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La réponse réglementaire de l'Union Européenne face à  l'évolution de l'intelligence artificielle


par Lucas TORRES
UPPA - Master Etudes européennes et internationales 2022
  

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B- Une approche sceptique sur l'organisation institutionnelle

Les autorités de protection pointent du doigt la mise en oeuvre du gouvernement que propose ce règlement (1) pouvant s'avérer décisif dans son rôle au sein de la concurrence internationale de l'IA (2).

1- La nécessité d'un gouvernement organisé

Le titre VI du règlement est consacré à la gouvernance et sa mise en oeuvre. Cette gouvernance se fait au niveau national et européen. Dans cette disposition, la Commission évoque l'idée de créer un Comité européen de l'intelligence artificielle, composé de représentants de chaque Etat-membre. Son rôle sera de fluidifier et harmoniser la mise en oeuvre dudit règlement en privilégiant une coopération avec les autorités nationales chargées de contrôler au niveau national l'application de ce règlement.

Cependant, la CNIL et ses homologues considèrent que les modalités d'exercice de ce pouvoir ne sont pas précisées dans ce règlement. Le Parlement européen rejoint cette pensée en reprochant une absence de précisions concernant notamment son financement, son organisation et ses missions autour de l'intelligence artificielle. Or, cette définition est nécessaire pour garantir son indépendance et renforcer ce pouvoir de contrôle qu'il exerce en collaboration avec les autorités nationales. Ce comité devra également s'imposer face au comité européen spécialisé dans la protection des données personnelles en général. En effet, le défi est d'adopter une même approche européenne dans l'exercice de son contrôle, tout en respectant son champ d'application réduit uniquement à l'intelligence artificielle pour éviter des confusions de compétence pouvant impacter sur la sécurité juridique des consommateurs. Tout comme au niveau réglementaire, une articulation est nécessaire entre les différents organes de contrôle lorsqu'ils défendent les mêmes valeurs européennes.

Cependant, la CNIL remet en cause cette organisation et penche vers la volonté de fusionner les autorités indépendantes. Ainsi, une seule autorité de protection viendrait contrôler l'intelligence artificielle au niveau national et européen. L'objectif est de créer un cadre

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cohérent de protection réglementaire de l'IA et d'éviter la multiplication inutile d'autorités de protection qui exercent le même contrôle.

En outre, certains estiment que l'intelligence artificielle nécessite un régulateur compétent et expérimenté. Ainsi, créer un nouvel organe spécifiquement consacré à ce domaine pourrait porter atteinte à la sécurité juridique et révéler des complexités administratives. Or, cela s'opposerait à l'objectif d'harmonisation consacré par cette réglementation et ainsi dégraderait l'idée de conserver la confiance des usagers vue «non pas comme un luxe, mais une nécessité absolue» (Margrethe Vestager, vice-présidente de la Commission européenne).

Dans le domaine de l'IA, la mise en place d'un régulateur est pertinente pour assurer son contrôle au niveau national et européen mais en est-il de même à l'échelle internationale?

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