WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Operationnalisation de la strategie nationale du contenu local dans le secteur des mines au Burkina Faso


par Dramane TRAORE
Université Thomas Sankara du Burkina Faso - Master II en Intelligence Economique et Développement International  2023
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

INTRODUCTION GENERALE

Le déplacement des investissements miniers dans les pays africains date de plusieurs dizaines d'années et a connu plusieurs grandes périodes (Oman, 2000). De la période coloniale, qui se caractérisait par un approvisionnement des métropoles en substances minérales brutes par les colonies, en passant par les années d'indépendances, le secteur minier africain a évolué sous plusieurs formes. L'Afrique est le plus grand producteur de nombreuses ressources importantes dans le monde. Cependant depuis quelques années, l'extraction des matières premières, notamment, l'industrie minière est la cible d'une critique soutenue dans certains pays, à cause de la faible amélioration des conditions économiques et sociales des pays riches en ressources minérales (Bélèm, 2009).

En effet, la majorité des minerais du continent noir, notamment en Afrique de l'Ouest sont exportés sous la forme de minerais concentrés ou métalliques sans véritable valeur ajoutée (Vision du Régime Minier de l'Afrique 2009). Conséquence : la situation économique des pays de l'Afrique de l'Ouest contraste le plus souvent avec leurs réserves en matières premières, notamment minières. Ce paradoxe est à l'origine d'une littérature académique alimentée par le débat autour de la thèse de la « malédiction des ressources naturelles ». A l'instar d'autres pays africains, le Burkina Faso est un pays riche en minéraux particulièrement l'or. Celui-ci est devenu le premier produit en termes de valeur d'exportation en 2009, supplantant ainsi le coton qui était le produit d'exportation le plus important en termes de valeur1.

Le secteur minier burkinabè est aujourd'hui, considéré comme l'un des plus dynamiques de l'Afrique de l'Ouest, en raison de ses performances au cours des dix dernières années. D'une production de 5,6 tonnes d'or en 2008, le pays a fait un bond en exportant 62,138 tonnes en 2020 (Ministère en charge des Mines, 2021). Les recettes directes au budget de l'Etat, elles, sont passées de 276 milliards de F CFA en 2019 à 322 milliards de F CFA en 2020, soit une augmentation de 46 milliards de F CFA en valeur absolue. Les recettes d'exportation liées au secteur minier sont passées de 1686 milliards de F CFA en 2019 à environ 2578 milliards de F CFA en 2020 (Ministère en charge des Mines, 2021).

1 Food and Agricultural Organisation of the United Nations, Agricultural Trade, http://faostat.fao.org/ site/342/default.aspx

2

Ces chiffres qui laissent voir un tableau reluisant du secteur minier burkinabè cachent pourtant une autre réalité. En effet, si des efforts sont faits pour une bonne gouvernance du secteur minier et une répartition équitable des retombées issues de l'exploitation des ressources minières, force est de constater que le citoyen burkinabè ne perçoit pas les retombées économiques dans l'amélioration de ses conditions de vie.2

Il ressort qu'au-delà de sa contribution directe au budget de l'Etat, l'existence de l'industrie minière ne semble pas être, pour l'instant, une aubaine pour le développement d'une économie locale dynamique au Burkina Faso. Pourtant, le déploiement d'un secteur minier prospère est justifié par sa capacité supposée à entraîner l'ensemble de l'économie sur le chemin de la croissance, et donc du développement économique (Campbell et al., 2004). Cela est possible en opérant une montée en gamme dans la chaine de transformation du métal brut/ou en s'appuyant sur des mécanismes visant à accroître la quantité de biens et de services achetés par les exploitations minières à des entrepreneurs locaux.

? La problématique

Le boom minier des dernières années au Burkina Faso n'a pas entrainé une réduction significative de la pauvreté, car le peu de valeur ajoutée apportée par les fournisseurs locaux des mines n'a pas eu d'effet d'entrainement notable sur l'emploi ou la sous-traitance (Bohbot, 2017). La Chambre des Mines du Burkina et le Ministère en charges des mines, ont réalisé à cet effet, une étude conjointe en 2018, qui a conclu que « pour l'ensemble des approvisionnements réalisées par les sociétés minières, le Burkina Faso n'a pu capter que 15% de ce montant qui est pourtant de plus de 400 milliards de F CFA par an 3». On note que le secteur minier n'a jusqu'ici pas réussi à engendrer un effet d'entrainement positif en établissant une relation entre les fournisseurs des intrants et les activités réalisées dans le cadre des opérations du secteur extractif ou entre les différents acteurs de la chaîne de valeur.

2 Rapport de la commission d'enquête parlementaire sur la gestion des titres miniers et la responsabilité sociale des entreprises minières.

3 Etude sur l'analyse de l'écart entre les opportunités de fournitures locales aux sociétés minières et la capacité

3

Pour apporter une réponse à cette situation, et dans un souci de se conformer aux dispositions des articles 1014 et 1025 du code minier de 2015, les autorités burkinabè ont entrepris depuis 2018 l'élaboration d'une stratégie du contenu local dans le secteur minier. L'adoption de cette stratégie et de son plan d'actions triennale a été consacrée par l'arrêté conjoint n°2021-336/MEMC/MINEFID du 01 décembre 2021. Cette stratégie est axée principalement sur l'amélioration de l'approvisionnement des industries extractives en biens et services locaux, le développement du capital humain local dans le secteur minier et la valorisation locale des produits miniers et promotion des investisseurs nationaux dans le secteur minier.

Pour entamer la mise en oeuvre de la stratégie nationale du contenu local, un accent particulier a été mis sur la fourniture local des biens et service considérée comme un outil pouvant servir à booster le développement socio-économique en permettant aux Petites et Moyenne Entreprises (PME) d'autres secteurs d'activité de saisir les opportunités d'affaires induites par les mines. Les textes d'application sur la fourniture locale sont entrés en vigueur depuis le 1er janvier 2022. L'adoption de ces textes a été saluée d'une part par les acteurs économiques nationaux que sont les fournisseurs de biens et services - qui y voient une occasion de s'insérer dans la chaine des valeurs de l'industrie minière. Toutefois les modalités de mise en oeuvre ne sont pas maitrisées par tous les acteurs et des difficultés sont constatées dans l'application des textes.

4Article 101 du code minier de 2015: Les titulaires de titre minier ou d'autorisation ainsi que leurs sous-traitants accordent la préférence aux entreprises burkinabè pour tout contrat de prestations de services ou de fournitures de biens à des conditions équivalentes de prix, de qualité et de délais. Il est adopté une politique nationale assortie d'une stratégie de développement et de promotion de la fourniture locale au profit du secteur minier. Un décret pris en conseil des ministres fixe les conditions de sa mise en oeuvre. Un cadre tripartite regroupant des représentants de l'Etat, des sociétés minières et des fournisseurs de biens et services miniers est mise en place pour le développement et le suivi de la croissance de la fourniture locale au profit du secteur minier.

5Article 102: Les titulaires de titre minier ou d'autorisation se conforment aux normes du droit du travail. Ceux-ci, leurs fournisseurs et leurs sous-traitants emploient en priorité, à des qualifications égales et sans distinction de sexes, des cadres burkinabè ayant les compétences requises pour la conduite efficace des opérations minières. L'entreprise soumet à l'Administration des mines un plan de formation des cadres locaux pour le remplacement progressif du personnel expatrié. L'entreprise est tenue au respect de quotas progressifs d'emplois locaux selon les différents échelons de responsabilité. Un décret pris en Conseil des ministres établit la nomenclature des postes et les quotas d'emplois locaux requis suivant le cycle de vie de la mine. L'Autorité en charge des mines reçoit un rapport annuel de l'état d'exécution par les entreprises des exigences en matière de formation, d'emploi et de promotion du personnel local. Les contrats de travail des travailleurs non nationaux dans le secteur minier sont visés par l'Administration du travail, dans les conditions précisées par arrêté conjoint des ministres chargés du travail et des mines.

4

Ce sont ces faits qui nous ont amenés à nous pencher à la présente recherche visant à améliorer l'opérationnalisation de la stratégie nationale du contenu local dans le secteur des mines au Burkina Faso, notamment dans son volet fourniture locale.

Au vu des difficultés rencontrées dans l'application des textes relatives à la fourniture locale au Burkina Faso, la première question qui se pose est la suivante : comment opérationnaliser la stratégie nationale du contenu local dans le secteur des mines au Burkina Faso notamment dans son volet fourniture locale ?

? Les objectifs de recherche :

L'objectif général de notre étude est de contribuer à une meilleure opérationnalisation de la mise en oeuvre de la stratégie nationale du contenu local dans le secteur des mines au Burkina Faso notamment dans son volet fourniture locale des biens et services.

De façon spécifique, notre étude vise, d'une part, à comprendre l'incapacité des fournisseurs locaux burkinabè à satisfaire aux besoins des sociétés minières, et d'autre part, à apprécier le niveau d'accès des entreprises locales burkinabè à l'information relative aux achats des biens et services par les sociétés minières.

Au terme de notre étude, ces objectifs spécifiques pourront nous aider à proposer des recommandations qui s'imposent, soit des solutions appropriées durables permettant une mise en oeuvre efficace de la stratégie du contenu local dans le secteur des mines.

? L'intérêt de l'étude

Le choix sur la recherche d'une meilleure approche pour faciliter l'opérationnalisation de la stratégie nationale du contenu local dans le secteur des mines au Burkina Faso est motivé par le fait que l'économie burkinabè fonde l'espoir sur cette nouvelle stratégie dans le secteur minier.

En effet, l'étude sur l'analyse de l'écart entre les opportunités de fournitures locales aux sociétés minières publiée en juin 2018, montre qu'au Burkina Faso, il y a des niches prioritaires auxquelles devraient être attentifs le gouvernement, les acteurs miniers, la société civile et les opérateurs économiques dans leur ensemble pour l'accroissement de la part de la fourniture locale des biens et services miniers. Ces niches dans l'ordre prioritaire des enjeux financiers en particulier, sont les hydrocarbures et lubrifiants, les produits alimentaires et agroalimentaires, les équipements de

5

Protection Individuelle (EPI), le fret & transit, les pièces de rechange courante/d'usure et les services de consultants et d'expertises.

Notre étude revêt un intérêt capital pour aider les autorités burkinabè à trouver l'approche adaptée pour mettre en oeuvre sa stratégie nationale du contenu local dans le secteur des mines.

? Les hypothèses de recherche

1- L'adhésion des sociétés minières et leurs sous-traitants à la stratégie facilite sa mise en oeuvre

2- Le faible niveau d'accès des entreprises locales burkinabè aux informations relatives aux achats des biens et services des compagnies minières est l'un des facteurs qui limitent leur compétitivité

3- Les fournisseurs locaux sont confrontés à des difficultés d'accès aux financements qui expliquent leur faible capacité à satisfaire aux besoins des sociétés minières.

Outre l'introduction, l'ossature de notre travail de recherche se compose de deux (02) grandes parties.

La première partie subdivisée en deux chapitres, porte sur les généralités conceptuelles et les aspects théoriques. Le chapitre I est une initiation aux concepts de base qui sont utilisés tout au long de cette étude, tandis qu'à travers le chapitre II nous allons traiter des bases théoriques sur lesquelles notre recherche s'est appuyée.

La seconde partie est relative à la présentation, à l'analyse des données recueillies et la vérification des hypothèses de recherche. Celle-ci se présente également en deux chapitres. Le chapitre I sert à présenter le contexte de notre recherche, en plus des aspects méthodologiques de recherche. Le chapitre II va servir à la présentation, à l'analyse des données recueillies et la vérification des hypothèses de recherche.

PREMIERE PARTIE : GENERALITES CONCEPTUELLES
ETCADRE THEORIQUE DE L'ETUDE

6

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand