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Lean et digitalisation au cœur de la transformation des entreprises.


par Christophe Duru
ESC Clermont Ferrand - Master en management 2020
  

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3. L'émergence d'entreprises data-driven

Cette révolution numérique et les outils qu'elle a transporté dans son sillage auront permis l'apparition d'entreprises à dimension mondiale, connu du grand public et généralement regroupé sous l'appellation « Géants du Web » que l'on retrouvera tout d'abord sous un acronyme désignant 5 entreprises : les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft). Ce phénomène GAFAM observé dès les années 2000 (Vitali-Rosati, 2018)

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regroupe des entreprises possédant une part importante de marchés liés aux technologies numériques :

- 57% des part de marché du Cloud en en 2019 étaient détenus par Google, Amazon et Microsoft (Crochet-Damais, 2019)

- 95% des systèmes d'exploitation pour ordinateurs de bureau, et la quasi-totalité de ceux

pour téléphones mobiles, sont détenus par Microsoft et Apple (Net Marketshare, 2019) - 80% du marché des navigateurs web sont détenus par Microsoft et Google (Net

Marketshare, 2019)

- En 2019, quatre des dix applications les plus téléchargées appartenaient à Facebook (Cnews, 2019)

D'un côté et plus récemment, d'autres entreprises surfant sur la révolution numérique ont su émerger aux côté de des GAFAM au point même, du fait de leurs croissances rapides dans divers domaines, de devenir de sérieux compétiteurs. Ces entreprises se retrouvent regroupées sous l'acronyme NATU (Netflix, Airbnb, Tesla, Uber) qui, ne pouvant jouir à l'origine de leur création du monopole des GAFAM pionnières sur certains marchés du numérique, ont su innover et se positionner en rupture de certains business (Haski, 2019). Mais leurs développements n'en restent pas moins le fruit d'une profonde intégration des enjeux et opportunités liées à la digitalisation. Ainsi, on retrouvera par exemple :

- Le recours intensif aux données issues du Big Data par Uber et Netflix, l'un pour

optimiser la tarification des trajets (distance, affluence...), l'autre pour constamment proposer du contenu vidéo plus proche des attentes de ses utilisateurs (L, 2016).

- L'existence d'une fonction de commande automatique de pièces défectueuses pour les propriétaires de voiture Tesla (Benhammouda, 2019).

Ce faisant, il semblerait que l'atout des NATU par rapport à leurs homologues plus anciens que sont les GAFAM semble être, au-delà de la maîtrise des technologies numériques, une compréhension profonde des attentes de clients comme pilier central à tout processus de digitalisation et décisionnel, à tel point qu'il n'est pas anodin de voir le nom de ces entreprises apparaître dès que l'on parle d'entreprises « data-driven ». Dans ce contexte, il ne s'agit plus de se digitaliser pour jouir des avantages de technologies innovantes et nouveaux marchés qui en découlent, mais de répondre toujours mieux aux attentes du client.

Les entreprises « data-driven », que l'on peut traduire par « pilotées par la donnée », sont des entreprises comme les autres en apparence (organisation humaine tournée vers un objectif de

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profitabilité) si ce n'est qu'elles ont su pleinement s'approprier les enjeux et opportunités de la digitalisation. En ce sens et pour pouvoir définir ce que peut être une entreprises data-driven, il faudrait tout d'abord comprendre le terme « data-driven » qui renvoie à « la construction d'outils, de capacités, et, plus important, une culture tournée vers la donnée » (Anderson, 2015). En ce sens, on constate qu'il ne s'agit pas seulement d'être une entreprise disposant d'outils performants et d'indicateurs extrêmement précis pour le pilotage de leurs business, mais aussi et surtout des organisations où chaque individu s'approprie les enjeux et bénéfices de la digitalisation.

L'aspect humain de l'entreprise data-driven se retrouve d'autant plus confirmé qu'un récent sondage de NewVantage Partners de 2019, intitulé « Big Data and AI Executive Survey 2019 » mené auprès de 64 dirigeants exécutifs de grande entreprise à démontrer que le facteur humain était l'une des raisons majeures des échecs des projets de transformation de ces entreprises en entreprise data-driven. En effet, 72% des participants estimaient qu'ils n'avaient pas réussi à forger une culture « data » dans leurs entreprises quand dans le même temps 69% d'entre eux révélaient également qu'ils n'étaient pas parvenus à créer une organisation « data-driven » (Bean, 2019).

Il apparaît donc que la volonté de devenir une entreprise « data-driven » est une démarche de digitalisation exigeante, bien souvent couronnée d'échec, et qui repose avant tout sur la prise en compte de l'aspect humain de tout processus de digitalisation qu'une entreprise souhaite déployer mais aussi et surtout sur la compréhension des besoins clients qui ne peuvent qu'être autrement placés au centre de tout processus décisionnel. En effet et dans ce cadre, la digitalisation n'est plus seulement une question de gain de performance de ses processus internes et externes à l'aide de technologies numériques révolutionnaires, mais plutôt une démarche basée sur la prise en compte de facteurs allant bien au-delà des contraintes techniques inhérentes aux solutions digitales, à savoir l'humain et le client.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery