CHAPITRE II : LES TRAVAUX SUR LA GESTION DU RISQUES
DE
CREDIT
La microfinance représente un ensemble très
diversifié de dispositifs offrant des
capacités d'épargne, de prêts ou
d'assurance à de large fractions des populations rurales, mais aussi
urbaines, n'ayant pas accès aux services financiers des
établissements soumis à des contraintes de rentabilité
immédiates et à certaines ratios prudentielles. Le
problème qui se pose pour les SFD est alors comment assurer un bon
remboursement du crédit face à des emprunteurs sans garantie.
Surtout que les impayés qui conduisent souvent aux créances
irrécouvrables constituent, dans la majorité des cas, la
principale cause de faillite des institutions qui accordent des crédits.
Même celles qui réussissent sont sans cesse menacées par le
spectre des impayés. Tout gestionnaire soucieux de la
pérennité de son IMF est tenu d'avoir une gestion rigoureuse de
toutes les créances dont les paiements sont en retard. Il doit par
conséquent, connaître les causes et les coûts des
impayés pour l'institution, mesurer ces impayés et les
contrôler (lobez ; 1997 : 23). Plusieurs travaux de recherche ont
été réalisés sur la gestion des risques dans les
IMF afin de leur permettre, pour la plupart de mettre en exergue ses
avantages.
I. La Gestion du Risque de Crédit
Le risque de crédit est un risque majeur pour les SFD. Il
influence largement leurs
résultats et crée un risque potentiel de
faillite pour ces dernières. Pour limiter au maximum les pertes dues au
risque de crédit, les institutions se dotent de politique de gestion de
risque bien circonscrites. Compte tenu de la complexité de la gestion de
crédit nous allons nous contenter de présenter certaines bonnes
pratiques en matière de gestion du risque de crédit.
Ainsi pour FREDERIC, GAYRAUD & ROUSSEAU (2006 : 68) la
gestion des risques suit quatre phases :
? L'identification des menaces permet d'identifier les
menaces qui pèsent sur l'institution et qui sont à l'origine des
risques ;
? La hiérarchisation des risques identifiés,
compte tenu du fait qu'il est impossible de supprimer tous les risques pour des
raisons de coûts et aussi parce que le risque est inhérent
à la conduite des affaires. Les SFD doivent
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TRAORE ISAAC ARNAUD - ELEVE INGENIEUR EN FINANCES AUDIT ET
CONTROLE DE GESTION
ANALYSE DES RISQUES D'IMPAYE DE CREDIT EN MICROFINANCE
: CAS D'AFRIQUE EMERGENCE ET INVESTISSEMENTS
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hiérarchiser les risques en fonction de leur
gravité et de leur probabilité de réalisation ;
> Le traitement des risques qui nous permettrait de
réduire le risque avec la possibilité d'agir sur la
probabilité de sa réalisation en mettant en place des actions de
prévention, de diminuer l'impact du risque grâce à des
mesures de protection, ou d'agir à la fois sur la probabilité et
sur la gravité ;
> La mise en adéquation de la gestion des risques
avec l'échelle de responsabilité. Pour cela il s'agira de
déterminer en fonction des responsabilités les personnes qui
seront chargées de la gestion de risques.
Pour SARDI (2002 : 725), le dispositif suivant doit
être mis en place pour une bonne maîtrise du risque de
crédit :
V' Des dossiers de qualité car les dossiers de demande
d'emprunt doivent être aussi complets que possibles et remplir toutes les
conditions de fond comme de forme pour permettre une décision
motivée de l'institution ;
V' Un suivi permanent et une surveillance rigoureuse des
risques. Ainsi le déblocage du crédit ne signifie pas la fin de
l'opération de crédit car c'est à ce moment que le risque
est plus fort. Pour limiter au maximum les pertes pouvant résulter de la
défaillance des clients, l'institution doit assurer un suivi rigoureux
des crédits permettant de détecter les signes précurseurs
d'une dégradation de la situation financière du client ;
V' Une rentabilité adéquate du portefeuille car
malgré la rude concurrence que se livrent les institutions
financières pour offrir à leur client des crédits
attractifs, il faut que la tarification des crédits puissent au moins
absorber les coûts engendrés ;
V' Une revue indépendante des dossiers qui consiste
à revoir de manière périodique les dossiers de
crédit pour s'assurer qu'ils respectent les procédures et
politiques en vigueur ;
Par contre, pour CARE International (2001) le manuel de
gestion des risques en microfinance le processus de gestion du risque de
crédit doit comprendre trois (3) phases :
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: CAS D'AFRIQUE EMERGENCE ET INVESTISSEMENTS
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? Identifier les
vulnérabilités, avant de gérer les risques au sein d'une
organisation, il est important d'identifier au préalable les faiblesses,
les limites, les menaces actuelles et potentielles de l'organisation. Un aspect
important de gestion des risques est de prévoir les risques probables de
l'organisation à court, moyen et long terme ;
? Concevoir et mettre en oeuvre des
systèmes de contrôle, une fois que l'IMF a identifié les
points vulnérables, elle peut concevoir et mettre en exécution
des mesures de contrôles pour les amoindrir ;
? Suivre l'efficacité des
systèmes de contrôle mis en place, une fois le système de
contrôle mise en oeuvre, les IMF doivent pouvoir suivre et
apprécier son degré de fonctionnalité et
d'efficacité. Les outils de suivi consistent avant tout en un tableau de
bord d'indicateurs de performance que les Directeurs et Administrateurs doivent
établir et suivre afin de s'assurer de la gestion de l'IMF.
La gestion des risques est un processus continu car la
vulnérabilité change avec le temps. En effet, de façon
spécifique, la gestion du risque de crédit peut se
présenter sous deux aspects : les mesures préventives que les
prêteurs prennent avant l'octroi du crédit et les mesures
d'encouragement après le déboursement pour permettre le
remboursement dans les délais.
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