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Le phénomène migratoire en mer méditerranée depuis 2013. Enjeux d'une frontière meurtrière aux portes de l'Europe.


par AnaàƒÂ«lle TOUTOUNJI
Ecole Supérieure de Commerce et Développement 3A Paris - Master 2 Manager de projets internationaux, parcours Coopération et Action Humanitaire 2019
  

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I) La « crise » des réfugiés en Europe depuis 2015

Selon le Centre de ressources et d'information sur l'intelligence économique et stratégique, la crise se définit comme « tout événement qui survient brusquement, qui provoque une déstabilisation d'une organisation (État, entreprise...) et qui s'accompagne d'une forte charge émotionnelle faisant perdre à cette organisation ses repères. [La crise] peut être de type naturelle (catastrophe), économique, physique, psychotique, ou encore les crises liées à l'information, la réputation ou les ressources humaines. ». En prenant en compte les caractéristiques d'une crise, est-il juste de définir les récents mouvements migratoires en mer Méditerranée, qui s'orientent vers l'Europe, et leurs conséquences comme en étant une ? Les tentatives de traversée de la Méditerranée et les arrivées contrôlées aux frontières européennes déstabilisent-elles réellement les États et leurs citoyen(ne)s tout en provoquant une forte charge émotionnelle ? D'un point de vue objectif, les récentes migrations en direction de l'Europe - il faudrait plutôt parler de « tentatives » de migrations étant donné la restriction de plus en plus forte prônée par l'Europe - ne constituent pas réellement une « crise » qui chamboulerait tout le système politique, économique et social d'une société. L'image de migrants et réfugiés envahissant l'Europe par centaines de milliers depuis 2015 a été largement véhiculée dans les discours politiques, les médias, les mouvements xénophobes et d'extrême droite afin de justifier une volonté de rejet et de refoulement aux frontières européennes. Les termes « afflux massifs », « vague de réfugiés », « envahissement », « invasion » ont été relayés dans les médias, et le sont même toujours, afin de justifier l'imprévisibilité des arrivées de migrants en Europe depuis 2013 et son impuissance à concilier crise économique et acte de solidarité envers les réfugiés. Certes, en août 2015, 270 000 réfugiés sont arrivés par voie maritime en Italie et en Grèce. Cependant, cette image d'invasion massive sur le long terme qui est véhiculée est fausse de par la méconnaissance des chiffres réels communiqués par le HCR dans l'ouvrage Migrants & Réfugiés, Réponse aux indécis, aux inquiets et aux réticents (Rodier, 2018 : 25) : en 2017, l'Europe accueillait 17% des réfugiés contre 30% en Afrique subsaharienne et 26% au Moyen-Orient. Entre 2015, année médiatisée marquée par les tentatives de traversée de la Méditerranée et les nombreux naufrages et noyades, et 2017, une baisse de 80% d'entrées irrégulières en Europe a été enregistrée.

Ainsi, comment en est-on arrivés à utiliser le terme « crise » dans les discours politiques et les médias à l'échelle mondiale ? Peut-on réellement parler de « crise migratoire internationale » ? Peut-on parler de « crise des réfugiés » en Europe ? Afin de comprendre le changement de

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vision du phénomène migratoire en Méditerranée et d'en tirer les explications des réactions et moyens déployés par l'Europe pour externaliser ses frontières et refouler massivement, il est important de remonter dans le temps et d'analyser la perception des traversées en mer Méditerranée depuis les années d'après-guerre et les événements survenus entre temps.

A) Évolution des traversées en mer Méditerranée, des arrivées en Europe et de la perception des flux migratoires des années 40 aux années 2000

Mare Nostrum signifie en latin « notre mer ». Ce terme possède une connotation positive, chaleureuse, faisant de la mer Méditerranée un espace d'accueil et de transit, où toute personne et tout bien peut circuler facilement et librement vers sa destination. Il fut un temps où la zone méditerranéenne représentait une mer bienveillante où, malgré la difficulté de l'Europe à établir ses frontières maritimes depuis la création de l'espace Schengen en 1985, la libre circulation et la promesse d'une traversée sécurisée et d'une arrivée sauve étaient de mise. Cette sous-partie a pour but de retracer chronologiquement l'évolution des traversées en Méditerranée avec des périodes bien marquées par des événements et changements politiques, économiques, sociaux et culturels survenus autour du bassin méditerranéen et ayant une incidence directe sur les mobilités dans ce dernier. Les informations comprises dans cette sous-partie proviennent du croisement d'analyse entre : le chapitre Le point sur les données rédigé par Elena Ambrosetti dans l'ouvrage Migrations en Méditerranée (2017), un extrait de l'ouvrage Les flux migratoires dans le bassin méditerranéen de Michel Poulain (1994) et des extraits de l'ouvrage Migrants & Réfugiés, Réponse aux indécis, aux inquiets et aux réticents de Claire Rodier (2018).

Période d'après-guerre : reconstruction de l'Europe, main d'oeuvre immigrée

Au lendemain de la 2nde Guerre Mondiale, l'Europe a connu sa vague de mobilités la plus importante. En effet, en plus des millions de déplacés internes au sein de l'Union Européenne dont la grande majorité avait perdu toute notion d'appartenance à un État, il y eut un afflux de migrants venant des pays d'Europe du Sud (Italie, Espagne, Portugal) et des pays de la rive Sud de la Méditerranée (Maghreb) afin de contribuer à la reconstruction d'une Europe dévastée humainement et matériellement. La reconstruction d'après-guerre s'est surtout concentrée dans les pays d'Europe du Nord-Ouest (France, Royaume-Uni, Allemagne, Pologne), zone la plus

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touchée par la guerre. Si la main d'oeuvre contribuant au relèvement des pays du Nord-Ouest de l'Europe venait principalement d'Italie, d'Espagne, du Portugal et de Grèce depuis 1945, les années 60 ont marqué un tournant en termes de courants migratoires venant du Sud du bassin méditerranéen avec l'émergence d'une volonté d'émigrer vers les pays dits « industrialisés » de l'Europe du Nord-Ouest.

Les années 60 et l'accueil « à bras ouverts » des migrants économiques par l'Europe

Le début des années 60 marque un tournant en termes de migrations en provenance des pays des rives Sud et Est de la Méditerranée vers l'Europe, faisant de cette dernière une Terre promise où travail et abondance de biens matériels sont garantis pour les travailleurs venus « prêter main forte ». Des événements politiques et des tendances économiques favorables sont principalement à l'origine de ce changement dans la conception des migrations qui sont perçues comme très positives par et pour l'Europe à cette période-là. Si les courants migratoires des années 40 des travailleurs venus aider à la reconstruction dans les pays européens du Nord-Ouest étaient vus comme temporaires, les migrations des années 60 sont, elles, considérées comme bienfaitrices pour l'essor économique de l'Europe sur le long terme. Les pays où l'immigration est la plus forte sont la France, l'Allemagne, la Suisse, la Belgique et l'Autriche.

La signature du Traité de Rome en 1957 par six États européens (Allemagne de l'Ouest, Belgique, France, Italie, Luxembourg et Pays-Bas) induit la création du marché commun qui promeut la libre circulation des produits au sein de la Communauté économique européenne (CEE) permettant ainsi un essor économique sans précédent. Cet établissement du marché commun attire grandement les travailleurs qui n'hésitent pas à migrer dans les pays concernés afin d'y travailler et aider financièrement leur famille, restée au pays, via transferts de sommes d'argent importantes.

De plus, lorsque l'indépendance de l'Algérie est proclamée en 1962, la France se voit accueillir dans les années qui suivent un nombre conséquent de Harkis : en 1965, ils étaient plus de 1 000 000 résidents en France.

Les figures en Annexe 1 ont été réalisées par Elena Ambrosetti et démontrent la présence prononcée de migrants originaires du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) en France entre 1960 et 2000, et la hausse de la présence de migrants turcs en Allemagne sur la même période.

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Début des restrictions des mouvements migratoires en Europe : quels déclencheurs et quelles conséquences ?

Si les tendances économiques des années 60 sont favorables à la croissance de l'Europe et à l'accueil massif de travailleurs étrangers, celles des années 70 le sont beaucoup moins. En effet, le choc pétrolier de 1973 a des conséquences non négligeables sur l'économie mondiale et sur la croissance des pays dits « industrialisés », ce qui provoque des répercussions directes sur les migrations en provenance des pays hors Europe. Les États européens assimilent, pour des raisons peu claires, la crise économique des années 70 à une remise en question de leurs propres politiques libérales d'immigration. Le recrutement de travailleurs étrangers baisse drastiquement et les entrées sur le territoire européen sont de plus en plus contrôlées et restreintes. Certains pays comme la France ou l'Allemagne tentent même d'instaurer des politiques visant au retour des migrants « chez eux ». Il est intéressant, et dramatique dans un certain sens, de constater un certain automatisme, prenant naissance dans les années 70 et visible de nos jours, qui consiste à rejeter la faute d'un trouble politique ou d'une crise économique sur la présence de migrants et travailleurs étrangers dans un pays ainsi que le « besoin » de leur en faire payer les conséquences. Bien que les politiques migratoires des années 70 soient moins restrictives que celles appliquées actuellement, force est de constater que la méfiance à l'égard des migrants est née à cette période-là et constitue un élément majeur dans la compréhension de la volonté de la fermeture des frontières prônée par les mouvements xénophobes et d'extrême droite. Pourquoi ce besoin de « faire payer » les migrants venus prêter main forte est-il né ? Il serait pertinent d'évoquer la phrase du poème Les échoués de Pascal Manoukian extrait de l'ouvrage Bienvenue ! 34 auteurs pour les réfugiés et qui dit des réfugiés venus en France qu'ils seront « sur nos chantiers, dans les cuisines de nos restaurants, dans les cales de nos paquebots, le confort de nos bureaux pour décharger, nettoyer ou vider les poubelles ». Il souligne ici que oui, nous avons cette tendance à rejeter celui qui est différent de nous, mais que par bien des moyens, ce différent nous est utile à un moment ou à un autre.

Un paradoxe est notable dans l'évolution de la conception des migrations en direction de l'Europe dans les années 70 : si cette dernière commence à appliquer des politiques restrictives migratoires, elle respecte néanmoins le droit de migrer pour travailler. Des politiques de regroupement familial voient également le jour afin de permettre les retrouvailles des immigrés travailleurs et de leur famille venue du pays d'origine. Cette pratique permet aussi, en un sens, de contourner les procédures de contrôle d'entrée sur le territoire européen. Il s'agit également d'un moyen pour l'Europe de pallier au besoin de fécondité présent dans

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plusieurs pays à cette période-là et d'instaurer une dynamique de « peuplement ». Il est important de souligner que, suite à l'arrêt de recrutement des travailleurs étrangers dans les pays d'Europe du Nord-Ouest, ce sont les pays d'Europe du Sud (Espagne, Italie) qui ont accueilli les flux migratoires venant des pays de la rive Sud de la Méditerranée mais également d'Afrique subsaharienne et d'Amérique latine et bien davantage dans les années 90.

Les années 80 sont marquées par d'importants événements déterminants dans la conception des migrations en Europe et la montée d'un rejet prononcé de la part des sociétés. Tout d'abord, les demandes d'asile augmentent considérablement. Dans les années 70, les personnes fuyaient en grande partie l'Amérique du Sud et le Sud-est Asiatique afin de venir trouver refuge et protection en Europe. Cependant, les demandes d'asile dans les années 80 doublent quasiment, entraînant ainsi une restriction de plus en plus prononcée de l'Europe qui voit cette arrivée soudaine de réfugiés comme étant en fait une « couverture » pour les migrants souhaitant impérativement passer les frontières européennes. Suivant les restrictions de l'immigration de travail de 1973 - 1974 en Europe, les nouveaux arrivants réfugiés sont soupçonnés d'être en fait des migrants économiques « cachés » qui tentent d'utiliser les procédures d'asile afin d'entrer et de travailler sur le sol européen. Cette vision négative et faussée du « faux » demandeur d'asile et du « faux » réfugié contribue à la restriction de l'octroi du statut de réfugié relatif à la Convention de Genève de 1951, et de son protocole additionnel de 1967 qui s'étend aux réfugiés du monde entier, dont tous les pays européens sont signataires (et donc dans l'obligation de l'appliquer). Ce point sera développé plus amplement dans la sous-partie A de la troisième partie.

Deux événements importants survenus dans les années 80 et le début des années 90 sont à prendre en compte dans le changement quasi radical de la vision de l'Europe quant aux migrations et à l'établissement de nouvelles frontières. Premièrement, la signature des accords de Schengen, officialisant la libre circulation de personnes au sein de l'Union européenne et appliquée en 1995, a permis l'abolition des frontières internes et aussi, parallèlement, la définition de frontières externes très contrôlées par les États eux-mêmes. Deuxièmement, les chutes du rideau de fer (érigé pendant la Guerre Froide afin de séparer le bloc soviétique du bloc des États-Unis) et du mur de Berlin en 1989 ont provoqué l'augmentation des flux migratoires partout au sein de l'Europe et, par conséquent, ont renforcé la vision déjà bien ancrée des migrations comme frein et non plus comme facteur d'une économie florissante.

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Des années 90 au début des années 2000 : pré-construction d'une « forteresse Europe »

Bien que l'économie soit de nouveau florissante en Europe, les contrôles et les arrestations aux frontières se font de plus en plus fréquents et nombreux. Une nouvelle catégorie de migrants attire les pays d'Europe du Nord-Ouest en plus des migrations dites « familiales » : il s'agit de la migration qualifiée, qui apporte ses compétences et son savoir-faire aux pays concernés (France, Allemagne, Belgique, Suisse). Dans les pays d'Europe du Sud, notamment Espagne et Italie, c'est le contraire : ils accueillent principalement de la main d'oeuvre non qualifiée et se transforment nettement en terre d'immigration et ne sont plus des pays d'émigration. Comment expliquer ce phénomène ? Tout simplement car, contrairement aux autres pays de l'Union européenne, l'Italie et l'Espagne n'exigeaient pas, à cette période-là, de visas d'entrée et le contrôle à leurs frontières était beaucoup moins restrictif. De plus, l'Italie et l'Espagne recrutaient réellement de la main d'oeuvre pour des métiers dans l'agriculture, la récolte, la restauration ou encore le bâtiment. Ainsi, il était plutôt attractif et « facile » d'émigrer vers ces pays, à la fois pour trouver du travail, mais aussi pour avoir une chance de rentrer en Europe et atteindre les pays du Nord-Ouest, qui restent les destinations les plus sollicitées par les migrants de par leur modèle de développement économique pérenne. Les migrants arrivant dans les pays de la rive Nord de la Méditerranée (Italie, Grèce, Espagne, Portugal, Malte) étaient surtout originaires du Maghreb et d'Égypte.

Les attentats du 11 septembre 2011 ont représenté un point de rupture dans la perception de l'Europe vis-à-vis des migrations toujours plus nombreuses, et de plus en plus clandestines, dans les années 2000. La société Occidentale considérait à ce moment-là que lutter contre l'immigration clandestine revenait à lutter contre le terrorisme. Le drame de septembre 2011 a été largement relayé et utilisé dans les discours politiques des mouvements d'extrême droite et xénophobes. Ces discours ont contribué à dégrader progressivement l'image du migrant et du réfugié et, ainsi, à renforcer le contrôle aux frontières tout en refoulant le plus possible, parfois sans même étudier la situation de la personne. L'accueil et la protection autrefois prônés par les États européens se sont transformés en lutte incessante contre les migrants « illégaux », « clandestins », qu'il fallait à tout prix chasser et surtout les empêcher de rentrer sur le territoire.

La montée des mouvements xénophobes et d'extrême droite dans les années 2000 renforcent également le « lavage de cerveau » exercé sur les citoyen(ne)s qui se ferment de plus en plus à l'accueil et l'hébergement des migrants et de ceux ayant obtenu le statut de réfugié.

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En conclusion de cette sous-partie, nous pourrions dire qu'une nette évolution de la vision et de la conception des migrations en Méditerranée durant la seconde moitié du XXème siècle est notable et qu'elle s'explique par de nombreux changements politiques et économiques survenus dans la zone. Le constat le plus frappant concerne la crise économique des années 70 : si la main d'oeuvre étrangère était accueillie « à bras ouverts » par les pays d'Europe du Nord-Ouest afin de contribuer au renforcement du développement économique et à la dynamique de peuplement des zones touchées par une baisse des naissances, il est indéniable de dire que lorsqu'est survenu le choc pétrolier de 1973 et ses conséquences à l'échelle mondiale, ce sont les catégories de migrants qui en ont subi les répercussions négatives en se voyant refuser le droit de venir travailler. Cet exemple flagrant et l'assimilation controversée de la lutte contre l'immigration clandestine et de la lutte contre le terrorisme depuis 2001 démontrent en un sens que les migrants et les réfugiés sont pris pour cible et pour facteur « aggravant » lors de situations complexes ou de crises. Le terme « crise des réfugiés » utilisé dans les médias et l'opinion publique illustre cette vision péjorative et reflète parfaitement la volonté de contrôle renforcé et de refoulement aux frontières de l'Europe. Ne faudrait-il pas plutôt parler de « crise de l'accueil des réfugiés » plutôt que d'une « crise des réfugiés » comme évoqué dans l'ouvrage collectif Les réfugiés sont notre avenir (2019) ?

L'analyse de l'évolution des traversées en mer Méditerranée et des événements politiques, économiques et sociaux survenus dans la zone permet de mieux comprendre les causes profondes du changement progressif de la mentalité et de la prise de position de l'Europe vis-à-vis de la gestion des migrations en Méditerranée et sur son territoire. Force est de constater que les types de migrations en Méditerranées ont peu changé depuis le siècle précédent : il s'agit toujours de fortes migrations économiques avec, certes, actuellement, une majorité de migrations forcées. Néanmoins, les réactions face à ces courants migratoires se sont transformées et l'accumulation de crises entre 1970 et 2000 a fortement joué dans la baisse de considération de la condition des migrants et réfugiés.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld