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Analyse des déterminants de la demande du maïs et de ses dérivées au Bénin.


par Alfred AYEDOUN
Université d'Abomey-Calavi - Licence Professionnelle en science économique 2016
  

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2.2.Clarification conceptuelle de la fonction de demande

L'objectif de ce paragraphe est de définir certaines terminologies utilisées. Nous allons nous limiter seulement à quelques termes ou expressions, indispensables à la compréhension ou dont l'usage est souvent sujet à confusion. De plus, nous ne nous plongerons pas dans la diversité des définitions retrouvées dans la littérature, mais à celles réellement utilisées dans ce travail.

Ø La demande

Selon la théorie microéconomique traditionnelle la fonction de demande est définie comme étant la relation entre la quantité optimale demandée d'un bien et les valeurs possibles des variables qui la déterminent.

Cette définition appelle plusieurs commentaires :

· La relation que la fonction établit concerne la quantité optimale demandée du bien considéré en ce sens qu'elle vise le meilleur choix de consommation que le consommateur peut faire de ce bien en tenant compte non seulement de ses préférences mais aussi de la contrainte budgétaire que le prix des biens et son revenu limité lui imposent.

· La fonction de demande est une fonction à plusieurs variables parce que le choix de consommation dépend de plusieurs variables : le prix du bien considéré, le prix des autres biens, le revenu du consommateur, ses goûts et préférences, sa richesse, etc.

· L'analyse microéconomique élémentaire de la fonction de demande privilégie les trois premières variables : le prix du bien, le prix des autres biens et le revenu du consommateur. Cela revient à considérer les autres variables comme constantes, et par conséquent à raisonner "ceterisparibus", c'est-à-dire toutes choses égales par ailleurs : en particulier, les goûts et préférences du consommateur.

Say (1803) a formulé la loi des débouchés. Cette loi stipule que, de manière a priori surprenante, le processus de production ouvre les débouchés aux produits. C'est-à-dire que selon lui, c'est l'offre qui crée sa propre demande. Marshall (1890) expliquait la demande grâce au principe de l'utilité marginale. Son analyse postule que pour tout prix réel, les acheteurs sont désireux d'acquérir la quantité de marchandises que les vendeurs sont prêts à offrir.

Or selon Keynes, ce n'est pas l'offre qui crée sa propre demande, mais plutôt la demande future qui suscite la production. Autrement dit c'est la demande anticipée qui détermine le niveau de production.

Les fonctions de demande font intervenir différents paramètres d'élasticité dont chacun mesure la réponse de la demande aux changements d'une variable déterminée. Le coefficient d'élasticité peut être défini comme la variation en pourcentage de la demande provoquée par une variation de 1 pourcent de la variable considérée, toutes choses restant égales par ailleurs. Les principaux coefficients d'élasticité sont:

- L'élasticité directe de la demande: la variation de la quantité demandée est proportionnelle à la variation du prix du produit considéré.

- L'élasticité croisée de la demande: la variation de la quantité demandée est proportionnelle à la variation du prix d'un autre produit.

- L'élasticité croisée peut être positive ou négative, selon que les produits considérés sont interchangeables ou complémentaires.

- L'élasticité-revenu de la demande: le changement de la quantité demandée est proportionnel à la variation du revenu.

Il existe deux mesures de l'élasticité revenu: l'élasticité-revenu des dépenses consacrées au produit considéré et l'élasticité-revenu de la quantité achetée de ce produit. En toute rigueur, ces mesures devraient être identiques quand le produit est défini de façon précise puisqu'elles sont calculées en supposant que tous les autres paramètres sont constants. Mais en pratique ceci est rarement le cas (FAO, 1995).

En effet, la demande du maïs et de ses dérivés est la quantité de maïs que les ménages sont disponibles à acquérir à un prix donné. Autrement dit, c'est la quantité de maïs et de ses dérivés demandée par les ménages à un prix donné.

Ø Différence entre demande et consommation

L'INSEE définit la consommation comme la valeur des biens et services utilisés pour la satisfaction directe des besoins humains que ceux-ci soient individuels (consommation finale des ménages) ou collectifs (consommation finale des services non marchands par les administrations publiques et privées).

L'analyse néo-classique construisait la fonction de demande d'un bien en privilégiant la relation prix et quantité demandée. Keynes (1969) propose de relier la consommation globale avec le revenu. Il s'appuie ici sur l'existence d'une loi psychologique fondamentale selon laquelle «en moyenne et laplupart du temps, les hommes tendent à accroître leur consommation au fur et à mesure que lerevenu croît, mais non d'une quantité aussi grande que l'accroissement du revenu ». Selon Keynes, c'est le revenu courant des ménages qui détermine leur niveau de consommation. L'analyse keynésienne reposait sur l'hypothèse du revenu courant : les changements de consommation de la courte période dépendaient des variations du seul revenu courant.

Duesenberry (1949) montre que le niveau de consommation atteint pendant une période donnée dépend non seulement du revenu courant mais aussi du niveau le plus élevé atteint pendant la période précédente. Il insiste sur l'importance des facteurs psychologiques dans la fonction de consommation en disant que la consommation évolue en raison de l'existence d'un double effet : un effet de démonstration (qui évolue en effet de différenciation) et un effet d'imitation. Les catégories les moins favorisées cherchent à imiter la consommation ou à copier le style de vie des classes supérieures.

Or, Friedman quant à lui dans sa théorie du revenu permanent avance que les valeurs de la consommation et du revenu prévues par le consommateur, dépendent non seulement du montant des recettes et des dépenses en cours, mais également des constatations du passé et des anticipations sur l'avenir. Pour conclure sa théorie, il déclare que les ménages adapteraient leur consommation par rapport à leur revenu permanent et non leur revenu courant. De même Modigliani vient compléter Friedman soit disant que la consommation d'une période dépend non pas du revenu courant, mais de l'estimation que les agents économiques font de la somme actualisée des revenus perçus ou à percevoir au cours de leur vie.

Ensuite quant à l'approche sociologique de la consommation, plusieurs auteurs ont également élaboré des théories. Baudrillard, considère la consommation comme un actesymbolique. Le consommateur n'achète pas un objet uniquement pour la satisfactionqu'il recherche de son utilisation, mais pour afficher son appartenance à ungroupe social qui lui sert de référence. Quant à Bourdieu (1979), les choix de consommation sont déterminés par les groupes d'appartenance et en particulier les classes sociales. Dans le même ordre d'idée, Veblen (1899)parle de la consommation ostentatoire qui est une consommation destinée à montrer un rang social, un mode de vie ou une personnalité.

Selon la théorie microéconomique, la notion de demande doit être distinguée de celle de consommation. Alors que la première est une notion ex ante (en termes de projets), la seconde est une notion ex post (en termes de réalisations) : la fonction de demande indique par exemple quelle serait la demande optimale du consommateur pour tel bien si le prix de celui-ci, affiché par le marché, était de tel ou tel montant ; la fonction de consommation montre comment a évolué la consommation effectivement constatée de tel bien en fonction par exemple des différentes valeurs que le prix a pu prendre.

D'après la FAO (1995), la consommation est un phénomène matériel qui peut se mesurer en unités physiques. La demande au contraire est une notion économique. La fonction de demande décrit la corrélation entre le prix d'un produit et la demande de ce produit (c'est-à dire qu'elle indique le volume de la demande qui correspond à chaque niveau de prix), toutes choses égales d'ailleurs. La consommation peut changer soit sous l'effet des variations de prix, il y a alors un déplacement le long de la courbe de la demande, soit sous l'effet d'autres facteurs tels qu'une variation des revenus, c'est alors la courbe de la demande elle-même qui se déplace, c'est-à-dire qu'elle varie indépendamment du prix du produit. La demande de produits alimentaires au niveau de la consommation détermine, par la voie d'une demande d'élaboration ou de «marketing» connexes (transformation primaire et secondaire, conditionnement, distribution), la demande dérivée de produits agricoles au niveau de l'exploitation. C'est cette demande induite que perçoit le producteur, ou du moins qu'il devrait percevoir si les signaux du marché n'étaient pas faussés par les influences de mesures en tous genres décrites plus haut.

Au vue de ces définitions, la consommation du maïs et de ses dérivés est l'acte par lequel, les ménages utilisent ces biens (maïs et ses dérivés) pour satisfaire leurs besoins tandis que la demande du maïs et de ses dérivés est la quantité du maïs que les ménages sont disponibles à acquérir à un prix donné. Il ressort de cette comparaison que la demande du maïs est une action qui précède (ex ante) la consommation du maïs (ex poste). Autrement dit, la consommation du maïs prend en compte sa demande.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore