I.2.8. Le chômage et le salaire
Un équilibre keynésien de sous-emploi est donc
défini par la coexistence d'un équilibre sur le marché des
biens et d'un excès d'offre sur le marché du travail.
L'équilibre sur le marché des biens peut
être caractérisé de diverses manières par la
confirmation par le marché des anticipations des débouchés
des entrepreneurs à l'origine de leurs décisions de production ou
par l'égalité entre salaire réel et productivité
marginal du travail ou encore par l'égalité entre
l'épargne souhaitée par les ménages et l'investissement
jugé rentable par les entrepreneurs.
Quant à l'excès d'offre qui existe
simultanément sur le marché du travail, il peut provoquer une
baisse de salaire monétaire du fait de la concurrence entre les
travailleurs pour les emplois en nombre insuffisant et la question qui se pose
alors est de savoir si la baisse du salaire monétaire est susceptible
d'assurer le rééquilibrage du marché du travail.
Si l'on se situe dans le cadre d'une économie
monétaire de production et qu'on adopte la problématique
keynésienne appropriée à ce cadre institutionnel, une
baisse du salaire monétaire ne peut améliorer l'emploi que de
manière indirecte à travers ses effets sur la proposition
à épargner de la communauté.
Affirmer qu'une baisse du salaire monétaire ne peut
avoir d'effet direct sur l'emploi, ce n'est que réaffirmer d'une autre
façon que l'emploi est strictement déterminé par
l'investissement et la propension à consommer27
26 M. Bialès, Notions fondamentales
d'économie, 3e Edition, FOUCHER, Paris, 2003, Pg 351,
opcit
27 P. VAN DE VELDE, Monnaie, chômage et
capitalisme. P.U. Septentrion, Paris.2005 p.137
![](Chmage-et-insertion-des-jeunes-dans-le-secteur-public--Goma45.png)
23
I.2.9. Théorie de SAMUELSON et SOLOW sur le
chômage
Remplaçant les salaires nominaux par l'inflation, Paul
SAMUELSON et Robert SOLOW dessinent une nouvelle courbe, celle
communément appelée la courbe de Philippes. Elle met en
évidence le fait qu'à partir d'un certain seuil, lorsque le
chômage diminue, l'inflation s'accélère et inversement. Ce
point critique est baptisé NAIRU (non accelerating inflation rate of
unemployment). « La société est mise en demeure de choisir
entre un niveau d'emploi raisonnablement élevé, associé
à une croissance maximale et à une hausse modérée
mais continue d'une part et d'autre part une stabilité raisonnable des
prix mais associé à un degré de chômage
élevé » dixit Paul Samuelson.
Milton Friedman et les économistes ont cherché
à montrer l'existence d'un tel arbitrage à long terme. Pour
Friedman, les individus finissent par adapter leurs réactions aux
manoeuvres du gouvernement. Si celui-ci décide par exemple de baisser
les taux d'intérêt pour relancer l'activité, il provoque
des nouvelles embauches à court terme ainsi qu'une
accélération de l'inflation. Au début, les travailleurs
sont innocents de l'illusion monétaire mais à moyen terme ils
constatent que leur pouvoir d'achat a baissé et exigent donc des hausses
de salaires, provoquant le retour du chômage à son niveau
initial.
Les nouveaux classiques ont prolongé leur analyse en
postulant que les agents économiques étaient désormais
capables d'anticiper directement l'effet politiques de relances sur l'inflation
exigeant alors immédiatement des hausses de salaires et en rendant donc
ces politiques inefficaces dès le court terme.
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