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Analyse des risques d'impayé de crédit en microfinance. Cas d'Afrique Emergence et investissements.


par Isaac Arnaud TRAORE
Académie libre de technologie - Diplôme d'ingénieur de conception 2017
  

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II. Interprétation

A l'issue des résultats de nos questionnaires, il revient à présent de les analyser progressivement en les détaillants

1. Concernant le client emprunteur

35% des dossiers étudiés sont passés en contentieux à cause de la mauvaise gestion du crédit par le client, il s'agit des pertes récurrentes et problèmes de rentabilité ; 25%

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sont passés en contentieux à cause du surendettement du client (multiplication d'emprunteur), de 10% à cause des changements brusques d'activités et 15% à cause des tensions au sein de l'entreprise. Les causes des risques varient selon que le bénéficiaire du crédit est un particulier. En effet, le particulier qui bénéficie d'un crédit peut exposer l'agent de crédit à deux ordres de risques:

i' La maladie ou l'accident peut entraîner la mort ou l'incapacité de travail d'un particulier ayant obtenu antérieurement un crédit. Cette situation met fin à cette activité. Pour se prémunir contre ce risque, l'agent de crédit exige une assurance-vie pour avoir la garantie du remboursement. Il est également prudent de faire garantir le conjoint qui se portera ainsi caution. Par ces procédés, les conséquences de certaines situations successorales sont évitées;

i' Le risque d'endettement excessif découle de la mauvaise foi du crédité qui, soit a détourné le crédit de l'objet pour lequel il était accordé, soit a dissimulé ses dettes antérieures déjà importantes. Pour se prémunir contre cela, l'agent de crédit exige souvent une épargne régulière de la part de l'emprunteur.

2. Sur l'Institution

AEI est le premier responsable des impayés, même si la cause la plus immédiate est externe, AEI a toujours la possibilité de faire quelque chose. Il n'y a pas de mauvais clients mais des mauvais prêts. La responsabilité des impayés incombe donc à l'institution qui accorde les crédits. Parmi les causes que AEI ne pouvait prévoir, 10% sont dues à la mauvaise foi du client et 15% représentent les clients qui sont partis sans laisser d'adresse.68% des agents de crédit interrogés estiment que la méthode actuelle d'analyse des dossiers de crédits comporte des insuffisances et 32% affirment qu'elle est satisfaisante. En effet, l'analyse du processus d'octroi de crédit montre qu'il existe trois niveaux essentiels d'étude du dossier de crédit. Au premier niveau, l'agent de crédit détermine la capacité de remboursement du client ( basé sur les flux financiers des trois derniers mois) puis au second niveau, il émet ensuite une recommandation soumise au gérant de l'agence, enfin au troisième niveau, le dossier est transféré au comité de crédit pour l'approbation du dossier. Cette procédure est bonne car elle permet de faire l'étude à trois niveaux. Mais il existe un risque car

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l'efficacité du mécanisme dépend également d'autres facteurs tels que l'analyse des informations fournies par les clients emprunteurs. Ceci est difficile à réaliser dans la mesure où ces derniers ne disposent pas d'une petite comptabilité. Les agents de crédit font l'estimation de la capacité de remboursement à partir de données fournies oralement ; cette procédure exige de l'agent de crédit d'avoir une compétence technique en matière d'analyse financière.

S'agissant de la méthode d'évaluation des garanties exigées, les avis sont très partagés. En effet, 44% d'agents de crédits interrogés affirment que la technique d'évaluation des garanties n'est pas une bonne méthode et 56% estiment que c'est une méthode acceptable. Le problème à ce niveau peut résulter du type de garantie. Les garanties réelles (gage, nantissement et hypothèque) permettent de réduire les risques de défaillance des clients non pas parce qu'elles fournissent un moyen pour améliorer les remboursements lorsque les emprunteurs sont en difficulté. En effet, ce type de garantie a un caractère coercitif dans la mesure où le débiteur semble avoir l'épée de Damoclès sur la tête. Il se dit s'il ne rembourse pas, il risque de perdre son bien donné en garantie. Les agents de crédits sont chargés de l'évaluation du véhicule et équipement mis en garantie alors qu'ils n'en sont pas experts, une évaluation qui tout naturellement connaît des faiblesses. Des garanties qui d'ailleurs sont très peu mobilisées en cas de défaillance. Au niveau des clients (il fallait s'y attendre), ils déclarent à 47% préfère la caution comme garantie c'est-à-dire que la caution peut être actionnée en paiement en même temps que le débiteur principal et estiment à 79% ne pas avoir de difficultés à obtenir de garanties. De notre point de vue, une garantie est prise soit parce qu'elle a une influence positive sur le comportement de remboursement des clients, soit parce qu'elle est susceptible d'être mobilisée en cas d'impayés pour réduire le risque de perte. Dans le cas contraire, professionnellement cette garantie ne mérite pas d'être prise par l'IMF. Il existe dans tout le réseau d'AEI, un risque qui est lié aux garanties proposées par les clients. D'une façon générale, les biens mis en garantie sont mal appréciés. Nous avons la mise en chambre forte des garanties litigieuses et l'institution ne dispose d'aucun moyen pour avoir des informations sur les sûretés réelles. Des véhicules garantis sont mis au rebut alors que la durée des crédits reste à courrir.25% d'agents de crédit acceptent mettre en place un

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crédit à des clients malgré leur existence dans d'autres IMF ; 5% ont évoqué le fait qu'ils reçoivent des pressions de la part du supérieur hiérarchique pour mettre en place des crédits à des clients se trouvant dans des situations financièrement douteuses et 92% ont affirmé n'avoir jamais monté et mis en place au moins une fois un crédit par complaisance contre 8% qui ne se sont pas prononcés.

Malgré ce faible pourcentage, nous pouvons tenter de donner des explications. Cela peut, en effet, être dû :

· A la mauvaise étude des dossiers de crédit ;

· Au laisser-aller dont font preuve certains agents de crédit dans la mise en place des crédits ;

· Au financement des clients déjà très endettés dans d'autres institutions ;

· à la mise en place de crédits fictifs ;

· à l'incompétence de certains agents de crédit ne maîtrisant pas les techniques d'instruction de certains dossiers de crédit ;

· à la complaisance (même si aucun agent n'a dénié le reconnaître) dans les études de dossiers ;

· à la difficulté dans l'évaluation de la valeur réelle des garanties (sûretés réelles) ;

· à l'absence de solidarité entre les membres de certains crédits de groupe ;

· à la non-conformité de certaines garanties acceptées par les agents de crédit contrairement aux exigences de l'institution ;

· à l'absence de mesures juridiques de réalisation des garanties. Que la distribution du crédit soit confiée à un organisme privé ou étatique, sa réussite dépend en dernière analyse des hommes chargés de la diriger. Pour y parvenir, ces hommes doivent constamment disposer d'un certain nombre de connaissances acquises et avoir des réflexes de professionnel.

L'ensemble de la qualité qui forme ce qu'on appelle le sens du risque se compose de : la compétence, la psychologie, le bon sens, le jugement, la fermeté, la prudence, le flaire et un tempérament personnel. En réalité, pour réussir c'est-à-dire courir moins de risque, le distributeur de crédit doit pouvoir faire preuve d'honnêteté. Il doit diviser et sélectionner les risques et connaître les différentes formes de crédits en même

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temps que les garanties qui y sont afférentes, leurs avantages et inconvénients. Grâce à un service de gestion des risques bien informé, l'agent de crédit peut prévoir l'avenir et savoir ainsi les chances de réussite de son engagement.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon