2.2.Clarification conceptuelle de la fonction de demande
L'objectif de ce paragraphe est de définir certaines
terminologies utilisées. Nous allons nous limiter seulement à
quelques termes ou expressions, indispensables à la compréhension
ou dont l'usage est souvent sujet à confusion. De plus, nous ne nous
plongerons pas dans la diversité des définitions
retrouvées dans la littérature, mais à celles
réellement utilisées dans ce travail.
Ø La demande
Selon la théorie
microéconomique traditionnelle la fonction de demande est définie
comme étant la relation entre la quantité optimale
demandée d'un bien et les valeurs possibles des variables qui la
déterminent.
Cette définition appelle plusieurs commentaires :
· La relation que la fonction établit concerne la
quantité optimale demandée du bien
considéré en ce sens qu'elle vise le meilleur choix de
consommation que le consommateur peut faire de ce bien en tenant compte non
seulement de ses préférences mais aussi de la contrainte
budgétaire que le prix des biens et son revenu limité lui
imposent.
· La fonction de demande est une fonction à
plusieurs variables parce que le choix de consommation dépend de
plusieurs variables : le prix du bien considéré, le prix des
autres biens, le revenu du consommateur, ses goûts et
préférences, sa richesse, etc.
· L'analyse microéconomique
élémentaire de la fonction de demande privilégie les trois
premières variables : le prix du bien, le prix des autres biens et le
revenu du consommateur. Cela revient à considérer les autres
variables comme constantes, et par conséquent à raisonner
"ceterisparibus", c'est-à-dire toutes choses égales par ailleurs
: en particulier, les goûts et préférences du
consommateur.
Say (1803) a formulé la loi des
débouchés. Cette loi stipule que, de manière a priori
surprenante, le processus de production ouvre les débouchés aux
produits. C'est-à-dire que selon lui, c'est l'offre qui crée sa
propre demande. Marshall (1890) expliquait la demande grâce au principe
de l'utilité marginale. Son analyse postule que pour tout prix
réel, les acheteurs sont désireux d'acquérir la
quantité de marchandises que les vendeurs sont prêts à
offrir.
Or selon Keynes, ce n'est pas l'offre qui crée sa
propre demande, mais plutôt la demande future qui suscite la production.
Autrement dit c'est la demande anticipée qui détermine le niveau
de production.
Les fonctions de demande font intervenir différents
paramètres d'élasticité dont chacun mesure la
réponse de la demande aux changements d'une variable
déterminée. Le coefficient d'élasticité peut
être défini comme la variation en pourcentage de la demande
provoquée par une variation de 1 pourcent de la variable
considérée, toutes choses restant égales
par ailleurs. Les principaux coefficients d'élasticité
sont:
- L'élasticité directe de la demande: la
variation de la quantité demandée est proportionnelle à la
variation du prix du produit considéré.
- L'élasticité croisée de la demande: la
variation de la quantité demandée est proportionnelle à la
variation du prix d'un autre produit.
- L'élasticité croisée peut être
positive ou négative, selon que les produits considérés
sont interchangeables ou complémentaires.
- L'élasticité-revenu de la demande: le
changement de la quantité demandée est proportionnel à la
variation du revenu.
Il existe deux mesures de l'élasticité revenu:
l'élasticité-revenu des dépenses consacrées au
produit considéré et l'élasticité-revenu de la
quantité achetée de ce produit. En toute rigueur, ces mesures
devraient être identiques quand le produit est défini de
façon précise puisqu'elles sont calculées en supposant que
tous les autres paramètres sont constants. Mais en pratique ceci est
rarement le cas (FAO, 1995).
En effet, la demande du maïs et de ses
dérivés est la quantité de maïs que les
ménages sont disponibles à acquérir à un prix
donné. Autrement dit, c'est la quantité de maïs et de ses
dérivés demandée par les ménages à un prix
donné.
Ø Différence entre demande et
consommation
L'INSEE définit la consommation comme la valeur des
biens et services utilisés pour la satisfaction directe des besoins
humains que ceux-ci soient individuels (consommation finale des ménages)
ou collectifs (consommation finale des services non marchands par les
administrations publiques et privées).
L'analyse néo-classique construisait la fonction de
demande d'un bien en privilégiant la relation prix et quantité
demandée. Keynes (1969) propose de relier la consommation globale avec
le revenu. Il s'appuie ici sur l'existence d'une loi psychologique fondamentale
selon laquelle «en moyenne et laplupart du temps, les hommes tendent
à accroître leur consommation au fur et à mesure que
lerevenu croît, mais non d'une quantité aussi grande que
l'accroissement du revenu ». Selon Keynes, c'est le revenu courant
des ménages qui détermine leur niveau de consommation. L'analyse
keynésienne reposait sur l'hypothèse du revenu courant : les
changements de consommation de la courte période dépendaient des
variations du seul revenu courant.
Duesenberry (1949) montre que le niveau de consommation
atteint pendant une période donnée dépend non seulement du
revenu courant mais aussi du niveau le plus élevé atteint pendant
la période précédente. Il insiste sur l'importance des
facteurs psychologiques dans la fonction de consommation en disant que la
consommation évolue en raison de l'existence d'un double effet : un
effet de démonstration (qui évolue en effet de
différenciation) et un effet d'imitation. Les catégories les
moins favorisées cherchent à imiter la consommation ou à
copier le style de vie des classes supérieures.
Or, Friedman quant à lui dans sa théorie du
revenu permanent avance que les valeurs de la consommation et du revenu
prévues par le consommateur, dépendent non seulement du montant
des recettes et des dépenses en cours, mais également des
constatations du passé et des anticipations sur l'avenir. Pour conclure
sa théorie, il déclare que les ménages adapteraient leur
consommation par rapport à leur revenu permanent et non leur revenu
courant. De même Modigliani vient compléter Friedman soit disant
que la consommation d'une période dépend non pas du revenu
courant, mais de l'estimation que les agents économiques font de la
somme actualisée des revenus perçus ou à percevoir au
cours de leur vie.
Ensuite quant à l'approche sociologique de la
consommation, plusieurs auteurs ont également élaboré des
théories. Baudrillard, considère la consommation comme un
actesymbolique. Le consommateur n'achète pas un objet uniquement pour la
satisfactionqu'il recherche de son utilisation, mais pour afficher son
appartenance à ungroupe social qui lui sert de référence.
Quant à Bourdieu (1979), les choix de consommation sont
déterminés par les groupes d'appartenance et en particulier les
classes sociales. Dans le même ordre d'idée, Veblen (1899)parle de
la consommation ostentatoire qui est une consommation destinée à
montrer un rang social, un mode de vie ou une personnalité.
Selon la théorie microéconomique, la notion de
demande doit être distinguée de celle de consommation. Alors que
la première est une notion ex ante (en termes de projets), la seconde
est une notion ex post (en termes de réalisations) : la fonction de
demande indique par exemple quelle serait la demande optimale du consommateur
pour tel bien si le prix de celui-ci, affiché par le marché,
était de tel ou tel montant ; la fonction de consommation montre comment
a évolué la consommation effectivement constatée de tel
bien en fonction par exemple des différentes valeurs que le prix a pu
prendre.
D'après la FAO (1995), la consommation est un
phénomène matériel qui peut se mesurer en unités
physiques. La demande au contraire est une notion économique. La
fonction de demande décrit la corrélation entre le prix d'un
produit et la demande de ce produit (c'est-à dire qu'elle indique le
volume de la demande qui correspond à chaque niveau de prix), toutes
choses égales d'ailleurs. La consommation peut changer soit sous l'effet
des variations de prix, il y a alors un déplacement le long de la courbe
de la demande, soit sous l'effet d'autres facteurs tels qu'une variation des
revenus, c'est alors la courbe de la demande elle-même qui se
déplace, c'est-à-dire qu'elle varie indépendamment du prix
du produit. La demande de produits alimentaires au niveau de la consommation
détermine, par la voie d'une demande d'élaboration ou de
«marketing» connexes (transformation primaire et secondaire,
conditionnement, distribution), la demande dérivée de produits
agricoles au niveau de l'exploitation. C'est cette demande induite que
perçoit le producteur, ou du moins qu'il devrait percevoir si les
signaux du marché n'étaient pas faussés par les influences
de mesures en tous genres décrites plus haut.
Au vue de ces définitions, la consommation du maïs
et de ses dérivés est l'acte par lequel, les ménages
utilisent ces biens (maïs et ses dérivés) pour satisfaire
leurs besoins tandis que la demande du maïs et de ses
dérivés est la quantité du maïs que les
ménages sont disponibles à acquérir à un prix
donné. Il ressort de cette comparaison que la demande du maïs est
une action qui précède (ex ante) la consommation du maïs (ex
poste). Autrement dit, la consommation du maïs prend en compte sa
demande.
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