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Les relations politiques Iran-USA 1979-2002.


par Doumbia ALI
Université Félix Houphouet Boigny d'Abidjan - Master d'histoire contemporaine 2017
  

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3- Des négociations à la libération des otages.

La crise prit d'autres tournures non prévues par les deux camps. Les deux pays belligérants, ont porté leur choix sur l'Algérie pour la médiation de la crise. L'intermédiaire qui est Alger sait qu'il doit être plus qu'un simple canal de communication entre les deux pays en conflit. Il se doit de préparer la voie à une solution qui soit susceptible d'être acceptée par les deux antagonistes en circonscrivant le champ de la négociation et en réduisant les différences entre les positions des uns et des autres.

Pour ce faire, le gouvernement algérien met en place une « cellule volante » d'experts de haut rang, qui vont, à partir d'Alger, assurer la communication entre le gouvernement américain et le gouvernement iranien, en se rendant selon les besoins, tantôt à Washington, tantôt à Téhéran.

Le choix des négociateurs est en l'occurrence très important. Les médiateurs doivent remplir des conditions précises : se situer à un niveau élevé de leur hiérarchie respective (qu'ils soient investis d'une autorité suffisante aux yeux de leurs futurs interlocuteurs), avoir une grande expérience en négociation internationale pour faire face, de manière immédiate, aux situations imprévues et posséder des connaissances techniques en divers domaines pour trouver des solutions adaptées à des problèmes de nature différente.

Le choix s'est donc porté sur trois personnalités : Abdelkrim Gheraïeb, Ambassadeur d'Algérie à Téhéran, Redha Malek, Ambassadeur d'Algérie aux Etats-Unis et Seghi Mostefaï, directeur de la Banque d'Algérie, avec pour responsable (négociateur en chef) le ministre des Affaires Etrangère, Mohamed-SeddikBenyahia.

Les trois médiateurs commencent leur travail. D'abord, faire l'inventaire des points d'accord et des points de désaccord pour délimiter de façon réduite le champ de la négociation. Puis, examiner les propositions des deux parties et éliminer si besoin les éléments qui poseraient problème d'un côté ou de l'autre. Enfin, trouver les moyens d'une relance lorsque la négociation butte face à des obstacles qui semblent

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insurmontables. Et justement, les négociations bloquent sur un point précis, lié au « chiffrage » financier des avoirs iraniens saisis par les Etats Unis d'Amérique. En effet, en septembre 1980, l'Ayatollah Khomeiny pose quatre conditions à la libération des otages : le retour de la fortune du Shah, le dégel des avoirs iraniens aux Etats-Unis d'Amérique, l'annulation des demandes de dommages à l'Iran par les Américains et leur engagement à la non-ingérence en Iran.

Le 20 novembre, l'acceptation de principe des quatre conditions est confirmée comme base de résolution de la crise. En échange de la libération des otages, l'Iran annonce dans le même élan que les Etats-Unis d'Amérique doivent déposer en Algérie l'équivalent de 24 milliards de dollars en espèces et en or, représentant l'estimation de la fortune du Shah et des avoirs gelés. Le secrétaire d'Etat Edmund Muskie estime que cette exigence est « déraisonnable », Washington avertissant alors l'Iran que les Etats-Unis d'Amérique ne modifient pas leur position fondamentale sur les conditions de libération des otages.130

Alors que la réaction immédiate de Washington est très réservée, le Premier ministre iranien Mohammad Ali Radjai, en poste depuis août 1980, déclare lors d'une conférence de presse le 18 octobre que la décision de libérer les otages n'est « plus très lointaine » 131 . En effet, l'embargo américain commence à peser sur le pays et les populations iraniennes en souffraient déjà. Pour sa part, le président Carter se dit prêt le 20 octobre à lever les sanctions contre l'Iran si les otages sont libérés.

Les médiateurs algériens proposent alors l'idée d'une déclaration algérienne qui exposerait les « obligations indépendantes » des Etats-Unis d'Amérique et de l'Iran et qui se substituerait à la forme classique de l'accord bilatéral. L'Iran accepte et quelques jours plus tard revient à de meilleurs sentiments pour ce qui est du « chiffrage » de ses avoirs.

130 En effet l'avènement des terroristes, les Etats Unis ont décidé de ne pas payer un moindre à des agresseurs. 131Clément Guillemot « Crise des otages américains en Iran 4 novembre 1979-20 janvier 1981 », les clés du Moyen Orient, publié le 13/08/2012, http://www.lesclesdumoyenorient.com/Crise-des-otages-americains-en.html consulté le 20 Novembre 2014

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Cependant le 10 janvier 1981, les Etats-Unis d'Amérique informent l'Iran que, dans un délai de quelques jours suivant la libération des otages, l'Iran pourra récupérer 70 % des milliards de dollars gelés dans les banques américaines. Le 16 janvier 1981, parvenus à un accord général sur les conditions de la libération, les deux pays rédigent le protocole d'un accord définitif officiellement approuvé le 19 janvier 1981 par la déclaration d'Alger. Cette déclaration prévoit cinq points : la libération des 52 otages ; le déblocage par les Etats-Unis d'Amérique des avoirs Iraniens gelés 132; l'abandon de toutes les plaintes résultant de la capture des otages et du gel des avoirs par l'Iran ; le remboursement des emprunts iraniens à des prêteurs américains.

L'Algérie règle aussi les modalités du transport des otages américains et le 18 janvier sont signés les Accords d'Alger. Le 20 janvier 1981, la libération des otages a eu lieu, après 444 jours de détention et quelques dizaines de minutes après le premier discours présidentiel du républicain Ronald Reagan élu en remplacement du démocrate Jimmy Carter, quelques mois auparavant. Les otages sont libérés une demi-heure après que Ronald Reagan soit officiellement devenu président des Etats-Unis d'Amérique.

Le président Reagan assure alors que les Etats-Unis affirment le droit du peuple iranien à décider de son avenir politique et assure du désir américain de voir s'établir des relations normales entre les deux Etats, basées sur le respect mutuel, l'égalité et les principes du droit international. Les otages rejoignent leur pays le 27 janvier 1981 après un tour à la base aérienne de Wiesbaden en Allemagne.

132La déclaration d'Alger prévoit : « Quand la banque centrale d'Algérie aura certifié qu'une somme au moins égale à 7,955 milliards de dollars aura été placée sur le compte de garantie par les Etats-Unis, l'Iran assurera immédiatement le départ des 52 ressortissants américains détenus en Iran ».

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Le monde a appris plus tard le rôle secret que les Canadiens avaient joué dans cette crise des otages133. Cette crise directe entre l'Iran et les Etats Unis d' Amérique ne va pas sans conséquences.

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