2.1.3.3 L'ARTISANAT PENDANT
LA PERIODE DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE
En juin 1940, le syndicat artisanal est presque unanime
dans le ralliement à la Révolution Nationale du maréchal
Pétain. Tailladet, président de la CGAF, assure qu'elle
réalisera « les objectifs qui, durant vingt ans, n'ont
été qu'un rêve pour les artisans » ; il
devait vite déchanter. Dès août 1940, en effet, furent
créés les comités d'organisation chargés de
surveiller les différents secteurs de l'économie. En septembre,
c'est l'Office Central de Répartition des Produits Industriels (OCRPI),
chargé du rationnement des matières premières et de leur
répartition entre les comités d'organisation. Ces derniers ne
firent aucune place aux confédérations artisanales.
Le comité d'entente dont le centre de gravité
était en Alsace-Lorraine perdit la plupart de ses membres du fait de
l'annexion allemande de ces provinces. Ceux qui restèrent parmi ses
dirigeants prirent des dispositions quasi-officielles dans le régime. La
CAF, en revanche, resta attachée au syndicalisme libre. Quant à
la CGAF, elle cessa pratiquement son activité.
Un patron coiffeur lyonnais, Jardelle, fonde en 1941 une union
nationale des maîtres coiffeurs et rédige une Charte corporative
de la coiffure qu'aucun représentant de la coiffure en zone
occupée n'approuve ; le président national, Bagnaud,
réussit en novembre 1942 à mettre fin à cette tentative de
dissidence dans la profession.
Déjà en 1940, le champ d'action s'était
de fait considérablement réduit parce que l'artisanat se trouvait
éclaté dans les comités d'organisation créés
par secteur et par profession ; ses représentants syndicaux
siégeaient avec les autres employeurs et étaient
étouffés par des intérêts plus puissants.
En mai 1942, un décret a mis fin officiellement aux
quatre confédérations. Les fédérations, les unions
et autres syndicats ont continué à fonctionner plus ou moins
privées de leur représentation nationale interprofessionnelle.
Il existait quand même certains comités
d'organisation. Au sein de ces derniers la représentation des artisans
était assurée par les « Groupements artisanaux
professionnels » (GAP), composés de militants syndicaux et de
professionnels à raison de trois à cinq membres par
profession.
Nous constatons pendant cette période, le syndicalisme
artisanal en veilleuse.
2.1.3.4 CONSOLIDATION DES
CHAMBRES DE METIERS
A la veille de la guerre, l'utilité même des
chambres de métiers n'était pas encore bien établie
jusqu'à ce que l'économie de guerre leur donne la fonction
stratégique de distribution des « bons
matières » ; paradoxalement cette période
douloureuse de l'histoire a permis de confier aux Chambres de métiers un
rôle économique, certes temporaire, mais capital pour la survie
des entreprises artisanales.
L'Etat leur donna en effet une légitimité
inattendue en créant auprès d'elles les « Bureaux
Artisanaux des Matières » (BAM) qui fonctionnent comme
antennes locales de l'Office Central de Répartition des Produits
Industriels (OCRPI), et dans le cadre des directives des groupes artisanaux
professionnels (GAP).
En août 1943, le statut de l'artisanat imaginé
par Bichelonne conservait les chambres de métiers mais les liait plus
étroitement encore à l'Etat dont la présence
renforçait l'efficacité au prix de l'indépendance ;
leurs attributions en matière d'apprentissage, de registre des
métiers et de certificats de compétence ont été
reconnues. Ainsi à l'inverse de son attitude à l'égard des
syndicats, le régime de Vichy s'est-il employé à
consolider les chambres des métiers.
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