3.1. De 1990 à 1997
Le début des années 90 souleva un vent de
changement et suscita beaucoup d'espoirs au Zaïre et dans le reste de
l'Afrique. En effet, avec l'écroulement du bloc de l'Est, les pressions
tant internationales que nationales, se firent pour obliger les dictateurs
à faire des sérieuses concessions politiques à
défaut de partir.
Dans son discours du 24 Avril 1990, le président MOBUTU
décida de donner une nouvelle orientation à la vie politique du
Zaïre dans le sens d'une ouverture démocratique. Il annonça
toute une série des mesures pour lancer le pays sur la voie du
changement démocratique : pluralisme politique, liberté
d'opinion, liberté de port vestimentaire, liberté de la presse et
d'expression, etc.
49 Journal officiel de la RDC, constitution du 18
février 2006, op.cit.
50 Idem.
51 NZUMYA E., Cours déjà cité.
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Dans la foulée, plusieurs titres de presse sont
nés et se sont constitués en deux blocs : la presse dite
d'opposition, d'une part, et celle proche du pouvoir, de l'autre. Les uns et
les autres adoptèrent un ton polémique preuve de leur
volonté d'indépendance et surtout signe de différence
d'avec la presse de la deuxième République
considérée comme propagandiste et servile. Soulignons à ce
sujet avec Albert du Roy :
"L'ambiance de fin de règne des années 90 a
donné à la presse congolaise ses lettres de noblesse.
C'était le temps du bilan pour le régime et la presse a fait ses
chaux gras"52
Profitant du discrédit dont était frappé
la Radio et la télévision nationale, la presse écrite a
déployé toute son insolence en réglant ses comptes au
monde politique. "Une expression journalistique, alliant infirmation et
divertissement, caractérise cette période : la
caricature"53 Elle excella dans la mise en scène des acteurs
politiques congolais. Ce genre fut plébiscité par un public
à majorité analphabète. Cependant, la jeune presse libre
était confrontée aux mêmes travers. Aussi partisane et
dépendante financièrement du monde politique, elle n'était
pas si différente de celle de la deuxième République
qu'elle décriait.
3.2. De 1997 à 2001
Laurent Désiré KABILA prend le pouvoir en 1997.
Le zaïre redevient la République Démocratique du Congo. Sur
le plan de libertés individuelles et d'expression, il n'y eut pas de
changement. Au contraire, il y eut même régression car, Laurent
Désiré KABILA interdit les partis politiques. En s'arrogeant tous
les pouvoirs, il anéantit les quelques acquis démocratiques
grappillés à la dictature pendant la longue transition politique
congolaise. La presse Kinoise dénonça une dérive
totalitaire dangereuse et multiplia les mises en garde contre les
velléités de retour au parti unique. La réponse du pouvoir
ne se fit pas attendre. Prenant prétexte de la guerre et au nom de la
situation d'exception engendrée par celle-ci, le régime de
Laurent Désiré KABILA se caractérisa par la restriction
des libertés. Les entraves à la libre expression et à la
circulation de l'information, par la censure et saisies, se
multiplièrent. "En renouant avec les intimidations, les arrestations et
les emprisonnements des journalistes pour atteinte à la
sûreté de l'Etat et collusion avec les forces ennemies, on en est
revenu aux pires années du Mobutisme".54 Cette période
est aussi caractérisée par l'apparition d'une certaine presse de
la haine Anti-Rwandaise. C'est dans ce contexte de persécution et
d'atteinte à la liberté d'expression, que JED (Journaliste en
Danger) a vu le jour en 1998.
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