II-D'IMPORTANTE REPERCUTION POUR LES BELIGERANTS
Plus d'une année de détention soit exactement
444 jours, voici le temps que les citoyens américains ont passé
en fermé dans leur ambassade à Téhéran, ce qui
reste de même spectaculaire. Alors que pour les étudiants,
à l'origine, qui considéraient cette étape comme une
partie de jeu, allait plutôt se transformer en une crise réelle de
quatre cent quarante-quatre jours avec des conséquences énormes
de part et d'autres.
1- L'hégémonie américaine
écornée
La crise des otages a humilié, discrédité
les Etats-Unis d'Amérique au niveau national et international. Cela a
mis en mal la puissance Américaine tous les pays en relations avec les
Etats-Unis d'Amérique considérés comme étant la
première puissance mondiale. Ils ont perdu toute confiance de leurs
alliés au Moyen-Orient.
Jean-François Revel, met en relief le ridicule qu'a
subit Washington, «...Susceptible d'être plus
ou moins tragique sur le plan humanitaire, le dénouement de la prise
d'otages à l'ambassade américaine de Téhéran ne
pouvait, dès le départ, quoi qu'il arrivât, être pour
Washington qu'une débâcle politique. Pire : le signe
révélateur d'une déchéance plus prononcée
encore qu'on ne l'imaginait. Car il ne s'agit pas d'un simple accident, d'une
de ces malchances auxquelles les États, même les plus forts, ne
peuvent totalement échapper. Cette lugubre et ridicule affaire est bien
plutôt la démonstration spectaculaire, sur un cas limite, presque
sur une hypothèse d'école, du recul
généralisé de l'influence américaine dans le monde,
et même de la perte par l'Amérique de sa stature de
première
133 Après son implication dans la prise d'otage, l Dans
la confusion de la prise d'otage, six Américains ont tout simplement
quitté l'ambassade à pied. Ils se sont cachés pendant
quatre jours avant de trouver refuge à l'ambassade du Canada. La
situation à Téhéran était très tendue.
L'ambassadeur du Canada, Ken Taylor, savait que si les Iraniens apprenaient
qu'il cachait des Américains, ils considéreraient le Canada comme
un ennemi et son ambassade serait attaquée. Il a communiqué avec
les autorités à Ottawa pour leur exposer la situation. Ottawa a
approuvé la décision de Taylor de donner refuge aux
Américains et a immédiatement élaboré un plan pour
les évacuer. Il a fallu obtenir de faux passeports canadiens et attendre
79 jours car les Américains se faisaient passer pour des visiteurs.
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grande puissance. Réduite à choisir, ou
à ne pas choisir, entre la prudence d'une négociation incertaine
et le quitte ou double d'un commando aventureux ? Dans les deux cas,
l'Amérique sortait de son rôle de puissance
planétaire.»134
Au plan interne, il faut souligner que cette crise a agi sur
l'avenir politique du président Carter135. Il a perdu toute
popularité aux yeux de ses compatriotes. Cela lui a valu son
échec aux élections de novembre 1980 au profit Ronald Reagan. Il
a rencontré des difficultés au sein même de sa propre
formation politique, divergences liées à sa politique
intérieure qu'extérieure. Venant compliquer les choses, une
opération militaire menée en avril 1980 pour sauver les otages se
termina par un fiasco. Sur les huit hélicoptères envoyés,
trois tombèrent en panne, et la mission fut annulée. Mais, alors
que les avions de transport évacuaient la zone, l'un d'entre eux entra
en collision avec l'un des hélicoptères, causant la mort de huit
soldats américains dans le désert iranien136.
Tous les jours, de par les medias, les Américains
suivaient le sort de leurs diplomates. Cette crise des otages prit rapidement
la dimension d'un traumatisme national qui facilita la victoire de Ronald
Reagan sur M. Carter à l'élection présidentielle de
novembre 1980. Qu'un pays en développement du Proche-Orient inflige aux
Etats-Unis d'Amérique une telle humiliation était chose rare. Une
indignation réciproque monta alors. Le conflit géopolitique, qui
s'annonçait déjà pendant les dernières
années du règne du Shah, acquit une forte dimension
émotionnelle.
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