SECTION 1 : Situation alimentaire et nutritionnelle de
la Commune d'Athiémé
Dans cette section, il est question d'évoquer les
raisons qui nous ont justifié le choix de ce sujet, de montrer
clairement nos objectifs et de fixer des hypothèses.
PARAGRAPHE 1 :
Problématique, Objectifs et hypothèses de la recherche
1.1 Problématique
Selon le Programme Alimentaire Mondial (PAM), la
diversité du régime alimentaire est un indicateur de la
sécurité alimentaire des ménages. La diversité du
régime alimentaire est liée à un apport
énergétique et protéinique adéquat, lui-même
dépendant du statut socio-économique des ménages. Cette
diversité se traduit par un bon état nutritionnel, sous
réserve d'un environnement satisfaisant (assainissement,
hygiène). Le PAM l'a retenu comme indicateur de la
sécurité alimentaire (dimensions d'accessibilité et de
qualité de la consommation alimentaire).
La malnutrition aigüe constitue une source de
préoccupation majeure car elle a des effets très néfastes
sur la santé des jeunes enfants et en particulier celle des enfants de 0
à 2 mois. Les conseils de prévention sont bien établis
mais mal suivis. Alors que l'allaitement de longue durée est la norme
locale, la consigne de l'allaitement exclusif n'est pas vraiment suivie et elle
est même moindre en 2011 qu'en 2006.45% des mères d'enfants de 2
à 3 mois respectaient la consigne en 2006 contre 39% en 2011, 22% des
mères d'enfants de 4à 5 mois contre 16% en 20114.
Beaucoup complémentent le lait avec des aliments de
complément, des tisanes, de l'eau les aliments solides. Il reste donc
beaucoup à faire pour que les mères adoptent de bonnes pratiques.
Les expériences passées en matière de suivi nutritionnel
ont montré les limites d'approches trop centrées sur les
mères et enfants sans prise en compte des autres personnes influentes du
ménage et de la communauté, comme les aînés et les
époux. Les dons
4 Idem note de bas de page 2
4
Réalisé et présenté par GAGLOZOUN
Kuassi Thibault Césaire
Amélioration de la Qualité Nutritive du
Nourrisson et de la Petite Enfance dans la Commune
d'Athiémé
de vivres ont aussi brouillé le message de la
faisabilité d'une bonne alimentation à partir des produits
locaux. L'implication de relais communautaires est devenue pratique courante en
matière de santé et même de nutrition mais sans
système de motivations de diverses natures, cette implication n'est pas
durable. Une multiplicité de systèmes de relais coexiste mais
cela ne semble pas aller dans le sens d'une meilleure prise en charge locale de
la malnutrition.
Une part importante des femmes enceintes continuent de faire
des travaux qui nécessitent une forte débauche d'énergie
avec en ligne de mire des travaux champêtres quotidiens. Leur
alimentation n'est pas différenciée et riche.
Observés, l'aspect des enfants est jugé
insatisfaisant dans la Commune d'Athiémé avec 60% pour toutes les
classes d'âge à partir de 18-24 mois sans amélioration
quand l'enfant grandit. Parmi ces enfants, une partie est visiblement malade,
une autre visiblement émacié avec parfois des ventres très
ballonnés.
Par ailleurs, une majorité de femmes n'attendent pas
avant d'allaiter l'enfant à la naissance, souvent sur conseil des
sages-femmes. Mais certaines d'entre elles lavent l'enfant et se lavent
d'abord, ce qui souvent plonge le nouveau-né dans le sommeil. Beaucoup
avancent que la montée de lait n'a pas été
immédiate. Pour certains ce lait est malsain et il faut le vider,
d'autres encore qu'il faut d'abord donner de l'eau à l'enfant. Or, ce
premier lait contient du colostrum qui est un liquide très nutritif de
la première lactation après accouchement.
La part des enfants recevant une alimentation suffisamment
diversifiée est faible (37,5%)5. Chez les enfants non
sevrés de 6 mois et plus, seuls 15% ont reçu une alimentation
suffisamment diversifiée en dehors du lait maternel. Or, cette phase est
supposée habituer l'enfant à une vaste gamme d'aliments qui
viendront prendre le relais du lait maternel. Chez les enfants sevrés,
la part d'enfants recevant une alimentation suffisamment diversifiée
atteint 23% dans les classes d'âge de 18-48 mois. De 48 à 60 mois,
la situation se dégrade car les enfants reçoivent la même
alimentation que les adultes et il ne leur est plus préparé de
petits plats ni de gouters enrichis.
En outre, les mères ne valorisent pas suffisamment les
repas locaux et pensent que la présence de poisson, viande ou oeuf dans
le repas constitue un bon repas. Un certain nombre de mères attribuent
au spaghetti la vertu de bon repas. Les fruits ne sont que marginalement
consommés. Ils ne constituent pas une source tangible d'apport de
vitamines et sels minéraux. De plus, certaines mamans ne mangent pas
à leur faimavec en prime un régime alimentaire
défaillant.
La conséquence est qu'en 2011, une étude de Plan
Bénin a révélé un taux élevé de
prévalence (49%) de malnutrition dans la Commune. Dans le
département du Mono, sur 1000 enfants nés vivants 110
décèdent avant d'atteindre leur cinquième anniversaire en
2013. Situé
5
5 Idem note de bas de page 2, P67
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Amélioration de la Qualité Nutritive du
Nourrisson et de la Petite Enfance dans la Commune
d'Athiémé
à la frontière de la République du Togo
avec laquelle elle partage 40 km de frontière, la Commune
d'Athiémé compte 56 483 habitants dont 10 833 enfants de 0
à 5 ans6.
Ce constat, le Conseil National de l'Alimentation et de la
Nutrition l'a fait en dressant en 2011, un bilan critique de la situation
nutritionnelle au Bénin (République du Bénin 2009a) (CAN
2011). Face à des constats préoccupants sur l'état
nutritionnel des populations et ses effets, les questions d'alimentation et de
nutrition sont redevenues des priorités nationales avec, en 2009,
l'adoption d'un Plan Stratégique de Développement de
l'Alimentation et de la Nutrition (PSDAN) (République du Bénin
2009b) et une prise en compte de ces questions dans la SCRP3. La
stratégie nationale prévoit une route longue visant à
s'attaquer aux racines même de la malnutrition avec ses chaînes de
causes à effets et une route courte visant à améliorer
l'état nutritionnel et vaincre la malnutrition aigüe des enfants de
moins de deux ans (plus exactement -9 à 24 mois) ainsi qu'à
améliorer l'état nutritionnel des mères et futures
mères.
Il est attendu de la route courte qu'elle produise des
résultats rapides et probants. Dès lors, des approches pilotes
dont l'efficacité peut être suivies et attestées rapidement
dans des contextes différents sont requises.
La situation d'Athiémé, accentuée par la
crue du fleuve mono et la transhumance, ne permettent pas une production
agricole suffisante7et nécessite une action urgente. C'est
dans ce contexte que le projet d'Amélioration de la Qualité
Nutritive du Nourrisson et de la Petite Enfance dans la Commune
d'Athiémé a été conçu.
Le problème général est donc la
malnutrition des enfants de 0 à 5 ans dans la Commune
d'Athiémé. La problématique est fondamentalement celle de
qualité alimentaire et nutritive des nourrissons et de la petite
enfance. De cette problématique, découlent les questions
suivantes :
Quel est le traitement accordé aux femmes enceintes ?
- Comment les femmes allaitent-elles leurs enfants ?
- Pourquoi ne valorise-t-on pas les produits locaux à
forte potentiel nutritif
- que faut-il faire pour aider les populations de la commune
d'Athiémé à améliorer
considérablement la qualité nutritive du nourrisson
et du jeune enfant ?
Pour répondre à ces questions, la recherche a
été orientée sur l'analyse de la situation alimentaire et
nutritionnelle dans les cinq arrondissements que compte la commune
6 INSAE, Recensement Général de la
Population et de l'Habitat 4ème édition (RGPH4)
6
7 Rapport SCDA 2015
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Kuassi Thibault Césaire
Amélioration de la Qualité Nutritive du
Nourrisson et de la Petite Enfance dans la Commune
d'Athiémé
d'Athiémé et avons proposé un projet qui
s'il est réalisé va contribuer à améliorer
considérablement la situation nutritionnelle de la commune.
1.2Objectifs de recherche
Nous proposons de rappeler les problèmes avant de fixer
les objectifs.
1.2.1Problème
général
Le problème général identifié pour
cette étude est la malnutrition des enfants de 0 à 5 ans de la
Commune d'Athiémé.
1.2.2 Problèmes
spécifiques
Du problème principal, découlent les
problèmes spécifiques suivants :
· le traitement indifférencié accordé
aux femmes enceintes ;
· la mauvaise pratique d'allaitement ;
· la faible utilisation des produits locaux à forte
valeur nutritive.
Face à cette multiplicité de problèmes
Les objectifs de recherche sont fixés. Ils sont de deux ordres à
savoir : l'objectif général et les objectifs
spécifiques.
1.2.3 Objectif général de
l'étude
L'objectif général de cette étude est de
contribuer à l'amélioration de la situation alimentaire et
nutritionnelle des enfants de 0 à 5 ans.
1.2.4 Objectifs spécifiques Ils
sont au nombre de trois :
Objectif spécifique n°1 :
Encourager l'accès à un traitement alimentaire favorable et
différencié aux femmes enceintes.
Objectif spécifique n°2 :
développer la bonne pratique d'allaitement chez les mères
d'enfants
Objectif spécifique 3 :
Accroître la qualité nutritive à travers le moringa, le
soja, le fretin et le champignon.
7
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Kuassi Thibault Césaire
Amélioration de la Qualité Nutritive du
Nourrisson et de la Petite Enfance dans la Commune
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1.3 Hypothèses de recherche
Nous formulons pour cette étude trois hypothèses
à savoir :
· Hypothèse 1 : l'insouciance de
l'entourage de la femme enceinte entraîne un traitement
indifférencié accordé aux femmes enceintes ;
· Hypothèse 2 : l'absence
d'information sur la bonne pratique d'allaitement entraîne la mauvaise
pratique d'allaitement ;
· Hypothèse 3 : la faible
utilisation des produits locaux à forte valeur nutritive est due
à la méconnaissance des règles d'une bonne nutrition.
8
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Amélioration de la Qualité Nutritive du
Nourrisson et de la Petite Enfance dans la Commune d'Athiémé
Tableau n° 1 : Tableau de bord de
l'étude « Amélioration de la Qualité Nutritive du
Nourrisson et de la Petite Enfance dans la
Commune d'Athiémé »
Niveau
|
Problématique
|
Objectifs
|
Causes
|
Hypothèses
|
Général
|
la malnutrition des enfants de 0 à 5 ans de
la Commune d'Athiémé
|
contribuer à l'amélioration dela situation
alimentaire et nutritionnelle des enfants de 0 à 5 ans
|
-
|
-
|
Spécifique
|
1
|
le traitement
indifférencié accordé aux femmes
enceintes
|
encourager l'accès à un traitement alimentaire
favorable et différencié aux femmes enceintes
|
l'insouciance de l'entourage de la femme enceinte
|
l'insouciance de l'entourage de la femme enceinte
entraîne le traitement indifférencié
accordé aux femmes enceintes
|
2
|
la mauvaise pratique d'allaitement
|
développer la bonne pratique d'allaitement chez les
mères allaitantes
|
Absence d'information sur la bonne
pratique d'allaitement
|
L'absence d'information sur la bonne pratique
d'allaitement entraîne la mauvaise pratique d'allaitement
|
3
|
la faible utilisation des produits locaux à
forte valeur nutritive
|
accroître la qualité nutritive des aliments à
travers le moringa, le fretin et le champignon
|
la méconnaissance des règles d'une bonne
nutrition
|
la faible utilisation des produits locaux à forte
valeur nutritive est due à la méconnaissance des
règles d'une bonne nutrition
|
Source : Résultat des recherches,
2016
9
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Amélioration de la Qualité Nutritive du
Nourrisson et de la Petite Enfance dans la Commune d'Athiémé
PARAGRAPHE 2 : Revue de littérature 2.1
Clarification conceptuelle
Dans le but d'être au même niveau d'information et
de compréhension avec la grande majorité, nous avons
décidé de clarifier quelques concepts. Il s'agit de : projet,
alimentation, nutrition, malnutrition, communautaire, pauvreté.
v Projet
De façon générale, un projet est ce que
l'on envisage de faire dans le temps et dans l'espace. C'est un ensemble
d'activités interdépendantes exécutées de
manière cohérente pour atteindre un ou des objectifs
spécifiques sous contrainte de ressources financières, humaines,
matérielles, temporelles, organisationnelles et informationnelles
limitées dans un environnement le plus souvent à risque.
On comprend aisément par ces définitions qu'un
projet est caractérisé par :
- Une durée limitée ;
- Des objectifs clairement définis : le projet
répond à une demande spécifique ;
- Des contraintes : les moyens financiers et humains
attribués pour atteindre les objectifs sont limités.
v Alimentation
L'homme a besoin, chaque jour, de manger et de boire :
l'alimentation est indispensable à la vie. Une bonne
alimentation doit fournir à l'organisme les éléments dont
il a besoin pour bien fonctionner. Une bonne alimentation est l'une des
clés essentielles de la santé.
Grâce au processus de digestion, l'alimentation fournit
:
- les matériaux de base
nécessaires à la fabrication des cellules et des organes
qui composent notre corps (les muscles par exemple) ;
- l'énergie utilisée par ces
cellules et ces organes pour fonctionner.
Pour les besoins de l'organise, le corps a besoin, tous les
jours, de quatre types d'aliments : l'eau, les aliments de
construction, les aliments énergétiques et les aliments
fonctionnels.
L'eau est indispensable au fonctionnement de l'organisme, car
elle en est un constituant de base : un être humain est constitué
en moyenne de 70 % d'eau ! En fonctionnant, le corps perd
chaque jour plus de 2,5 litres de liquide (notamment par les
urines et la transpiration). Il faut donc remplacer l'eau perdue, car la
déshydratation est très dangereuse pour la santé.
10
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Amélioration de la Qualité Nutritive du
Nourrisson et de la Petite Enfance dans la Commune
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L'eau dont le corps a besoin est apportée par la
boisson (l'eau bien sûr, ainsi que les autres boissons, comme le
thé par exemple), mais aussi par les aliments solides, qui pour la
plupart contiennent aussi de l'eau.
La quantité d'eau que l'on doit absorber chaque jour
dépend de l'âge et du mode de vie : un sportif, par exemple, doit
boire plus et plus souvent que quelqu'un qui a une activité physique
réduite (un sédentaire). Néanmoins, l'eau potable demeure
le luxe de nombreuses populations.
§ Les aliments de construction servent notamment
à fabriquer les muscles et les os, et ils apportent les matériaux
indispensables au renouvellement des cellules. Ils sont donc essentiels
à la croissance. Ce sont essentiellement des protéines
(ou protides).
§ Les protéines sont apportées par des
aliments comme la viande, le poisson, les oeufs et certaines
céréales.
§ Les aliments énergétiques doivent
fournir au corps l'énergie dont il a besoin ; il s'agit essentiellement
des sucres (ou glucides) et des graisses (ou
lipides).
§ Les glucides sont apportés par les
céréales, les pommes de terre, les pâtes, les aliments
sucrés ; les lipides sont apportés par le beurre, l'huile, les
aliments gras.
§ Les aliments fonctionnels doivent apporter au corps ce
dont il a besoin pour fonctionner correctement ; il s'agit essentiellement des
vitamines, des sels minéraux et des
fibres.
§ Les vitamines, les sels minéraux et les fibres
sont notamment présents dans les légumes et les fruits.
§ il est important de prendre trois repas par
jour (petit-déjeuner, déjeuner, dîner), plus un
goûter l'après-midi pour les enfants ;
Par ailleurs, 850 millions de personnes souffrent de
la faim dans le monde et plusieurs dizaines de millions en meurent
chaque année. La lutte contre ce fléau constitue l'un des grands
objectifs de l'Organisation des Nations unies (ONU). La communauté
internationale s'est ainsi engagée à « réduire de
moitié la proportion de la population qui a faim en 2015 ».
Qu'est-ce que la faim ?
Avoir faim, c'est ne pas pouvoir manger chaque jour
les aliments dont on a besoin. La faim est un phénomène
mondial : il y a des gens qui souffrent de la faim dans tous les pays
du monde. Cependant, la situation est plus grave dans certaines
régions, notamment en Afrique subsaharienne (la partie de l'Afrique
située au sud du désert du Sahara), ainsi que dans certains pays
d'Asie (Afghanistan, Bangladesh, Mongolie, Corée du Nord, etc.). La
distribution mondiale des disponibilités alimentaires moyennes par
habitant fait apparaître des disparités importantes entre les pays
industrialisés, où la ration alimentaire est souvent
supérieure aux besoins réels de la population, et les
régions intertropicales, où elle est en général
insuffisante
Selon les statistiques de la FAO, une agence de l'ONU
spécialisée dans l'alimentation et l'agriculture, 850 millions de
personnes souffrent de dénutrition,c'est-à-dire
que leur alimentation ne leur apporte pas les nutriments dont leur corps a
besoin pour fonctionner.
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Amélioration de la Qualité Nutritive du
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Malgré les efforts fournis, la faim ne diminue pas
aussi vite que l'avait prévu la communauté internationale, et le
nombre de personnes qui ont faim dans le monde ne cesse pour le moment
d'augmenter.
Lorsqu'elle est sévère (en cas de famine par
exemple), la dénutrition peut entraîner la mort. La
dénutrition plus modérée affaiblit ceux
qui en souffrent, en particulier les enfants, retardant leur croissance,
altérant leurs facultés physiques et intellectuelles, et les
rendant très vulnérables aux maladies.
Depuis des décennies, la communauté
internationale défend le droit à ne pas souffrir de la faim. Ce
droit est rappelé dans la déclaration de Rome sur la
sécurité alimentaire mondiale de 1996 : chaque être humain
a le droit « d'avoir accès à une nourriture saine et
nutritive, conformément au droit à une nourriture adéquate
et au droit fondamental de chacun d'être à l'abri de la faim
».
Chacun doit non seulement avoir accès à une
nourriture suffisante en quantité (pour couvrir les besoins du corps en
énergie), mais aussi à une alimentation de bonne qualité
et suffisamment diversifiée (pour couvrir les besoins du corps en
nutriments et ne pas mettre la santé en danger).
Quelles sont les principales causes de la faim
?
Contrairement à une idée très
répandue, la cause de la faim n'est pas le manque de nourriture
pour la totalité de la population mondiale. En effet, la Terre
est capable de produire suffisamment de nourriture pour nourrir tous
ses habitants, y compris dans l'avenir et malgré l'augmentation
probable de la population mondiale. En fait, le problème vient du fait
que de nombreuses personnes n'ont en fait pas accès à la
nourriture : c'est ce que l'on appelle
l'insécurité alimentaire.
La principale cause de la faim est la
pauvreté. Les gens les plus pauvres n'ont pas les
moyens d'acheter régulièrement de la nourriture de qualité
en quantité suffisante. Même s'ils disposent d'un peu de terre
à cultiver, ils préfèrent généralement
vendre leur récolte plutôt que de la conserver ou de la consommer.
La pauvreté entraîne donc la faim. La faim,
à son tour, en affaiblissant ses victimes et en les rendant
vulnérables aux maladies, les empêche de travailler et les
appauvrit plus encore.
Les guerres ont souvent un effet
dévastateur sur la situation de l'alimentation dans un pays. Elles
empêchent les habitants de cultiver la nourriture, ou bien de se rendre
sur les marchés pour en acheter.
La sécheresse est parfois un obstacle
insurmontable. L'irrigation, quand elle est possible, donne de bons
résultats. Mais l'eau n'est parfois pas disponible, ce qui rend
l'agriculture très difficile.
Les maladies, telles que le sida par exemple,
ont aussi un impact considérable. La plupart du temps, le sida tue de
jeunes adultes qui ne peuvent plus travailler, et qui meurent en laissant des
parents âgés et de jeunes orphelins (parfois malades eux aussi).
Or la production agricole a besoin de main-d'oeuvre ; les survivants ne mangent
pas à leur faim faute d'une production suffisante : les enfants
s'affaiblissent et tombent malades plus vite ; ceux qui sont déjà
infectés par le virus développent le sida plus rapidement.
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Amélioration de la Qualité Nutritive du
Nourrisson et de la Petite Enfance dans la Commune
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Comment lutte-t-on contre la faim dans le monde
?
Il est parfois indispensable, pour lutter contre
l'urgence et soulager ceux qui ont faim, de distribuer
de la nourriture : c'est le rôle de certaines organisations
internationales et de certaines organisations non gouvernementales
(ONG). Mais la lutte contre la faim consiste avant tout à
faciliter l'accès de tous à la nourriture, ce qui implique des
actions complexes telles que :
- lutter contre la pauvreté sous
toutes ses formes, notamment en promouvant l'éducation et la formation
de tous, ainsi qu'en assurant les soins médicaux de base ;
- soutenir l'agriculture afin d'augmenter la
production (pour nourrir tout le monde) et les rendements (pour produire plus
avec moins de terres), notamment en améliorant l'irrigation et en
sélectionnant mieux les espèces cultivées ;
- développer les infrastructures
(routes, moyens de transports, marchés, etc.), afin d'assurer
l'acheminement et la distribution des produits alimentaires
ainsi que leur qualité sanitaire (culture sans
produits nocifs, respect de la chaîne du froid pendant le transport,
hygiène pendant les opérations de transformation des aliments,
etc.) ;
- assurer l'enseignement de notions de base
concernant l'hygiène alimentaire et les besoins
nutritionnels ;
- protéger tout
particulièrement les populations à risque, en particulier les
femmes enceintes et les enfants en bas âge
(en surveillant chaque grossesse et chaque nouveau-né, et en
promouvant l'allaitement maternel), etc.
v Nutrition
La nutrition est un processus permettant aux aliments
d'être absorbés puis assimilés afin d'assurer la survie
(d'un organisme vivant). Elle est aussi une science traitant des nutriments et
des autres substances alimentaires, ainsi que de leur assimilation par
l'organisme.
Les processus complexes auxquels les éléments
nutritifs sont soumis -- interactions entre les aliments, dégradation,
transformation en énergie et libération de cette énergie,
transport et utilisation des composés chimiques pour la construction des
tissus spécialisés et le maintien de la bonne santé
globale de l'individu -- ne sont qu'en partie élucidés. Des choix
nutritionnels importants doivent cependant être faits pour assurer la
santé des individus, en particulier celle de certains groupes comme les
très jeunes enfants et les personnes âgées, et de
populations entières qui souffrent de malnutrition. Des conseils
nutritionnels édités par l'Organisation mondiale de la
santé (OMS) et par différents pays indiquent ce que devrait
être un régime alimentaire équilibré. On recommande,
pour les adultes, la consommation quotidienne de 0,79 g de protéines par
kg de poids. Pour les enfants et les bébés, il convient
respectivement de doubler et de tripler ces doses, en raison de leur croissance
rapide. Le syndrome du Kwashiorkor, maladie endémique des enfants
d'Afrique tropicale, est causé par une carence en acides
aminés.
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Amélioration de la Qualité Nutritive du
Nourrisson et de la Petite Enfance dans la Commune
d'Athiémé
La majorité des pays ainsi que certains organismes
internationaux publient des tableaux de rations alimentaires types indiquant
les quantités maximales de nutriments à ne pas dépasser
pour avoir un régime alimentaire sain et équilibré. Les
quantités seront cependant différentes d'une personne à
l'autre. Il est utile de consommer trois repas par jour. L'apport
énergétique doit être réparti entre les trois repas
: 25 p. 100 au petit déjeuner, 45 p. 100 au déjeuner et 30 p. 100
au dîner.
La ration alimentaire varie selon l'âge. Elle doit
être adaptée au poids et à l'activité physique de
chacun. Ainsi l'enfant et l'adolescent ont des besoins
énergétiques élevés. Les protéines doivent
être consommées en quantité suffisante pour permettre une
croissance musculaire harmonieuse. Le calcium, le phosphore, la vitamine D sont
nécessaires au développement osseux. Les personnes
âgées doivent avoir des apports alimentaires permettant de
ralentir la perte osseuse et d'éviter les fractures du col du
fémur et de la colonne vertébrale, ainsi que
l'hyperparathyroïdie secondaire liée à l'âge. Leur
alimentation doit être riche en protéines, en calcium, en vitamine
D et jumelée, autant que possible, à une activité
sportive. La femme enceinte doit avoir des apports riches en protéines,
glucides, vitamines, fer et calcium, permettant le développement du
foetus et l'élaboration du placenta. Si la mère décide
d'allaiter, elle doit équilibrer ses besoins pour que son lait soit
riche en vitamines, fer, calcium et sels minéraux. Un
résumé sur l'apport de chaque vitamine et ses sources se trouve
dans les annexes.
Les nutriments sont répartis en cinq catégories
principales : protéines, glucides, lipides, vitamines et sels
minéraux. Chaque catégorie contient de 45 à 50 substances
différentes. C'est d'après des expériences
effectuées sur les animaux que les chercheurs ont découvert quels
sont les composés essentiels à la croissance et à la
santé. En dehors de l'eau et de l'oxygène, ces composés
essentiels comprennent environ huit acides aminés apportés par
les protéines, quatre vitamines liposolubles et dix vitamines
hydrosolubles, environ dix sels minéraux et électrolytes. Bien
que les glucides représentent un apport énergétique
important, ils ne sont pas essentiels : les protéines peuvent
éventuellement les remplacer.
L'organisme utilise de l'énergie pour les processus
vitaux et pour se maintenir à une température constante. À
l'aide d'un calorimètre, des chercheurs ont pu
déterminer les quantités d'énergie fournies par les
différentes molécules énergétiques : glucides,
lipides et protéines. Ainsi, 1 g de glucide pur et 1 g de
protéine pure fournissent chacun environ 4 calories (cal) ; 1 g de
lipide pur produit environ 9 cal -- en nutrition, une kilocalorie (kcal)
correspond à l'énergie calorifique nécessaire à
élever la température de 1 kg d'eau de 14,5 °C à 15,5
°C. Les glucides sont les plus abondants, et les lipides
représentent la source d'énergie la plus facilement stockable. Si
l'organisme épuise ses réserves en glucides et en lipides, il
peut utiliser directement les protéines présentes dans les
aliments ou dégrader ses propres réserves protéiques pour
trouver de l'énergie. L'alcool est également source
d'énergie : il fournit 7 cal/g. Il ne peut pas être oxydé
par les cellules et doit être transformé en lipides par le foie.
Ces lipides sont ensuite emmagasinés dans le foie ou les tissus
adipeux.
Il est conseillé de consommer des aliments
variés, de maintenir un poids idéal, d'éviter une
consommation excessive de corps gras, de graisses saturées et de
cholestérol, d'absorber des aliments contenant suffisamment d'amidon et
de fibres, d'éviter de manger trop de sucre, trop de sel et d'avoir une
consommation d'alcool modérée. La consommation quotidienne et
variée de fruits et de légumes frais est hautement
recommandée : les nutritionnistes estiment que la quantité de ces
aliments doit être comprise entre 400 et 800 g par jour, et
représenter 5 à 10 fruits et légumes frais
différents.
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d'Athiémé
Les nutritionnistes ne sont pas encore en mesure d'expliquer
le comportement de certaines personnes vis-à-vis de la nourriture :
anorexie ou boulimie, dans les deux cas le comportement étant excessif,
refus ou obsession de s'alimenter. On a découvert récemment que,
peu après leur ingestion, les aliments agissent sur la libération
de médiateurs chimiques cérébraux importants et que les
aliments à base de glucides, en particulier, activent la
sécrétion de sérotonine qui, à son tour, supprime
l'envie de les consommer. Ce mécanisme pourrait s'être
développé pour empêcher une surconsommation des glucides au
détriment des protéines moins abondantes. La sérotonine
agirait en relation complexe avec l'insuline et plusieurs acides aminés,
en particulier le tryptophane ; ces substances contribuent toutes à
contrôler l'appétit. Dans le même domaine de recherche, les
experts nutritionnistes essayent de trouver la relation existant entre
diabète et obésité, et le rôle joué par la
prise excessive de sucres.
Un apport nutritionnel inadapté par la qualité
des nutriments absorbés, par la quantité des aliments
consommés ou par les deux à la fois, peut conduire à une
suralimentation, à une dénutrition ou à une malnutrition.
La boulimie et l'obésité illustrent l'excès des apports
énergétiques et les troubles des comportements alimentaires. En
cas de déficit d'apport énergétique dû à une
pauvreté extrême, à des régimes alimentaires mal
contrôlés ou à certaines maladies psychologiques comme
l'anorexie mentale ou le renoncement à la vie, un amaigrissement
progressif s'installe qui peut conduire à la cachexie. Dans un premier
temps, l'organisme utilise toutes les réserves graisseuses pour se
maintenir en vie, puis prélève sur la masse musculaire. Cette
situation grave s'accompagne d'une baisse considérable de
l'immunité, d'une mauvaise résistance aux maladies infectieuses
ainsi que de troubles de la conscience.
v Malnutrition
La malnutrition est un état physiologique pouvant
devenir pathologique dû à une carence ou à une consommation
excessive d'un ou plusieurs éléments nutritifs. Un sujet court le
risque de souffrir de malnutrition lorsque l'apport calorique ou
l'équilibre nutritionnel ne sont pas conformes à ses besoins. Si
l'alimentation est trop pauvre en calories, les réserves de graisses de
l'organisme, puis celles de protéines des muscles sont utilisées
pour fournir de l'énergie. En cas de carence prolongée, le corps
devient trop faible pour avoir un métabolisme normal et combattre les
infections.
Les enfants, en particulier ceux de moins de cinq ans, sont
plus sensibles aux conséquences d'une malnutrition que les adultes. Ils
souffrent notamment de carences protéiques, dont les formes les plus
courantes sont le marasme et le kwashiorkor, des maladies mortelles
rencontrées dans tous les pays en voie de développement. Le
marasme survient lorsque les nouveau-nés sont sevrés trop
rapidement et consomment une nourriture pauvre en énergie et en
éléments nutritifs. Ces enfants souffrent également
d'infections chroniques (notamment des gastro-entérites) dues à
de mauvaises conditions d'hygiène, soignées de manière
purement symptomatique par de l'eau ou de l'eau de cuisson de riz. Les enfants
souffrant de marasme ont un poids très inférieur à la
normale et ne possèdent ni graisses ni muscles. Le kwashiorkor survient
aussi après un sevrage tardif lorsque le lait maternel est
remplacé par une alimentation traditionnelle, riche en féculents
mais pauvre en protéines. Il se manifeste souvent à la suite
d'une infection aiguë. La maigreur des enfants est souvent
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d'Athiémé
masquée par une rétention d'eau qui leur donne
un visage en forme de lune et un ventre gonflé.
Dans les pays développés, on constate parfois
des carences dues à un apport calorique insuffisant chez les sujets
souffrant d'anorexie mentale et chez certaines personnes âgées.
Dans ces pays, la forme la plus courante de malnutrition est causée par
une alimentation trop riche. L'obésité constitue un facteur de
risque pour les maladies cardio-vasculaires et le diabète.
Lorsque l'alimentation d'un individu comporte des
éléments nutritifs en quantité insuffisante, celui-ci
développe des symptômes de carence. Les carences sont le plus
souvent associées à une déficience en vitamines ou en sels
minéraux. On les rencontre très rarement dans les pays
développés où on constate plus souvent des
problèmes dus à des apports excessifs. Les conséquences
d'une carence alimentaire sont très sérieuses et influencent de
manière considérable les taux de morbidité et de
mortalité (incidence des maladies et du nombre de décès).
Les carences en vitamines ou en sels minéraux peuvent avoir plusieurs
origines mais, la plupart du temps, elles proviennent d'une alimentation pauvre
en éléments nutritifs. Ainsi, dans les pays où la
nourriture de base est le maïs, une déficience en niacine, une
vitamine B, peut survenir, favorisant l'apparition d'affections telles que la
pellagre. Dans d'autres cas, la carence est liée à des besoins
nutritionnels particuliers. Certaines femmes, par exemple, ont des besoins en
fer très importants qui se traduisent par des anémies si leur
ration journalière est insuffisante. Les carences peuvent aussi
être dues à une anomalie génétique ou avoir une
origine géographique. En effet, dans des régions
éloignées de la mer, les sols (et donc les plantes qui y
poussent) contiennent très peu d'iode. Les personnes de ces
régions vivant de leurs propres cultures peuvent donc souffrir de
carences iodées pouvant entraîner à terme un goitre ou,
à l'extrême, des désordres mentaux.
Les symptômes d'une carence en vitamines ou en sels
minéraux dépendent de la fonction de cet élément
dans l'organisme. Ainsi, un déficit sévère en vitamine A
entraîne une cécité. Certains de ces nutriments ont
plusieurs fonctions, si bien que des carences prolongées peuvent avoir
des effets multiples sur la santé de l'individu.
La malnutrition peut être liée à trois
situations différentes : une alimentation en quantité
insuffisante, une alimentation en quantité suffisante mais
déséquilibrée, ou une alimentation
en quantité trop importante, mais également
déséquilibrée (on peut être suralimenté et
manquer de nutriments essentiels comme les vitamines et les
minéraux).
- La malnutrition liée à la
suralimentation
Dans les pays riches, on est de plus en plus victime de
suralimentation : on mange trop, et trop souvent (de plus en
plus de grignotage en dehors des repas). De plus, l'alimentation est de plus en
plus déséquilibrée : on mange trop riche, trop gras, trop
sucré, trop salé, trop vite. On manque de fibres, de
vitamines, de minéraux. On boit aussi de plus en plus mal :
trop de boissons sucrées (sodas) au lieu d'eau.
Une alimentation de ce type, trop
déséquilibrée et trop riche, associée à un
mode de vie sédentaire, provoque surpoids
et obésité (aux États-Unis par
exemple, 2 personnes sur 3 présentent un excès de poids ; 1 sur 3
est obèse). Ces situations augmentent beaucoup le risque de
développer de nombreuses maladies : maladies du coeur,
cancers, diabète, cholestérol, hypertension, etc.
16
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- La malnutrition liée à la
sous-alimentation
Dans les régions rurales des pays pauvres, la
malnutrition est souvent liée au manque de nourriture.
Un tiers des habitants de notre planète 2 milliards de personnes ne
mangent pas à leur faim : ils sont
sous-alimentés. Ces personnes souffrent de
malnutrition c'est-à-dire que leur alimentation ne leur
apporte pas les aliments nécessaires pour être en bonne
santé.
Mais, même si les quantités de nourriture sont
suffisantes pour survivre, les populations des pays pauvres n'ont, trop
souvent, accès qu'à quelques aliments : leur alimentation n'est
pas assez variée pour les maintenir en bonne santé. Elles
manquent de protéines animales, de fruits et de légumes verts.
Cette malnutrition provoque des carences alimentaires à
l'origine de plusieurs maladies graves, comme le kwashiorkor (manque de
protéines) et le béribéri (manque de vitamine B).
Pour la FAO (l'Organisation des Nations
unies pour l'alimentation et l'agriculture) dans son ouvrage intitulé
le Spectre de la malnutrition, « Près de 30 % de la
population mondiale souffre de malnutrition sous une forme ou une autre. Ceux
qui ne reçoivent pas suffisamment d'aliments énergétiques
ou de nutriments essentiels ne peuvent mener une vie saine et active. (...)
Parallèlement, des centaines de millions de personnes souffrent de
maladies causées par une alimentation trop abondante ou
déséquilibrée. Plus de la moitié des maladies dans
le monde peut être attribuée à la faim, à un apport
énergétique déséquilibré ou à des
carences en vitamines ou en sels minéraux. ».
Des travaux antérieurs ont cherché à
résoudre le problème de la malnutrition. 2.2
Synthèse des travaux antérieurs
La malnutrition aigüe constitue une source de
préoccupation majeure car elle a des effets très néfastes
sur la santé des jeunes enfants et en particulier celle des enfants de 0
à 2 ans. Les conseils de prévention sont bien établis mais
mal suivis. Alors que l'allaitement de longue durée est la norme locale,
la consigne de l'allaitement exclusif n'est pas vraiment suivie et semble-t-il
encore moins en 2011 qu'en 2006. 45% des mères d'enfants de 2 à 3
mois respectaient la consigne en 2006 et 39% en 2011 ; 22% des mères
d'enfants de 4-5 mois contre 16% en 2011. Beaucoup complémentent le lait
avec des aliments de compléments, des tisanes ou de l'eau. Inversement,
la part des femmes qui ne complémentent pas l'alimentation des 6-9 mois
avec des aliments solides ou semi solides augmente beaucoup (27,7 à
41,9%). Il reste donc beaucoup à faire pour que les mères
adoptent de bonnes pratiques. Les expériences passées en
matière de suivi nutritionnel ont montré les limites d'approches
trop centrées sur les mères et l'enfant sans prise en compte des
autres personnes influentes du ménage et de la communauté, comme
les ainées et les époux. Les dons de vivres ont aussi
brouillé le message de la faisabilité d'une bonne alimentation
à partir des aliments locaux. L'implication de relais communautaires est
devenue pratique courante en matière de santé et même de
nutrition mais sans système de motivations de diverses natures, cette
implication n'est durable. Une
17
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d'Athiémé
multiplicité de systèmes de relais coexiste
mais cela ne semble pas aller dans le sens d'une meilleure prise en charge
locale de la malnutrition.
v LE MORINGA
Dénommé arbre magique ou arbre de vie, le
moringa constitue une plante exceptionnelle. Des études
réalisées sur l'allaitement maternel, ont montré que les
femmes qui consommaient des feuilles de Moringa produisaient deux fois plus de
lait que celles qui n'en consommaient pas. Le lait maternel étant
essentiel à la croissance du nourisson, la consommation de Moringa chez
les femmes allaitantes est ainsi bénéfique pour l'enfant.
Lorsqu'une femme est enceinte, elle a plus que jamais besoin
de nourriture saine, pour son corps et pour celui de son enfant. Les besoins en
protéines, en fer, en calcium, sont ainsi décuplés. Au
Sénégal, le Moringa est utilisé pour lutter contre la
malnutrition, à la fois par le biais des femmes allaitantes comme chez
les enfants.
Avant la grossesse, le corps et le système immunitaire
doivent déjà être préparés. De cette
préparation découlera la santé du futur nouveau-né.
Le Moringa, qui contient de nombreux minéraux et vitamines, peut ainsi
être recommandé pendant cette période.
Le fer, nécessaire pour la croissance du foetus et la
création du placenta, est aussi présent dans les feuilles de
Moringa.
Au sénégal, les effets suivants ont
été constatés :
· Les femmes ont eu des bébés avec un
poids plus élevé à la naissance, et en meilleure
santé.
· Les femmes ont augmenté leur production de
lait.
Anti bactérien
Un anti microbes reconnu
Des études ont montré que les feuilles de
Moringa généraient une activité anti microbienne puissante
sur plusieurs bactéries, comme bacilluscereus et
Mycobacteriumphlei. Il n'est pas rare que des propriétés anti
microbiennes soient présentes dans les plantes. Une grande partie de la
population mondiale a d'ailleurs recours aux plantes pour leurs vertus anti
septiques et anti bactériennes, afin de lutter contre les maladies
infectieuses.
Le Moringa est efficace contre les microbes. Il a d'ailleurs
été montré qu'il pouvait être plus efficace que
certains antibiotiques pour certaines bactéries, et des études
prévoient sont utilisation comme base pour de nouveaux antibiotiques.
Les feuilles de moringa sont la partie de l'arbre à la
plus grande valeur nutritive. Elles sont une source très importante de
vitamine A, vitamine D, vitamine C, vitamine K, de
18
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protéines, de manganèse, de calcium, de potassium
et de nutriments essentiels. Les tableaux ci-dessous regroupe les apports et la
teneur en vitamine de 100 grammes de poudre de feuilles de Moringa.
Tableau 2 : Apport de 100 grammes du Moringa
Composant
|
Grammes
|
Calories
|
205 (unités)
|
protéines
|
27.1
|
Lipides
|
2.3
|
Glucides
|
38.5
|
fibre
|
19.2
|
calcium
|
2.003
|
fer
|
0.02
|
potassium
|
1.3
|
magnésium
|
0.36
|
soufre
|
0.87
|
zinc
|
0.003
|
Acide Oxalique
|
1.6
|
soufre
|
0.87
|
|
Source : Rapport sur le Moringa, ASPEL
2010
Tableau 3: Teneur en vitamine de 100 grammes de
moringa
Vitamine
|
Milligrammes
|
vitamine A
|
18.9 mg
|
vitamine B1
|
2.64 mg
|
vitamine B2
|
20.5 mg
|
vitamine B3
|
8.2 mg
|
vitamine C
|
17.3 mg
|
vitamine E
|
113 mg
|
|
19
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Amélioration de la Qualité Nutritive du
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d'Athiémé
Les acides aminés essentiels sont
nécessaires au bon fonctionnement de l'organisme. Contrairement aux non
essentiels, ils ne peuvent être synthétisés par
l'organisme, et doivent donc être apportés via l'alimentation.
Le MoringaOleifera contient au total 18 acides aminés.
Il procure tous les acides aminés essentiels pour
l'homme.
· La phénylalanine, qui permet aux cellules
nerveuses de communiquer, améliore la mémoire et la
vitalité.
· La leucine, couplée à l'isoleucine,
améliore la vigilance et maintient l'énergie du corps.
· La méthionine protège les reins, et
préserve les ongles, la peau et les cheveux en bonne santé. Elle
protège le foie et réduit le cholestérol.
· La lysine permet de produire le collagène et
aide les os à absorber le calcium. Elle régule les hormones, aide
à la production d'anticorps, et gère l'équilibre des
nutriments.
· L'isoleucine veille à la santé du
cerveau et à l'énergie du corps.
· La valine permet à l'esprit de se reposer, et
aide à coordonner les différents mouvements du corps.
· La thréonine empêche la graisse de
s'accumuler dans le foie. Elle est utile dans la digestion et facilite le
transit intestinal.
· Le tryptophane renforce le système immunitaire,
prévient l'insomnie, et peut avoir un rôle dans la diminution des
migraines. Il aide à réduire le mauvais cholestérol, et
peut prévenir des attaques cardiaques.
· L'histidine est utilisée contre les
réactions allergiques du corps. Elle permet aussi de produire les
globules rouges et les globules blancs du sang, et protège les nerfs.
Quelques domaines montrent la quintessence de ces travaux qui
ont précédé cette étude.
- INSUFFISANCE PONDERALE
D'amples évidences existent qui démontrent que
la prévalence du retard de croissance des enfants de moins de 5 ans est
un indicateur fort de la faim et d'un de ses déterminants, la
pauvreté.Malgré cela, l'objectif du millénaire pour le
développement (OMD) de réduire de moitié la proportion de
la population qui souffre de la faim entre 1990 et 2015, a retenu comme
indicateur la proportion des enfants de moins de 5ans en insuffisance
pondérale.
Au Bénin, cet indicateur est 18,4% (22,6% selon les
références
NDHS/CDC/OMS).Comme pour le retard de croissance, la
prévalence de l'insuffisance pondérale augmente avec l'âge
et est plus élevée chez les populations rurales. L'insuffisance
pondérale chez l'enfant est aussi liée à l'état
nutritionnel de la mère, son niveau d'instruction et la situation
socio-économique de la famille.
En 2006, la tendance permettait de penser que l'objectif de la
réduire de moitié serait atteint vers 2019 sous réserve
d'une réduction à tendance linéaire. En intégrant
les résultats de 2011, l'atteinte de l'objectif semble encore être
repoussée.
20
Réalisé et présenté par GAGLOZOUN
Kuassi Thibault Césaire
Amélioration de la Qualité Nutritive du
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d'Athiémé
- OBESITE CHEZ L'ENFANT
La tendance d'augmentation d'obésité chez les
enfants de moins de 5 ans est alarmante. Ce phénomène est
constaté dans les pays à faible produit intérieur brut
(PIB) où des taux élevés de dénutrition coexistent
avec les taux élevés de surpoids. Ce phénomène est
appelé « la transition nutritionnelle » mais il faut remarquer
que ce phénomène s'étend plus rapidement en Afrique
(augmentation de 58% en 10 ans) que dans l'ensemble des pays en voie de
développement (augmentation de 17%). Peu de données existent pour
expliquer cette augmentation rapide en Afrique, mais la corrélation
entre les surpoids maternel et infanto-juvénile pourrait donner une
réponse.
Au Bénin, les données de l'EDS 2006 montrent que
9% des enfants de moins de 5 ans ont le poids-pour-taille au-dessus de plus 2
écarts-type de la norme OMS. Ces enfants présentent donc une
surcharge pondérale. C'est un paradoxe de la malnutrition aiguë
(10,5%) et du surpoids (9,8%) sont les plus élevées chez les
ménages les plus pauvres ; ce même phénomène se
présente chez les enfants ruraux vis-à-vis les enfants du milieu
urbain : les surpoids -9,7% vs 7,8%- et la malnutrition aiguë -8,8% vs
7,8%- y sont plus élevés. Les dernières données
confirment ces tendances : 18% des enfants sont en surcharge
pondérale.
- LA MALNUTRITION DES FEMMES EN AGE DE PROCREER
(FAP)
Comme chez les enfants du Bénin, le double fardeau de
la malnutrition existe aussi chez les FAP : 9,2% des FAP ont un Indice de Masse
Corporel (IMC)8 inférieur à 18,5 et 19%
supérieur ou égal à 25 (ces chiffres n'ont pas
évolué depuis 2001. Les situations nutritionnelles des femmes
sont contrastées. Les femmes du Mono, du Plateau et de l'Atacora sont
entre 10 et 15% à être dénutries tandis que
l'obésité est un phénomène fréquent dans le
Littoral. Le phénomène atteint néanmoins aussi les FAP en
milieu rural où le surpoids est aussi fréquent que les
sous-poids. Il est inquiétant que plus qu'un tiers (37%) des FAP de la
ville de Cotonou soient en surpoids (33,9% en 2001) et 15% obèses (IMC
supérieur ou égal à 30).
Selon les données de l'EDS III, il apparait que les
femmes d'Athiémé sont plus fréquemment en sous-poids.
- EFFETS DE L'ETAT NUTRITIONNEL DES FEMMES SUR CELUI
DES
ENFANTS
Un IMC bas est associé avec un retard de croissance
intra utérine qui se traduit par un poids de naissance faible
malgré une naissance à terme. Il y aurait aussi un effet
synergique
8 IMC : Indice de Quetelet : est calculé en
divisant le poids (en kilos) par le carré de la taille en mètres
-Kg/m2)
21
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entre une petite taille de la mère (<145 cm) et un
IMC élevé (« stuntedobestiy ») avec des risques de
complications lors de la grossesse9.
Au Bénin, selon l'EDS 2006, le poids de naissance
était inconnu chez 41% des enfants. Même si actuellement 80% des
enfants naissent en formation sanitaire et sont en règle
générale pesés, les carnets de santé sont parfois
perdus et les informations qu'ils contenaient. Les nouveau-nés qui sont
nés à terme (qui ont complété 37 semaines) mais
avec un faible poids à la naissance (<2500 gr) ont probablement eu un
retard de croissance intra-utérin. Dans les pays en
développement, ce faible poids à la naissance est souvent le
résultat de l'état nutritionnel inadéquat de la
mère avant et pendant la grossesse. Au Bénin en 2001, dans 14,3%
des naissances, le nouveau-né avait un poids de moins de 2,5kg ; en 2006
ce chiffre était 12,5%. Les enfants à faible poids en 2006
étaient plus souvent de rang de naissance bas, à très
jeunes mères (n'ayant pas terminé leur propre croissance) et
faible niveau d'instruction.
Du fait des effets néfastes d'un retard de croissance
intra-utérin sur le développement de l'enfant et le faible poids
à la naissance qui en résulte (le foetus privilégie
certains organes vitaux au détriment de sa masse corporelle), il serait
nécessaire aux femmes dénutries de rattraper au plus tard durant
les 9 mois de grossesse leur déficit pour à la fois assurer la
croissance du placenta et du foetus (environ 9 kg) et faire quelques
réserves pour l'allaitement (environ3 kg).
- VIH ET NUTRITION
L'enquête EDSIV a conduit un test de
séropositivité sur les enquêtés qui ne s'y
opposaient pas (plus de 80% d'acceptation). Le taux de prévalence est de
1,4% chez les FAP et 1% chez les hommes. Il est plus élevé dans
le Littoral, le Mono et le Couffo (2,2 ;2,5 et 2,8% respectivement).
Les conseils actuels de l'Organisation Mondiale de la
Santé réintègrent l'allaitement maternel par les
mères séropositives, dès lors qu'elles sont sous
traitements antirétroviraux, au vu des évidences d'un faibles
risque de transmission du virus à l'enfant et au regard des avantage
évidents de l'allaitement maternel. Les enfants requièrent un bon
suivi nutritionnel et pondéral.
- LES CARENCES EN MICRONUTRIMENTS
Les carences sont les témoins de la malnutrition et
elles aggravent celle-ci. Certaines sont connues, visibles du fait de signes
spécifiques et peuvent être prévenues par des apports
systématiques de complément, d'autres le sont nettement moins et
doivent au minimum inciter à une alimentation équilibrée.
Le protocole national de prise en charge de la malnutrition aiguë propose
une typologie des facteurs de carences (Ministère de la Santé
2011a). Certains nutriments peuvent être stockés dans l'organisme
et apportés lors de campagne de prévention tandis que d'autres ne
sont pas mis en réserve et provoquent en cas
9 Black et al (2008) www.thelancet.comvol 371
Maternel and child 1 Maternal and Child Undernutrition : global and regional
exposines Nutrition and health consequences
22
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de déficit un ralentissement de la vitesse de
croissance sans symptômes particuliers, qui peut bien passer
inaperçu.
- LA CARENCE EN VITAMINE A (CVA)
Selon PROFILS10, 68% des enfants de 6 à 59
mois du monde souffrent de la CVA qui constitue la cause sous-jacente de 34%
des cas de mortalité infanto-juvénile. (Hessou, Agbota et
Tevoedjre 2010) mentionnent l'enquête nationale de 1999 faite
par le Ministère de la Santé et la Direction de la Nutrition et
de l'Alimentation Appliquée (DANA) qui a conclu que l'avitaminose A
touche 82,8% des enfants de 12 à 59 mois au Nord et 63,6% au Sud du
pays, soit 70,2% au niveau national. Au niveau national, 2,3% des femmes ont
souffert de cécité crépusculaire au cours de la naissance
du dernier enfant. Dans le département du l'Alibori, la
prévalence est de 5,4%.
Depuis l'année 2000, la carence en vitamine A est
reconnue comme un problème de santé publique au Bénin
(mortalité infanto-juvénile >70%0). La stratégie de
supplémentation en capsules de vitamine A pour les nouvelles
accouchées et les enfants de 6 à 59 mois a été mise
en oeuvre depuis cette période. Les apports de vitamine A permettraient
de diminuer le taux de mortalité maternelle. Une supplémentation
bisannuelle en vitamine A permet aussi de réduire la mortalité
infanto-juvénile de 23%.
Notons que des changements alimentaires peuvent aussi
permettre de lutter efficacement contre la CVA au niveau de l'ensemble de la
population. C'est ainsi que des sélections variétales ou le
remplacement d'un vivre de base à chair blanche par une espèce
à chair rouge (comme dans le cas de la patate douche) ont pu
résoudre un problème de santé publique dans plusieurs pays
concernés.
- LES TROUBLES DUS A LA CARENCE EN IODE
Les troubles dus à la carence en iode (TDC) existent au
Bénin : la prévalence du goitre est estimée à 3,7%
(5,4% dans le département des collines, 14,7% au Borgou)11.
Notons que le manioc est goitrigène et que donc les populations
consommant beaucoup de manioc comme dans les départements du Plateau,
des Collines ou du Borgou sont doublement) à risque. Les TDCI ne
constituent plus un problème de santé publique grâce
à la stratégie d'iodation universelle du sel
L'analyse PROFILES12 a néanmoins
révélé que chaque année en moyenne au Bénin,
10.000 nouveau-nés subissent les conséquences de la carence en
iode qui provoque des lésions cérébrales. L'enquête
de la DANA en 2011 a quant à elle confirmé l'existence des
symptômes de la carence chez les enfants scolarisés : 3,5% des
enfants avaient un goitre (4,1% des filles et 2,9% des garçons) avec une
prévalence augmentant notablement avec l'âge pour atteindre 4,3%
chez les 10-12 ans (MAEP 2011).
10 PROFILES, 2004, Atelier sur l'analyse de la
pratique nutritionnelle et le plaidoyer sur la nutrition au Bénin
11 Genovese E. 2004 Improving nutrition in Benin :
from plan to action
12 Idem note de bas de page 10
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L'enquête AGVSAN en 2008 a mis en évidence une
régression de l'utilisation d'un sel adéquatement iodé et
de plus une mauvaise conservation de ce sel. Un ménage sur trois
utilisait un sel imparfaitement iodé. Les ménages urbains du
littoral sont ceux qui utilisent le moins de sel correctement iodé ; on
peut néanmoins espérer qu'une partie de ces ménages
proches de la côte couvrent leurs besoins en iode en consommant des
poissons et crustacés. L'enquête auprès des enfants
scolarisés conduite en 2011 par la DANA est moins pessimiste avec 86%
des ménages consommant du sel adéquatement iodé (>15
ppm). Il semble que les mesures prises pour une bonne iodation du sel et sa
conservation portent progressivement leurs fruits. Néanmoins
l'enquête confirmait que de nombreux ménages du Littoral mais
aussi et surtout de l'Atlantique ne disposent pas de sel adéquatement
iodés (respectivement 35,2% et 66,8%). Cela se traduit par un taux
d'iode urinaire bas chez les écoliers de l'Atlantique (181,4ug/L).
- L'ANEMIE
Selon l'EDS 2006 (INSAE et Macro International Inc. 2007), le
taux d'anémie parmi les enfants d'âge préscolaire est
élevé : près de huit enfants sur dix souffrent
d'anémie (taux d'hémoglobine <11g/dl). La prévalence
d'anémie est plus élevée chez les enfants de 6 à 24
mois, donc avant sevrage, mais reste élevées ensuite (71% des
enfants de 5 ans). Les enfants du milieu rural et des familles les plus pauvres
sont plus atteints. La prévalence a légèrement
diminué depuis 2001 (de 82 à 78%). Le département de
l'Alibori est le plus atteint avec 89,7% des enfants souffrant d'anémie,
et le moins atteint est le Littoral (60,3).
Il semblerait que cet indicateur se soit
amélioré entre 2006 et 2011 où on compte 58% des 6-59 mois
qui souffrent d'anémie (26% légère, 29%
modérée et 3% sévère). En 2011, les enfants du
Plateau sont les plus atteints (86%).
- L'ANEMIE CHEZ LES FAP
L'anémie ferriprive chez la femme enceinte est
très répandue et, avec la carence en acide folique, est une des
causes reconnues du Retard de Croissance Intra-Utérin (RCIU). Selon
l'EDS 2006, trois-quarts des femmes enceintes souffrent de l'anémie dont
44,6% d'anémie modéré ou sévère.
Contrairement à la prévalence chez les enfants
préscolaires, la prévalence chez les femmes ne varie pas de
façon remarquable avec le niveau socio-économique et le niveau
d'instruction. Ceci peut être une indication que la causalité de
l'anémie chez les adultes est différente de celle des enfants.
Des progrès sont enregistrés entre 2006 et 2011 où 41,4%
des femmes sont anémiées avec 9% sous des formes
modérées ou sévères. La prescription
systématique de « fer foldine » aux femmes en état de
grossesse lors des consultations prénatales pourrait bien porter ses
fruits.
Il est à remarquer qu'en 2006, les femmes de la ville
de Cotonou étaient plus atteintes que les femmes d'autres villes ou du
milieu rural (64,9%, 61,1%, 60,9% respectivement).
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- FORMES ET CAUSES DE L'ANEMIE
Environ 50% des cas d'anémie sont attribués
à la carence en fer. Les autres causes sont : le paludisme, des carences
en micronutriments (vitamine A B6, B12, riboflavine et acide folique) ainsi que
des facteurs génétiques (drépanocytose)13.
L'étude d'Asobayireet al. (2001) faite en Côte d'Ivoire a
démontré que la carence en fer était la cause principale
d'anémie chez les enfants d'âge préscolaire. Chez les
enfants d'âge scolaire et les femmes, 50% des cas d'anémie avaient
une carence en fer comme cause et 50% étaient causés par d'autres
facteurs. Chez les hommes, 80% des cas d'anémie étaient
causés par un facteur autre que la carence en fer. Ces résultats
sont conformes avec ceux d'une étude faite au Bénin par Hercberg
et al. (1988)14.
Selon l'EDS IV, 28% des enfants de 6 à 59 mois avaient
des taux d'infestation par les parasites du paludisme supérieurs aux
seuils avec des taux particulièrement élevés dans les
départements du Nord (un enfant sur deux dans l'Alibori et l'Atacora).
Le lien entre prévalence de l'anémie et l'infestation
paludéenne au moment de l'enquête n'est pas établi d'autant
que le paludisme est un phénomène saisonnier. Néanmoins,
il est probable et la conjonction de l'anémie et d'accès
palustres pourraient être des facteurs de malnutrition chronique dans les
zones humides.
Notons aussi les liens entre la drépanocytose et
l'anémie chronique qu'occasionnent les déformations de globules
rouges. On compte 22% de la population comme hétérozygote HS, qui
ne développeraient aucun symptôme et 4% homozygote
SS14. En l'absence de diagnostic systématique à la
naissance, des enfants en état malnutrition sévère et
anémie peuvent être en fait drépanocytaires et
nécessiter une prise en charge adéquate.
Pour les anémies n'ayant pas de causes pathologiques
avérées, les sources de fer principales sont les viandes et les
poissons. La vitamine C améliore sa biodisponibilité et les
phytates la réduisent. Néanmoins, vu l'importance de cet
élément pour les femmes en âge de procréer l'OMS
préconise des apports systématique tout au long de la
période de procréation, afin d'aborder chaque gestation avec un
niveau minimal et de poursuivre durant toute la période
d'allaitement.
- LA CARENCE EN ZINC
Au niveau mondial, la carence en zinc est responsable de 4,4%
des décès des enfants d'âge préscolaire et de
16.342.000 années de vie potentielles perdues du fait
d'incapacité ou « DALYS » (basé sur les données
de 2004)15. La carence en zinc chez les enfants augmente le risque de
diarrhée, pneumonie et paludisme.
La carence alimentaire en zinc est particulièrement
courante dans les pays à faible revenu, en raison d'un faible apport
d'aliments riches en zinc (notamment des aliments d'origine animale) ou d'une
absorption insuffisante due au fait que le zinc se lie aux fibres
alimentaires
13 USAID, A2Z, ACCESS, FANTA, AED, 2006Maternal anemia
: a preventable killer
14Hercberg S, Chaulica M, Galan P et al Prevalence
of iron deficiency and iron deficiency anemia in Benin. Public Health 1998,
102:73-83
25
Réalisé et présenté par GAGLOZOUN
Kuassi Thibault Césaire
Amélioration de la Qualité Nutritive du
Nourrisson et de la Petite Enfance dans la Commune
d'Athiémé
et aux phytates, que l'n trouve souvent dans les
céréales, les noix et les légumineuses. Les aliments
riches en zinc sont la viande, le poisson et les légumineuses,
d'où la corrélation entre état nutritionnel et carence en
zinc.
Une enquête nationale sur la carence en zinc n'a pas
été faite au Bénin. Le Groupe Consultatif international de
la Nutrition de Zinc (IZiNC) a proposé une méthode
d'appréciation du risque de la population pour la carence en zinc
basée sur des indicateurs indirects, notamment le retard de croissance
et d'adéquation du zinc absorbable dans l'apport alimentaire au niveau
du pays. Avec ce système, le Bénin est classé étant
un pays de risque moyen de carence en zinc.
- AUTRES MICRONUTRIMENTS
Les autres carences en micronutriments qui pourraient avoir de
l'importance pour la santé maternelle et infantile au Bénin
sontla carence en calcium, vitamine B12, acide folique et vitamine D.
Il a été remarqué, sans que les relations
de causes à effets soient bien comprises, qu'une supplémentation
en calcium pendant la grossesse chez plus de 15000 femmes a
résulté en une réduction du risque de
pré-éclampsie. La mortalité maternelle ou morbidité
grave a aussi été réduite16. Le calcium est
présent dans les produits laitiers et certains fruits.
La carence en vitamine D in utero peut causer un retard de
croissance foetal et une pauvre minéralisation du squelette. La vitamine
D permet justement la fixation du calcium et les cas de rachitisme sont en
général provoqués par une carence vitamine D. Les
personnes peu exposées au soleil peuvent plus facilement la
développer.
Un état pauvre d'acide folique pendant la grossesse
augmente le risque de défaut du tube neural (spira bifida) et autres
défauts de naissance et probablement aussi de
pré-éclampsie et autres effets néfastes.
La carence en vitamine B12 chez les femmes enceintes est un
facteur de risque pour des défauts du tube neural et des pertes foetales
précoces. On trouve de la vitamine B12 dans les produits animaux et la
spiruline. Chez les femmes allaitantes et carencées en vitamine B12,
l'apport de la vitamine B12 par le lait maternel peut être si bas que les
signes de carences apparaissent chez leur enfant allaité, notamment le
retard de croissance, une pauvre fonctionnalité neurocognitive, et le
retard développemental (tous peuvent être
irréversibles).
Puisqu'au Bénin, la prévalence des effets
indirects des carences est élevée (notamment le retard de
croissance intra-utérin, le faible poids à la naissance,
l'éclampsie), ceci pourrait indiquer que ces carences existent.
26
Réalisé et présenté par GAGLOZOUN
Kuassi Thibault Césaire
Amélioration de la Qualité Nutritive du
Nourrisson et de la Petite Enfance dans la Commune
d'Athiémé
- MALNUTRITION ET ACCES A LA SANTE
L'évolution de la prévalence de la
prévalence de la malnutrition est très préoccupante.
Pourtant, l'accès des mères et enfants aux services de
santé semble s'être améliorés sur la période
considérée pour certains indicateurs. Ainsi le taux
d'accouchements assistés est passé de 78 à 94% entre 2009
et 2011 et le taux de fréquentation des enfants de 0 à 5ans est
passé de 76 à 81% ; de même le nombre de jeunes
mères ayant fréquenté l'école ne cesse d'augmenter.
Il faut chercher ailleurs l'origine de cette dégradation de la
situation.
Dans le cadre du Programme Elargi de Vaccination (PEV) mis en
oeuvre par le Ministère de la Santé et de la Population et
conformément aux recommandations de l'OMS, un enfant est
considéré comme complètement vacciné s'il a
reçu le vaccin du BCG contre la tuberculose, trois doses de
DTCoq1 contre la diphtérie, le tétanos et la
coqueluche, trois doses du vaccin contre la polio et le vaccin contre la
rougeole. D'après le calendrier vaccinal, toutes ces vaccinations
doivent avoir été administrées à l'enfant au cours
de sa première année. Parmi les enfants enquêtes en 2011,
47,6% des enfants ont effectivement reçu tous les vaccins, contre 42,7%
qui ont une couverture partielle et 9,7% aucun vaccin. Aucune
amélioration du taux de couverture vaccinale n'est enregistrée
par rapport à 2006 (47,1% des 12-23 moins avaient reçu tous les
vaccins en 2006). Au contraire le pourcentage d'enfants passant totalement au
travers des mailles a augmenté : 9,7% 2011 contre 6,8% en 2006. Or le
nombre d'enfants vaccins en 2006 était déjà en
régression par rapport à 2001 (59%) de grandes
inégalités sont observées d'une région à une
autre. Ils sont plus de 25% dans l'Alibori et extrêmement rares dans le
Littoral à n'avoir reçu aucun vaccin. Ceci tend aussi à
laisser penser que près de 10% des enfants de 0 à 2ans
échappent à tout suivi sanitaire et donc aussi à tout
suivi nutritionnel.
Ces travaux antérieurs montrent que les
problèmes sont réels et il convient d'adopter une
méthodologie appropriée de recherche et d'analyser minutieusement
les résultats recueillis.
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