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Chômage et insertion des jeunes dans le secteur public à  Goma.


par Innocent MBILIKA
Université de Goma - Licence en Sciences Economiques 2019
  

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II.2. THEORIE DU CAPITAL HUMAIN

Dans un monde où l'innovation et l'apprentissage sont en pleine expansion, comme c`est le cas dans le contexte actuel de mondialisation, la compétition est de plus en plus rude et un certain degré de compétences tend de plus en plus à être exigé chez les travailleurs potentiels pour qu'ils puissent espérer trouver un emploi. Cela reflète la théorie du capital humain dont les prémisses ont été lancées par les économistes Adam Smith (Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations 1776), Irving Fisher, Alfred Marshall, Theodore Schultz. La théorie du capital humain a connu son véritable envol grâce à l`ouvrage « Human Capital, A Theoretical and Empirical Analysis » de l`économiste américain Gary Stanley Becker paru en 1964 (ce qui lui a valu le prix Nobel d`économie en 1992) et approfondi dans la 3ème édition en 1994. Si Adam Smith (1776) a cherché à démontrer que le degré de compétences des travailleurs favorise la richesse des individus et des nations, Schultz a utilisé la théorie du capital humain pour montrer le lien étroit entre croissance économique et investissement en capital humain, notamment en éducation. Becker, quant à lui, a poursuivi en affirmant que la différence de rémunération entre les salariés est inhérente aux dissimilitudes dans la formation en capital humain qu'il considère comme principal facteur de rémunération.41

La théorie a ainsi permis d'établir que l'individu a intérêt à investir dans la formation, l'éducation, la santé, etc. pour augmenter sa chance de trouver un emploi, sa productivité et éventuellement sa rémunération. Hall (1966)42 critique la théorie du capital humain. Selon lui, des employés de même qualification dans une même entreprise souffrent de discriminations salariales. Spence (1981)43 explique que par manque d'information sur les compétences du travailleur, les entreprises se basent sur la qualification pour appréhender certains indicateurs non mesurables comme la motivation, l`intelligence, le potentiel d`adaptation ou de formation (théorie du signal).

Plusieurs travaux empiriques ont ainsi essayé de mesurer l'influence des variables du capital humain sur l'insertion à l'emploi. Njikam et al. (2005) montrent que les variables liées au capital humain et à l`environnement individuel expliquent faiblement le revenu des camerounais. Cependant, ces variables expliquent plus le revenu des adultes que des jeunes. Cissé (2005), dans une étude réalisée au Sénégal avec les données du Questionnaire Unifié d`Indicateurs du Développement (Quid 2001), trouve un impact positif du capital humain sur

41 VERNIERES Michel, Economie des tiers monde, Economica, Paris, 1985

42 Cité par Zerbo (2006)

43 Cité par Zerbo (2006)

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l'insertion à l`emploi au Sénégal. Sa revue de littérature théorique et empirique a montré qu'au Sénégal, l'éducation permet d'améliorer la croissance économique par le dynamisme du capital humain et qu'au niveau individuel, l'éducation augmente les chances de chercher du travail et d`en être insérer. Avec une estimation économétrique basée sur un modèle logit binaire, l`auteur a trouvé qu`au Sénégal, plus l'individu est instruit, plus il a de chances d'être insérer à l'emploi.

Boutin (2010) effectue une autre étude au Cameroun avec les données de l`ECAM 3 réalisée en 2007 où elle analyse les déterminants de l'insertion à l`emploi à l'aide d'un modèle probit. Ces résultats révèlent que la probabilité d'insertion à l`emploi est plus élevée pour les individus de niveau d'éducation primaire ou secondaire comparée aux individus sans niveau d'instruction ou ceux de niveau supérieur. Boutin a également estimé deux modèles séparés suivant le niveau d'éducation et conclut que l'influence des autres variables est identique que l'individu soit peu éduqué ou très diplômé. Cependant, cette dernière estimation montre qu'un handicapé très diplômé a trois fois moins de chances d'être inséré à l`emploi qu'un handicapé sans niveau d'étude car pour lui, il ne fera pas le choix du boulot.

Nordman et Doumer (2012) trouvent des résultats opposés à ceux de Boutin sur le lien entre niveau d'éducation et insertion à l'emploi. A partir des données de l`enquête 1-2-3 réalisée entre 2001 et 2003 dans sept capitales de la zone UEMOA (toutes les capitales exceptée Bissau), les auteurs trouvent à l'aide d'une modélisation logit qu'à Lomé, Cotonou et Abidjan, on note une corrélation positive entre le chômage et le niveau d'éducation, les chances de chômer augmentent avec le niveau d'éducation. Dans les autres villes par contre, chômage et niveau d'éducation forment une courbe en cloche. Les individus sans niveau d'éducation ont une plus faible probabilité d'être au chômage.

Cette probabilité augmente avec le niveau d'éducation mais diminue à partir du niveau supérieur. En compilant les données globales des sept villes, on trouve que la formation professionnelle favorise l'insertion à l`emploi particulièrement à Niamey et Dakar. Dans cette étude, les auteurs mentionnent les travaux de Kuépié et al44. (2009) qui analysent l`effet d`un diplôme plus élevé sur la rémunération. Les résultats montrent un impact positif du diplôme sur la rémunération avec des effets plus marqués pour les diplômes du secondaire et du supérieur.

44 ANKER Richard et HEIN Catherine, 1986. « Pourquoi les employeurs des villes du tiers-monde préfèrent engager les homes». Inégalités entre hommes et femmes sur les marchés urbains de travail dans le tiers-monde. Genève, BIT, pp.61-82.

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