Problématique d'intégration et de réinsertion des enfants ex soldats en RDC.par Bienfait Mushagalusa Université Libre des Pays des Grands Lacs de Bukavu (ULPGL /BUKAVU) - Graduat 2019 |
La CONADER peine à gérer le programme de DDR à tel point que, si elles ne sont pas réglées rapidement, les difficultés d'organisation risquent de compromettre le processus de DDR concernant les enfants et tout particulièrement le succès de leur réinsertion. Plus de deux ans après la mise en place de la CONADER, un responsable de la Banque mondiale a fait observer que « 90 % du travail » était toujours effectué par les ONG internationales et que la CONADER « ne faisait pas grand-chose». Cette situation est source de profonde préoccupation, car les contrats pour les projets spéciaux passés entre les ONG internationales et le MDRP/Banque mondiale viendront à expiration au plus tard à la fin de 2006. L'ensemble du financement de ces projets sera ensuite attribué par l'intermédiaire de la CONADER, avec laquelle les ONG devront négocier des contrats séparés. Bien qu'une formation et d'autres formes d'assistance technique soient fournies à la CONADER par la Banque mondiale, Amnesty International pense que des efforts plus grands doivent être déployés pour que la CONADER soit en mesure de remplir son rôle élargi.Des problèmes graves de coordination existaient au niveau du gouvernement et du siège de la CONADER à Kinshasa. Dès le début, le rôle respectif des trois organismes gouvernementaux responsables de la DDR - le Comité interministériel, le CGFDR et la CONADER - était mal défini, ce qui entraîne la « concurrence et des conflits, plus particulièrement entre la CONADER et le CGFDR, et se traduit par des retards, notamment dans le processus de passation des marchés et partant dans le calendrier de mise en oeuvre du programme36(*)». Les problèmes ont persisté même après la dissolution du CGFDR en mai 2005 en vue de régler la situation. Le rythme auquel la CONADER accepte les projets de réinsertion des enfants pour lesquels les ONG locales demandent un financement public est excessivement lent. Cette lenteur a des conséquences négatives sur la phase de réinsertion et contribue à restreindre les activités de réinsertion proposées aux enfants rentrés dans leur famille. Lorsque les représentants d'Amnesty International ont rencontré des responsables de la CONADER à Kinshasa en mars 2006, aucun projet destiné aux enfants n'avait reçu l'approbation finale.La CONADER semble peu compétente en matière de réinsertion. Des ONG spécialisées dans la protection de l'enfance ont déclaré à Amnesty International que la stratégie de la CONADER en matière de réinsertion ne visait pas à compléter ni à valoriser l'action des ONG ou des agences de protection de l'enfance37(*). C'est ainsi que, dans le Nord-Kivu, des enfants ont bénéficié d'un programme de réinsertion supervisé par la CONADER bien qu'il soit destiné aux adultes, chacun ayant reçu cinq chèvres et une bicyclette. Ces enfants faisaient partie d'un programme de réinsertion par l'enseignement mené par une ONG internationale et de ce fait leur scolarité a été perturbée63. Certaines ONG craignent que le retard avec lequel la CONADER met en oeuvre les programmes de réinsertion destinés aux enfants ne lui permette pas de vérifier la qualité des activités ni l'âge des participants. * 36MDRP. Rapport de situation et Plan de travail, janvier-mars 2005. * 37Entretiens d'Amnesty International avec le personnel d'ONG internationales à Goma, Bukavu et Kinshasa, mars 2006, et communications ultérieures. |
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