1.2. Caractéristiques des partis politiques
congolais
Les partis politiques congolais sont
généralement des partis des masses qui misent sur le maximum
d'adhérents, membres effectifs et membres sympathisants, pour s'exprimer
et/ou influer sur la société ainsi que ces partis n'ont pas de
poids politiques lorsqu'ils jouent de manière isolée sur
l'échiquier national, sauf situation exceptionnelle. En
conséquence, ils s'adonnent presque toujours au jeu d'alliance ou de
regroupement lorsque des négociations politiques sont
organisées.
Les partis politiques congolais sont dans la plupart de cas
marqués par la personnalité de leurs fondateurs, cette
personnalité déterminera de manière significative le
recrutement des adhérents, qui se recrutent majoritairement dans la
province ou le groupe ethnique du fondateur. Parmi les partis politiques
évoluant présentement dans le décor politiques congolais,
très peu d'un parti politique la règle. C'est certainement pour
répondre à cette logique lors de la création des partis
politiques, on prend souvent soin qu'il y ait des originaires des
différentes personnalités populaires dans des provinces diverses
mais simplement pour que l'origine des leaders en facilite le succès
lors d'adhésion dans toutes les provinces.88
Hormis les partis politiques créés sur le
modèle partis politiques métropolitains en marge de
l'indépendance du pays en 1960, les autres partis politiques
créés en d'autres temps au pays ne répondant presque
jamais à la condition de doctrine ou d'idéologie ou de projet de
société, les partis politiques étant créés
dans un contexte d'absence de compétitions politiques, leur leaders
n'ont généralement pas l'habitude de justifier
idéologiquement ou doctrinalement leur oeuvre. Si non profiter de la
création d'un parti politique pour se positionner lors du partage du
pouvoir politique soit autour d'une table de négociation, soit à
l'issue d'un conclave, d'une conférence, d'un dialogue, etc. A chaque
crise politique, la solution consiste à négocier entre acteurs
politiques pour mettre sur pied un gouvernement nouveau et des institutions
politiques intégrant les forces contestataires. Durant la transition
démocratique des années 1990, plusieurs partis politiques
étaient qualifiés d'alimentaires.
Les partis politiques congolais n'accordent pas la parole
à leur base que sont les militants. Les leaders politiques constituent
leurs partis politiques en affirmant dans les actes constitutifs de ces partis
que c'est le congrès du parti qui est l'organe suprême, alors
qu'en réalité l'affirmation n'est ni respectée ni
appliquée non plus. En d'autres termes, la vie des partis politiques
congolais s'arrête à leurs leaders qui seuls décident au
nom des partis, abusant de la sorte des règles démocratiques
classiques. D'ailleurs depuis plus d'une décennie
88 BOSHAB E., op.cit., p.124.
Page | 43
que les partis politiques prétendent exister au Congo,
certains n'ont convoqué leur congrès pour recueillir les
orientations de la base. Et pendant ce temps, tous les leaders politiques
passent dans les médias en faisant des déclarations au nom de
leurs partis. C'est probablement pour cela que presque tous les dirigeants des
partis politiques sont inchangeables et irremplaçables dans leurs
fonctions au sein des partis.89
Par ailleurs, les partis politiques congolais ne s'adonnent
presque jamais à l'éducation civique ni à la formation de
la conscience nationale. Et pourtant il s'agit là des missions que tout
parti politique doit remplir dans la société. Ces obligatoires
sont reprises à l'article 11 alinéa 2 de la constitution de la
transition.
En RDC, les opposants manifestent généralement
un déficit criant de culture politique. Ils recherchent le pouvoir
politique pour l'exercer et être obéis. Cependant, lorsqu'ils sont
dans l'opposition, ils dressent la population contre les lois de la
République appelant dans de nombreuses situations à des actes
d'incivisme qu'ils condamneront , une fois appelés à exercer le
pouvoir par la suite.
Très souvent, les acteurs congolais confondent l'Etat
avec les dirigeants politiques. Parfois, on voit les opposants lancer un appel
au pays étrangers de ne pas aider leur pays tant qu'ils ne participent
pas au pouvoir. Et pourtant, l'aide qu'ils empêchent profite aux petits
peuples qui n'ont rien à faire avec le combat que les acteurs politiques
se livrent continuellement.
Les acteurs politiques qui militent au sein des partis
politiques sont souvent anarchistes et peu enclins à respecter les lois
du pays. Alors qu'actuellement, les sociétés démocratiques
font l'effort de placer tous les citoyens sur le même pied
d'égalité devant la loi, en RDC les acteurs politiques de
l'opposition pensent qu'ils sont au-dessus de la loi. Il suffit qu'un homme
politique, surtout de l'opposition, soit interpellé pour qu'ils laissent
penser aux poursuites judiciaires arbitraires et dénuées de
fondement juridique, les journaux congolais recherchent en priorité ce
genre d'information pour s'assurer la vente facile dans le public.
|