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Operationnalisation de la strategie nationale du contenu local dans le secteur des mines au Burkina Faso


par Dramane TRAORE
Université Thomas Sankara du Burkina Faso - Master II en Intelligence Economique et Développement International  2023
  

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I-2-3 La capacité des fournisseurs locaux à satisfaire aux besoins des sociétés minières

Nos interlocuteurs conviennent tous que l'achat local est un domaine à fort potentiel en termes de création de la valeur suite à l'installation des compagnies minières. Au Burkina Faso on dénombre de nombreuses PME locales fournissant des services d'intermédiaires commerciaux, et quelques entreprises de prestation de services détenues par des locaux. Tout au long de notre travail, il est ressorti qu'un pays peut tirer parti des investissements dans son industrie extractive pour appuyer le développement d'industries locales d'approvisionnement et la diversification de son économie. Pour le cas spécifique de la mine d'or d'Iamgold Essakane SA son directeur-Pays, Souleymane Boly, explique que l'approvisionnement local occupe une place majeure dans la stratégie de partage de la richesse définie par sa compagnie.

Selon M. Boly depuis 2010, près de 1.300 milliards de F CFA de chiffres d'affaires ont été générées par la chaîne d'approvisionnement de la mine d'or d'Iamgold Essakane SA auprès d'entreprises installées au Burkina Faso. Sur la même période, plus de 35 milliards de F CFA de chiffres d'affaires ont été réalisés par des entreprises du Sahel depuis 2012 générant ainsi plus de 1.000 emplois indirects auprès des fournisseurs locaux41. Ces chiffres pourraient atteindre un certain seuil important, si la faible capacité des entreprises locales burkinabè à satisfaire la demande des entreprises minières, ne constituait pas facteur de risque, selon nos interlocuteurs.

Par exemple 70% de nos interlocuteurs estiment que les contraintes qui se posent aux fournisseurs locaux, sont liées entre autres, aux difficultés à atteindre et à maintenir

41 La mine d'or d'Iamgold Essakane SA a organisé le 10 novembre 2022 à Dori, une Journée Porte Ouverte dédiée aux fournisseurs locaux de la mine et aux opérateurs économiques de la région du Sahel. Source : https://mines-actu.net/2022/11/14/achats-de-biens-et-services-miniers-la-mine-dessakane-explique-les-opportunites-daffaires-aux-entreprises-locales-du-sahel/ consulté le 14 novembre 2022 à 13h16.

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des normes adéquates en termes de qualité et de délais de livraison. Cette situation est due à la spécificité de l'industrie minière, qui fait que les fournisseurs sont soumis à des standards de normes. « On constate que les PME/PMI locales ne sont pas toujours capables de remplir les exigences contractuelles en matière d'approvisionnement des sociétés minières, ce qui entraine une perte importante de marché pour les fournisseurs locaux », explique un cadre de l'administration minière burkinabè.

Le nombre élevé de demandes de dérogation et d'autorisation d'approvisionnement à l'extérieur traitées en moins d'une année par l'Administration en 2022 (Graphique N° 3) témoigne de l'absence d'une expertise nationale à faire face à toute la demande des sociétés minières. En effet, selon les données du Service du développement du contenu local de la Direction générale de la promotion et de l'économie minières (DGPEM), les biens et les services les plus demandés en dérogations sont essentiellement des pièces de rechange "Équipement fixe" (14.74%), le carburant et lubrifiant (10.53%), les forage minier (9.47%) ; l'assurance et réassurances (6.32%), les substances explosives (5.26%), la fabrication de flexibles hydrauliques et embouts (LNFA) (5.26%) , le Cyanure (5.26%) et les autres produits chimiques entrant dans le traitement de minerais (5.26%). Cela démontre que les sociétés minières ont de plus en plus tendance à se faire livrer les biens et services depuis l'extérieur du fait de l'inexistence de fournisseurs capables de les satisfaire selon leurs explications. Sur les quatre-vingt-quinze (95) demandes de dérogations enregistrées par le ministère en charge des mines, entre janvier et juillet 2022, quarante-sept (47) ont reçu un avis défavorable et trente-sept (37) ont reçus un avis favorable.

L'aptitude des entreprises locales à répondre de façon efficace et efficiente aux nouvelles demandes du marché est limitée. Certaines entreprises locales ont également des insuffisances par rapport aux procédures d'achats des compagnies minières. Par exemple, un responsable de l'Alliance burkinabè des Fournisseurs des biens et services miniers (ABSM) reconnait l'inexistence des adresses mail pour la réception des offres et pour la transmission des réponses chez certains fournisseurs et le manque de formalisation de plusieurs PME/PMI.

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Le refus des compagnies minières de signer des engagements de domiciliation au profit des banques, selon certains de nos interlocuteurs. « Lorsqu'un prestataire obtient un marché avec une compagnie minière, celui-ci approche une banque pour l'accompagner. La banque donne son accord de principe mais indique que le fruit de cet accompagnement, ou les recettes issues de cet accompagnement soient fermement domiciliées et fassent l'objet de la signature d'un engagement de domiciliation par la mine. La quasi-totalité des mines refusent cela », a indiqué un responsable de banque. Il précise que cette situation ne permet pas aux banques de donner des avis favorables à l'accompagnement de certains fournisseurs.

A cela s'ajoute le contexte d'insécurité, car, a-t-il dit, lorsque des prestataires présentent leur besoin de financement et que le banque estime que cette activité n'est pas suffisamment encadrée sur le plan sécuritaire, elle s'abstient de donner une réponse favorable. Notre interlocuteur note également que par moment la structuration des dossiers de financement des fournisseurs pose problème du fait que plusieurs d'entre eux évoluent dans l'informel. L'absence de contrats entre certains prestataires et les sociétés minières et les délais de paiements souvent très longs sont cités par les fournisseurs comme un obstacle à satisfaire la demande des compagnies minières.

Sur ce point, les fournisseurs que nous avons rencontré soulignent que la réticence des établissements financiers à leurs accorder des financements s'explique le plus souvent par le manque de contrat. A cela s'ajoute les délais de paiement des compagnies minières qui obligent les fournisseurs à immobiliser leurs capitaux.

Les responsables bancaires déclarent aussi que le secteur minier n'était pas bien connu au départ du milieu financier et que des efforts sont faits pour proposer des produits financiers adaptés.

La mauvaise structuration des entreprises engendre des difficultés d'appréciation de leurs projets soumis à financement. En effet, la possession d'un des trois types de numéros administratifs (Numéros CNSS, IFU, RCCM) et l'utilisation du SYSCOHADA permet de définir la formalité des entreprises. Or au Burkina Faso ce taux de formalité global est faible (9,1%) selon le septième recensement industriel et commercial (RIC VII, INSD, 2018).

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On peut donc retenir que les entreprises locales burkinabè ont la volonté de fournir des biens et services aux compagnies minières, mais force est de constater que ces dernières font face à des obstacles au nombre desquels nous pouvons citer le non-respect des normes et de la qualité, la faible capacité financière et le manque d'accès à l'information comme l'indique la figure N°10 obtenue à partir d'un croisement des entretiens que nous avons réalisés.

Figure N° 10 : Nuages de mots sur la capacité des entres locales à satisfaire aux besoins des compagnies minières

Notre hypothèse 3 était intitulée comme suit : «les fournisseurs locaux sont confrontés à des difficultés d'accès aux financements qui expliquent leur faible capacité à satisfaire aux besoins des sociétés minières ». Suite à nos analyses cette hypothèse a été confirmée.

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Graphique 3: Pourcentage des demandes de dérogation par biens et services

14,74

Pieces de rechange "Equipement fixe" Carburant et lubrifiant Forage minier Assurance et réassurance Substances explosif Fabrication de flexibles hydrauliques et embouts... Cyanure Autres produits chimiques entrant dans le...

10,53

9,47

6,32

5,26 5,26 5,26 5,26

Pneumatique " Engin lourd"

 

4,21

 

Fret-Transit-Logistique

 

4,21

 

Chaux

Mecanique industrielle (Usine) Extraction de minerais en sous-terrain

Analyse d'échantillon

Restauration et Ebergement Pieces de rechanges "Vehicule légers"

Boulet Sécurité

Mécanique d'engins et de machines mobiles Mécanique de précision et d'usinage (Moteur ,... Maintenance de la centrale électrique du site...

Levés géochimiques

Inspection et recharge des bouteilles d'inspection ... Extraction de minerais à ciel ouvert (Hors ingenierie) Construction de parc de résidus (Travaux de... Analyse des huiles usées(LNFA)

1,05

2,11

2,11

2,11

3,16

3,16

3,16

4,21

1,05

1,05

1,05

1,05

1,05

1,05

1,05

1,05

0,00 5,00 10,00 15,00 20,00

Source : DGPEM

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld