Le phénomène migratoire en mer méditerranée depuis 2013. Enjeux d'une frontière meurtrière aux portes de l'Europe.par AnaàƒÂ«lle TOUTOUNJI Ecole Supérieure de Commerce et Développement 3A Paris - Master 2 Manager de projets internationaux, parcours Coopération et Action Humanitaire 2019 |
4) Le durcissement des politiques européennesLe sauvetage des personnes migrantes est assuré par les ONG présentes en mer mais leur sort est décidé par les gouvernements européens. L'augmentation de l'arrivée des demandeurs d'asile en 2015 en Europe a entraîné avec elle le durcissement de la politique européenne et la mise en oeuvre d'une action massive de refoulement et de mise à distance. Parmi les axes de cette politique, le retrait progressif ces dernières années des navires européens dans les trois zones méditerranéennes (occidentale, centrale et orientale) ne laissant donc pas le choix aux ONG qui assurent désormais à 90% le sauvetage des migrants en détresse. Le problème plus 33 France info. (2019, 22 Août). En pleine mer Méditerranée, la longue attente des rescapés de l'Ocean Viking. Récupéré le 22 Août, 2019, sur https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/libye/video-en-pleine-mer-mediterranee-la-longue-attente-des-rescapes-de-l-ocean-viking_3585101.html 64 global qui persiste possède une dimension du « cas par cas au jour le jour », c'est-à-dire que l'Europe semble réagir à des moments donnés, comme par exemple lorsqu'il y a un navire humanitaire qui erre des jours en Méditerranée et qu'il faut « disperser » les migrants à son bord entre plusieurs États, et non pas de manière générale avec une redéfinition de sa politique migratoire commune. Il est étonnant de constater que des pays ne se manifestent que lorsqu'ils acceptent d'accueillir un certain nombre de migrants quand la situation atteint un réel seuil de crise. Les ONG comme MSF, Médecins du monde (MDM), Amnesty international et bien d'autres tentent tant bien que mal d'interpeller et de faire entendre leurs revendications aux gouvernements européens à l'aide de vidéos, reportages, articles, enquêtes, pétitions, rassemblements, mais ces derniers ne semblent pas ouverts au dialogue ni à la négociation. Il s'agit donc, d'une certaine manière, d'une condamnation des ONG qui ont conscience que leur travail de sauvetage en mer sera de plus en plus dur et restrictif. Coralie Carvin explique que des navires de sauvetage bénéficient de soutien financier - l'association SOS a eu à ce jour une subvention de la Mairie de Paris, une de la région Occitanie et une de la région Loire Atlantique - mais que l'idéal serait un soutien en cessant de criminaliser les ONG et d'entraver leur travail, mais surtout en redéfinissant les axes de sa politique migratoire. En parlant au nom de SOS, Madame Carvin déclare « Depuis sa création, SOS exhorte l'UE par le biais de communiqués de presses mensuels à mettre en place une vraie flotte de sauvetage, à s'entendre sur un mécanisme de débarquement et de répartition de personnes qui permette à chaque navire et chaque sauvetage de ne pas tourner en Méditerranée pendant des semaines ». Il semble aujourd'hui difficile d'interpeller les gouvernements alors que la situation en Méditerranée devient de plus en plus grave et préoccupante au vu de l'augmentation du nombre de migrants qui tentent sa traversée. Plus que jamais, la question de la vie humaine doit primer sur les intérêts politiques. |
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