CHAPITRE I : NOTION DE GESTION DES RISQUES DES
INSTITUTIONS DE MICROFINANCE
La gestion du risque demeure au coeur des
préoccupations des IMF, qu'elles soient rurales ou urbaines. Or les
réflexions à ce sujet sont éparses, et les IMF ne
disposent pas forcément de moyens financiers et humains, ni d'un panel
d'outils techniques pour y faire face.
La gestion du risque réduit la probabilité de
réaliser des pertes et minimise le degré de la perte au cas
où celle-ci arriverait. Elle implique la prévention des
problèmes potentiels et la détection anticipée des
problèmes réels quand ceux-ci arrivent. En tant que telle, la
gestion des risques est un processus continu à trois
étapes2 :
- Identifier les vulnérabilités : Avant
de gérer des risques au sein d'une organisation, Il est important
d'identifier au préalable les faiblesses, limites et menaces actuelles
et potentielles de l'organisation. Un aspect important de gestion de risques
est de prévoir les risques probables de l'organisation à court,
moyen et long terme.
- Concevoir et mettre en oeuvre des systèmes de
contrôles : Une fois que l'IMF a identifié ces points
vulnérables, elle peut concevoir et mettre en exécution des
mesures de contrôles pour amoindrir ces risques. Par exemple, le recours
préalable à une garantie physique peut représenter une
solution alternative pour minimiser les risques sur créances dans un
environnement financier particulier alors que la caution solidaire peut
être un recours approprié dans d'autres environnements.
- Suivre l'efficacité des systèmes de
contrôle en place : Une fois le système de contrôle en
place, les IMF doivent pouvoir suivre et apprécier son degré de
fonctionnalité et son efficacité. Les outils de suivi consistent
avant tout en un tableau de bord d'indicateurs de performance que les
gestionnaires doivent établir et suivre afin de s'assurer de la bonne
gestion de l'IMF.
Cette procédure de gestion de risques à trois
niveaux est un processus continu en raison notamment de la grande
variabilité de la vulnérabilité dans le temps. Egalement,
les risques varient sensiblement selon l'étape de développement
de l'institution.
Cependant, une analyse rapide des risques qui peuvent toucher
les institutions de microfinance montre que ces risques sont nombreux et
diversifiés.
(2) Professeur Frederick KALALA(2013), Notes de cours de
Gestion des risques en Microfinance, UPC, inédit
8
La gestion de ces risques est rendue d'autant plus difficiles
qu'ils sont fortement dépendants les uns des autres, ce qui oblige les
IMF à envisager des compromis qui ne sont a priori pas évidents
à identifier et à gérer, compte-tenu de leurs
spécificités.
C'est très important de noter que les IMF ne pourront
pas complètement échapper à l'ensemble des risques
auxquels elles sont exposées. Tout effort d'anticipation et de gestion
de l'ensemble des risques potentiels générerait d'importants
coûts d'opportunité et exposerait ainsi l'IMF à d'autres
catégories de risques. La gestion de risques requiert également
la recherche d'équilibre approprié entre les coûts
engagés et l'efficacité du système de contrôle,
ainsi que leurs effets nets sur la clientèle et le personnel de
l'IMF.
SECTION 1 : CADRE D'EVALUATION DES RISQUES
Dans le souci d'aider les dispositions de microfinance qui
s'efforcent de remplir leur double mission de pérennisation et d'aide
aux plus pauvres, CARE recommande l'exécution d'un cadre
d'évaluation des risques qui comporte deux composantes majeures (3) :
· La viabilité financière ;
· Le développement institutionnel.
Une norme d'évaluation des risques d'une institution
financière traite seulement du premier point. Pour évaluer le
diagnostic financier d'une banque ou d'une institution financière, il
est nécessaire de prendre en compte la gestion des actifs et passifs, en
intégrant le risque sur crédit ainsi que les risques
opérationnels comme la fraude et l'inefficacité.
L'évaluation des risques en microfinance
nécessite également la prise en compte des perspectives de
développement institutionnel. Comme les IMF se soustraient de plus en
plus de la dépendance vis-à-vis des bailleurs de fonds au profit
d'une autonomie financière durable ; une vision claire, des
systèmes de gouvernance fiables et efficaces, et un personnel
compétent deviennent des déterminants cruciaux pour une meilleure
gestion des risques.
Blaise CISUAKA Mémoire de
fin de cycle
(3)
www.careinternational.org
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