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Lean et digitalisation au cœur de la transformation des entreprises.


par Christophe Duru
ESC Clermont Ferrand - Master en management 2020
  

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2. Le déploiement du digitalisation

Très tôt et comprenant les exigences de telles transformations, Michelin a mis en place un service spécifiquement dédié à la transformation digitale : la Direction Corporate des Activités Digitales ou DCAD (Ribayrol-Parets, 2020), mais aussi à d'autre fonctions liées à la digitalisation (accès aux données, cybersécurité...). Il s'agissait de créer une Direction détachée de celle associée aux systèmes d'information afin de traiter la digitalisation non pas comme une démarche purement numérique, mais plutôt comme un processus de transformation et de conduite du changement au travers d'objectifs définis et projets mis à oeuvre par l'intermédiaire d'acteurs sur le terrain et répartis au moyen de réseaux sur les différents sites Michelin présents dans le monde entier.

L'un des points clés abordés par cette Direction a été justement de travailler sur la question des emplois et compétences liées au digital, tout en essayant de travailler en profondeur sur la

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culture digitale au sein de Michelin. En effet et comme nous l'avons vu précédemment, l'absence de compétence est l'une des raisons majeures de l'échec des projets digitaux de transformation des entreprises.

Cette approche se décompose en trois parties sous forme d'étapes chronologiques :

- « Construire les fondations de la transformation Digitale » comme première étape pour la période de 2016 à 2018 (Michelin, 2019). Au travers de projets comme le digital Factories & Accelerators et la mise en place de plateformes pédagogiques et e-learning sur la digitalisation (avec des modules de formation autour du « Michelin digital Manufacturing », de la « culture digitale » ...), il s'agit de poser les bases du processus de transformation digital pour offrir à l'entreprise le début d'une diffusion d'une culture digitale nécessaire à l'étape suivante.

- « Devenir une entreprise data-driven » comme seconde étape pour la période 2019 à 2021 via la sélection et le déploiement de projets digitaux spécifiques, qu'ils soient liés à la donnée, à l'automatisation ou à l'intelligence artificielle. Tout cela doit également être suivi d'un renforcement de la gouvernance digitale (Michelin, 2019).

- « Adéquation entre l'intelligence humaine et artificielle », de 2022 à 2024, afin d'offrir à chaque processus de l'entreprise tous les bénéfices de la digitalisation (Michelin, 2019).

Une fois n'est pas coutume, ces ambitions pour une transformation digitale du Groupe repose avant tout sur l'humain car comme le rappelait Eric Chaniot, Directeur des activités digitales du Groupe Michelin, « La transformation digitale, c'est avant tout une question d'attitude, pas d'outil ou de technologie. C'est 95% de l'humain et 5% de technologie », que ce soit par l'apparition de nouveaux business pour Michelin que de la transformation de ceux existants. Et c'est tenant compte de cela que Michelin, et plus particulièrement DCAD, s'est lancé dans la définition et l'identification des compétences et métiers clés de la digitalisation.

La taille relativement conséquente du Groupe Michelin lui offre à la fois l'opportunité de définir dans le détail chacune des fonctions et compétences tournant autour de la digitalisation en fonction des besoins liés à son activité mais aussi à ceux induit par les exigences de la digitalisation en termes de processus de transformation de l'entreprise. On retrouvera chez Michelin différentes initiatives (Michelin, 2019) :

- La définition du « digital talent », reposant sur de nombreuses compétences transverses

et des soft skills, mais aussi et surtout une culture digitale s'appuyant sur des qualités

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précises comme la curiosité ou la résilience. Cette image diffusée en interne au sein de Michelin a servi de support à de nombreuses démarches liées à la diffusion de la digitalisation au sein du Groupe, autant qu'elle offre aux salariés la possibilité de croiser leurs propres parcours et compétences acquises et mises en oeuvre avec cette représentation synthétique. Si le panel de compétences nous apparaît relativement large, le Groupe a souhaité rappeler que se définir comme un digital talent demandait à posséder 2 à 3 des compétences présentées.

- L'identification de « Digital Métier » au nombre de 25 et répartis-en 3 familles comprenant « le management » tourné vers la gestion et la conduite de la transformation digitale, « la data » relative à toutes les fonctions experte dans la gestion de la donnée (administration, gouvernance, analyse...) et enfin « le développement de solutions » pour des problématiques business. Cette segmentation, en plus de présenter une liste de métiers permet de comprendre de quelles manières ils répondent à des besoins concrets au sein du Groupe Michelin.

- L'identification de « compétences professionnelles digitales » à la fois sur des domaines techniques (data mining, data visualisation...) mais aussi sur le savoir-être (orientation client, résilience, initiative...) qui pourront servir de repère aux salariés souhaitant évoluer vers ces postes autant qu'aux recruteurs.

Le soucis de l'humain se retrouve donc au coeur du déploiement de la digitalisation chez Michelin et nombre d'exemple de projets ont su démontrer combien l'entreprise avait à coeur de s'appuyer sur ses salariés pour cette transformation. Pour cela l'entreprise a su développer un réseau international de gestionnaire de compétences qui, en étant présents sur de nombreux sites Michelin à travers le monde, sont en mesure de veiller au bon déploiement des compétences clés voulues par Michelin (Michelin, 2019).

L'enjeu est en effet de taille puisqu'il s'agit dans les 3 années à venir de se doter au sein de l'entreprise de compétences qui seront un socle nécessaire à la transformation de Michelin en entreprise data-driven tout en assurant la pérennité de son business face à un monde en plein renouveau où de nombreux changements auront lieu dans les années à venir (Michelin, 2019).

Mais cette digitalisation n'est pas la première transformation que le Groupe Michelin a dû mettre en oeuvre, ce qui n'est guère étonnant pour une entreprise plus que centenaire. En effet et comme nous l'avons vu précédemment, les chantiers Lean ont représenté à leur manière une

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profonde remise en cause du fonctionnement de l'entreprise d'abord sur ses sites industriels, puis ensuite dans ses bureaux. Et plus encore, ces même transformations furent autant de défis que d'acquis d'expérience que l'entreprise devra mettre à profit pour affronter les transformations de demain, et ici en l'occurrence, celles de la digitalisation.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci