II-1-1 Apport de l'Intelligence économique (IE)
à la mise en oeuvre du Contenu local
? Tentative de définitions
En France du point de vue de l'expression d'Intelligence
Economique, celle-ci est d'abord issue des travaux de C. Harbulot (1992) et du
groupe de réflexion présidé par Martre (Martre, Clerc
& Harbulot 1994). Le rapport H. Martre, qui représente le catalyseur
de la prise de conscience des enjeux de l'IE en France et qui est devenu une
référence sur laquelle repose un support théorique de l'IE
en Afrique, défini l'Intelligence économique comme suit :
« L'ensemble des pratiques et des stratégies d'utilisation de
l'information utile, développées au sein d'un pays à ses
différents niveaux d'organisation : celui de l'État, du
gouvernement, de l'industrie, des entreprises, de l'éducation, et
même de la population ». (Rapport H. Martre, 1994).
Plus loin, H. Martre (1994) souligne que l'IE peut être
défini comme « l'ensemble des actions coordonnées de
recherche, de traitement et de distribution, en vue de son exploitation, de
l'information utile aux acteurs économiques ». Dans cette
définition il met l'accent sur l'utilité de l'information et met
en avant la dimension éthique et déontologique de l'IE pour
préserver une sécurité et une protection pour l'entreprise
en rappelant que ces diverses actions sont menées légalement avec
toutes les garanties de protection nécessaires à la
préservation du patrimoine de l'entreprise dans les meilleures
conditions de qualité, de délais et de coûts.
Le rapport Martre soutient que l'information, est un capital
stratégique dans l'élaboration du processus de décision
stratégique et des tactiques stratégiques.
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« L'information utile est celle dont ont besoin les
différents niveaux de décision de l'entreprise ou de la
collectivité pour élaborer ou mettre en oeuvre de façon
cohérente la stratégie et les tactiques nécessaires
à l'atteinte des objectifs définis par l'entreprise dans le but
d'améliorer sa position dans son environnement concurrentiel ».
Nous constatons à travers cette définition que l'objectif de
compétitivité de l'IE pour l'entreprise est clair.
Cette définition de l'IE proposée par le rapport
H. Martre est composée de trois éléments. Le premier
élément concerne la matière première de l'IE
à savoir l'information qui représente un capital
stratégique pour l'entreprise. Le deuxième élément
est lié aux fonctions de l'IE à savoir l'aide à la
décision stratégique, la sécurité, la protection et
l'amélioration de la position compétitive de l'entreprise au sein
d'un environnement hyperconcurrentiel.
Le troisième met en avant le cadre organisationnel et
éthique de l'IE pour la coordination des différentes phases du
processus de l'IE « recherche, traitement, distribution et exploitation de
l'information utile » menées conformément aux conventions
déontologiques de l'entreprise. Le quatrième concerne quelques
critères intéressants qui garantissent une efficacité du
SIE à savoir « qualités, délais et coûts
».
La cinquième facette est celle des acteurs de l'IE qui
représentent une composante vitale de l'IE. Sur la base de ces
définitions, nous disposons d'une présentation fonctionnelle de
l'IE constituée en général des fonctions de : veille,
protection du patrimoine informationnel, communication - influence et animation
de réseaux.
Dans nos travaux il est ressorti clairement que la faible
capacité des fournisseurs locaux à satisfaire les demandes des
sociétés minières et les difficultés d'accès
à l'information constituent les points de blocage d'une mise en oeuvre
efficace de cette politique du contenu local. Dans ce sens il parait
intéressant pour nous de nous appuyer sur cette discipline afin de faire
des propositions d'amélioration de l'approche de mise en oeuvre du
contenu local.
Pour les fournisseurs des biens et services miniers, la
pratique de l'Intelligence Economique peut contribuer à
l'amélioration de la performance de leurs entreprises.
Pour ce faire, les fournisseurs doivent entre autres,
mobiliser des talents et les capacités d'analyse en maîtrisant les
sources et flux d'informations. Car l'Intelligence économique
d'entreprise produit les connaissances utilisables dans les actions de lobbying
et d'influence locales, régionales, nationales, ou internationales.
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Par exemple, chaque PME évoluant dans la fourniture
locale doit avoir une politique concrète à l'égard de
l'information ou posséder un système de gestion de l'information.
Cette politique est portée par la Direction. Les PME étant
généralement moins nanties en ressources humaines, la gestion de
l'information (collecte et diffusion) peut être assurée par des
salariés proches du Comité de direction ou répartie dans
les différents services. Le partage d'informations se fera à
travers des méthodes traditionnelles d'échanges (réunions,
rapports, contacts personnels...) et des méthodes non traditionnelles
(intranet, systèmes d'information).
? Comment implémenter ?
Définition des besoins en information
Une PME évoluant dans la fourniture des biens et
services miniers doit d'abord définir ses besoins en information. Cette
définition doit se faire par le niveau supérieur de la direction
en collaboration avec les services stratégiques de l'entreprise. Dans le
cas précis de la fourniture locale, les besoins en informations vont
tourner au tour des besoins en biens et services des entreprises
minières. Cette situation implique la connaissance du cycle de vie de la
mine (Exploration-Evaluation-Développement -Production-Fermeture),
chaque étape ayant ses besoins.
Une bonne connaissance de la réglementation en
matière de fourniture locale aux mines au Burkina Faso, les exigences
normatives des compagnies minières, les nouveaux produits financiers
adaptés au secteur minier est également nécessaire. En
outre, l'entreprise évoluant dans le domaine de la fourniture aux
compagnies minières doit se tenir informée des technologies
disponibles dans ce secteur. Car un avantage concurrentiel durable s'appuie sur
un système de gestion de l'information intelligent au sein d'une
entreprise.
Une fois identifiés, ces besoins doivent être
segmentés et ordonnés et les sources d'information
identifiées.
Identification des sources d'information
Les sources d'information et leur fiabilité dans chaque
domaine particulier doivent être bien définies. Nous pouvons noter
les sources primaires (clients, fournisseurs, concurrents, foires...) et les
sources secondaires (Données des sites Web des compagnies
minières, des ministères en charge des Mines, du Commerce, des
banques...)
Analyse et validation l'information
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Les informations collectées doivent être
analysées en fonction de leurs importances et pertinences avec le
domaine d'activité. Ce travail peut être fait par les responsables
des services.
Diffusion de la connaissance
Une fois l'information analysée, elle ne doit pas
être délivrée à la direction de manière
collective et aveugle. Elle doit être transmise à la direction
avec des propositions d'action à mener. Des systèmes plus
avancés de gestion de l'information, à la fois externes et
internes (par exemple les outils de Knowledge management), peuvent être
utilisés pour garantir la sécurité de l'information.
Action
Une fois l'information et les propositions d'action arrivent
sur la table du premier responsable, celui-ci doit agir maintenant en tenant
compte de son environnement. Ce schéma implique une bonne organisation
interne des PME évoluant dans le domaine de la fourniture locale aux
compagnies minières.
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