I.2.6. La logique keynésienne, la relance
économique
Qu'ils mènent une politique de croissance riche en
emplois ou de transferts économiques et sociaux, les pouvoirs publics
recourent, dans la lutte contre le chômage keynésien à
l'utilisation des grands instruments macroéconomiques de réglage
de la demande globale :
21 NENE MORISHO, Macroéconomie, cours
inédit UNIGOM, 2017-2018, p.4
22 NENE MORISHO, Macroéconomie, cours
inédit UNIGOM, 2017-2018, p.5, op.cit.
![](Chmage-et-insertion-des-jeunes-dans-le-secteur-public--Goma34.png)
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La politique monétaire
La politique budgétaire et la politique
monétaire.
La politique budgétaire
Par une politique de déficit budgétaire et/ou
d'investissement public, les pouvoirs publics élèvent le niveau
de la demande globale et agissent par là même sur l'emploi (ex :
les relances économiques de Jacques Chirac en 1975 et François
Mitterand en 1981-1982).
La baisse des taux d'intérêt et/ou l'injection de
liquidités dans l'économie peuvent contribuer à inciter
les entreprises à investir et à embaucher (la baisse des taux
d'intérêt en France à partir de 1989 a ainsi permis de
ralentir la progression du chômage).
Plus précisément, la cause essentielle du
chômage des jeunes provenant d'une insuffisance de la demande globale,
les keynésiens préconisent, pour améliorer la situation de
l'emploi, tout un ensemble de mesures destinées à accroitre la
demande en biens de consommation et en biens d'équipement.
La relance de la consommation s'effectue par
un accroissement du pouvoir d'achat des agents économiques
et plus particulièrement de ceux dont la propension à
consommer est importante (allocations accordées aux familles, aux
catégories sociales défavorisées...) cette relance est
également facilitée par la mise en place de conditions de
crédit permettant aux particuliers de s'endetter pour l'acquisition de
biens.
Le soutien des investissements peut s'effectuer par une
politique monétaire, les autorités décidant d'augmenter
l'offre de monnaie pour provoquer une baisse du taux de l'intérêt,
favorable à la réalisation d'investissements. Cette politique se
heurte cependant, à certaines limites (augmentation de l'offre de
monnaie éventuellement absorbée par les encaisses de
spéculation si l'économie se trouve à un faible niveau
d'activité, inélasticité de l'investissement au taux de
l'intérêt) et les keynésiens préfèrent
l'efficacité de la politique budgétaire. Rompant
totalement avec le principe de l'équilibre budgétaire comme signe
d'une saine gestion financière, les keynésiens considèrent
en effet qu'un déficit du budget peut relancer l'activité
économique23.
23 M. Bialès, Notions fondamentales
d'économie, 3e Edition, FOUCHER, Paris, 2003, Pg 390
![](Chmage-et-insertion-des-jeunes-dans-le-secteur-public--Goma35.png)
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Fig. 1 : la politique budgétaire Fig. 2 : la
politique monétaire dans la lutte
dans la lutte contre le chômage contre le
chômage
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i1
i0
IS1
IS0
![](Chmage-et-insertion-des-jeunes-dans-le-secteur-public--Goma37.png)
LM i LM0
i1 i0
i
LM1
Yeq Ype Y
Y Y
Yeq Ype Yeq Ype
Dans le premier cas, le caractère expansif de la
politique budgétaire (IS0 à IS1) provoque une augmentation du
revenu (passage de Yeq à Ype). Mais dans le même temps,
l'expansion de l'activité entraîne une augmentation de la demande
de monnaie pour motif de transaction, qui induit à son tour une
élévation du taux d'intérêt sur le marché de
la monnaie (passage de J0 à I1) ; c'est ainsi que l'on trouve l'effet
d'éviction des investissements publics.
Dans le second cas, l'emploi d'une politique monétaire
souple provoque un déplacement de la courbe LM vers la droite (LM0
à LM1), ce qui diminue le taux d'intérêt (J0 à I1)
et augmente le revenu national (passage de Yeq à Ype). Dans les deux
cas, la croissance du revenu réduit le sous-emploi. Pour lutter plus
efficacement contre le chômage, tout en utilisant moins
intensément chacune des deux politiques économiques, les pouvoirs
publics peuvent être amenés à employer les deux instruments
simultanément.
![](Chmage-et-insertion-des-jeunes-dans-le-secteur-public--Goma38.png)
i LM0
LM1
i
IS1
IS0
Fig. 4. Le pouvoir public qui mène
simultanément les deux politiques
![](Chmage-et-insertion-des-jeunes-dans-le-secteur-public--Goma39.png)
20
Commentaire : l'utilisation conjointe
d'une politique budgétaire expansive (IS0 à IS1) et d'une
politique monétaire souple (LM0 à LM1) permet d'accroître
fortement le revenu d'équilibre sans provoquer la moindre variation du
taux d'intérêt.
Comment les politiques affectent-elles la production ? elles
passent par l'effet multiplicateur k qui permet de mesurer la
variation de la production à la suite d'une variation de la demande
globale ou de la composante de cette dernière24.
Pour signifier qu'une augmentation de la demande globale,
augmente plus proportionnellement que la demande de production.
Au début des années 1960, à la suite des
travaux de Phillips, de nombreux économistes et responsables politiques
crurent à l'existence d'un arbitrage entre le chômage et
l'inflation.
L'analyse critique des travaux de Phillips a montré que
cet arbitrage était un piège. Au début de la
décennie 1970, l'accroissement simultané du chômage et de
l'inflation fut considéré comme un phénomène
nouveau et surprenant.
L'histoire économique des XIXe et
XXe Siècles révélait en effet que la crise
économique se manifestait par la baisse et non par la hausse du niveau
général des prix. En fait, cette coexistence du chômage et
de l'inflation n'avait rien de choquant.
Elle s'expliquait par la mise en oeuvre des politiques
économiques conjoncturelles inadéquates25.
Pour les keynésiens, le chômage et la
conséquence d'un déséquilibre qui affecte le marché
des biens, des services et du travail. Plus précisément, le
chômage est la résultante d'un excès d'offre sur les deux
marchés.
24 M. Bialès, Notions fondamentales
d'économie, 3e Edition, FOUCHER, Paris, 2003, Pg 391,
opcit
25 Bernard BERNIER et Cie,initiation à la
macroéconomie, 9e Edition, DUNOD, Paris 2007 , p. 333
![](Chmage-et-insertion-des-jeunes-dans-le-secteur-public--Goma40.png)
21
Fig.5 : (A) le Marché des biens et
services
![](Chmage-et-insertion-des-jeunes-dans-le-secteur-public--Goma41.png)
P S
PO A B
P E
Insuffisance de la D
0 DO SO Y
Fig. 6 : (B) le Marché du travail W
![](Chmage-et-insertion-des-jeunes-dans-le-secteur-public--Goma42.png)
WO C D
We E
![](Chmage-et-insertion-des-jeunes-dans-le-secteur-public--Goma43.png)
Chômage
0 DLO LE SLO L
La partie (A) du graphique représente le marché
des biens et des services Y est le revenu national, P le niveau
général de prix, S et D l'offre et la demande globale, Pe le prix
d'équilibre.
Po est un prix de déséquilibre, il fait
apparaitre un « rationnement » des offreurs, ce prix (Po) est par
exemple celui qui fixerait un monopole maximisant son profit.
En effet, à ce prix, les firmes ne pourront pas offrir
la production PoB (ou OSo), c'est-à-dire la quantité offerte qui
serait induite par le prix Po, puisque la demande n'est que de PoA (ou ODo) ;
c'est la quantité ODo qui sera effectivement produite et vendue. Le
rationnement des offreurs correspond à l'excès d'offre AB
autrement dit à l'insuffisance de la demande (So-Do). Celle-ci peut
être expliquée par une « myopie de la firme ».
L'entreprise perçoit bien l'existence d'une demande
mais elle n'embauche pas car elle estime qu'une partie des revenus
distribués à ce niveau salarié ne sera pas
consommée mais
![](Chmage-et-insertion-des-jeunes-dans-le-secteur-public--Goma44.png)
22
épargnée, autrement dit, la firme estime que ses
ventes ne seront pas satisfaites pour justifier une augmentation de la
production et du volume de l'emploi.
Si toutes les firmes ont des anticipations aussi pessimistes, la
demande globale demeure
à Do.
La partie (B) du graphique représente le marché
du travail DL et SL sont respectivement la demande et l'offre de travail, We
est le salaire d'équilibre si le salaire effectif est fixé en Wo,
il apparait un rationnement des salaires. A ce prix, en effet, ils ne pourront
pas offrir WoC (ou ODL) puisque c'est le volume d'emploi demandée par
les firmes. Le segment CD est un excès d'offre de travail. Il correspond
à un chômage (SLo-DLo). Celui-ci est expliqué par
l'insuffisance de la demande (So-Do) de la partie (A) du graphique.
Cette insuffisance réduit les recettes des entreprises
qui ne peuvent de ce fait investir ou embaucher26.
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