II- LES INSTITUTIONS POLITIQUES ET RELIGIEUSES A LA
SOLDE DE
LA REVOLUTION
Après la chute du Shah, le changement gagne tous les
autres secteurs de la société iranienne. Des modèles
d'institutions et d'organisations sont mis en place. Une nouvelle
République avec une peau toute neuve pourtourner définitivement
la page américaine.
1- L'organisation de la République Islamique
d'Iran
Il est difficile pour un observateur lambda de bien saisir et
cerner le fonctionnement du pouvoir iranien. La multiplicité des
acteurs, le dédoublement des institutions à tous les niveaux de
responsabilité et le rôle relatif du Président de la
République. Alors même que celui-ci est doté d'une
légitimité démocratique. Une description des institutions
iraniennes s'impose à nous et la place de chacun des acteurs de la
politique extérieure doit être précisée.
L'Iran, depuis l'instauration de la République
islamique, présente un système institutionnel très
singulier. L'Iran est le seul État officiellement chiite et un des rares
pays à être une théocratie ; c'est-à-dire que le
pouvoir, censé émaner de Dieu, réside dans les mains du
clergé. Cette théocratie découle du concept de
velayat-e faqih, théorisé dans les années 1960
par l'Ayatollah Rouhollah Khomeiny, premier « Guide de la
Révolution ». Le chef suprême de la religion a droit de veto
sur tout. Quand le chef religieux contrôle le pays, il choisit ce qui est
bon ou non en fonction de sa religion. Cependant, il existe aussi une dimension
représentative dans ce système, puisque la souveraineté
populaire est reconnue et qu'un processus électoral permet
l'élection du président de la République, des
députés et des membres de l'assemblée des experts. Ce
système électoral s'inspire des démocraties populaires,
mais le pluralisme politique n'existe pas ; les candidats appartiennent aux
diverses factions islamiques.
Le système politique de la République islamique
est basé sur la Constitution de 1979 à 1980 appelée
Qânun-e Asasi (« Loi Fondamentale »). Le
système comprend plusieurs corps gouvernants intimement reliés,
dont la plupart est nommée par le guide
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(seul le Président, les membres du parlement, et les
membres de l'assemblée des experts sont élus au suffrage
universel). Alors voyons comment se fait l'exercice des pouvoirs
exécutif, législatif et judiciaire :
Le pouvoir exécutif est en Iran comme dans la plupart
des pays démocratiques, l'affaire du Président et des
ministres.
Le Guide de la révolution ? aussi appelé «
Guide suprême » ? est responsable de la supervision des «
politiques générales de la République islamique d'Iran
». Le guide de la révolution est élu par l'Assemblée
des experts pour une durée indéterminée. Le guide de la
révolution est commandant en chef des forces armées ; il
contrôle le renseignement militaire et les opérations liées
à la sécurité ; lui seul a le pouvoir de déclarer
la guerre et de proclamer la paix.
C'est aussi la seule personne des institutions d'État
obligatoirement religieuse. Il peut démettre le Président de la
République de ses fonctions, après que la cour suprême ait
reconnu ce dernier coupable de violation de ses devoirs constitutionnels, ou
après un vote du Parlement témoignant de son incapacité
sur la base du principe 89 de la constitution. L'Assemblée des experts
est responsable de la supervision du guide suprême dans le cadre de
l'exécution de ses devoirs légaux. Le guide suprême actuel
est l'Ayatollah Ali Hossein Khamenei115.
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