1.4. Déficit de démocratie interne
Le système partisan au Congo est en déficit
profond en terme de règles et pratiques de démocratie interne,
lesquelles comprennent la tolérance dans les discussions, l'aptitude
d'écoute mutuelle des différents membres prenant part aux
délibérations, l'aptitude du parti à organiser des
élections régulières pour pouvoir aux différents
postes jugés utiles pour son fonctionnement, et pour la sélection
des personnes pouvant représenter le parti au niveau des institutions de
l'Etat ou pouvant présenter des candidats aux postes
électifs.94
La plus part des partis politiques ne connaissent guère
d'élection libres en leur sein. Les décisions stratégiques
et de gestion sont généralement dictées par le chef du
parti. En plus, même si les statuts et règlement intérieurs
des partis prévoient d'organiser périodiquement des
réunions de leurs congrès ou assemblées
générales, il n'y a pas beaucoup de partis qui s'en tiennent
à cette obligation.
Les chefs de partis politiques avancent
généralement les raisons matérielles à cette
absence de grandes réunions des partis. Il leur manque des moyens
financiers de réunir un nombre important des membres venant de toutes
les provinces du vaste Congo. Le manque des moyens financiers est un obstacle
réel et évident au bon fonctionnement des partis politiques. Mais
à l'analyse, il se relève qu'il y a aussi, indiscutablement, une
peur certaine, de la part des responsables, de se voir écarter de la
direction du parti. La volonté d'alternance n'est pas le propre des
chefs de partis en république démocratique du Congo. Fondateurs
ou co-fondateurs se comportent tous, vis-à-vis du parti, comme
propriétaires d'un bien personnel, familial ou ethnique, qu'ils ne
tiennent pas à céder à d'autres mains "Peu sures" ou
"Etrangère". La peur de tenir des réunions inclusives sur des
questions importantes est en plus suscitée par les nombreuses
dissensions qui surviennent dans les partis, pour des raisons d'opinions
divergentes concernant une question donnée ou encore de gestion du
personnel ou des finances du parti.
94 TSHIBANGU C., art.cit. p.26.
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Ces querelles aboutissent souvent à des exclusions des
membres voire à des scissions au sein du parti donnant lieu à des
ailes concourantes. Au PPRD, le secrétaire général Vital
Kamerhe a été écarté en Mars 2009 des fonctions du
président de l'Assemblée Nationale par son parti politique pour
avoir exprimé une opinion contraire à celle du président
de la République chef du parti, concernant des opérations
militaires conjointement menées par les forces armées Rwandaises
et Congolaises dans la province du Nord Kivu. A l'Intérieur du MLC, les
dissensions, démissions et exclusions ont été nombreuses,
généralement dues à une attitude d'intolérance, ou
à des obligations de carence de fidélité à la
politique du parti. Le député Yves KISOMBE a été
radié du parti pour s'être démarqué de la ligne de
conduite du parti à l'occasion du vote d'une motion initiée
contre le député Zacharie BADIANGELA allias Né Muana Nsemi
allié du MLC. Selon certaines sources, le Ministre José ENDUNDO a
été exclu du parti parce qu'il aurait détourné des
fonds destinés à la réhabilitation de l'avenue Kasa-Vubu,
alors Ministre des infrastructures. Cette pratique ne cadrait pas avec les
valeurs Républicaines défendues par le MLC. Quant à
Olivier KIMITATU "Le parti l'a radié pour trahison : il voulait que Jean
Pierre BEMBA et Joseph KABILA soient à la remorque de Louis Michel",
alors ministre belge des affaires étrangères.
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