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Dette extérieure et performance économique en Afrique subsaharienne.


par Landry Arnold YOUBI POUEPI
Université de Yaoundé 2 - Master 2 en sciences économiques option Macroéconomie ouverte 2019
  

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2. Problématique

La réalisation d'une croissance et d'un développement économiques durables est une préoccupation majeure pour tous les pays (Shabbir, 2009). De nombreuses économies se caractérisent par une faible formation de capital et un manque de ressources pour faire face aux dépenses publiques croissantes (Aluko et Arowolo, 2010). Avec l'augmentation continue des dépenses publiques et l'aggravation des déficits budgétaires, la majorité d'entre eux sont contraints de recourir à l'emprunt intérieur et extérieur pour combler les déficits budgétaires et financer le développement (Dornbusch, 1982 ; Saheed, Sani et Idakwoji, 2015). Dès lors, les emprunts intérieurs plus élevés peuvent augmenter les taux d'intérêt et évincer le secteur privé, ralentissant ainsi la croissance (Checherita et Rother, 2010) ; d'où la nécessité de recourir à la dette extérieure.

Partout dans le monde, la collecte de fonds suffisants pour financer des projets gouvernementaux est une préoccupation majeure. Aucun pays ne dispose de ressources suffisantes pour répondre à tous ses besoins budgétaires. À cet égard, la mise en oeuvre des politiques de développement, en particulier dans les pays en développement, reste un défi majeur (Greene, 1989 ; Greene et Villanueva, 1991 ; Mullei, 1991). En raison de l'insuffisance des ressources, les pays se tournent vers la dette extérieure pour faire face à leurs besoins en dépenses. La dette extérieure est recherchée tant par les pays développés, que par les pays en développement (Curry, 1979 ; Gordon et Guerron, 2018).

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Selon Mweni, Njuguna et Oketch (2016), l'emprunt extérieur est devenu indispensable dans le monde moderne. En ce sens qu'il complète l'épargne intérieure et permet aux pays de mener des activités productives (Ezeabasili, Isu et Mojekwu, 2011 ; Raffinot, 1991). Lee et Thampapillai (2016) affirment que l'emprunt extérieur est souhaitable et peut fournir le financement nécessaire à une croissance économique accélérée, à condition qu'il soit canalisé, pour accroître la capacité productive de l'économie et promouvoir la croissance et le développement économique. Nelasco (2012) ajoute que le processus de formation du capital et d'industrialisation nécessite de lourds investissements dans les infrastructures telles que les routes, les lignes de chemin de fer, les canaux d'irrigation et les centrales électriques, qui obligent le gouvernement à rechercher des emprunts extérieurs. L'industrialisation rapide nécessite l'importation massive de biens d'équipement tels que des machines et des équipements et un savoir-faire technique de l'étranger. Dès lors, les gouvernements doivent emprunter des sommes importantes à l'étranger pour combler le déficit de la balance des paiements, causé par des importations importantes (Malcolm, Shaw et Dominique, 1995).

Au contraire, lorsque la dette extérieure n'est pas viable, elle constitue un risque pour la croissance économique et la prospérité d'un pays (Pattillo, Poirson et Ricci, 2002 ; Nguyen, Clements et Bhattacharya, 2003 ; Kumar et Woo, 2010). Toutefois, une dette extérieure élevée n'implique pas nécessairement une croissance économique lente, mais plutôt l'incapacité du pays à faire face à ses obligations en matière de dette. En tant que tels, les pays doivent utiliser la dette de manière productive et créer des emplois pour accroître leurs recettes et assurer le service de leur dette de manière appropriée. Traditionnellement, l'effet de la dette extérieure est examiné en évaluant des indicateurs externes tels que les ratios de la dette au PIB et des indicateurs macroéconomiques tels que le PIB, l'inflation, les taux d'intérêt, les réserves de change, la balance commerciale et le niveau des investissements (Shabbir, 2009). Ce faisant, avec l'accumulation de la dette, les frais de service de la dette augmentent et constituent une menace pour la stabilité des économies. De plus, un service de la dette élevé peut entrainer un surendettement (Pattillo, Poirson et Ricci, 2002 ; Serrão, 2016 ; Atangana Ondoa, 2017).

De l'analyse précédente, il apparaît que la bonne gestion de la dette extérieure est une condition sine qua non pour atteindre la performance des économies d'Afrique subsaharienne. Celle-ci se caractérise par un régime politique démocratique plus ouvert, un niveau de corruption faible dans les institutions, la définition et la protection des droits de propriété, etc. Tout cela est conforme à l'agenda 2063 dont l'une des aspirations est de faire de l'Afrique un continent où les valeurs, les pratiques démocratiques, les principes universels des droits de

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l'homme, l'égalité entre les hommes et les femmes, la justice et l'Etat de droit seront pleinement ancrés (Union Africaine, 2015).

Mais au regard, des Statistiques de la dette internationale de la banque mondiale (2013) ; l'encours combiné de la dette extérieure des pays d'Afrique subsaharienne est passé de 4 400 milliards de dollars en 2010 à 4 900 milliards de dollars à la fin de 2011, reflétant des entrées nettes de 464 milliards de dollars. La dette à court terme a connu la croissance la plus rapide, augmentant de 18 % en 2011 par rapport à une augmentation de 9 % de l'encours de la dette extérieure à long terme. La majeure partie de la dette à court terme était liée au commerce et, mesurée par rapport aux importations des pays en développement, a légèrement diminué, passant de 18 % en 2010 à 17 %. L'encours de la dette à long terme à fin 2011 se répartit de façon assez équilibrée entre la dette garantie par l'État (51 %) et la dette envers des emprunteurs privés non garantis (49 %), bien que cette dernière ait augmenté deux fois plus vite que la première en 2011 (12 % contre 6 %). Il s'agit d'un revirement complet par rapport à 2010, alors que la dette publique à long terme et la dette garantie par l'État avaient augmenté à un taux deux fois plus élevé que la dette privée non garantie. L'encours de la dette des pays en développement est resté modéré, représentant en moyenne 22 % du RNB et 69 % des recettes d'exportation, et les risques liés au fait que la dette à court terme représentait 26 % de l'encours de la dette à fin 2011 ont été atténués par les réserves internationales. La crise économique mondiale a contraint certains pays en développement à puiser dans leurs réserves internationales, mais, globalement, les pays en développement ont enregistré une accumulation de réserves internationales depuis le début de la crise : équivalant à 121 % de l'encours de la dette extérieure à fin 2011 (FMI, 2014).

Si l'on s'en tient à l'analyse précédente, la question de la dette extérieure en Afrique subsaharienne se pose avec acuité d'autant plus que le continent s'est plus que jamais engagé sur le chemin du développement (Odedokun, 1995). Dès lors, la croissance économique et la stabilité économique se positionnent comme des instruments importants pour permettre à l'Afrique d'atteindre ses objectifs de développement. Toutefois, son niveau actuel est loin d'être satisfaisant. D'ailleurs, les études ont montré que dans les années 80 la croissance économique s'est réduite pour les pays fortement endettés en Afrique (Raffinot, 1991). De même, s'agissant de la dette à moyen et long terme contractée ou garantie par l'état, la composition de ces engagements, est tout aussi importante que leur montant. Ainsi, une forte proportion de la dette est due aux marchés de capitaux privés, surtout dans des pays à revenu intermédiaire d'où 70% pour les exportateurs de pétrole et 33% pour les importateurs de pétrole. Cependant, la part de

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marchés privés n'est pas négligeable ; non plus pour un certain nombre de pays à faible revenu, dont le Niger, le Congo, le Malawi, le Bénin, Madagascar, le Togo et le Kenya. Les crédits obtenus sur ces marches représentent 9% du total de la dette des pays semi-arides et 14 % de celle des autres pays à faible revenu et la part des crédits fournisseurs n'est que de 4 % pour l'ensemble de l'Afrique subsaharienne (FMI, 2018).

Les limites relevées précédemment en matière de dette extérieure peuvent expliquer le faible niveau de compétitivité des économies d'Afrique subsaharienne. Toutefois, certains paradoxes entre les régions et même au sein de l'Afrique nous amènent à nous interroger non pas sur la pertinence du lien entre dette extérieure et performance économique, mais sur les dimensions de la dette extérieure qui auraient le plus d'influence sur cet agrégat. À cet égard, quand on analyse la dette des pays d'Afrique subsaharienne en fonction de leur encours, l'Afrique du Sud est sans conteste le pays le plus endetté. Sa dette, s'élevant à 103 894 milliards FCFA (158 milliards d'euros) est sans comparaison avec celle de l'Angola (27 883 milliards FCFA soit 42.5 milliards d'euros) pourtant 2e pays subsaharien le plus endetté. Première puissance économique du continent africain, la dette du Nigéria n'est que de 16 705 milliards FCFA (25.5 milliards d'euros). Elle dépasse cependant celle de l'Ethiopie (11 556 milliards FCFA), du Kenya (10 533 milliards FCFA), du Ghana (10 165 milliards FCFA) et la Tanzanie (8 239 milliards FCFA)3 (Banque Mondiale, 2018).

Toutes ces argumentations nous conduisent à la question suivante : la dette extérieure favorise-t-elle la performance économique en Afrique subsaharienne ?

De façon spécifique :

? La dette extérieure améliore-t-elle la croissance économique en Afrique subsaharienne ?

? La dette extérieure contribue-t-elle à la stabilité économique en Afrique subsaharienne ?

3 L'encours de la dette publique du Mozambique et de la Zambie s'établit respectivement à 6 935 milliards FCFA (10.6 milliards d'euros) et 6 196 milliards FCFA (9.4 milliards d'euros). Enfin, le Cameroun est le pays francophone le plus endetté d'Afrique subsaharienne avec une dette de 5 722 milliards FCFA (8.7 milliards d'euros). Toujours du point de vue de l'encours de dette, les 10 pays les moins endettés du continent africain sont les Comores (85 milliards FCFA), la Centrafrique (207 milliards FCFA), la Guinée-Bissau (216 milliards FCFA), le Swaziland (400 milliards FCFA). Le Burundi suit avec un encours de dette de 416 milliards FCFA, lui-même suivi du Libéria (458 milliards FCFA), de la Gambie (515 milliards FCFA), du Lesotho (805 milliards FCFA), de l'Érythrée (1 004 milliards FCFA) et du Cap-Vert (1 039 milliards FCFA).

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway