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Les relations politiques Iran-USA 1979-2002.


par Doumbia ALI
Université Félix Houphouet Boigny d'Abidjan - Master d'histoire contemporaine 2017
  

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2- Les manifestations du conflit : le rôle joué par les Américains

Quand Saddam Hussein lançait son offensive il n'avait jamais pensé qu'elle durera 8 ans. Il a estimé que l'Iran est affaibli sur le plan militaire en raison de la révolution islamique de 1979, et que la guerre sera que plus rapide et limitée. Le 22 septembre 1980 : l'Irak déclenche une invasion de l'Iran. Des attaques aériennes simultanées sont menées sur 10 bases aériennes en Iran. Cependant, l'objectif n'est pas atteint, puisque l'aviation aérienne n'est pas complètement détruite comme escompté. Les irakiens envahissent l'Iran sur trois fronts terrestres, sans engager toutes leurs forces car ils pensent que la guerre sera de courte durée. Au nord, ils occupent Qasr-e Shirin. Plus au sud, ils visent des points stratégiques dans le Khuzestan : Mehran, Dezful, Khorramshahr et Abadan dans la région du Chatt al-Arab tombent en octobre.

En réalité, l'attaque de l'Irak galvanise la population iranienne de toutes souches et classes sociales, qui s'engage dans l'armée. Saddam Hussein doit ainsi réviser ses prévisions de succès rapide, d'autant plus que la guerre s'enlise. Le 28 septembre 1980 : le Conseil de Sécurité des Nations-Unies appelle les deux Etats à ne plus faire usage de la force d'où la résolution 479.

Cette résolution était très mal vue des Iraniens, car elle ne demandait pas le retrait des troupes Irakiennes du territoire ennemis. Là les Iraniens y voient une main

156Est une des 30 provinces d'Iran. Elle est située au sud-ouest du pays, aux confins de l'Irak et du Golfe Persique. Sa capitale est Ahvaz et elle couvre une surface de 62 238 km2

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occidentale surtout celle des américains à vouloir à tout prix évincer le pouvoir de Téhéran. L'Irak se dit prêt à négocier en échange de la reconnaissance de ses revendications territoriales. Mais après une année de guerre de décembre 1980 à décembre 1981, les positions des deux armées n'évoluent pas, et les Iraniens refusent de négocier avec l'Irak a la fin des combats.

Les irakiens ne connaissent pas le succès face à la forte résistance des iraniens. De plus, les erreurs tactiques du commandement et les difficultés rencontrées pour se servir de systèmes d'armes nouveaux expliquent aussi le succès en demi-teinte de l'invasion irakienne. Fin 1981, l'armée iranienne réussit à reprendre Abadan et ce succès se poursuit par la reprise en mars 1982 du centre du pays. L'armée irakienne fuit et des milliers de soldats sont faits prisonniers. Fin mai, la ville de Khorramchahr est reprise par les Iraniens. En revanche, l'armée irakienne maintient ses positions dans le nord. Saddam Hussein décide alors de respecter la demande de cessez-le-feu votée le 12 juillet par le Conseil de sécurité des Nations unies tandis que les Iraniens le refusent et poursuivent les combats : à l'été 1982, l'armée iranienne mène des incursions en Irak.

Saddam Hussein pouvait compter sur l'aide Américaine. Pour le commun des iraniens, surtout la classe dirigeante pense que le président irakien a attaqué l'Iran sur ordre de la Maison Blanche. Les 19-20 décembre 1983 : visite de Donald Rumsfeld à Bagdad. Cette visite est un premier pas des Américains afin de restaurer des relations diplomatiques normales entre les Etats-Unis d'Amérique et l'Irak. Après cette date, les américains augmentent leur soutien à l'effort de guerre irakien. La CIA vend ou facilite la vente d'armes aux irakiens via la Jordanie, le Koweït, l'Arabie Saoudite ou l'Egypte.

Par la suite, les États-Unis d'Amérique ont fourni des données opérationnelles afin d'aider à la planification des attaques irakiennes, en somme Washington a soutenu l'effort de guerre contre l'Iran. Cet appui s'est intensifié au fil des années. En 1986, non seulement les États-Unis d'Amérique fournissaient aux Irakiens des renseignements de première importance.

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A partir de cette période, l'Irak bloque les installations pétrolières d'Iran : en août 1982 l'île de Kharg comportant le terminal pétrolier le plus important d'Iran est bloqué et les pétroliers iraniens sont également attaqués. De son côté, l'Iran poursuit la guerre terrestre, notamment vers Bassorah, ville d'Irak située sur le Chatt al-Arab. En 1984, l'Irak menace de bombarder des villes iraniennes si les forces armées de Téhéran lancent de nouvelles offensives. Le gouvernement de Téhéran n'est pas impressionné et lance de nouvelles offensives, qui vont déclencher la période appelée « Guerre des Villes », durant laquelle les deux parties lancent des attaques aériennes et des missiles sol-sol sur leurs villes frontalières respectives. Les pertes civiles sont très nombreuses des deux côtés pendant cet épisode de la guerre.

Cette même année, les Iraniens lancent la guerre des pétroliers et arraisonnent plusieurs tankers koweïtiens, le Koweït ayant apporté son soutien à l'Irak dans cette guerre contre l'Iran. Les attaques contre les pétroliers provoquent la demande d'aide du Koweït auprès des grandes puissances, dont les États-Unis d'Amérique, qui refusent dans un premier temps. La demande d'aide à l'Union Soviétique provoque cependant en mai 1987 l'intervention des États-Unis d'Amérique, qui assurent la protection des navires koweïtiens en les plaçant sous pavillon américain.

Le 25 avril 1985 : le conseil de sécurité des Nations Unies se déclare « consterné » de l'utilisation d'armes chimiques contre les forces armées iraniennes en mars 1985. En, 1987 : l'Iran se retrouve de plus en plus isolé sur la scène internationale à cause de son attitude offensive. La même année, le soutien des Américains aux irakiens s'intensifie : des conseillers militaires sont envoyés à Bagdad pour aider à la planification des attaques irakiennes ; des navires américains supplémentaires sont engagés dans le Golfe Persique157

157 Frédéric JORDAN «L'écho du champ de bataille» publié samedi 7 avril 2012 http://lechoduchampdebataille.blogspot.com/2012/04/guerre-conventionnelle-retour-sur-le.html, , consulté le 30 Avril 2013.

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Le Conseil de Sécurité des Nations Unies adopte la résolution 598 du 20 juillet 1987, appelant entre-autres, à un cessez-le-feu immédiat. L'Irak approuve la résolution. L'Iran ne la rejette pas, mais ne l'approuve pas non plus. Ils demandent le changement de l'ordre des articles de celle-ci. Dans les points 3 et 4 de la résolution, l'organisation mondiale exprime son inquiétude « Profondément préoccupé de ce que, en dépit de ses appels à un cessez-le-feu, le conflit entre l'Iran et l'Irak se poursuit sans diminuer d'intensité et continue d'entraîner de lourdes pertes en vies humaines et des destructions matérielles, » « Déplorant le déclenchement et la poursuite du conflit ».158

Mieux, l'ONU déplore les crimes injustifiés et la montée de la violence :

« Déplorant également le bombardement de centres de peuplement exclusivement civils, les attaques contre des navires neutres ou des avions civils, les violations du droit humanitaire international et d'autres règles relatives aux conflits armés et notamment l'utilisation d'armes chimiques en contravention des obligations découlant du protocole de Genève de 1925 ».

En dépit de tous ces appels à la retenue, les actions de guerre ne s'arrêtent pas pour autant, mais se font moins nombreuses et au sol. En 1988, l'Irak reprend l'offensive terrestre et récupère plusieurs positions détenues par les Iraniens : Fao en avril, la région de Bassorah159 en mai, le Kurdistan en juin.160L'Iran accepte finalement la résolution 598 de l'ONU.

Devant ces échecs militaires, en raison de la montée des tensions et de la présence américaine dans le Golfe, le 18 juillet 1988, Ali Khamenei, président de la République iranienne (actuellement Guide de la Révolution), accepte la résolution 598 du Conseil de Sécurité de l'ONU. L'Iran est isolé internationalement, se retrouve à court d'armes et a

158S/RES/ 598 du Conseil de sécurité du 20 juillet 1987 relative à la fin des hostilités entre belligérants.

159Bassorah est la seconde ville d'Irak, après Bagdad, la capitale, avec une population estimée en 2008 à environ 2 300 000 habitants. C'est la capitale de la province d'Al-Basra. Principal port du pays, la ville est située sur le Chattel-Arab, estuaire commun des fleuves Tigre et Euphrate, à 55 km en amont du golfe Persique et à 550 km de Bagdad 160 Philippe RONDOT, « Guerre Iran-Irak 1980-1988 », Encyclopédie Universalis 2009.

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subi des attaques lourdes de conséquences, et accepte donc le cessez-le-feu. La situation interne de l'Iran a également changé, et les protestations contre la guerre se font plus nombreuses, menaçant le régime islamique de Téhéran. Le cessez-le-feu prend effet le 8 août 1988 et les combats cessent le 20 août.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld