Section II. ENSEIGNEMENT DE LA LITTÉRATURE
II.1. LA NOTION DE PLEIN EMPLOI DANS L'HISTOIRE DE LA
PENSEE ECONOMIQUE
Le plein emploi, notion couramment évoquée pour
désigner une période, sinon un âge d'or ou le taux de
chômage était bien moins élevé qu'il n'est
aujourd'hui. Par définition, le plein emploi désigne une
situation théorique dans laquelle la totalité de la main d'oeuvre
disponible est employée. En situation de plein emploi, le taux de
chômage serait nul, tout chômage constituant une anomalie par
rapport à un « état de nature » idéal auquel
devrait tendre l'économie33.
Avec la courbe de Beveridge, l'existence d'un chômage
frictionnel et structurel se traduit par des « vacances d'emplois »
certains postes ne sont pas momentanément pourvus parce que la
sélection d'un poste par un travailleur nécessite du temps et
parce que l'employeur ne trouve pas immédiatement un travailleur
correspondant au profil recherché.
Précisément, la courbe de Beveridge
montre qu'il existe une relation inverse entre le nombre de
chômeurs et le nombre des vacances de postes : plus le chômage est
faible, plus les vacances de poste sont importantes et vice versa. Cette
relation inverse s'explique aisément par la courbe suivante :
Fig. 7 : taux de vacances d'emploi
Courbe de Beveridge
45 °
Taux d'emploi vacants ( v )
U0 Taux de chômage (u)
Partons de la relation entre « vacances-chômage
» liée à l'activité de l'économie. Supposons
que l'activité s'élevé par rapport à ce niveau de
référence : le produit agrégé est plus
élevé, les entreprises produisent plus parce que la demande
agrégée va s'élever et qu'elles veulent être
prêtes à cet accroissement.
33 Encyclopédie. Microsoft.op.Cit
27
L'emploi augmente cela signifie que le chômage diminue
(admettons que la population active reste constante) : les travailleurs
inemployés ont eu des occasions plus nombreuses qu'auparavant de
rencontrer des vacances de poste qui leur convenaient. La conjoncture est
favorable aux chômeurs.
En revanche, les entreprises ont plus des difficultés
à recruter pour la raison inverse, alors qu'elles cherchent à
produire plus, le nombre d'individus susceptibles d'être embauché
diminue. En conséquence, le nombre de vacances augmente34.
II.1.1. Théories de base du marché du
travail
Les premières théories scientifiques et
formalisées sur le marché du travail datent du 18ème
siècle et sont l`oeuvre des classiques qui ont pour chef de file
Adam Smith. Les classiques considèrent le marché
du travail comme un marché ordinaire où l'offre est
représentée par la population active et la demande par les
entreprises qui recrutent des travailleurs. Ces théories sont reprises
par A. Pigou (1905) dans « The Theory of Unemployment
»35. Le niveau de l`offre de travail est
déterminé par égalisation du salaire marginal d'une heure
supplémentaire de travail et de l`utilité marginale d`une heure
de loisir. De l'autre côté, l'entreprise recrute du personnel
jusqu'à ce que la productivité marginale d'un travailleur,
supposée décroissante, soit égale au salaire marginal.
Cette confrontation entre l`offre et la demande de travail détermine le
salaire d'équilibre.
Ce qui implique que tous les individus souhaitant travailler
au salaire d'équilibre trouvent un emploi ; ceux qui n`en trouvent pas
souhaitent travailler à un niveau de salaire supérieur, donc ils
ont choisi délibérément de ne pas travailler. D`où
les conclusions majeures de Pigou et des classiques : le salaire
d'équilibre est déterminé par le marché qui, en
l'absence de rigidités dans l`économie, conduit automatiquement
à un équilibre de plein-emploi, et donc tout chômage ne
peut être que volontaire. Cette théorie classique du marché
du travail a fait face à de nombreuses critiques.
D`abord, le fonctionnement du marché n`est jamais
parfait, ensuite il n`existe pas un seul salaire réel
d'équilibre. Dans son ouvrage « Théorie
générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie
» (1936), Keynes a reconsidéré bon nombre des principes
classiques. Selon lui le niveau de l'emploi ne se détermine pas par le
salaire d'équilibre après confrontation de l`offre et de la
demande, mais plutôt par la conjoncture de l`économie, par la
variation de ce qu`il appelle « la demande effective ». Il n'y a
aucune raison pour que le nombre d'emplois proposés
34 Emmanuel COMBE, Précis
d'économie. PUF, Paris, 1996.p.104
35 Cité par Montoussé (2002)
28
suite aux décisions d'investir des entreprises
corresponde à la taille de la population active, ce qui provoque du
chômage « involontaire ». Un équilibre de sous-emploi
est donc possible et est d'ailleurs plus probable. Plusieurs
développements théoriques ont été
élaborés à la suite de Keynes. L'essentiel soutenait, en
accord avec Keynes, qu'un équilibre de sous-emploi est effectivement
très probable mais s'accordait, à l'opposé des principes
keynésiens, que le niveau de l'emploi se détermine sur le
marché du travail.
En effet, la demande effective affecte a priori la demande de
travail avec des pressions à la baisse sur le salaire. Mais en cas de
rigidité à la baisse du salaire, soit il y a une baisse du
salaire réel par l'inflation, soit une baisse du nombre de travailleurs
pour la même production avec une pression des employeurs sur les
travailleurs pour plus de productivité, ce qui entraine l'apparition du
chômage involontaire36.
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