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Partis politiques dans le processus de la démocratie en république démocratique du Congo de 1990 à  2011.


par Octve Mwenga Lokosa
ISP/MBKA - Licence 2002
  

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1.3. Rôle constitutionnel des partis politiques

Partie prenante au dialogue inter congolais et ayant signé l'accord global et inclusif, qui a engendré la constitution de la transition, les partis politiques se sont vus attribuer un rôle important pendant la période de transition.

Ce rôle est clairement énoncé par les dispositions pertinentes de l'article 11 de la loi fondamentale de la transition ainsi libellé :

"Le pluralisme politique est reconnu en RDC. Tout congolais a le droit de créer un parti politique ou de s'affilier à un parti politique de son choix. Les partis politiques conçurent à l'expression civique. Ils se forment et exercent librement leurs activités dans le respect de la loi ; de l'ordre public et de bonnes moeurs.

89 DAYAN D., "Les pouvoirs de la réception" in débat n°71, p.145

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Les partis politiques sont tenus au respect des principes de démocratie pluraliste, d'unité et de souveraineté nationale.

Nul ne peut instituer, sous quelque forme que ce soit de parti unique sur tout ou partie du territoire national. L'institution d'un parti unique constitue un crime de haute trahison puni par la loi".90

A la lecture de cet article, nous nous rendons certainement compte de l'étendue du rôle que doivent jouer les partis politiques pendant la transition. Ce rôle est éminemment déterminant étant donné le degré très prononcé à l'inversion des valeurs dans notre pays où les antivaleurs ont pris le dessus sur les valeurs.

Mais pour bien jouer ce rôle l'éducation civique de la population et de formation de la conscience nationale, les partis politiques eux-mêmes doivent être affranchis des antivaleurs que sont surtout :

- La corruption ; le mensonge ou la démagogie, la tricherie, le népotisme, tribalo-régionalisme, le clientélisme, qui sont la négation de l'éthique et de la morale.91 Ce qui s'est passé lors de la mise en place des institutions de la transition ainsi que la désignation de leurs animateurs est une preuve éloquente qu'à ce jour, beaucoup de politiciens doivent fournir un effort considérable pour être à la hauteur de ce rôle constitutionnel leur dévolu.

Pour bien assumer ce rôle constitutionnel, la constitution de la transition entrevoit déjà la possibilité de financement des partis politiques par l'Etat.

Cela est clairement codifié dans l'article 32 de la Constitution qui stipule que :

"Les partis politiques peuvent recevoir de l'Etat des fonds publics destinés à financer leurs compagnes électorales ou leurs activités dans les conditions définies par la loi".92

Nous retiendrons que pour jouer ce rôle constitutionnel comme il se doit, les partis politiques doivent avoir intégré au départ dans leurs projets de société, l'éducation civique de la population ainsi que de la conscience nationale.

La question que nous pouvons logiquement nous poser est celle de savoir quel est l'objectif visé par la constitution en conférant ce rôle aux partis politiques ?

Nous répondrons sans crainte d'être contredit que l'objectif visé est d'amener le peuple à voter avec responsabilité.

90 BOUKU MBONGO, La fin du régime de Mobutu sous l'oeil économique et politique de 1990 à 1997, Mémoire de licence en HGP, ISP-MBKA, 2017-2018, p.47.

91 MUKUNA P., et ali, op.cit., p.98.

92 Journal officiel de la RDC, constitution..., op.cit.

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Pour ce faire, il faut clairement éduquer le peuple, lui montrer les raisons pour lesquelles il doit voter et qui il doit voter. Attirer son attention sur les tentatives de tricherie.

C'est avec raison que la LINELIT attire notre attention sur les quatorze tricheries électorales, comment les décourager et les contourner.

Ces quatorze tricheries sont :

1. Tricherie par une mauvaise loi électorale : c'est la législation de la tricherie ;

2. Tricherie par une mauvaise commission électorale indépendante : cela conduit à l'inféodation et noyautage de celle-ci ;

3. Tricherie par une mauvaise organisation du scrutin : certains bureaux de vote peuvent se passer des instructions de la loi électorale et organiser les scrutins à leur manière. Toute mauvaise organisation d'un bureau de vote est une façon organisée de tricher aux élections ;

4. Manipulation des bulletins de vote : dans certaines circonscriptions électorales, surtout dans les milieux ruraux, des agents corrompus des bureaux de vote peuvent manipuler les bulletins de vote s'ils ne se voient pas surveiller ;

5. Exploitation de l'ignorance des électeurs : certains agents électoraux exploitent les faiblesses des électeurs, surtout les analphabètes pour favoriser un parti ou des partis corrupteurs ;

6. Tricherie par l'encre indélébile : manipulation de la fabrication de l'encre indélébile pour diminuer la teneur d'incessibilité de sorte que quelques munîtes après le vote, les électeurs impliqués dans le schéma de la tricherie peuvent se laver les traces de l'encre et se représenter dans un autre bureau pour voter de nouveau ;

7. Manipulation des urnes pendant leur déplacement c'est lorsque le dépouillement ne se fait pas dans le bureau de vote immédiatement après les scrutins ;

8. Tricherie pendant le dépouillement : il faut une surveillance sérieuse pour éviter que les voix d'un candidat x soient attribué à un autre candidat y ;

9. Tripotage des chiffres à la publication des résultats ; lors de la publication des résultats des élections, l'homme chargé de cette responsabilité (Ministère de l'intérieur ou le président de la centrale électorale) peut publier des résultats différents de ceux issus des urnes ;

10. Complicité de la justice électorale lors des contentieux : si la justice est complice dans la tricherie ; le candidat lésé et plaignant ne pourra pas obtenir gain de cause ;

11. Tricherie par le recensement des électeurs : on peut procéder aux extrapolations au lieu d'un recensement véritable ;

12. Découpage des circonscriptions électorales ; on peut procéder à un découpage électoral injuste pour favoriser tel ou tel autre parti politique ou candidat ;

13. Tricherie par ordinateur : on peut donner à l'ordinateur un programme truqué d'avance. Cela peut-être l'oeuvre des politiciens non sûrs d'eux-mêmes.

14. Tricherie par épuration ethnique : c'est obtenir l'échec aux élections d'un adversaire redoutable.93

93 MUKUNA P. et ali, op.cit., p.101.

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Un contrepoids à cette pratique serait la vigilance du souverain primaire, son implication active au processus électoral comme nous le démontre l'expérience de Madagascar, Sénégal, Géorgie et de l'Espagne, où le les souverains primaires ont rejeté les résultats électoraux rendus publics par le pouvoir organisateur, et cela publiquement.

Pour clore ce point en rapport avec le rôle constitutionnel dévolu aux partis politiques, nous retiendrons que jusqu'au 10 mars 2004, les partis politiques enregistrés au Ministère de l'Intérieur étaient au nombre de 299 et peuvent être répartis en trois catégories :

- Partis politiques ayant été au DIC et présents aux institutions de la transition ;

- Partis politiques ayant été au DIC et absents des institutions de la transition ;

- Partis politiques n'ayant pas été au DIC et absents des institutions de la transition. Alors qu'aujourd'hui on en compte 599 partis politiques enregistrés au Ministère de l'Intérieur.

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