B- Matériel logistique
Véritable force motrice d'une armée, le
transport assure et garantie toute sa mobilité. La réussite de
toute mission est presque toujours subordonnée à un transport
efficace (soit par voie aérienne, maritime, ou terrestre). Cependant, il
permet de faire parvenir aux forces et selon leur positionnement
géographique, les moyens leur permettant de vivre, de se déplacer
ou de combattre.
A ce titre, aucune force, aucune armée ne peut faire
abstraction de son composant transport ; on pourrait même dire sans
risque de se tromper que le transport est au coeur des forces. Dans les forces
de défense gabonaise justement, la priorité était jadis
donné aux armes mêlé ; aujourd'hui, force est de constater
que le transport a redoré son blason en reprenant sa
81
82
place. Afin de garantir l'efficience du soutien de ces
différents moyens, la création de deux nouvelles structures de
soutien centralisées ont vu le jour ; (Atelier Central de
Réparation Automobile et Centre de Formation) ACRACF et (Etablissement
Central de Construction et de Réparation Automobile) ACRA. Ces
structures dont la vocation est de maintenir la (disponibilité technique
immédiate) DTI et (opérationnelle) DTO. C'est dans cette optique
qu'en 1960 la France fourni une part importante des matériels militaires
aux forces armées gabonaises et en assure le soutien logistique. Elle
renouvelle les équipements que lui commande le Gabon, offre à
titre d'aide directe des engins d'importances variables, et assure l'entretien.
Elle s'occupe des prévisions et des nouvelles dotations à
envisager. A cet égard, nous pouvons donc qualifier de la
coopération franco-gabonaise en matière d'armement et
d'équipements militaires de constante puisqu'elle se coule toujours dans
la moule des accords de 1960. Certes elle a évolué, les accords
ont vieilli, notamment l'alinéa 2 de l'article 2 stipule que « la
République Gabonaise s'engage à faire appel exclusivement
à la République Française », mais elle s'est aussi
affirmée. C'est dans ce sens que le Gabon utilise le matériel
roulant français pour équiper son armée.
Image 22 : Automobile transporteur
Véhicule Léger de Reconnaissance
Automatique (VLRA)
Source : ECRA
Fondée en 1972, l'atelier de construction a
fabriqué une large gamme de camions. En service dans bon nombre de pays
comme le Gabon, le camion possède un moteur étant placé
à
l'avant, le véhicule est muni d'une vitre anti-balles
dans sa partie supérieure. Les soldats prennent place sur un banc de12
hommes transport de troupe.
Image 23 : Peugeot
Source : EMGFA
Destiné au fores de défense du Gabon, un lot de
27 véhicules Peugeot, don du gouvernement français, a
été remis le 11 décembre 1982 au général de
division représentant du ministre de la défense. Le
matériel comprenait 13 berlines 504 GR pour la Gendarmerie Nationale, 3
berlines 505 GR et 6 berlines 504 GR pour la Garde Républicaine. La
livraison a été assurée par la compagnie commerciale du
Gabon distributeur de Peugeot. L'aide directe qui porte sur 37 véhicules
comprend également 3 cars de Peugeot, 1 car de Renault de 45 places, 6
voitures légères R4 Renault et 17 postes
émetteurs/récepteur, à livrer ultérieurement.
Le Peugeot répond au besoin, formulé dès
la fin des années 1960 par l'armée française, de remplacer
les 10 000 jeeps. Les caractéristiques du nouveau véhicule
devaient répondre aux aspirations qui consistent à transporter 4
personnes avec leur paquetage et un poste radio et avoir une aptitude au
transport aérien et au parachutage. En 1981, l'armée
française commande 15 000 exemplaires du P4 (essence et diesel
confondus). En 2015, l'armée française compte encore moins de 2
500 exemplaires en service et ce nombre constitue à baisser à
hauteur de plusieurs centaines par an. En 2016, dans le cadre de la
coopération militaire avec le Gabon qui vise à lutter contre le
terrorisme, l'Etat français fait don à l'armée gabonaise
de 21 P4. Ce véhicule a une puissance maximale de 70,5 ch et une boite
de vitesse manuelle de 4 AV+1AR.
Image 24 : TRM
83
Source : EMGFA
Le Renault TRM 1000 est un véhicule militaire
français toutes roues motrices conçu pour les missions de soutien
en terrain difficile. Le camion est présenté en mars 1981 et la
production commence en 1982. Le TRM 1000 peut transporter 2 tonnes de charge
utile, notamment des shelters (abris en dur sur plateau) de 20
à 15 pieds. Son PTCA est de 6,3 tonnes. Il possède des
points-portiques à double démultiplication. Sa rame limite en
charge est de 50% et son dévers de 30%. Il peut faire des passages de
gué de quatre-vingt centimètres. Dans l'armée
française, le TRM 1000 a remplacé les camionnettes tactiques
Simca marmon et saviem TP3. Le TRM 1000 possède trois essieux moteurs
(6x6) pour une utilisation sur routes, pistes et en tout terrains. La garde au
sol est de 0,63 mètre. Il peut transporter entre 10 et 16 tonnes de
charges utile, de 15 ou 20 pieds, ou 24 soldats sur des bancs à
l'arrière. Il existe cependant, une version spéciale avec une
cabine agrandie de tracteur pour l'obusier français canon 155 TRF1, le
pont flottant motorisé et semi-remorque. Le moteur est un 6 cylindre
diesel et la consommation est de 50 litres aux 100 km pour une autonomie de
1200 km.
84
Image 25 : Jeep
Source : EMGFA
En 1945, l'armée française de libération
est dotée de près de 8 000 jeeps provenant de l'US Army suite aux
accords d'Anfa et dans le cadre de la loi prêts-bails. Ce parc
étant insuffisant, a été complété par
l'apport d'environ 10 000 jeeps provenant de la société nationale
des ventes. La jeep peut être armée d'une mitrailleuse d'un
calibre lance-roquette de 40mm. Elle est équipée d'un moteur VM
motori 2,8 transmission automatique. Elle équipée d'oeillets de
transport, le véhicule peut facilement être transporté de
façon sécurisé à l'intérieur d'un avion. En
dépit de l'armement et du matériel transporteur, le Gabon a
également un partenariat de défense avec la France dans le cadre
de la protection des eaux territoriales notamment entre le komo et l'Estuaire.
Qu'en est-il de ça ?
Afin d'assurer l'action en mer, le contrôle du trafic
maritime entre la frontière du Gabon et de la Guinée Equatoriale,
le Gabon en partenariat avec la France a entrepris la construction de trois
Sémaphores. Une fois équipés et utilisés par des
personnels formés de la marine nationale gabonaise, ils participeraient
au contrôle des abords maritimes de Libreville 24/24. Ils seraient
à même de surveiller le trafic maritime et de participer à
la sécurité nautique dans cette région
fréquentée par les navires de commerces, les pêcheurs et
les navires de plaisance. Ils assurent aussi une surveillance des
activités de pêche permettant un meilleur contrôle des
ressources halieutiques du pays. Ils sont également des acteurs
essentiels dans la détection et l'interception des pirogues
d'immigrés clandestins, participant par la même à la
prévention de l'immigration clandestine. A cet effet, la France a pris
à sa charge, l'acquisition et l'installation des moyens de
détection (deux radars par sémaphores), des moyens radios HF, VHF
et UHF, du matériel de production d'énergie et de
climatisation.
85
Il est important de signifier que le Gabon dispose d'une
armée musclée malgré un volume restreint. Ses forces
terrestres sont ben dotées en moyens blindés (notamment en
blindé de combat) et en moyen mobiles. Afin d'augmenter les effectifs,
le principe d'une réserve militaire est initié par le
décret en avril 2016. L'approche de l'élection
présidentielle du 27 août explique cette décision ; Laurent
Touchard (2016-2017, p.376) les forces armées africaines.
Paradoxalement, la puissance offensive aérienne est trop grande. Ainsi,
l'aviation dispose de moyens de combat par rapport aux besoins
stratégiques du pays quand, dans le même temps les
capacités aéromobiles ne sont pas trop modestes.
L'intérêt de cette deuxième partie
réside dans la politique d'armement des deux Etats. Nous retenons
essentiellement l'importance de la coopération qui est le fruit d'une
longue histoire commune entre les deux pays. La France qui est elle-même
est une puissance militaire en termes d'exportations d'armement dans le monde
et le justifie par son rendement mondial, quant au Gabon, qui est encore une
armée très défaillante et cherche à être au
sommet des armées africaines. La sécurité collective
semble pourtant s'organiser malgré la présence française
au Gabon dans les zones qu'il contrôle. La coopération militaire
et de défense a toujours été très présente
au Gabon que ce soit en nombre de coopérant ou en nombre de stagiaires.
Cette présence se justifie par l'arsenal de matériels militaire
que les forces de défense du Gabon possèdent aujourd'hui dans
leur armée. Toutefois, il convient de dire que ces stratégies
n'ont pas permis de palier aux insuffisances de matériels militaires et
de la sécurité individuelle et collective, ni de résoudre
les problèmes de dépendance. Le problème de la
sécurité et de la défense des deux Etats peut être
reposé en d'autres termes. La coopération bilatérale se
présente non pas comme une solution idéale mais comme une voie
mutuelle.
Comment se fait la répartition dans les forces de
défense gabonaise ? Il existe aujourd'hui beaucoup de flou sur les
normes en matière d'équipement de chaque force, de chaque
compagnie et de chaque soldat. Il en va de même pour ce qui est de la
stratégie d'action face à chaque menace et dans chaque
système de force. Cela rend très difficile l'élaboration
d'une stratégie d'équipement rationnelle des forces. Le bilan des
équipements et de matériels de forces permet de constater
l'obsolescence de nombreux équipements et matériels et un fort
sous équipement des soldats en équipements individuel. De plus,
on relève une très forte indisponibilité des
équipements des forces. De très nombreux équipements et
matériels sont hors service. A cela, nous constatons qu'il n'y a pas de
véritable politique
86
d'acquisition des équipements comme le mentionne le
rapport annuel de performance dans sa page 49.
En effet, la création de la Direction
Générale de la Maintenance Automobile et de Formation (DGMAF)
participe à améliorer la structure de la fonction. Pour ce qui
est des forces terrestre, avec une consommation au-delà du montant
prévu dans la LFR, il a été réalisé deux
activités dans l'action 1 à savoir : la gestion des
équipements du génie et la gestion des équipements
roulants. En effet, la première a été à hauteur de
de 16 448 864 FCFA notamment pour l'achat d'armes et 3 000 000 FCFA pour
l'habillement. Le même rapport fait remarquer que dans la gestion des
équipements roulants exécuté étaient de 455 690 792
FCFA. Ce budget a été utilisé pour le carburant des
véhicules en réparation. S'agissant des Forces Aériennes,
la LFR a prévu pour cette action un montant de 652 492 576 FCFA selon le
rapport annuel (2015, p : 60). Seulement 60% de ce montant a pu être
exécuté, soit 392 641 256 FCFA. Cette somme a en effet permis de
réaliser deux activités majeures c'est-à-dire la gestion
des matériels aéronautiques à hauteur de 66 000 252 FCFA
et de la gestion des équipements aéronautiques pour 326 641 004
FCFA. S'ajoute à cela, la gestion de matériel
aéronautiques dont le montant est de 66 000 252 FCFA a été
utilisée pour l'achat des fournitures d'entretiens des véhicules
de fonction, d'avions de combat. Le tableau suivant illustre quelques
dépenses d'investissement de chaque force de défense du Gabon.
Tableau n°14 : Répartition des
forces
|
Crédits de titre 5 prévus dans la LF
|
Crédits de titre 5 consommés
|
Ecarts
|
|
AE
|
CP
|
AE
|
CP
|
AE
|
CP
|
Equipement Forces Terrestres
|
9 895 000 000
|
9 895 000 000
|
18 722 833 064
|
18 722 833 064
|
8 827 833 064
|
8 827 833 064
|
Achat équipement
|
2640 000 000
|
2640 000 000
|
955 375 000
|
955 375 000
|
-1 684 625 000
|
-1 684 625 000
|
Equipement Forces Aériennes
|
4 155 600 000
|
4 155 600 000
|
4 513 534 970
|
4 513 534 970
|
357 934 970
|
357 934 970
|
Achat matériel
aéronautiques
|
1680 600 000
|
1680 600 00
|
656 255 000
|
656 255 000
|
-1 024 345 000
|
-1 024 345 000
|
Gros entretiens
avions et
hélicoptère
|
1 700 000 000
|
1 700 000 000
|
3 357 279 970
|
3 357 279 970
|
1 657 279 970
|
1 657 279 970
|
Achat matériel
spécifique
|
775 000 000
|
775 000 000
|
500 000 000
|
500 000 000
|
-275 000 000
|
-275 000 000
|
Equipement Sapeurs-Pompiers
|
800 000 000
|
800 000 000
|
340 000 000
|
340 000 000
|
-460 000 000
|
-460 000 000
|
Achat matériel
sapeur-pompier
|
400 000 000
|
400 000 000
|
275 000 000
|
272 000 000
|
-127 500 000
|
-127 500 000
|
achat équipement
spécifique
|
400 000 000
|
400 000 000
|
67 500 000 000
|
67 500 000
|
-332 500 000
|
-332 500 000
|
87
Equipement Gendarmerie Nationale
|
1 100 000 000
|
1 100 000 000
|
467 500 000
|
467 500 000
|
-632 500 000
|
-632 500 000
|
Achat équipement
divers
|
1 100 000 000
|
1 100 000 000
|
467 500 000
|
467 500 000
|
-632 500 000
|
-632 500 000
|
Equipement Marine Nationale
|
1 140 000 000
|
1 140 000 000
|
484 500 000
|
484 500 000
|
-655 500 000
|
-655 500 000
|
Achat matériel
spécifique
|
340 000 000
|
340 000 000
|
40 000 000
|
40 000 000
|
-300 000 000
|
-300 000 000
|
Total de crédits
|
17 090 600 000
|
17 090 600 000
|
24 528 368 034
|
24 528 368 034
|
7 437 768 034
|
7 437 768 034
|
Source : Conseil Economique et Social et
Environnemental
Ce tableau essaie plus ou moins d'illustrer les
dépenses budgétaires en termes d'investissement dans l'achat des
armes et des équipements militaires des forces de défense du
Gabon auprès de la France. En effet, ces répartitions
budgétaires dans chaque force de défense démontrent d'une
part que toutes les forces ne sont pas pareil, les forces comme la Gendarmerie
Nationale et les forces terrestres sont tellement stratégique qu'elles
ont besoin d'être équipées et bien équipée
pour des moyens de défense en cas de menaces. Or le constat fait
à la suite de notre analyse est que, le budget d'investissement est
très insignifiant.
A la fin de ce chapitre, nous retenons essentiellement le
point qui a fait l'objet de notre analyse, la révision des accords de
partenariat de défense entre la France et le Gabon. En effet, il
était question pour nous de voir les contours de cette révision
et de comprendre également l'expression partenariat. Au terme de cette
analyse, nous nous sommes posé la question de savoir, qu'elles
étaient les dispositions juridiques du nouveau partenariat de
défense entre les deux Républiques ?
A la suite de cette problématique, nous avons
abordé des arguments qui ont contribué à l'avancement de
ce partenariat de défense qui ne donnent plus toutes les
responsabilités à la France sur le plan de la coopération.
Nous constatons que la nouvelle politique militaire a permis de renouer des
rapports d'égalités et du respect de la souveraineté. L'un
des bons résultats de ce partenariat repose aussi sur la modernisation
et le cadre juridique des relations de défense entre la France et le
Gabon. Cela remet en cause l'ancien accord de 1960 ou la France décidait
de tout avec une forte présence des AMT dans les forces de
défense du Gabon. Mais il revient tout de même de noter quelques
limites de ce partenariat de défense qui jusque-là n'a pas encore
été ratifié selon les propos recueilli lors de notre
entretien avec Mireille Mengue Moto. Aussi, n'oublions pas l'aspect financier
qui est un autre argument de ce chapitre. Les dépenses effectuées
par le Ministère de la Défense Nationale dans l'achat d'arme et
des équipements militaires auprès de la France. Il faut toutefois
rappeler que les dépenses en armement et équipements militaires
ne permettent pas que le Gabon soit
88
aujourd'hui une grande armée opérationnelle
comme le souhaite les autorités politiques et militaires. Aussi, le
matériel devenu très obsolète ne convient plus à
l'environnement sociologique militaire. C'est dans cette perspective que le
Gabon s'ouvre à d'autres partenaires occidentaux pour sa politique
d'armement et d'équipements de ses forces de défense.
A combien s'élève l'achat des armes et des
équipements militaires des forces de défense gabonaises ?
|