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Chômage et insertion des jeunes dans le secteur public à  Goma.


par Innocent MBILIKA
Université de Goma - Licence en Sciences Economiques 2019
  

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Section III : LES DETERMINANTS D'INSERTION DES JEUNES DANS LE SECTEUR PUBLIC

Il existe plusieurs théories qui traitent sur les déterminants d'insertion des jeunes. Parmi celles-ci, nous retenons la théorie de segmentation (Peek et Antolinez, 1977 ; Stabler, 1989 ; Ginding, 1991 ; Tannen, 1991 cités par Kouamé, 1997) comme critères de discrimination sur le marché du travail, par nature subjectifs, tels que le sexe, le statut migratoire, la province d'origine (tribu ou ethnie), la religion, le népotisme, etc.

Nous nous proposons ici de voir comment ces caractéristiques individuelles ont été traitées dans la littérature.

48 KATANKU E E., (2013). J'étudie pour créer mon entreprise et non pour devenir chercheur d'emploi. Lubumbashi : SECRE-RICHES.

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49 https://data.oecd.org/fr/migration/taux-de-chomage-des-autochtones.htm#indicator-chart,18Juin19, 17h40'

III.1. APPROCHE CRITIQUE DES DETERMINANTS

1. Effet des migrations dans l'insertion des jeunes

La porte privilégiée d'entrée à l'emploi des migrants arrivant en ville est le réseau relationnel, omniprésent dans le contexte de la migration africaine (Ouédraogo, 1987). A Kinshasa en 1981, 51% des migrants se déclaraient commerçant et la plupart exerçaient des professions non salariées (Lututala, 1987 cité par Antoine, 1995).

Toutefois, des études ont montré que le statut migratoire n'est pas un facteur discriminant pour l'accès à l'emploi (Revue actualité, 1995). Autrement dit, les chances de trouver un emploi formel des migrants et des non migrants ne seraient pas significativement différentes. Il se pourrait même que les migrants aient un accès plus facile à l'emploi urbain que les non migrants49.

2. Effet du genre dans l'insertion des jeunes

Parmi les populations urbaines, les femmes en général seraient les plus défavorisées sur le marché d'emploi. Une explication de cette discrimination contre les femmes est donnée par la théorie du capital humain (Mincer et Polachek, 1974 cités par Anker et Hein, 1986). L'engagement en union des jeunes femmes constitue un frein dans l'accès à l'emploi car poussées par des contraintes familiales dont les nombreuses maternités et autres blocages structurels, elles doivent très souvent arrêter toutes les activités pour se confiner aux tâches ménagères, qui ne sont pas comptabilisées dans le système productif.

Avec le temps, les choses ont évolué et les femmes sont des plus en plus présentes sur le marché de travail avec une augmentation rapide de leur taux d'activité entre 2005 et 2012 (59% en 2005 et 64,11% en 2012). Malgré cette augmentation, l'analyse a révélé que le taux de chômage serait plus sévère chez les jeunes et en particulier les jeunes filles (Rapports finaux des enquêtes 1-2-3 de 2005 et 2012).

Une étude de la Banque mondiale sur « les facteurs démographiques et structurels » a conclu que la croissance de la population active sera inférieure à celle de la population totale. Ce qui indique que la population sera de plus en plus jeune et que si rien n'est fait pour créer des nombreux emplois décents, des situations explosives pourraient en résulter. Une autre révélation de la segmentation de cette population cible, est que les jeunes filles sont les plus exposées au chômage, conséquence de la faible scolarisation et des barrières socioculturelles.

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3. Effet du niveau d'étude dans l'insertion des jeunes

Déjà en 1971, Callaway a fait savoir que le chômage des jeunes est causé par des sources diverses : déclarations des responsables politiques, offices de placement submergés par les candidatures des jeunes, employeurs exigeant des qualifications plus élevées pour de nombreux postes. Plusieurs autres études (Chardon, 2001 ; Green, Mcltonsh & Vignoles, 1999 ; Forggeot & Gautié 1997 ; Affichard, 1981 & Freeman, 1996) montrent que le diplôme universitaire joue un triple rôle : diminution du risque de chômage, facilité d'accès aux emplois les plus qualifiés et les mieux payés. Chaque année, cependant, la proportion des diplômés au sein des jeunes actifs a eu tendance à s'élever, augmentant la concurrence pour les emplois qualifiés.

Le diplôme universitaire protège moins qu'avant. La majorité de jeunes interrogés par Safavian (1998) depuis quelques années, disent qu'ils n'ont plus confiance en la valeur du diplôme universitaire comme moyen efficace pour trouver du travail. Les jeunes d'aujourd'hui font face à un marché du travail dégradé par rapport à ce qu'ont connu les générations précédentes. Le diplôme a perdu sa valeur au fil du temps. Trois approches sont développées pour comprendre les problèmes liés au chômage des jeunes diplômés : la première est basée sur une norme statistique d'adéquation entre diplôme et catégorie socioprofessionnelle, la deuxième sur le sentiment de la personne interrogée d'être employé ou non, la troisième sur la valorisation relative des personnes, en termes de salaire, par rapport aux personnes moins diplômées (Nauze et Magda, 2002).

Dans la plupart des pays en développement, les jeunes gens instruits représentent au moins 50 à 75% des chômeurs complets. Néanmoins pour le cas de la RDC, les jeunes possédant les diplômes acquis à l'étranger accèdent plus facilement à des postes de responsabilité (emploi qualifié) par rapport à ceux qui possèdent les diplômes nationaux (Katanku, 2013). Le chômage, effet de sur-éducation, se retrouve être lié, dans littérature internationale, au fonctionnement du marché du travail et aux pratiques de gestion des entreprises. Il touche particulièrement les débutants, notamment en période de mauvaise conjoncture, et s'atténue au bout de quelques années avec les premières promotions et mobilités professionnelles, même si certains travaux sur une longue période montrent la montée d'une composante structurelle du phénomène (Biret, 2008). L'inadéquation relève d'une autre logique car elle suppose en général l'existence d'une relation univoque entre les diplômes professionnels et les emplois organisés en métiers. Si l'on admet que les savoirs professionnels sont peu transférables d'une formation à l'autre, ne pas trouver d'emploi adéquat ne peut conduire qu'à s'enfermer dans des emplois non qualifiés, c'est-à-dire des emplois ne nécessitant pas de savoir professionnel précis.

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Toutefois, on remarque que le chômage à Kinshasa serait plus élevé chez les diplômés d'universités, qu'ils soient migrants ou non (Herderschee ; Mukoko et Tshimanga, 2012). D'ailleurs, le taux de chômage serait même croissant en fonction du niveau des études50.

4. Effet des réseaux relationnels dans l'insertion des jeunes

De nombreuses études ont montré l'importance des différents réseaux relationnels dans la réduction du chômage. Selon celles-ci, les opportunités d'emploi, et donc l'appartenance sectorielle des travailleurs dépendraient des réseaux sociaux auxquels ils appartiennent. Et l'appartenance à des réseaux sociaux serait elle-même déterminée par l'origine familiale des individus.

C'est cette dernière, combinée aux réseaux sociaux qui déterminerait les opportunités d'emploi dont disposeraient les individus, et donc leur place dans le marché du travail.

Dans le cas précis, nous nous attendons à ce que les réseaux relationnels (familiaux ou sociaux) et surtout l'origine familiale joue un rôle positif en faveur des jeunes diplômés issus des familles aisées. Ces derniers bénéficiant d'un plus grand accès à emploi.

5. Effet de l'ethnie ou la tribu dans l'insertion des jeunes

Très peu d'études font cas de l'effet de l'ethnie ou de la tribu dans l'accès à l'emploi. Dans la littérature, certains auteurs pensent que dans certaines capitales africaines, par exemple, il y aurait une sorte de spécialisation par région (province pour le cas de la RDC) d'origine, par ethnie ou par tribu (Lootvoet, 1988). Si cette spécialisation par ethnie existe en effet, cela veut dire que l'insertion des individus sur le marché de travail sera d'autant plus facilitée, mieux assurée et mieux garantie. A l'opposé, si elle n'existe pas, cela signifie que les individus auront davantage la possibilité d'être employés partout où ils veulent. Plusieurs études ayant tenté de faire la part des choses entre ces deux hypothèses ont montré que l'on peut trouver des ressortissants d'une même province, tribu ou ethnie, d'un même groupe culturel à l'intérieur d'une même entreprise.

Dans le cas spécifique de la RDC, comptant plus de 40 ethnies et quelques 400 tribus, nous pensons que l'appartenance ethnique joue un grand rôle dans l'employabilité des jeunes diplômés. Toutefois, nous nous garderons de fixer à priori le sens de la relation entre l'ethnie et l'accès à l'emploi51.

50 Cité par par Joël Fumwakwau opcit

51 http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0094119013000533, 18h30', 28 Juin 2019

6.

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Situation matrimoniale dans l'insertion des jeunes

Adair et al. (2007) confirment ces résultats en Algérie. Les auteurs trouvent que toutes choses égales par ailleurs, le fait d'être marié augmente considérablement la probabilité d'être inséré à un emploi particulièrement dans le secteur public (salarié ou entrepreneur) relativement aux chômeurs. Les célibataires ont plus de chances de rester chômeurs ou de travailler dans le secteur informel que d'être dans le secteur formel. Ils expliquent ce résultat par le fait que les mariés, faisant face à une pression familiale plus intense, ont une recherche d'emploi plus active que les célibataires.

7. Milieu de résidence dans l'insertion des jeunes

Boutin (2010) montre que les habitants du milieu rural ont nettement plus de chances d'être inséré à l`emploi que ceux du milieu urbain. Ce qui vient confirmer l'étude de Cissé (2005) au Sénégal qui soutient que les individus qui habitent dans les zones urbaines courent plus de risques de chômage que ceux des zones rurales. Adair et al. (2007) montre par contre qu`à Bejaia (Algérie) le fait de vivre en milieu urbain accroit la probabilité de trouver un emploi salarié dans le secteur formel52.

8. Age dans l'insertion des jeunes

Cissé (2005) trouve qu'au Sénégal, plus l'individu est âgé moins il court de risques d'être au chômage. L'étude d`Adair et al. (2007) confirme ce résultat à Bejaia en montrant que l'âge augmente la probabilité de s'insérer sur le marché du travail (formel et informel) plutôt que d`être chômeur. Les individus âgés ont plus de chances d'exercer comme indépendants que comme salariés dans le secteur informel. Njikam et al. (2005) utilisent les variables âge et âge au carré pour approximer l'expérience. Pour les adultes, l'âge augmente la probabilité d'accéder à l'emploi jusqu'à un certain seuil estimé vers la quarantaine où la probabilité commence à décroître.

52 DUBRESSON Alain, 1996. 'Crises et peuplement des villes en Afrique au sud du Sahara". In COUSSY Jean et VALLIN Jacques, 1996. Crises économiques, politiques d'ajustement et dynamiques démographiques. Paris, CEPED, pp. 375-405 (Les études du CEPED n°13).

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway