infantile. En effet, on remarque que l'effet net direct de la
contraception sur la survie infantile est significatif à 5%. Ainsi, es
enfants issus d'une mère pratiquant la contraception moderne ont environ
1,4 fois plus de chances de survivre au moins jusqu'à leur premier
anniversaire que leurs homologues issus des mères qui n'en pratiquent
pas, tous les autres facteurs étant supposés constants. Cela
confirme en outre la relation positive observée au niveau
bivarié. On peut alors dire que l'utilisation des méthodes
contraceptives modernes par les mères augmente les chances de survie de
leurs enfants tout au moins au cours de leur première année
d'existence même sans passer par les variables des comportements
procréateurs. Cependant, il n'est pas du tout évident que
l'utilisation des méthodes contraceptives moderne puisse agir
directement sur la survie infantile. Nous pensons alors que cette action
passerait par certains facteurs liés à la contraception mais pas
à la P.F telle que l'état sanitaire de la mère, les
avortements provoqués, ... non prise en compte dans cette étude,
par défaut des données requises, et qui ont une influence sur la
survie infantile. En effet, la finalité de la pratique contraceptive
moderne n'est pas seulement la P.F, mais aussi la protection contraire les IST,
empêcher les avortements provoqués,... Ainsi, la contraception
agirait à travers l'amélioration d'état sanitaire de la
mère pendant et après la grossesse, la réduction du nombre
d'avortements provoqués qui causent pas mal de décès dans
les pays en développement,... Le fait que la contraception soit
significative après avoir contrôlé les effets des
comportements procréateurs peut être dû aussi au faite que
la liaison entre la pratique contraceptive moderne saisie par l'enquête
et les comportements n'est pas évidente. La pratique contraceptive
moderne étant saisie à travers l'utilisation actuelle des
méthodes contraceptives modernes, elle repose en effet sur une
hypothèse forte stipulant que les comportements des femmes en
matière de contraception n'a pas varié dans le temps. Chose loin
d'être évidente. Pour y voir claire, regardons les statistiques
sur l'évolution de la pratique contraceptive moderne : le
pourcentage des femmes utilisant la contraception moderne est passé de
13% à 4% de 1992 à 2000, à 10% en 2002 et à 13% en
2005 (Rapport de l'EDSR-III, 2005). Cela montre que l'effet de la pratique
contraceptive sur la survie infantile est surestimé par l'augmentation
récente de cette pratique et ne peut être totalement
expliqué par les seules variables intermédiaires. Cependant,
comme l'étude ne porte que sur la planification familiale (limitation
des naissances, espacement des naissances et report des naissances aux
âges propices) et ne pose aucune hypothèse sur l'action directe de
la contraception, nous pensons que ces limites ne sont pas
préjudiciables.
2. Influence de l'âge de la mère
à l'accouchement sur la survie infantile
Il ressort de la dernière colonne du tableau
n°R (Modèle saturé) que
seule la modalité « moins de 20 ans » est
significative au seuil de 10%. En d'autres termes, la différence de
survie infantile est significative uniquement entre les enfants issus des
femmes âgées de moins 20 ans et ceux issus des femmes d'âges
intermédiaires (20 à 34 ans) alors que malgré une
différence de survie observée au niveau des enfants issus de deux
dernières classes (20 à 34 ans et 35 ans et plus), cette
dernière n'est pas significative. Ainsi, toutes choses égales par
ailleurs, les enfants issus des femmes âgées de moins de 20 ans
ont en moyenne 24% de chances en moins de fêter leur premier anniversaire
que ses homologues issus des femmes âgées de 20 à 34 ans.
Cependant, cette liaison est faible du fait que la significativité n'est
observée qu'en montant jusqu'au seuil de tolérance de 10%. Notons
aussi que malgré que la différence ne soit pas significative, les
chances de survie infantile accusent une légère baisse chez les
femmes âgées de 35 ans et plus. Cependant, cette différence
n'étant pas significative, nous ne pouvons rejeter l'hypothèse
nulle et nous acceptons que les enfants des deux derniers groupes ont les
mêmes chances de survie infantile. Ces résultats infirment une
fois de plus la relation observée au niveau bivarié qui avait
suggérée, rappelons-le, une relation positive entre l'âge
de la mère à l'accouchement et la survie infantile. L'explication
donnée à ce résultat est l'immaturité physiologique
et le manque d'expérience de ces jeunes femmes rendent
vulnérables leurs enfants. Concernant les enfants issus des femmes
âgées de 35 ans et plus, on s'attendait à ce qu'ils soient
vulnérables plus que ceux issus des femmes d'âges
intermédiaires, ce qui n'est pas le cas. Nous pensons que cet
écart de vulnérabilité a été réduit
par l'expérience l'élevage des enfants (comportements
nutritionnels et sanitaires).
3. Influence de l'intervalle
intergénésique précédent sur la survie
infantile
L'effet net direct de l'intervalle
intergénésique précédent sur la survie infantile
est significatif à 1%. En effet, après le contrôle des
autres facteurs présent dans le modèle, le effet de l'intervalle
intergénésique précédent reste très
significatif que ça soit au niveau de la variable qu'à toutes ses
modalités. La relation observée à cet effet au niveau
bivarié est ici confirmée par l'analyse des effets nets. Les
probabilités de survie infantile augmentent en effet avec la longueur de
l'intervalle séparant l'enfant index de son aîné. Plus cet
intervalle est long, plus l'enfant aura de fortes chances d'atteindre sont
premier anniversaire. Plus précisément, un enfant né moins
de 18 mois après son aîné a plus de 62% (62,14% exactement)
de chances de moins de fêter son premier anniversaire que celui né
18 à 35 moins après son aîné alors qu'un enfant
né plus de 36 mois après son aîné a en moyenne
environ 1,4 fois (plus précisément 1,3978) plus de chances de
survivre jusqu'au même âge que celui du groupe de
référence (18 à 35 mois). Ces résultats concordent
avec ceux observés dans les études empiriques qui voudraient
qu'un intervalle intergénésique long permette à la
mère de récupérer des fatigues accumulées lors de
la précédente grossesse avant de concevoir de nouveau, diminue la
concurrence en matière de nutrition observée
(Rakotandrabe, 2004) observée entre les enfants deux
enfants concernés et donne assez du temps à la mère de
s'occuper de son nourrisson.
4. Influence du rang de naissance sur la survie
infantile
Plusieurs études empirique ont
montré une relation entre le rang de naissance et la survie infantile
(voir à cet effet la parte revue de la luttérature).
D'après ces études, on s'attend à ce qu'on observe une
surmortalité aux groupes extrêmes c'est-à-dire chez les
enfants de rang un et chez les enfants de rang élevé et un
maximum de probabilité de survie au rang intermédiaire.
Les résultats observés à cet effet sont
conformes à nos attentes. Tout comme les deux autres variables
intermédiaires précédentes, le rang de naissance de
l'enfant est un facteur déterminant de la survie infantile. Son
coefficient de corrélation semi-partielle est significatif à 1%.
De plus, la survie de l'enfant est différentielle selon le rang de
naissance de ce dernier. La relation observée peut être
matérialisée en forme d'un U renversé. En effet, on
observe une corrélation positive entre le rang de naissance et la
probabilité de survie infantile pour les deux premières classes
alors que cette dernière chute dans la troisième classe. Les
enfants de rang un et ceux de rang 7 et plus ont respectivement à peu
près 23% (plus précisément 22,59%) et 41% (plus
précisément 40,53%) de chances de moins de survivre
jusqu'à leur premier anniversaire que ceux de rang 2 à 6.
L'explication donnée à cet effet est d'abord la
corrélation observée avec l'âge à la
maternité, surtout pour la première naissance pour laquelle les
jeunes femmes manquent parfois d'expérience dans l'élevage de
l'enfant. De plus, la précocité du mariage dans le contexte
africain rend les enfants de rang un plus exposés à
l'insuffisance pondérale ou à la prématurité
(Venkatacharya et Teklu, 1986). Pour les enfants de rang élevés
(7 et plus), c'est surtout le phénomène d'épuisement
maternelle qui expliquerait en grande partie la surmortalité
observée. En effet, chaque grossesse demande à la mère une
certaine quantité d'énergie à dépenser, non
seulement pour mettre celle-ci à terme, mais aussi pour l'accouchement.
Par conséquent, les grossesses nombreuses mettent en danger la
santé de la mère et par là, celle du nouveau-né.
Cette détérioration de la santé de la mère peut
être aussi liée à l'âge de la mère à la
maternité puisque ce sont en moyenne les femmes âgées qui
ont beaucoup d'enfants car ayant été longtemps exposées
aux risques de conception. Et pour les femmes jeunes, avoir une parité
élevée signifie qu'elle a eu des intervalles
intergénésiques réduits. Il est possible aussi que la
diminution des ressources et l'exposition accrue aux maladies infectieuses
dû à la corrélation entre le rang de naissance (cependant,
celle-ci n'est pas suffisamment forte pour causer le problème de
multicollinéarité, confer pour cela le paragraphe sur la
vérification de la multicollinéarité) et la taille de la
famille entrent en ligne de compte. Ainsi, la surmortalité
élevée observée pour les enfants de rang supérieur
est tributaire des interactions entre les trois variables des comportements
procréateurs, du phénomène d'épuisement maternelle
mais aussi de la concurrence entre la fratrie.
11. B. MECANISMES D'ACTION DE LA PF SUR
LA SURVIE INFANTILE
Le paragraphe précédent nous a permis
d'identifier, parmi les variables liées à la P.F, les
déterminants de la survie infantile. Il est ressorti, toutes choses
égales par ailleurs, que toutes les quatre influencent la survie
infantile. Pour aboutir à ces conclusions on avait uniquement besoin des
effets nets directs des ces variables. Cela nous a conduit à ne
considérer que le modèle saturé uniquement.
Le présent paragraphe mettra en exergue les
mécanismes d'action de la planification familiale des femmes,
appréhendée à travers la pratique contraceptive moderne,
sur la survie infantile. Ainsi, partant des effets bruts fournis par le
modèle M0, nous interprétons les changements
observés après introduction de chaque variable comportement
procréateur. Ces changements sont observés par comparaison des
effets ou odds ratios fournis par les modèles successifs allant de
M0 à M4. On s'attend à ce que
les différences de survie observées chez les issus des femmes
pratiquant la contraception moderne (variable opérationnalisant la P.F)
et ceux issus des femmes n'en pratiquant pas diminuent chaque fois qu'une
variable des comportements procréateurs est introduite dans le
modèle. En d'autres termes, la valeur du odd ratio pour la
modalité « utilise les méthodes contraceptive
moderne » devra s'approcher de l'unité (valeur du odd ratio
pour la modalité de référence qui est
« n'utilise pas les méthodes contraceptives
modernes ») à chaque introduction de variable du comportement
procréateur dans le modèle. Cette valeur ne peut être
égale à l'unité que si l'on parvenait à prendre en
compte tous les facteurs médiatisant les effets de la contraception sur
la survie infantile ainsi que tous les facteurs exogènes pouvant
influencer cette relation. Ce qui est loin d'être le cas vu les limites
de l'étude. Ainsi, l'écart à l'unité observé
dans le dernier moderne pourra être attribué aux facteurs non
prise en compte.
L'examen des effets bruts (modèle M0)
de la pratique contraceptive sur la survie infantile montre une
différence significative entre les chances de survie des enfants de
moins d'un an selon que la mère utilise ou pas les méthodes
contraceptive moderne. Les enfants issus des femmes pratiquant la contraception
moderne ont environ 2,7 fois plus de chances de fêter leur premier
anniversaire que leurs homologues dont les mères n'utilisent pas ces
méthodes.
La prise en compte des variables de contrôle
(modèle M1) nous a permis d'isoler les effets de ces
dernières et d'observer l'effet net total de ce facteur (du moins
approximativement du faite des limites des données dont nous disposons
et de l'inexactitude de saisir la P.F par la seule pratique contraceptive
moderne). On remarque en effet que l'effet de ce facteur reste significatif
à 1% malgré que le rapport de côtes passe de 2,7 à
environ 2. En effet, la prise en compte des variables de contrôle
à réduit l'écart de survie chez les deux groupes
d'enfants. Cela montre que les variables de contrôle avaient un effet
significatif dans la relation entre la pratique contraceptive moderne et la
survie infantile et une fois de plus la nécessité de leur prise
en compte.
L'introduction pas à pas des variables comportements
procréateurs dans le modèle nous permettra de savoir le
rôle de celles-ci dans la relation entre la contraception moderne et la
survie infantile. Il ressort du modèle M2, que le
contrôle de l'âge de la mère à l'accouchement a
réduit l'effet de la pratique contraceptive moderne. En effet, le
rapport de chances est passé de 2,0217 à 1,9140 malgré
qu'il soit resté significatif à 1%. Cela signifie que les femmes
appartenant au groupe d'âge à l'accouchement favorable à la
survie infantile (ici c'est le groupe de référence et dans une
moindre mesure les femmes de 35 ans et plus, voir M4) sont
surreprésentées dans la modalité « utilise les
méthodes contraceptive moderne. Ainsi, tenant compte de
l'antériorité des deux facteurs, nous pouvons dire que
l'âge de la mère à l'accouchement médiatise l'effet
de la pratique contraceptive moderne sur la survie infantile. Plus
précisément, la contribution de la planification familiale des
femmes à l'amélioration de la survie infantile passe par le
report des naissances aux âges propice à la procréation.
Cet âge est, d'après les résultats du modèle final
M4, entre 20 ans et plus. En effet, la
différence de survie infantile chez les femmes des deux derniers groupes
d'âges n'étant pas significative, le modèle ne permet pas
de différencier la survie infantile entre ces deux groupes. Nous sommes
conduit à accepter l'hypothèse nulle selon laquelle,
« il n y a pas de différence de survie infantile entre les
enfants issus des deux groupes de femmes ». Nous rejettons alors
notre hypothèse d'étude stipulant que.....
Le modèle M3, montre l'effet net de la
pratique contraceptive après l'introduction de l'intervalle
intergénésique précédent dans le modèle
M2. La comparaison de l'effet observé à ce
niveau avec celui du modèle précédent montre une
diminution nette de celui-ci (1,9140 à 1,5112) tout en restant
significatif à 1%. Cela montre, comme dans le cas
précédent, que l'intervalle intergénésique
précédent médiatise en partie l'effet de la contraception
sur la survie infantile. En effet, la diminution observée est due au
contrôle de l'effet positif de l'intervalle intergénésique
précédent sur la survie infantile. Cela signifie que les femmes
observant un long intervalle intergénésique
précédent sont surreprésentées dans le groupe des
femmes pratiquant la contraception moderne. Ainsi, l'utilisation des
méthodes contraceptive moderne améliore les chances de survie
infantile en augmentant la longueur de l'intervalle
intergénésique précédent. Notre hypothèse
H1 selon laquelle « est donc vérifier
Enfin, l'introduction de la variable rang de naissance
(modèle M4) permet d'observer l'effet net direct de la pratique
contraceptive sur la survie infantile. Remarquons que le contrôle des
effets de cette variable fait baisser le rapport de côtes chez les femmes
pratiquant la contraception moderne (1,5112 à 1,3075) qui n'est plus
significatif à 5%. Cela prouve que cette dernière
médiatise en partie l'effet de la contraception sur la survie infantile.
Plus précisément, les enfants appartenant à la classe de
rang de naissance la plus favorable à la survie infantile sont
surreprésentés chez les femmes pratiquant la contraception
moderne. Cette classe correspond à celle de référence qui
regroupe les enfants de rang 2 à 6. Or, malgré que les chances de
survie soient nettement faible chez les enfants de rang un relativement
à ceux du groupe de référence, on ne peut pas
éviter ces naissances. Ainsi, pouvons-nous dire que la planification
familiale des femmes Rwandaises influencerait positivement la survie infantile
à travers la limitation des naissances. Notre hypothèse H selon
laquelle « est donc vérifiée.
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