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Operationnalisation de la strategie nationale du contenu local dans le secteur des mines au Burkina Faso


par Dramane TRAORE
Université Thomas Sankara du Burkina Faso - Master II en Intelligence Economique et Développement International  2023
  

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I-2 La « malédiction du leadership et de la gouvernance »

Ramdoo (2019) souligne que le statut de producteurs de matières premières critiques de certains pays leurs donne un pouvoir non-négligeable pour définir les règles du jeu. Car ces pays peuvent faire valoir leur souveraineté sur les ressources en conservant des parts importantes dans la participation dans les concessions accordées aux investisseurs privés et en ayant un contrôle sur les rentes. Toutefois, leur point faible demeure dans la capacité de maitriser la chaine de valeur en aval et en particulier, les filières industrielles car les matières premières n'ont une valeur stratégique uniquement quand elles sont transformées en biens de consommation. Mapon et Tsasa (2019) note par exemple que les principales ressources pour le Seychelles sont la noix de coco, la cannelle, le poisson, les porcs, le sel et le fer. Pour la Gambie, ce sont le millet, les arachides, le poisson et les bovins. Ces deux pays ne recèlent donc pas de minéraux importants ou d'autres ressources

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naturelles. En sus, leurs bases agricoles respectives sont très limitées. Mais, entre 1960 et 2018, le revenu national brut par tête a été, en moyenne, près de vingt fois plus élevé au Seychelles (10 200 USD) qu'en Gambie (514 USD), expliquent les auteurs. De même, les minerais et autres ressources naturelles au Japon et au Népal sont très limités.

Cependant, entre 1960 et 2018, le RNB par tête a été, en moyenne, près de soixante fois plus élevé au Japon (36 611 USD) qu'au Népal (606 USD).

Parallèlement, certains pays comme le Botswana constituent un contre-exemple édifiant à la malédiction des ressources naturelles. C'est la troisième réserve mondiale de diamant de la planète, et il a le taux de croissance du P11B le plus élevé de la dernière décennie soit 5,4% en 2014 (Boucekkine, 2019). L'auteur part du postulat qu'une mauvaise gouvernance est la principale cause de la « malédiction des ressources naturelles ». Pourtant le Botswana, comme la Zambie, sont deux pays qui n'ont pas connu de guerre civile ni de dictature. Mais la croissance de la Zambie est loin derrière celle du Botswana. Ce dernier tire ses revenus du diamant et l'autre, du cuivre. Si les cours du cuivre sont plus volatiles, c'est surtout la structure politique qui importe. Alors qu'en Zambie, le parti au pouvoir dispose d'un faible contrôle, le contraignant aux pratiques de clientélisme, le Botsawana se caractérise par des institutions fortes qui assurent l'application des politiques de développement votées.

La République Démocratique du Congo (RDC) est le deuxième plus grand pays d'Afrique après l'Algérie avec un sous-sol regorgeant de matières premières importantes : 50% du cobalt mondial, 60% du coltan mondial, quatrième réserve de diamant, une biodiversité incroyable, des forêts, parcs, réserve d'eau.... Or les conditions de vie sont déplorables avec 80% des habitants vivant avec moins d'un dollar par jour (Boucekkine, 2019). En RDC, le Sud-Kivu est une des régions qui subit le plus cette malédiction des ressources naturelles. Le coltan étant indispensable à la fabrication de nouvelles technologies ou encore d'équipements aéronautiques, la région est devenue un vivier d'un commerce que les grandes firmes internationales s'arrachent.

L'Algérie possède un important gisement de pétrole, de gaz et un sous-sol plein de minerais divers et variés. La situation du pays est différente de celle que connaît la RDC. L'Algérie ne fait pas face au délitement de l'État ni à des conflits fonciers. Son P11B et ses exportations sont fortement dépendants du secteur des hydrocarbures. Le pays tire 95% de ses revenus de l'exportation.

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Ce contraste entre la RDC et l'Algérie montre que la question de la gouvernance occupe une large place dans la gestion de ces ressources et qu'elle détermine l'avenir économique des pays. Mapon et Tsasa (2019) soutiennent que la malédiction des ressources n'est pas une évidence empirique absolue, mais apparait davantage comme une hypothèse, dont la validité théorique et empirique est à la fois relative et conditionnelle, plutôt qu'une règle inéluctable. Ils estiment que la malédiction des ressources n'est pas absolue et est plutôt la résultante d'autres malédictions, principalement la « malédiction des institutions », et plus spécifiquement la « malédiction du leadership et de la gouvernance ».

II. La relation entre secteur minier industriel et développement économique

Le lien entre l'exploitation minière et les problématiques de développement local relève de ce que cette activité se déroule aussi souvent dans les milieux de vie des populations sans que celles-ci n'en soient les bénéficiaires. Dès lors, il devient important pour nous de tenter de faire ressortir les différents rapports qui peuvent exister entre l'extraction minière et le développement des communautés locales.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard