II. Interprétation
A l'issue des résultats de nos questionnaires, il
revient à présent de les analyser progressivement en les
détaillants
1. Concernant le client emprunteur
35% des dossiers étudiés sont passés en
contentieux à cause de la mauvaise gestion du crédit par le
client, il s'agit des pertes récurrentes et problèmes de
rentabilité ; 25%
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sont passés en contentieux à cause du
surendettement du client (multiplication d'emprunteur), de 10% à cause
des changements brusques d'activités et 15% à cause des tensions
au sein de l'entreprise. Les causes des risques varient selon que le
bénéficiaire du crédit est un particulier. En effet, le
particulier qui bénéficie d'un crédit peut exposer l'agent
de crédit à deux ordres de risques:
i' La maladie ou l'accident peut entraîner la mort ou
l'incapacité de travail d'un particulier ayant obtenu
antérieurement un crédit. Cette situation met fin à cette
activité. Pour se prémunir contre ce risque, l'agent de
crédit exige une assurance-vie pour avoir la garantie du remboursement.
Il est également prudent de faire garantir le conjoint qui se portera
ainsi caution. Par ces procédés, les conséquences de
certaines situations successorales sont évitées;
i' Le risque d'endettement excessif découle de la
mauvaise foi du crédité qui, soit a détourné le
crédit de l'objet pour lequel il était accordé, soit a
dissimulé ses dettes antérieures déjà importantes.
Pour se prémunir contre cela, l'agent de crédit exige souvent une
épargne régulière de la part de l'emprunteur.
2. Sur l'Institution
AEI est le premier responsable des impayés, même
si la cause la plus immédiate est externe, AEI a toujours la
possibilité de faire quelque chose. Il n'y a pas de mauvais clients mais
des mauvais prêts. La responsabilité des impayés incombe
donc à l'institution qui accorde les crédits. Parmi les causes
que AEI ne pouvait prévoir, 10% sont dues à la mauvaise foi du
client et 15% représentent les clients qui sont partis sans laisser
d'adresse.68% des agents de crédit interrogés estiment que la
méthode actuelle d'analyse des dossiers de crédits comporte des
insuffisances et 32% affirment qu'elle est satisfaisante. En effet, l'analyse
du processus d'octroi de crédit montre qu'il existe trois niveaux
essentiels d'étude du dossier de crédit. Au premier niveau,
l'agent de crédit détermine la capacité de remboursement
du client ( basé sur les flux financiers des trois derniers mois) puis
au second niveau, il émet ensuite une recommandation soumise au
gérant de l'agence, enfin au troisième niveau, le dossier est
transféré au comité de crédit pour l'approbation du
dossier. Cette procédure est bonne car elle permet de faire
l'étude à trois niveaux. Mais il existe un risque car
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l'efficacité du mécanisme dépend
également d'autres facteurs tels que l'analyse des informations fournies
par les clients emprunteurs. Ceci est difficile à réaliser dans
la mesure où ces derniers ne disposent pas d'une petite
comptabilité. Les agents de crédit font l'estimation de la
capacité de remboursement à partir de données fournies
oralement ; cette procédure exige de l'agent de crédit d'avoir
une compétence technique en matière d'analyse
financière.
S'agissant de la méthode d'évaluation des
garanties exigées, les avis sont très partagés. En effet,
44% d'agents de crédits interrogés affirment que la technique
d'évaluation des garanties n'est pas une bonne méthode et 56%
estiment que c'est une méthode acceptable. Le problème à
ce niveau peut résulter du type de garantie. Les garanties
réelles (gage, nantissement et hypothèque) permettent de
réduire les risques de défaillance des clients non pas parce
qu'elles fournissent un moyen pour améliorer les remboursements lorsque
les emprunteurs sont en difficulté. En effet, ce type de garantie a un
caractère coercitif dans la mesure où le débiteur semble
avoir l'épée de Damoclès sur la tête. Il se dit s'il
ne rembourse pas, il risque de perdre son bien donné en garantie. Les
agents de crédits sont chargés de l'évaluation du
véhicule et équipement mis en garantie alors qu'ils n'en sont pas
experts, une évaluation qui tout naturellement connaît des
faiblesses. Des garanties qui d'ailleurs sont très peu mobilisées
en cas de défaillance. Au niveau des clients (il fallait s'y attendre),
ils déclarent à 47% préfère la caution comme
garantie c'est-à-dire que la caution peut être actionnée en
paiement en même temps que le débiteur principal et estiment
à 79% ne pas avoir de difficultés à obtenir de garanties.
De notre point de vue, une garantie est prise soit parce qu'elle a une
influence positive sur le comportement de remboursement des clients, soit parce
qu'elle est susceptible d'être mobilisée en cas d'impayés
pour réduire le risque de perte. Dans le cas contraire,
professionnellement cette garantie ne mérite pas d'être prise par
l'IMF. Il existe dans tout le réseau d'AEI, un risque qui est lié
aux garanties proposées par les clients. D'une façon
générale, les biens mis en garantie sont mal
appréciés. Nous avons la mise en chambre forte des garanties
litigieuses et l'institution ne dispose d'aucun moyen pour avoir des
informations sur les sûretés réelles. Des véhicules
garantis sont mis au rebut alors que la durée des crédits reste
à courrir.25% d'agents de crédit acceptent mettre en place un
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crédit à des clients malgré leur
existence dans d'autres IMF ; 5% ont évoqué le fait qu'ils
reçoivent des pressions de la part du supérieur
hiérarchique pour mettre en place des crédits à des
clients se trouvant dans des situations financièrement douteuses et 92%
ont affirmé n'avoir jamais monté et mis en place au moins une
fois un crédit par complaisance contre 8% qui ne se sont pas
prononcés.
Malgré ce faible pourcentage, nous pouvons tenter de
donner des explications. Cela peut, en effet, être dû :
· A la mauvaise étude des dossiers de crédit
;
· Au laisser-aller dont font preuve certains agents de
crédit dans la mise en place des crédits ;
· Au financement des clients déjà
très endettés dans d'autres institutions ;
· à la mise en place de crédits fictifs
;
· à l'incompétence de certains agents de
crédit ne maîtrisant pas les techniques d'instruction de certains
dossiers de crédit ;
· à la complaisance (même si aucun agent
n'a dénié le reconnaître) dans les études de
dossiers ;
· à la difficulté dans l'évaluation
de la valeur réelle des garanties (sûretés réelles)
;
· à l'absence de solidarité entre les
membres de certains crédits de groupe ;
· à la non-conformité de certaines
garanties acceptées par les agents de crédit contrairement aux
exigences de l'institution ;
· à l'absence de mesures juridiques de
réalisation des garanties. Que la distribution du crédit soit
confiée à un organisme privé ou étatique, sa
réussite dépend en dernière analyse des hommes
chargés de la diriger. Pour y parvenir, ces hommes doivent constamment
disposer d'un certain nombre de connaissances acquises et avoir des
réflexes de professionnel.
L'ensemble de la qualité qui forme ce qu'on appelle le
sens du risque se compose de : la compétence, la psychologie, le bon
sens, le jugement, la fermeté, la prudence, le flaire et un
tempérament personnel. En réalité, pour réussir
c'est-à-dire courir moins de risque, le distributeur de crédit
doit pouvoir faire preuve d'honnêteté. Il doit diviser et
sélectionner les risques et connaître les différentes
formes de crédits en même
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temps que les garanties qui y sont afférentes, leurs
avantages et inconvénients. Grâce à un service de gestion
des risques bien informé, l'agent de crédit peut prévoir
l'avenir et savoir ainsi les chances de réussite de son engagement.
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