3. Objectifs de recherche
Notre travail de recherche vise essentiellement à
mettre en évidence l'influence de
la dette extérieure sur les performances
économiques en Afrique subsaharienne. Plus
précisément, il s'agira d'évaluer :
· L'influence de la dette extérieure sur la
croissance économique en Afrique subsaharienne.
· L'influence de la dette extérieure sur la
stabilité économique en Afrique subsaharienne.
4. Hypothèses de recherche
Afin d'atteindre les objectifs susmentionnés, nous
formulons l'hypothèse principale que la dette extérieure
améliore la performance économique en Afrique
subsaharienne.
Pour mieux analyser ces effets, cette hypothèse peut
être subdivisée en deux sous hypothèses spécifiques
:
· H1 : Le stock de la dette
extérieure, la balance commerciale et les IDE relancent la croissance
économique en Afrique subsaharienne.
· H2 : Le service de la dette
extérieure, le stock de la dette extérieure et les
investissements directs étrangers améliorent la stabilité
économique en Afrique subsaharienne.
5. Intérêt de la recherche
Notre étude comporte deux intérêts :
· Un intérêt social en ce sens qu'elle
soulève les problèmes de la dette extérieure pouvant
créer des distorsions sociales ;
· Un intérêt économique en cela que
cette étude s'attèle à compléter la
littérature économique sur les problèmes de gestion de la
dette extérieure.
La présente étude entend donc non seulement
à partir des résultats que nous obtiendrons, montrer dans quelle
mesure la bonne gestion de la dette extérieure contribue à une
bonne santé économique, mais aussi de donner quelques
recommandations en termes de politique économique.
Mémoire PTCI 9
DETTE EXTÉRIEURE ET PERFORMANCE ÉCONOMIQUE EN
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
6. Revue de la littérature
L'effectivité de l'influence de la dette
extérieure sur les performances économiques dans un pays ne fait
plus véritablement l'objet d'un débat au sein de la
communauté scientifique. Toutefois, les canaux de transmission à
partir desquels la dette extérieure permet de booster les performances
économiques en général d'un pays, restent sujets à
controverse. Ainsi, la présente revue de la littérature a pour
but de présenter les principaux arguments théoriques et
évidemment empiriques qui montrent l'influence de la dette
extérieure sur les performances économiques dans un pays. Pour ce
faire, nous ferons une brève revue de la littérature sur le
rôle de la dette extérieure dans l'accroissement de la production
des biens et services d'une part et d'autre part, celle relative à son
rôle dans la stabilité des économies.
6.1) Dette extérieure et croissance
économique
Il existe de nombreux travaux sur la relation liant dette
extérieure et croissance économique, parmi lesquels on peut citer
la théorie du surendettement. Il y a surendettement lorsque l'encours de
la dette extérieure d'un pays dépasse sa capacité de
remboursement avec une certaine probabilité future, de sorte que le
service de la dette attendu dépend de plus en plus du niveau de
production du pays (Atangana Ondoa, 2017). Cela signifie qu'une partie du
rendement des investissements est utilisée pour le service de la dette
(Fonchamnyo, 2009). Ainsi, on estime que l'annulation de la dette
extérieure encouragera la croissance économique et
l'investissement (Rajan et Subramanian, 2008). Le service de la dette est donc
considéré comme une taxe implicite, ce qui décourage
l'investissement et étouffe la croissance économique (Sachs et
Williamson, 1985 ; Krugman, 1988 ; Grossman et Helpman, 1989 ; Borensztein,
1990).
Le fardeau de la dette extérieure est la
préoccupation de l'école de pensée seuil qui met l'accent
sur la relation non linéaire entre dette et croissance (Calvo, 1998b).
Il établit un lien entre la dette ; la croissance et le problème
de la fuite des capitaux, où la croissance diminue lorsque le niveau
d'endettement est élevé (Saheed, Sani et Idakwoji, 2015). En ce
sens, que la baisse de la croissance est due à l'augmentation de la
charge fiscale distorsive sur le capital nécessaire pour assurer le
service de la dette. Fais, conduisant à un taux de rendement du capital
plus faible, des investissements plus faibles et une croissance plus faible.
Ainsi, les régimes à faible endettement ont un taux de croissance
plus élevé et un niveau d'endettement moins élevé ;
le lien de croissance considère la dette extérieure comme un
afflux de capitaux ayant un effet positif sur l'épargne et
l'investissement intérieurs et donc sur la croissance qui conduit
à la
Mémoire PTCI 10
DETTE EXTÉRIEURE ET PERFORMANCE ÉCONOMIQUE EN
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
réduction de la pauvreté par un ciblage
approprié de l'épargne et des investissements intérieurs
(Calvo, 1998a ; Calvo, 1998b ; Calvo et Reinhart, 2002).
Un des points qui suscitent le plus de débats
concernant l'impact de la dette extérieure sur la croissance
économique est l'épargne intérieure. À cet effet,
une première approche consiste à concevoir que l'endettement
extérieur permet de réaliser les investissements que
l'épargne intérieure ne peut financer (Oliveira Martins et
Plihon, 1990). Or, le recours à l'épargne intérieure
aurait tendance à fléchir, en ce sens que l'effet sur la
croissance serait nul et les influences à long terme négatives,
puisque les comportements d'épargne auraient été
affectés de façon défavorable (Griffin et Enos, 1970). A
contrario, Sachs et Williamson (1985) ; Deshpande (1997) ; Krugman (1988) ;
Grossman et Helpman (1989) affirment qu'au-delà d'un certain point, un
niveau élevé de dette extérieure agit comme une taxe
marginale sur l'investissement, réduisant ainsi le taux de rendement
anticipé du capital après taxe.
Un autre aspect par lequel la dette extérieure est
susceptible d'influencer la croissance économique dans un pays est les
contraintes de liquidité. En ce sens que, les contraintes de
liquidité résultant des paiements du service de la dette peuvent
également affecter la croissance, car les paiements du service de la
dette peuvent évincer l'investissement et entrainer des hausses des taux
d'imposition et d'intérêt (Cohen, 1995 ; Fosu, 1996 ; Pattillo et
al, 2011). En outre, les paiements au titre du service de la dette
réduisent les montants disponibles pour le développement de
l'infrastructure, la formation de capital humain et les importations qui sont
essentielles pour la production, ce qui réduit encore la croissance
(Aizenman et Lee, 2007 ; Soydan et Bedir, 2015). Pour les pays à faible
revenu, les paiements au titre du service de la dette peuvent avoir des effets
négatifs sur la capacité des gouvernements à financer des
programmes de dépenses sociales (santé, éducation et
programmes sociaux) tandis que pour les pays qui dépendent des
minéraux et des produits agricoles, le service de la dette peut
entrainer un taux croissant d'épuisement des ressources naturelles (Ebi,
Abu et Clemant, 2003).
Un autre élément fondamental lorsqu'on veut
analyser l'influence de la dette extérieure sur la croissance
économique concerne l'incertitude du régime politique.
L'incertitude quant aux politiques et aux perspectives peut décourager
les entrées de capitaux tout en favorisant la fuite des capitaux et
affecter négativement la production (Allesina et Tabellini, 1989). En
outre, Soydan et Bedir (2015) soutiennent que l'incertitude fausse les choix
d'investissement, ce qui conduit à une mauvaise répartition et au
retrait des investissements. Dans un environnement incertain, les
décisions d'investissement sont susceptibles d'être à court
terme et à faible risque.
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DETTE EXTÉRIEURE ET PERFORMANCE ÉCONOMIQUE EN
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
Cette mauvaise répartition se traduit par une baisse de
l'efficacité et de la productivité globales du capital, ce qui
entraine un ralentissement de la croissance (Serven et Solimano, 1993).
Des études empiriques ont été
menées pour déterminer la pertinence de la dette
extérieure comme facteur explicatif de la croissance économique.
Utilisant des données annuelles sur un panel de 17 pays à revenu
intermédiaire sur une période de 1980-2011 avec le GMM comme
modelé d'estimation, Pattillo, Poirson et Ricci (2002) parviennent
à la conclusion selon laquelle la dette extérieure est efficace
sur la croissance économique jusqu'à un seuil
évalué à 40% du PIB. Un résultat similaire avait
déjà été obtenu par Nguyen, Clements et
Bhattacharya (2003) lorsqu'ils analysaient l'impact de la dette
extérieure sur la croissance de 55 pays à faible revenu sur une
période de 1970 à 1999. Utilisant un modèle GMM, ils
parviennent au résultat selon lequel le surplomb de la dette est compris
entre 30 à 37% du PIB et 115 à 120% de l'exportation
au-delà de ce seuil, la dette extérieure constitue un frein pour
la croissance économique ; par contre une augmentation de 1 point de
l'investissement public agit en sorte pour accroître le PIB de 0,2 point.
À partir d'un modèle à effets fixes sur un panel constitue
de 92 pays à faible revenu sur la période 1990-2007, Panizza et
Presbitero (2014) révèlent que l'impact économique d'une
augmentation de niveau de la dette au-delà de 30% de PIB, entraine une
réduction de croissance de l'ordre de 1,6%. Résultat, obtenu en
utilisant un modelé GMM sur 20 économies avancées sur la
période 1946-2009. C'est toujours en ce sens que, Cecchetti, Mohanty et
Zampolli (2011) qui à partir d'un modèle en coupe transversale
sur un panel de 18 pays d'OCDE, ont montré sur une période de
1980-2005, que si la dette extérieure n'est pas très
élevée, elle encourage la croissance économique et
stabilise le secteur financier, mais au-delà d'un certain seuil,
l'augmentation de la dette privée peut avoir des impacts
négatifs.
Sans parvenir à mettre en évidence une influence
positive de la dette extérieure sur la croissance économique,
Eichengreen et Portes (1985) révèlent qu'un endettement excessif
et le défaut de paiement tendent à réduire le taux de
croissance réelle et la crédibilité de l'Etat. Ce
résultat est obtenu, en utilisant un GMM sur un panel de 30 pays en voie
de développement sur une période allant de 1923 à 1930. Ce
résultat est similaire à celui de Cunningham (1993), qui a
étudié la relation entre le fardeau de la dette extérieure
et la croissance économique de 16 pays pour la période 1971-2007.
Il montre que la croissance du fardeau de la dette d'un pays a un effet
négatif sur la croissance économique. Ainsi, lorsqu'un pays est
important pour les étrangers, cela affecte négativement à
la fois la productivité du travail et du capital. Utilisant l'estimateur
GMM, Kumar et Woo (2010) ont cherché à déterminer l'effet
de la dette extérieure
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DETTE EXTÉRIEURE ET PERFORMANCE ÉCONOMIQUE EN
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
sur la croissance économique. Leurs résultats
suggèrent qu'une augmentation de 10 points du niveau de dette initiale
sera associée à un ralentissement de la croissance en terme
réel de 0,26% par an. Ce résultat est obtenu sur un panel de 38
pays en voie de développement sur une période allant de
1970-2007.
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