II. ANALYSE DE LA CONTRIBUTION DU PROJET DANS LA
SCOLARISATION AU NIVEAU DE LA ZONE D'INTERVENTION
A. EVALUATION DE LA COHERENCE DU PROJET
Cette analyse a pour finalité de vérifier que le
projet répond effectivement à un besoin, que les acteurs
impliqués interagissent de manière cohérente et dans la
complémentarité et enfin que cette participation a permis
d'identifier et d'enrôler tous les enfants concernés. Nous partons
du postulat que le dispositif sera considéré comme efficace s'il
permet d'identifier tous les enfants concernés et que la
cohérence du projet par le jeu de complémentarité des
acteurs permet l'engagement à la fois des parents, des enfants, des
élus et représentants locaux ainsi que l'administration.
1. L'existence d'un besoin
Les données d'enquête font ressortir que tous les
acteurs impliqués s'accordent à dire que le projet répond
effectivement à un besoin. En effet, des centaines d'enfants
étaient hors du système scolaire pour les raisons suivantes
évoquées : des difficultés pour poursuivre pour ceux qui
ont abandonné et la malchance pour ceux qui n'ont jamais
été inscrits à l'école. Le projet offre donc une
réelle opportunité de réinsertion à ces enfants et
soulage par la même occasion les nombreux parents et responsables locaux.
En plus l'approche du projet permet aux enfants de rattraper leurs camarades
qui sont dans le cursus normal. En effet, l'approche du projet a l'avantage de
créer un cycle moins long et bénéfique pour la
communauté et l'Etat. Enfin, en considérant le fait que
l'éducation est un droit de l'homme, il y a un besoin réel tant
qu'il y a un seul enfant hors du système scolaire.
2. L'implication de l'ensemble des structures
concernées
Au total on a cinq (5) structures que sont la CEB, la Mairie,
les communautés villageoises, l'AFDR, les élèves. Il
s'agit de l'ensemble des structures concernées par les questions de la
scolarisation des enfants dans la commune. Et au-delà, les
présidents CVD et les conseillers
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municipaux. Cela confirme l'efficacité du
dispositif d'identification et de recrutement des bénéficiaires
qui est notre première hypothèse.
3. La complémentarité entre structures en
pratique
Il ressort de l'enquête auprès des
différentes structures, qu'elles sont complémentaires dans la
mise en oeuvre des SSA/P. En effet, chacune d'elles joue son rôle sans
impacter négativement la capacité des autres à jouer les
leurs pour le bien-être des enfants du pays.
a. La couverture
Naturellement l'objectif d'un tel projet est d'atteindre la
totalité des enfants concernés. Il y a toutefois des
paramètres que le projet ne peut contrôler. Il s'agit notamment de
l'engagement des parents et de la situation financière et alimentaire de
certaines familles. En effet, les difficultés alimentaires sont, pour
plusieurs, la principale cause d'abandon. A ce facteur s'ajoute le manque
d'intérêt de certains parents pour la scolarisation ou la
réintégration de leur enfant dans le système
éducatif. Parmi ceux qui ont manifesté un intérêt
pour la passerelle, certains n'ont pu être retenus pour cause de
dépassement d'âge.
Néanmoins nous pouvons retenir de l'enquête que
tous ceux qui ont manifesté le désir de reprendre le chemin de
l'école, et qui remplissaient les conditions d'âge, ont
été reçus et inscrits conformément au texte de la
SSA/P.
Sur l'efficacité du dispositif d'identification et de
recrutement des bénéficiaires, nous pouvons conclure sur la base
du critère de cohérence que le projet a pu identifier tous les
enfants non-scolarisés et déscolarisés dans les villages
couverts et a pu recruter ceux qui le désiraient. En effet,
l'implication dans chaque village, de tous les acteurs (groupe des parents,
responsables et élus locaux, CEB, représentants d'ONG) et la
cohérence dans leurs interactions ne pourraient laisser échapper
un seul enfant concerné dans le village.
b. Quel est l'apport du projet dans la commune de
Bagaré
Au total, en quatre (4) ans, le projet a pu
récupérer 623 enfants qu'il a transférés dans le
système scolaire. En termes de proportion, le projet a ramené
dans les salles de classe de la commune 87.06% des enfants de 9 à 12 ans
non-scolarisés et déscolarisés sur l'ensemble des villages
couverts par le projet. En moyenne annuelle, le projet aura
transféré 156 enfants de 9 à 12 ans au système
scolaire classique. Autrement dit, sans le projet, le système
éducatif dans
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la commune de Bagaré compterait 156
élèves en moins chaque année, soit 623
élèves en moins sur la période de 2015 à 2019. Le
projet a sans doute, accru le taux de scolarisation dans la commune de
Bagaré avec un taux d'achèvement du cycle primaire de
88,22% pour la première promotion transféré.
Au terme de l'analyse des résultats de cette
étude, il ressort que le projet a contribué
considérablement à l'accroissement du taux de scolarisation dans
la commune de Bagaré avec le transfert de 623 enfants en seulement
quatre (4) ans de fonctionnement. Au niveau du processus d'identification et de
recrutement des enfants, nous pouvons affirmer, au regard de l'implication de
tous les groupes d'acteurs et de leurs interactions cohérentes, que ce
processus est efficace. Pour le maintient et le transfert des
apprenants, l'on a pu évaluer 96,16% de taux de maintient, contre 90,81%
de transfert au niveau régional. Ces taux sont satisfaisants et
confirment bien notre deuxième hypothèse Tous les
enfants concernés sont identifiés mais tous ne sont pas
nécessairement enrôlés ni transférés et
maintenus dans le cycle normal. De même tous les inscrits dans
les centres n'achèvent pas la formation pour des raisons de
pauvreté des familles.
c. Quel est l'apport du projet au niveau du secteur de
l'éducation burkinabè
Au niveau régional, le tableau 17 nous indique que plus
1680 élèves en moyenne de la SSA/P sont transférés
dans le système classique dans la région du Nord par an durant
les trois (3) dernières années selon notre analyse faite sur ce
tableau.
Au plan national, la SSA/P a transféré 15 155
apprenants pour 574 centres ouverts selon le rapport
général de la session du comité de pilotage de la
stratégie de scolarisation accélérée /passerelle
(SSA/P) du Burkina Faso au titre de l'année 2018 du 14 Décembre
2018 pour l'année scolaire 2017-2018 comme le souligne le
tableau 13. Pour l'année scolaire, 20162017, ils étaient 14, 610
apprenants selon le Rapport de fin d'année
présenté par les ONG de mise en oeuvre à la session du
comité de pilotage 2017.
Lorsqu'on fait une évaluation on se rend compte que le
coût moyen d'un élève issu de la SSA/P durant tout son
cursus primaire est de 139 185 FCFA selon le projet dans son
document : Présentation de la Stratégie de
Scolarisation Accéléré (SSA/P) P18. Par
contre selon la Direction des Etudes et de la Planification (DEP) du
Ministère de l'Education Nationale, de l'Alphabétisation et de la
Promotion des langues Nationales (MENAPLN), le coût moyen annuel d'un
enfant de l'école classique en 2013 s'élevait à 67 184
FCFA par an.
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Ce qui voudrait dire qu'en 6 ans un enfant du classique normal
aurait coûté 403 104 FCFA. Avec la SSA/P, il n'aurait
coûté que 67 184 FCFA fois 3 (nombre d'années de
scolarité après la SSA/P) ce qui revient à 201 552
FCFA. On peut donc conclure que le projet a financé plus de
50% du coût de la scolarité de chacun des
élèves transférés.
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