1.2. La sociologie de l'école, de la famille et du
rapport au savoir comme champs scientifiques
Le champ scientifique est représenté ici par
les différentes disciplines dans lesquelles s'inscrit la recherche. Par
ailleurs, notre objet d'étude nous place immédiatement dans la
sociologie de l'école et la sociologie de la famille.
La sociologie de l'école est revendiquée parce
que la réussite scolaire des enfants est visée par la
dépendance qui existe entre le sens et la valeur qu'un sujet donne
à l'école (ou les représentations sociales) et
l'institution scolaire, et en ce que l'école est l'élément
de départ qui favorise l'intégration sociale de l'individu.
12 Bernard Charlot, E. Bautier, J-Y, (1992),
Ecole et savoir dans les banlieues et ailleurs, Paris, Armand
Colin.
La sociologie de la famille est également
interpellée parce que la famille, ainsi que l'école, est une
institution qui a la charge de former, d'éduquer et d'intégrer
les individus dans la société. Toutes les catégories
familiales n'ont pas le même discours sur l'école, dans la mesure
où les projets d'avenir, les aspirations professionnelle et sociale et
la valeur donnée à l'école ne sont pas les mêmes. La
relation entre l'école et la famille, qui sont les deux principales
instances de socialisation de l'enfant, ont des effets qui déterminent
en parti la réussite scolaire des enfants. Par conséquent, la
sociologie de l'école est indissociable de la sociologie de la
famille.
En plus de ces deux champs précités, nous
mobilisons la sociologie du rapport au savoir car la réussite implique
aussi une activité et un désir de la part du sujet (de
l'apprenant). On observe aujourd'hui que la réussite scolaire des
enfants n'est plus toujours fonction des normes sociales des familles et de la
pertinence de l'école quelles soutiennent. Tel est le cas d'un enfant
issu d'une famille de catégorie défavorisée, mais qui met
en oeuvre toutes les stratégies pour y parvenir. C'est-à-dire
cette capacité personnelle dont dispose l'individu à former son
raisonnement (auto développement) et de canaliser des connaissances dans
sa mémoire (auto organisation) ; ce qui participe plus est donc le
« Learning13 ».
Par conséquent, notre étude visant à
démontrer l'impact du rapport au savoir sur la
persévérance scolaire au Gabon et chez les élèves
du village Matagamatsengue en particulier relève donc aussi de la
sociologie de l'école, de la famille et du rapport au savoir.
1.2.1. La persévérance scolaire comme
problème posé par l'objet d'étude
Constat : Le taux de redoublement
qu'enregistre le Gabon dans les établissements scolaires,
inquiète véritablement, les autorités politiques et
même la Banque Mondiale du fait qu'il croît sans cesse. Et il est
d'ailleurs l'un des plus élevés au monde. « Etant
déjà important avant 1990, il est passé de 38,1% à
42,8% durant la période 2010-2015 »14. Par ailleurs, la
période 2010-2015 a connu donc un taux de redoublement de 4,7% de plus
que celle avant 1990 (38,1% - 42,8%).
13 Roger Girod, (1984) « Inégalité
des chances : quelques aspects de l'évolution des théories
», Pouvoir, n°30, Septembre.
14 Gabon : les objectifs du millénaire pour le
développement, Banque Mondiale, 2015.
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De ce fait, pour mieux cerner le problème que pose
notre objet d'étude, nous avons effectué une
pré-enquête dans le village Matagamatsengue. Notre
échantillon était composé principalement de deux
catégories d'individus : dix chefs de famille (dont l'âge varie
entre 20 et 56 ans) et dix enfants scolarisés (dont l'âge varie
entre 8 et 19ans), tous des deux sexes. Cependant, nous avons aussi eu
l'occasion de discuter, un temps soit peut, avec le directeur de l'école
primaire de Nzingui et le vice-président du conseil
départementale de la Louétsi-Wano (responsable de la
défense des peuples autochtones). Sur trente(30) jeunes en âge
d'être scolarisés que nous avons recensé du 12 au 14juillet
2016, vingt (20) se sont toujours inscrits à l'école de Nzingui
sur les deux années académiques allant de 2014 à 2016.
Cependant, le directeur de cette école nous confie que
: « les élèves ressortissant de Matagamatsengue ont
toujours eu une fréquentation irrégulière bien qu'ayant
quelques exception dont 4 ont pu obtenir leur certificat d'études
primaires».Et mentionne« qu'il est rare de voir ces
élèves boucler une année académique ».
Ensuite, sur les 10 élèves que nous avons
retenus et interrogés sur l'item de la fréquentation, 9 ont
coché la case « irrégulier ». Et sur l'item du projet
professionnel, 5 ont répondu « dans les corps habillés
», 2 répondent «enseignant », 1 souhaite être
infirmier et 2 autres « chauffeur ». Sur les 1O chefs de famille
ayant rempli le questionnaire sur ce même item du projet professionnel, 5
souhaitent que leurs enfants intègrent les « corps habillés
», 2 dans le domaine de « la santé », 1 pour celui des
« eaux et forêts » et 2 dans « l'enseignement ».
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