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Rapport au savoir chez les enfants Ba-Bongo du village Matagamatsegue. Enquête sociologique en milieu rural au Gabon.


par Guy Laroche Mombo
Université Omar Bongo - Master II en sociologie 2019
  

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CONCLUSION GENERALE

L'étude du rapport aux savoirs chez les apprenants est une question sensible et qui nécessite beaucoup de rigueur pour parvenir à comprendre les différences de réussite, l'échec ; et dans notre cas, la persévérance chez les élèves issus d'une même appartenance sociale ou contexte géographique. Pour cerner le rapport aux savoirs des élèves, il est nécessaire de faire un retour sur leur histoire familiale et sociale. Mais que l'on s'intéresse aussi aux pratiques pédagogiques et au contexte scolaire qui participe à la construction de ce dernier. Car le rapport au savoir est un rapport au monde, à soi-même et aux autres.

Dans cette étude, qui a été réalisée en milieu rural Babongo, essentiellement avec les élèves issus du village Matagamatsengue, il est question de cerner le sens que ces derniers donnent au fait d'aller à l'école et d'y apprendre des choses, afin de comprendre pourquoi ils persévèrent au-delà du caractère irrégulier de leur étude. En effet, notre but était de montrer à partir de la théorie sociologique du sujet (la théorie du sujet), comment le rapport au savoir constitue un élément fondamental à la survie ou non de ces élèves en milieu scolaire.

En outre, pour mieux élaborer notre problématique, nous nous somme inscrit dans l'optique des investigations de Bernard CHARLOT.

En nous inspirant de la perspective élaborée par Bernard CHARLOT, nous avons émis deux hypothèses selon lesquelles :

- Les élèves issus de la communauté Babongo accordent véritablement un sens social aux études dans la mesure où ils développent une persévérance scolaire qui se construit autour d'un projet familial essentiellement centré autour d'une relative réussite sociale qui se traduit par un emploi rémunéré, qui permettra à l'enfant plus tard d'aider toute la famille.

- Le contexte scolaire en zone rural étant défavorable, les élèves Babongo du
village Matagamatsengue accordent un sens épistémique et identitaire restreint aux études, non pas dans la perspective de sortir de leur catégorie sociale, tout au plus pour apprendre à lire et à écrire afin de solliciter des tâches subalternes dans la division sociale du travail moderne.

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Le problème que pose notre objet d'étude étant non quantifiable (la persévérance scolaire), nous avons fait une pré-enquête de terrain afin de mieux constater notre phénomène avant de s'y engager dans l'investigation proprement dite. Par ailleurs, lors de notre investigation définitive, nous avons soumis à notre population cible, constituée prioritairement d'élèves Babongo du village Matagamatsengue et de leurs parents, un protocole d'enquête par entretien articulé autour de cinq (5) items. Et pour un complément d'informations nous avons aussi eu des entretiens avec le corps enseignant et la responsable pédagogique du département de la Louétsi-Wano. Le guide d'entretien et le récit de vie étaient construits de manière à ce qu'ils donnaient à voir le type de relation qu'entretient les familles Babongo en général et en particulier les élèves issus de ces familles avec l'institution et le savoir lui-même, afin de comprendre l'incidence de celle-ci sur le devenir de ces derniers en milieu scolaire. Le choix de cette population cible n'a donc pas été anodin car il découle de notre désir de savoir le sens et la valeur que les familles Babongo et leur progéniture attribuent au fait d'apprendre.

A la suite du traitement des données recueillies sur le terrain et de l'analyse qualitative, il ressort en définitive que nos hypothèses ont été confirmées.

Dès lors, les données révèlent que les élèves Babongo entretiennent des relations conflictuelles avec le fait d'apprendre, notamment sur le plans épistémique et identitaire, ce qui par la suite limite leur survie en milieu scolaire. Les relations qu'ils développent face à l'école ne favorisent pas la réussite scolaire. Certes le sens et la valeur qu'ils attribuent au fait d'aller à l'école leur permet de construire des projets et des vocations, mais ils ne parviennent pas à s'intégrer ; c'est pourquoi ces élèves, à la moindre occasion, sortent du système pour ne plus y revenir ou pour faire surface quelque temps plus tard. Ne parvenant pas à s'intégrer dans le milieu scolaire, cela va donc constituer un frein à la construction d'une identité d'élève car malgré la valeur sociale qu'ils donnent à l'école, celle-ci parait insuffisante pour qu'ils parviennent à faire face aux obstacles et aux implications qu'impose l'institution scolaire.

Tous les parents ont des niveaux d'instruction qui ne leur permettent pas de venir en aide de manière efficace aux enfants lorsqu'il est question d'exercices, d'explications et tout ce qui a un lien avec leur apprentissage.

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C'est donc pourquoi leurs stratégies d'encouragements se limitent de manière générale, à prodiguer des conseils.

En effet, les élèves voient en l'école la possibilité d'un lendemain meilleur, c'est-à-dire le moyen d'avoir un emploi et donc de répondre à la demande familiale qui devient un désir personnel d'apprendre dans le but d'aspirer à une meilleure position sociale et par là devenir un « blanc )) comme les enfants des autres communautés voisines. L'école apparait pour eux comme le moyen le plus sûr de « délivrance )) et de « sortie des conditions difficiles ))

L'importance de l'école se limite à la simple fréquentation et de prétendre ipso-facto à un métier quelconque, à une vie meilleure que celle de leurs parents et non au savoir lui-même (à ce qu'ils sont censés faire et y apprendre). L'école n'a en réalité chez la communauté Babongo qu'une valeur sociale, et c'est cette dernière qui explique en définitif leur persévérance scolaire, au-delà du fait qu'ils ont une fréquentation irrégulière et qu'ils soient pour la majorité en situation de retard scolaire.

A la suite de tout ce qui précède, vient se greffer la réalité d'une école précaire où le stricte minimum en terme d'équipement scolaires fait défaut et crée une démotivation chez les enseignants, dans la mesure où le rythme scolaire ne développe pas le goût de l'école. Nous sommes là donc face à un système éducatif qui ne favorise pas l'égal accès à l'éducation, mais plutôt l'inégalité des chances de réussite scolaire et ce malgré le fait que les élèves persévèrent. Ceux qui vivent en milieu rural ont donc plus de difficultés que ceux qui apprennent en ville : ils doivent d'abord, apprendre la langue que légitime l'école avant de si intégré de manière parraine. Afin de dépasser le seuil de métier d'élève auquel ils se limitent et de s'y impliquer dans le travail d'apprenant, des taches et d'exercice qui les conduira à une activité cognitive par laquelle le savoir s'émancipe.

En définitive, le non effort de contextualisation du système éducatif gabonais par la prise en compte des réalités locales et en particulier l'intégration de la langue vernaculaire ne cessera de condamner les élèves Babongo au simple fait d'apprendre à lire et écrire pour solliciter des corps de métier qui ne nécessite pas toujours des longues études. Mais participera à la conservation d'une école primaire qui divise et donc de ségrégation sociale.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard