II.1.2. Méthode d'estimation
Dans ce deuxième volet, nous présenterons
d'abord le principe de l'estimation et par la suite, nous passerons en revue
les principaux tests de robustesse.
a) Principe de l'estimation
La modélisation sous forme de panel dynamique entraine
le problème d'endogénéité. En
général, ce problème peut résulter de l'omission de
variables explicatives pertinentes dans la spécification du
modèle ; de la simultanéité qui apparaît lorsque la
variable dépendante et certaines variables explicatives sont
déterminées en « même temps », ou encore des
erreurs de mesures sur les variables indépendantes et/ou de la variable
dépendante. Dans le cas particulier de notre étude, la
méthodologie relative au calcul des indicateurs de la dette
extérieure peut être sujette à des limites et de ce fait
conduire à des erreurs de mesure. Dès lors, l'hypothèse
d'exogénéité des indicateurs de la dette extérieure
peut ne plus être vérifiée.
De plus, la spécification en panel dynamique
nécessite que soit introduite, parmi les variables explicatives, la
variable dépendante retardée d'au moins une période. La
présence de
DETTE EXTÉRIEURE ET PERFORMANCE ÉCONOMIQUE EN
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
celle-ci dans le membre de droite de nos équations
entraine automatiquement le biais d'endogénéité.
Dès lors, l'utilisation des méthodes traditionnelles notamment
celle des MCO n'est plus adéquate puisqu'elle donne des estimateurs
biaisés et non convergents à cause de la corrélation entre
la variable endogène retardée et le terme d'erreur, lorsque les
résidus sont autorégressifs. Il nous faut donc recourir à
des méthodes d'estimation plus performantes en l'occurrence la
méthode des moments généralisés (GMM)
développée par Holtz-Eakin et al. (1988) et Arellano et
Bond (1991). À cet effet, Arellano et Bond (1991) proposent de passer
l'équation de référence (1) en différences
premières permettant ainsi d'éliminer l'effet spécifique
aux pays.
(3)
Cependant, ce passage soulève un nouveau
problème puisque la variable dépendante retardée est par
construction corrélée avec le terme d'erreur. Pour apporter une
solution à ce problème, les auteurs postulent deux
hypothèses à savoir l'absence d'autocorrélation des termes
d'erreurs ainsi que la faible exogénéité des variables
explicatives (les variables explicatives sont non corrélées avec
les réalisations futures des termes d'erreurs). Dès lors,
Arellano et Bond (1991) proposent les conditions des moments suivantes :
E? 0 pour
s?2,t?3,...T (4)
Y (? ? ? )?
i,t?1 i,t
i,t?s
|
0 pour s? 2, t ?
2,...T
|
(5)
|
E
Mémoire PTCI 50
E?Z (? ? ? )?
i,t i,t
i,t?s ?X ( ? ??
)? ? 0 pour s ? 2, t ?
2,...T (6) i , t
i , t i,t?s
Les conditions (4) (5) et (6) soulignent l'absence de
corrélation entre les variables explicatives retardées ainsi que
les variables endogènes retardées avec les variations du terme
d'erreur. De ce fait, les conditions (4) (5) et (6) permettent l'utilisation
des variables retardées en niveau comme instruments pour estimer
l'équation (3).
Cette méthode bien que procurant des résultats
plus précis que les techniques usuelles,
présentent néanmoins quelques limites, car
l'utilisation des variables retardées en niveau comme instruments n'est
pas toujours adéquate. En effet, Blundell et Bond (1998) ont
montré que, sur de petits échantillons, les coefficients
pouvaient être sérieusement biaisés si les variables
explicatives en niveau présentent une forte corrélation. Aussi,
l'approche qui sera privilégiée dans le cadre de cette
étude, est l'estimateur GMM en systèmes d'Arellano-Bover
(1995)/Blundell-Bond (1998). Elle consiste à combiner pour chaque
période l'équation en
Mémoire PTCI 51
DETTE EXTÉRIEURE ET PERFORMANCE ÉCONOMIQUE EN
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
différence première avec celle en niveau. Dans
l'équation en différence première, les variables sont
alors instrumentées par leurs valeurs en niveau retardées d'au
moins une période. En revanche, dans l'équation en niveau, les
variables sont instrumentées par leurs différences
premières (Jeanneney, Guillaumont et Kangni, 2006).
b) Principaux tests de robustesse
Afin de tester la robustesse de notre modèle, nous
effectuerons deux tests. Le premier
est le test de suridentification de Sargan/Hansen. Il permet
de tester la validité des variables retardées comme instruments.
Il sera concluant si l'on ne parvient pas à rejeter l'hypothèse
nulle au seuil de 10%. Nous privilégierons le test de Hansen au test de
Sargan, car il est robuste en présence
d'hétéroscédasticité sur les résidus. Le
second est le test d'autocorrélation de second ordre d'Arellano et Bond.
Il sera concluant si l'hypothèse nulle (absence d'autocorrélation
des termes d'erreurs en différence première à l'ordre 2)
ne peut être rejetée au seuil de 10%.
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