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Operationnalisation de la strategie nationale du contenu local dans le secteur des mines au Burkina Faso


par Dramane TRAORE
Université Thomas Sankara du Burkina Faso - Master II en Intelligence Economique et Développement International  2023
  

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III-1 L'émergence du contenu local

Le concept de contenu local, né en Grande Bretagne dans les années 1970, s'est développé dans l'ensemble des industries pétrolières, selon plusieurs auteurs. On note aussi que son émergence est liée à l'évolution du rôle des entreprises au sein des sociétés. En effet, au cours du XXe siècle, les bénéficiaires de la valeur créée par les entreprises ont évolué - passage des propriétaires aux clients puis aux actionnaires -(Poissonnier, 2013). A partir des années 2000, les firmes vont commencer à prendre en compte les critères environnementaux, éthiques et sociaux dans leurs actions. Ainsi le critère de la performance de l'entreprise n'est plus uniquement financier ; l'entreprise est vue comme une structure économique et sociale travaillant de manière organisée pour fournir des biens et des services dans un environnement concurrentiel (Dernis, 2019). C'est dans la même lancée que Schindler (2009) décrit l'entreprise comme un système sociotechnique. Le terme sociotechnique se réfère à l'interdépendance des aspects sociaux et techniques d'une organisation ou de la société dans son ensemble. Dans le même sens, les entreprises extractives prennent conscience que pour faciliter leur installation dans les pays hôtes, il leur faut s'aligner sur les besoins à long terme des différentes parties prenantes locales. C'est ce que certains économistes appellent la « licence sociale d'opérer ».

III-2 La chaine de valeur

Le concept anglophone de « value-chain » qui veut dire « chaine de de valeur » en français a été introduit dans les années 80 par Michael Porter, un professeur de l'Université Harvard aux Etats-

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Unis d'Amérique. Le concept est lié à l'analyse des avantages compétitifs des entreprises. Selon Porter (1985), il renvoie à la décomposition des étapes de production d'une entreprise de manière à identifier les avantages compétitifs possibles aux différents maillons de la chaine de production. Ensign (2001) définit la chaîne de valeur comme étant une façon de conceptualiser les activités nécessaires afin de fournir un produit ou un service à un client. Elle décrit la façon qu'un produit prend de la valeur tout au long de sa progression sur le chemin du design, production, marketing, livraison et service au client. McGuffog (1997) mentionne que l'essence même de la gestion de la chaîne de valeur est l'amélioration de la performance globale de l'entière chaîne à travers un examen de chaque lien et processus avec une approche systématique afin de voir que la vitesse globale, la certitude et l'efficience des coûts peuvent être mises en valeur.

On comprend alors que beaucoup d'auteurs ont mené des réflexions sur le concept. Mais dans l'ensemble, une chaine de valeur peut être considérée comme un enchaînement des opérations depuis l'approvisionnement en intrants spécifiques jusqu'à la consommation finale en passant par la production, la transformation et la commercialisation. Le processus de mise en valeur d'une chaine de valeur fait intervenir divers acteurs (fournisseurs d'intrants spécifiques, producteurs, prestataires de services, commerçants, etc.) dont le rôle varie en fonction des maillons de la chaine. Il s'agit d'un modèle économique qui combine le choix d'un produit final des technologies appropriées avec l'organisation des acteurs et de leur accès aux marchés.

Le schéma N°1 ci-dessous, représente la chaîne de valeur ajoutée du cycle minier montrant la nature et la chronologie des transactions possibles dans les phases de l'exploitation de la mine. Celle-ci comprend les opérations allant de l'extraction du minerai à la vente en passant par la transformation et le marketing. A chaque étape du cycle minier correspond des opportunités liées à la fourniture de biens et de services.

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Figure 1: la Chaîne de valeur du cycle minier

Source : Direction générale de la promotion et de l'économie minières (DGPEM) III-3 Le contenu économique

L'un des concepts inhérents au principe de contenu local est le principe du « contenu économique »14. Il fait référence aux intrants du projet dont les liens verticaux, horizontaux et autres liens économiques, qui constituent ensemble la valeur économique qu'une politique de contenu local est censée produire. En effet, il s'agit pour les décideurs politiques d'énoncer clairement les résultats économiques, qui sont en mesure d'harmoniser les domaines prioritaires de la politique avec les objectifs de développement à long terme. Le processus de définition du contenu économique pose aussi les bases pour la mise en oeuvre, le suivi de la performance et l'identification des lacunes concernant les capacités en vue de bénéficier des avantages définis dans les concepts de « local » et de « contenu économique ». Aussi, la capacité de transformation industrielle apparait-il donc, importante dans l'exploitation des chaînes de valeur en tant que processus permettant d'ajouter considérablement de la valeur à la ressource.

14 Guide pas à pas du CARN pour l'élaboration et la mise en oeuvre de politiques de contenu local, juillet 2016

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Les pays comme la Chine, le Mexique, et la Corée qui participent aux chaînes de valeur, en tant qu'importateurs d'intrants étrangers et exportateurs de biens et services intermédiaires, ont favorisé les activités de transformation industrielle à travers des réformes de politiques économiques nationales engagées par ces derniers pour créer des conditions économiques favorables15. Partant de là, on comprend pourquoi le Burkina Faso après les indépendances avait aussi manifesté une volonté politique de développer son tissu industriel, à travers des programmes de développement dans le but de favoriser la transformation industrielle des produits locaux toute chose qui favoriserait une bonne exploitation des chaînes de valeur. Mais on observe que le pays a toujours une économie très peu diversifiée et participe aux chaînes de valeur mondiales pour l'essentiel à travers l'exportation de ses matières premières brutes en tant que biens intermédiaires pour d'autres pays.

Le Burkina Faso, malgré qu'il dispose des ressources à valoriser se retrouve confronté à des problèmes transversaux qui entravent le développement de son secteur industriel indispensable à une bonne exploitation des chaînes de valeur16. Les insuffisances des réformes en termes de contribution du secteur extractif au développement et la pression de la société civile, vont conduire les gouvernants de plusieurs pays africains à aller vers une approche plus globale de la question des bénéfices tirés de l'exploitation des ressources. Et à partir de 2005, la résurgence du « nationalisme des ressources » viendra accroître la pression imposée aux multinationales du secteur et aux institutions internationales de financement et d'aide au développement17.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore