Les activités artisanales et leur impact sur la vie socio-économique des ménages à Kamina.par Freddy MONGA Université de Kamina - Graduate en sciences économiques et de gestion 2019 |
2.1.3.2.2 ARTISANAT DE TRANCHEEL'artisanat de tranchée, appelé aussi « art du poilu » ou « art des tranchées » -« trench art » par les anglophones, désigne une activité de création artistique manuelle et un art populaire pratiqué entre autre par tout homme, ayant un rapport direct ou indirect avec le conflit armé ou ses conséquences38(*). Cette activité artisanale populaire est apparue dès la guerre de 1870 et s'est surtout développé dans les tranchées lors de la première guerre mondiale, période de son apogée, puis dans les camps de prisonniers de la seconde guerre mondiale, pour tromper l'ennui. Elle est similaire à la tradition séculaire des marins qui confectionnent des objets gravés et sculpté en os de baleine et autres matériaux. A partir de l'hiver 1914-1915, cet artisanat va connaître un développement considérable. Les soldats de toutes les puissances combattantes, contraints à l'inaction et à l'immobilité de la guerre de tranchée, disposaient de quantités importantes de métaux provenant des douilles des munitions tirées sur l'ennemie. La consommation d'obus de 75mm est demeurée : 3,75 millions sont tirés lors du seul mois de mars 1916 dans le secteur de Verdun. Fin 1916, plus de 60 millions d'obus auront été tirés39(*). L'artisanat de tranchée est une activité variée, certains soldats étaient dans la vie civile des artisans très qualifiés : orfèvres, graveurs, dinandiers, mécaniciens de précision, etc. ou des paysans faisant preuve d'une grande habileté manuelle dans la fabrication d'objets d'art populaire. Retrouver les gestes de leurs métiers d'avant la guerre leur permet de garder leur humanité. Ces hommes fabriquent de nombreux objets de la vie courante (briquet, couteaux, bagues, boîtes à bijoux, tabatières, cannes, objets de piété, porte-plumes, encriers, etc.), ou décoratifs (figurines militaire, maquettes d'avions...) à partir des matières premières trouvées sur place : laiton et cuivre provenant des projectiles (douilles de balles, douilles et tête d'obus, shrapnel) et de l'équipement individuel (quarts, gamelles, boutons, etc.), aluminium fondu servant à la fabrication de bagues, cuir, tissus, pierre et même paille et autres végétaux. Le bois facile à trouver et nécessitant qu'un outillage rudimentaire est un matériau de prédilection. Il permet la création de nombreux objets comme des plumiers, des tabatières, des boîtes à bijoux, des jouets, des cadres à photos, des bas-reliefs, etc. une partie de ces objets est réalisée à l'arrière des lignes de combat par des soldats blessés ou mutilés, dans des ateliers aménagés par l'autorité militaire. Des écoles de rééducation et des associations sont créées, comme les blessés au travail, qui certifient l'origine des objets vendus. Certains objets ont aussi été réalisés après le conflit par les soldats restés sur les champs de bataille pour le travail de déminage, et par des prisonniers de guerre dans un but lucratif et furent vendus dès 1919 aux touristes visitant les anciens champs de batailles. Ainsi, des fouilles archéologiques récentes ont permis de retrouver les traces d'un dépotoir d'ateliers, découvert sur la ZAC Actiparc près d'Arros. La fouille d'une portion de tranchée a mis au jour des dizaines de rebuts de tôle de laiton. Leur étude a permis de retracer une chaîne de production d'étuis de protection de boîtes d'allumettes mais aussi de coupe-papiers et de boucles de ceinturons. Les inscriptions en prisonniers affectés à la réflexion de la ligne de chemin de fer Arras-Les en 191940(*). Il y a lieu de signaler que ces productions ne témoignent seulement de l'habileté manuelle et de l'ingéniosité infinie des hommes ordinaires. Elles sont autant de protestation contre la laideur, contre bêtise guerrière, contre l'absurdité du sacrifice41(*). * 38 « Exposition l'Art pendant la guerre », Lausanne 1917, disponible sur www.wikipedia.com/artisanat de tranchée. * 39 « Chronologie de la grande guerre, 1914-1918 », disponible sur http//.wikipedia.org * 40 DESFOSSES Y. -JACQUES A. ET PRILAUX G., « Archéologie de la Grande Guerre en Champagne-Ardenne et Nord-Pas-de-Calais ». * 41 GUILLEBAUD J-C., « préface à De l'homme à l'art : dans les tranchées de la première Guerre mondiale », de Nicole. Durand. 2006 |
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