1.2. Vers une féminisation de la grammaire
On pourra remarquer avec l'étude faite ci-dessus «
l'imposition » du genre masculin. La forme féminine n'est souvent
signifiée que par un appendice ajouté au mot masculin. Dans la
majeure partie des cas, elle n'a pas une « forme » qui lui est
propre, mais une variante au mot masculin sur lequel elle prend appui. Aussi
peut-on considérer que les carences observées dans les noms de
métiers au profit du masculin se retrouvent aussi dans les règles
grammaticales ? Le masculin l'emporterait-il aussi sur le féminin dans
ce domaine ?
1.2.1. Les règles en écriture inclusive
déjà inclusives
L'écriture inclusive se caractérise par l'accord
de genre qui se résume par la présence d'un « e»
à la fin du participe passé d'un verbe se conjuguant avec
l'auxiliaire « être ». Citons les exemples suivants :
La fille est allée chez le docteur. Ma
nièce est née en octobre. La branche est
tombée.
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Un « e » est également employé
à la fin d'un participe passé si le verbe se conjugue avec
l'auxiliaire « avoir » mais seulement si le complément d'objet
direct (COD) est placé avant ce verbe.
Exemples :
- J'ai appris la langue anglaise ? Je l'ai apprise.
- Paul a mangé une pomme ? Paul l'a mangée
De même qu'un « e » est ajouté à
la fin d'un adjectif pour marquer le sexe féminin comme dans les
exemples suivants :
- La voiture de mon père est noire.
- Ma meilleure amie est très élégante.
De plus, nous ne pouvons pas traiter les règles de
l'écriture inclusive qui existaient déjà, sans
évoquer les pronoms personnels qui mettent à la fois en valeur le
genre masculin et féminin. Ainsi, on emploie « il » pour
désigner le masculin (ce candidat, il est compétent), et
« elle » pour désigner le féminin (cette
candidate, elle est compétente). Et ces mêmes pronoms
personnels peuvent désigner un emploi neutralisé. En d'autres
termes, ils peuvent renvoyer à un élément neutre (la
table, elle est carrée), ou un emploi dit impersonnel (il pleut, il
faut) (Charaudeau, 2018). Dans ce cas, nous sommes face à la
neutralisation dont l'emploi se manifeste clairement dans les articles et les
déterminants ; plus précisément avec l'article
défini « le » qui désigne à la fois le genre
masculin (le repas est délicieux) et le genre neutre (le plus important
c'est de tenter sa chance). Alors que pour certaines langues, comme l'espagnol
(avec la forme lo) ou le portugais (avec la forme o) le neutre a une forme qui
lui est bien spécifique.
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