IV-1 La dimension politique du développement
Le développement implique une politique
systématique et cohérente de l'Etat dans le but de promouvoir le
progrès économique et social d'un peuple. Le contenu du concept
ne saurait alors en aucun cas se dissocier des impacts produits par
l'intervention des pouvoirs publics dans le processus de
développement26 . Ainsi, la dimension politique du
développement se focalise autour du rôle de l'Etat dans le
processus du développement. Legouté (2001) estime que même
si les forces du marché et la sphère privée ont toujours
été considérées comme les éléments
dominants du développement, toujours est-il qu'il reviendra à
l'État d'assumer le rôle de stimuler et de réguler la
croissance afin d'atténuer ou de corriger certains effets sociaux
négatifs le plus souvent
23 Défis au Sud, rapport de la commission
Sud, Paris, Économica, 1990, p. 10-11. Le rapport de la commission Sud,
a été rédigé sous l'autorité de l'ancien
président tanzanien Julius Nyerere. Il est censé
synthétiser les aspirations et les politiques des pays « en
développement ».
24 PNUD, Rapport mondial sur le développement
humain, 1991, Paris, Économica, 1991, p. 1.
25 Robineau Claude. La notion de
développement. In: Bulletin de l'Association française des
anthropologues, n°20, Juin 1985. Recherche et/ou développement. pp.
25-31
26 Jean Ronald Legouté, Définir le
développement : historique et dimension d'un concept plurivoque, art.
Cit. p.22.
20
déstabilisateurs. C'est dans le même sens que
Boutaud et Deblock (1990) rappellent que l'application des politiques de
développement dépend de la stabilité politique et
sociale27.
Au regard de ce qui précède, nous pouvons dire
que le concept développement comporte, à travers le rôle
qu'il assigne à l'État, une dimension politique qui doit
être prise en compte dans la suite de notre démarche.
IV-2 Le développement durable
Le développement est défini comme « la
combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rendent
apte à faire croître, cumulativement et durablement son produit
réel global. Les sociétés occidentales elles-mêmes,
et leurs parties constituantes, sont, à cet égard,
inégales quant aux niveaux atteints et quant aux ressorts du
développement. Les sociétés dont les économies sont
dites sous-développées par les publications officielles des
organisations internationales, représentent un cas extrême »
(Perroux, 1969, p. 191).
Le développement durable peut se définir comme
le fait de léguer aux générations futures une base
productive qui leur assure un potentiel de développement au moins
égal au notre (Dasgupta et Mäler, 2001). D'un point de vue
économique, on peut donner deux sens à la notion de
durabilité. La question cruciale est de savoir si le capital naturel
doit bénéficier d'une protection spéciale, ou s'il peut
être substitué par d'autres formes de capital, principalement du
capital manufacturé ( Cantuarias-Villessuzanne 2012). C'est le choix
entre durabilité faible et durabilité forte (Dietz et Neumayer,
2007). Les ressources minières étant par essence non
renouvelables, le concept de durabilité forte se révèle
d'application difficile. Selon Ludwig (1993), le concept de durabilité
fût utilisé par le scientifique allemand Faustmann dès 1849
pour calculer la période de rotation des forêts en vue de
maximiser les bénéfices tout en assurant une production durable.
Cette application biologique des récoltes durables a été
étroitement liée au concept économique de production
durable.
27 Daniel BOUTAUD et Christian DEBLOCK. Ajustement
structurel et choix de développement, Montréal,
GRÉTSÉ, mars 1990, 38p.
Le développement durable est défini comme un
moyen de satisfaire les besoins fondamentaux des êtres humains tout en
préservant les processus écologiques essentiels et les
systèmes d'entretien de la vie, de préserver la diversité
génétique et de garantir l'utilisation durable des espèces
et des écosystèmes (UICN, 1980)28. Il suppose la prise
en compte des impacts environnementaux et sociaux liés à
l'extraction. Dans le cas du secteur minier, il demande soit de ne pas utiliser
le stock du capital minier, soit de donner une compensation aux
générations futures qui ne pourront plus exploiter les ressources
minières (Cantuarias-Villessuzanne, 2012).
L'extraction minière et le traitement des
minéraux peuvent générer différents types
d'externalités négatives, dont la pollution de l'environnement,
la saturation des services publics, une pression sur d'autres ressources
naturelles limitées et la dislocation du tissu social, ce qui peut avoir
des répercussions sur le niveau de bien-être dans la
communauté locale. La pollution de l'environnement peut avoir une
incidence négative sur la santé et c'est une préoccupation
majeure, notamment en ce qui concerne l'exploitation aurifère.
21
28 L'Union mondiale pour la Nature (UICN),
UICN/PNUE/WWF, 1980. Stratégie mondiale de la conservation : la
conservation des ressources vivantes au service du développement
durable
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