IFCS AP-HM
Chemin de la Madrague-Ville, 13314 MARSEILLE cedex 15
Aix-Marseille Université Faculté
d'Economie et de Gestion Département Formation
Continue 14, rue Puvis de Chavannes 13231 Marseille cedex 1
L'implication professionnelle
dans les organisations bureaucratiques
Didier DELABRE
Sous la direction de Berthe JOSEPH
et d'Emmanuel SULZER
DIPLOME CADRE DE SANTE
MASTER RESSOURCES HUMAINES
Spécialité « Gestion des Ressources Humaines
et des Compétences »
05/2014
Didier DELABRE AP-HM / IFCS Promotion
2013-2014
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L'implication professionnelle
dans les organisations bureaucratiques
Didier DELABRE
Sous la direction de Berthe JOSEPH
et d'Emmanuel SULZER
DIPLOME CADRE DE SANTE
MASTER RESSOURCES HUMAINES
Spécialité « Gestion des Ressources Humaines
et des Compétences »
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AVERTISSEMENT AU LECTEUR
Didier DELABRE AP-HM / IFCS Promotion
2013-2014
Les opinions exprimées dans ce mémoire sont
celles de l'auteur et ne sauraient engager le Directeur du Mémoire ou
l'I.F.C.S. et l'Université de la Méditerranée.
Ce travail de recherche est écrit de ma main. Tous les
emprunts à des travaux existants sont clairement encadrés par les
« », avec indication de la source en bas de page ou en
bibliographie.
i
Didier DELABRE
Didier DELABRE AP-HM / IFCS Promotion
2013-2014
REMERCIEMENTS ET... DEDICACE
Je tiens à adresser des remerciements à tous
ceux qui m'ont accompagné tout au long de ce mémoire de
recherche.
Tout d'abord, merci à Berthe JOSEPH, ma directrice de
mémoire, et Emmanuel SULZER, mon directeur de méthodologie, qui
ont été des accompagnateurs de choix, pour me permettre de
dépasser les difficultés de l'apprenti chercheur que je suis...
Je les remercie pour leur disponibilité et leur
réactivité.
Merci à toute l'équipe de l'IFCS-APHM,
Direction, agents administratifs et enseignants pour leur professionnalisme,
leur écoute et leur soutien.
Merci à toute l'équipe du master RH, section
formation continue, de l'université Aix-Marseille, Faculté
d'Economie et de Gestion, Direction, agents administratifs et enseignants,
également pour leur professionnalisme et leur disponibilité.
Merci à tous mes collègues de promotion avec qui
j'ai pu partager, outre d'agréables moments de convivialité, des
idées, des pistes de réflexion...
Merci également à toutes celles et ceux qui ont
donné un peu de leur temps pour répondre au questionnaire de mon
enquête.
Enfin, je dédicace ce travail à ma famille...!
ii
Didier DELABRE
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
LBM
|
Laboratoire de Biologie Médicale
|
LABM
|
Laboratoire d'Analyses de Biologie Médicale
|
GBEA
|
Guide de Bonne Exécution des Analyses
|
COFRAC
|
Comité Français d'Accréditation
|
PACA
|
Provence Alpes Côte d'Azur
|
|
|
Didier DELABRE AP-HM / IFCS Promotion
2013-2014
iii
SOMMAIRE
AVERTISSEMENT AU LECTEUR
REMERCIEMENTS ET... DEDICACE
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
|
|
i
ii
iii
|
INTRODUCTION GENERALE : Du contexte à la
question de départ
|
|
1
|
Le constat de terrain
|
2
|
|
Notre questionnement :
|
4
|
|
1 PREMIERE PARTIE : Des théories aux
hypothèses de recherche
|
|
6
|
1.1 Les normes et la régulation
|
6
|
|
1.1.1 Quelques définitions
|
6
|
|
1.1.2 La théorie de la régulation
|
10
|
|
1.1.3 La théorie de l'analyse stratégique du
pouvoir
|
12
|
|
1.1.4 Le modèle de l'implication professionnelle
|
13
|
|
1.2 Les organisations bureaucratiques
|
17
|
|
1.3 Le cercle vicieux bureaucratique
|
20
|
|
1.4 De la problématique aux hypothèses de travail
|
21
|
|
2 DEUXIEME PARTIE : L'enquête
|
|
25
|
2.1 Choix de l'outil d'investigation
|
25
|
|
2.2 Présentation du terrain d'enquête
|
26
|
|
2.3 Méthodologie de l'enquête
|
27
|
|
2.3.1 Les limites de l'enquête
|
27
|
|
2.3.2 L'élaboration du questionnaire
|
27
|
|
2.4 Analyse des données recueillies
|
29
|
|
2.4.1 Etude des retours et des non-réponses
|
29
|
|
2.4.2 Analyse du tri à plat
|
30
|
|
2.4.3 Synthèse des comparaisons de pourcentages. Test du
Khi-deux
|
36
|
|
3 TROISIEME PARTIE : Vérification des
hypothèses
|
|
40
|
3.1 Vérification des hypothèses
|
40
|
|
3.1.1 Hypothèse 1 :Plus de centralisation du pouvoir
entraîne moins
d'implication
|
40
|
|
3.1.2 Hypothèse 2 : Plus les relations sont impersonnelles
moins il y a
d'implication
|
41
|
|
3.1.3 Hypothèse 3 : Moins l'information est
partagée moins il y a
|
|
|
d'implication. 42
3.1.4 Quelques apports supplémentaires de l'enquête
45
3.2 Perspectives professionnelles 49
3.2.1 Quelques incontournables de la mission du cadre de
santé 50
3.2.2 Donner des repères précis 51
3.2.3 Favoriser l'autonomie individuelle et collective de
l'équipe 52
3.2.4 Permettre la création de sens 53
3.2.5 Quel management ? Error! Bookmark not
defined.
CONCLUSION 56
BIBLIOGRAPHIE 58
ANNEXES 60
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2013-2014
Didier DELABRE AP-HM / IFCS Promotion
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INTRODUCTION GENERALE : Du contexte à la question
de départ
Depuis plusieurs décennies, les démarches
qualité font partie du quotidien des entreprises. Avec l'ordonnance
96-346 du 24 avril 1996, dites ordonnance « Juppé », la
démarche qualité est introduite dans les établissements de
santé. Depuis le guide de bonne exécution des analyses (GBEA)
jusqu'aux démarches d'accréditation COFRAC, tous les laboratoires
de biologie médicale (LBM), privés ou publics, sont soumis
à cette démarche qualité. D'abord, sur la base du
volontariat, puis le législateur l'a inscrite parmi les obligations
règlementaires.
En effet, depuis le 16 janvier 2010 la
législation1 relative à la biologie médicale
impose la mise en place de l'accréditation COFRAC de tous les
laboratoires de biologie médicale (LBM) publics et privés. Ceci
implique de s'y adapter par la mise en place de changements afin de maintenir
et d'améliorer la qualité. Ces nombreux changements
imposés et nécessaires, sont souvent sources d'inquiétude
pour les agents. Les techniciens, sollicités par l'encadrement, sont
réticents pour participer à ces démarches projet. Le cadre
se trouve donc confronté au manque d'implication de l'équipe.
Cependant, si nous poussons un peu notre analyse, nous
constatons que ce défaut d'implication n'est pas aussi simple. C'est ce
que nous verrons, dans un premier temps, lorsque nous présenterons le
contexte de cette étude.
Pour construire nos hypothèses de recherche, nous nous
appuierons, dans un second temps, sur des concepts empruntés à
d'éminents psychosociologues.
Enfin, nous enquêterons sur le terrain pour tester ces
hypothèses de recherche.
1 Ordonnance n° 2010-49 du 13 janvier 2010
relative à la biologie médicale rendant obligatoire
l'accréditation des laboratoires à partir de 2016
1
Le constat de terrain
La démarche qualité est une activité que
les laboratoires de biologie médicale pratiquent depuis des
décennies. Cependant, nous avons pu constater, au laboratoire de
l'hôpital où nous exerçons, des difficultés de la
part de nombreux agents à s'impliquer dans la démarche. Ce
constat n'est pas propre à ce laboratoire, tous les cadres de
laboratoire avec lesquels nous avons abordé le sujet nous ont fait part
du même constat.
Lorsqu'il s'agit de répondre à l'obligation
légale de la démarche d'accréditation COFRAC selon la
norme EN ISO 15189, les mêmes discours se font entendre, à des
degrés divers, dans tous les laboratoires. Nous observons à la
fois :
? Une lenteur à répondre à la demande
institutionnelle de la part de nombreux agents. Lorsque le travail a
été prescrit, par exemple rédiger telle ou telle partie de
la base documentaire, il n'est pas réalisé ou alors au dernier
moment et à la va-vite. Cette lenteur a été flagrante
aussi lors de la mise en place de la validation des méthodes sur ce
laboratoire. Cette lenteur a provoqué du retard sur le calendrier
prévisionnel que nous avions institué en interne. L'équipe
s'est donc trouvée surchargée de travail sur la fin du calendrier
officiel imposé par le ministère de la santé.
? Que le taux de lecture de cette même base documentaire
est très bas.
? Un manque d'initiatives en la matière : la plupart
des agents attendent d'en recevoir « l'ordre » pour travailler
à la démarche d'accréditation, et, lorsqu'ils s'attellent
à la tâche, attendent tout des personnes ressources.
Didier DELABRE AP-HM / IFCS Promotion
2013-2014
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? Que, lorsque le thème de l'accréditation est
abordé en équipe, de nombreuses réflexions
négatives sont exprimées. Par exemple : Mme W., technicienne de
laboratoire, nous a dit : « Encore l'accréditation ! Nous
n'avons pas que cela à faire ! quand est-ce que je m'occupe de ma
paillasse ? des prélèvements des patients ? » ou
encore, Mle G. : « C'est pénible ! on refait 36 fois les
mêmes choses ! On perd du temps ! » ou, par exemple, Mme C. :
« Cela fait 30 ans que je fais ce métier, je sais travailler !
Pourquoi écrire tout ce que je fais ? La qualité, elle est
déjà dans mon travail, depuis 30 ans ! C'est pour la santé
des patients que je travaille. Je ne fais pas n'importe quoi ! » Les
réflexions les plus fréquentes soulèvent la lourdeur de la
démarche qualité, la lourdeur de sa formalisation.
Tout se passe, dans le discours des agents, comme si la
qualité était dissociée du coeur de métier, alors
que dans la réalité, dans leur travail réel au quotidien,
c'est l'une de leurs préoccupations majeures. Pourquoi cette
dissociation ? Pourquoi cet écart entre le discours et le vécu
?
Toutefois, la démarche qualité ne soulève
pas que des oppositions. Nous constatons également :
? Que si une grande partie des agents ne sont pas volontaires
pour s'impliquer dans la démarche d'accréditation (18/22),
certains (4) se sont portés volontaires, de façon
quasi-spontanée, pour travailler à la qualité.
? Que, parmi ceux-ci, deux techniciennes ont accepté de
suivre une formation en Qualité.
? L'expression d'un sentiment d'être reconnu, lorsqu'une
mission de référent qualité sur un poste de travail est
proposée à un agent.
3
Didier DELABRE AP-HM / IFCS Promotion
2013-2014
Notre questionnement :
Suite à ces constats, nous pouvons nous interroger :
? Pourquoi la démarche qualité est-elle
vécue comme une contrainte par un grand nombre d'agents et comme une
opportunité pour d'autres, moins nombreux ?
? Pourquoi observe-t-on, chez les agents réfractaires
à cette démarche, une dissociation entre démarche
d'accréditation et coeur de métier ?
? En quoi l'aspect règlementaire de cette
démarche joue-t-il un rôle dans ce défaut d'implication
?
Lorsque nous interrogeons les salariés d'une entreprise
sur la démarche qualité, nous obtenons les mêmes
réponses que celles recueillies au laboratoire. Il ne semble donc pas
que cette difficulté des acteurs soit uniquement le fait du milieu
hospitalier. Des études se sont penchées sur l'impact de la
démarche qualité sur les acteurs dans les entreprises. Nous
pouvons citer par exemple, l'enquête : « L'application des
normes ISO 9000 dans l'enseignement et la formation - Interprétation et
lignes directrices dans une perspective européenne. »2
Cette étude a par ailleurs permis d'identifier un certain nombre
d'obstacles et de problèmes relatifs à la certification ISO
9000:
· le temps nécessaire pour la rédaction du
manuel;
· l'important volume de travail administratif;
· le coût élevé de la mise en
oeuvre;
· le temps nécessaire pour mener à bien la
mise en oeuvre;
· le coût élevé du maintien de la
norme;
2 Wouter van den Berghe,
Directeur du service de management de la qualité, Deloitte
& Touche, Belgique, Application des normes ISO 9000 dans l'enseignement
et la formation, Revue Européenne, Formation Professionnelle
n°15, CEDEFOP, Thessalonique 1998.
4
· l'absence de conseils dispensés gratuitement;
· le manque de cohérence entre les
vérificateurs;
· le temps consacré au contrôle des
documents administratifs avant les audits.
Le premier de ces inconvénients a été
cité, à lui seul, par plus de 30 % des personnes
interrogées et le dernier par 16 %. À cet égard, la
conclusion de l'enquête est que « Le coût
élevé de la mise en oeuvre - en termes de temps, de volume de
travail administratif et d'argent - a été cité par toutes
les catégories comme le problème majeur d'ISO 9000. »
Cette enquête souligne également que les petites
organisations ont plus tendance que les grandes à considérer que
les inconvénients sont plus importants que les avantages tant dans la
mise en oeuvre que dans le maintien de la norme.
Nous relevons donc les mêmes critiques à
l'égard des démarches de certification dans l'ensemble des
entreprises. De plus, nous remarquons, qu'il s'agisse d'entreprises publiques
comme les hôpitaux, les lieux de formation (écoles,
collèges, lycées, universités) ou de grandes entreprises
privées, que toutes ou presque s'organisent selon un modèle
bureaucratique. Ce modèle, nous le verrons plus tard, repose sur une
organisation cloisonnée très hiérarchisée et sur
l'utilisation d'une règlementation pléthorique. Nous pouvons
dès lors orienter notre question vers le style d'organisation, et en
particulier, vers les organisations bureaucratiques.
L'organisation bureaucratique a-t-elle une influence
sur l'application des normes de certification ?
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2013-2014
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1 PREMIERE PARTIE : Des théories aux
hypothèses de recherche
Pour aborder notre question de départ, nous nous
intéresserons d'abord aux concepts de normes et de régulation
tels que les décrit Jean-Daniel Reynaud, puis nous interrogerons Michel
Crozier sur le phénomène bureaucratique dans les organisations,
pour enfin mettre ces concepts en relation dans l'approche du « cercle
vicieux bureaucratique » dont parlent ces deux auteurs. Cette
démarche nous permettra ensuite de faire le lien avec l'implication
professionnelle des acteurs et de poser nos hypothèses de recherche.
1.1 Les normes et la
régulation
1.1.1 Quelques définitions
? Distinguons d'abord la norme et la règle.
Pour Jean-Daniel Reynaud, « Une règle
est un principe organisateur. Elle peut prendre la forme d'une
injonction, ou d'une interdiction visant à déterminer strictement
un comportement. Mais elle est plus souvent un guide d'action, un étalon
qui permet de porter un jugement, un modèle qui oriente l'action.
»3 Dans cette définition, nous remarquons d'abord
le double aspect de la règle. Elle peut être une aide pour agir ou
une contrainte. Pour le sens commun, c'est la dimension contraignante qui
apparaît la première. Ceci est particulièrement
prégnant dans le rapport à la loi. L'exemple du code de la
3 J-D REYNAUD, 1997, « Les règles du
jeu : L'action collective et la régulation sociale », Armand
Colin / Masson, Paris, p XVI, Préface de la 2ème
édition.
6
Didier DELABRE AP-HM / IFCS Promotion
2013-2014
route est à ce propos parlant. En effet, les articles
du code de la route apparaissent d'abord comme des contraintes empêchant
les automobilistes de conduire leur véhicule comme ils le
désirent. Cependant, ces mêmes articles, ces mêmes
règles, en fixant une façon d'agir identique pour tous et un
système de sanctions en cas de non-respect ou de transgression, aident
les conducteurs, les usagers de la route, à arriver à bon port en
évitant les conflits et les accidents.
« Les règles ont des auteurs et elles ont des
destinataires. Elles sont liées à un projet d'action commune.
»4 J-D Reynaud affine sa définition en
précisant les acteurs autour de la règle. Les auteurs d'une part
avec par exemple le législateur, la hiérarchie de l'entreprise ;
et les destinataires d'autre part l'ensemble de la population nationale pour
les lois, une part de cette population, les automobilistes pour reprendre
l'exemple du code de la route, les salariés d'une entreprise dans le cas
des règlements internes aux entreprises,...
Quant à la norme, les
psycho-sociologues la définissent comme un ensemble de comportements, de
valeurs, de coutumes, propres à un groupe, créés et admis
par le groupe, pour le fonctionnement du groupe.
« Une norme sociale
réfère à une règle de conduite dans une
société ou un groupe social, notamment des manières
d'agir. Les normes sociales définissent le domaine de l'action sociale
en précisant ce que l'individu peut ou ne peut pas faire. Elles
traduisent les valeurs et les idéaux dominants de la
société ou du groupe.
Il existe des normes formelles,
(écrites : lois, différents codes et règlements). Il
existe également des normes informelles qui constituent
en fait les moeurs, les habitudes, les coutumes, etc. (ex.: politesse,
rythme
4 J-D REYNAUD, 1997, « Les règles du
jeu : L'action collective et la régulation sociale », Armand
Colin / Masson, Paris, p XVII, Préface de la 2ème
édition.
7
Didier DELABRE AP-HM / IFCS Promotion
2013-2014
de repas). Le non-respect de ces normes entraîne
généralement des sanctions. »5 Ainsi, les
individus déviants seront sanctionnés par des peines de prison,
des amendes, ou dans le monde du travail par un licenciement ou un blâme
dans le cas de non-respect des normes formelles. En ce qui concerne les normes
informelles, leur non-respect ou leur transgression, sera sanctionné
principalement par des sanctions morales pouvant aller jusqu'à
l'exclusion du groupe d'appartenance. Ainsi le respect des normes contribue
à la cohésion sociale.
L'auteur insiste sur la fonction de cohésion des
normes. Prise au sens des normes informelles, elles sont la plupart du temps
érigées de manière inconsciente pour le groupe afin de
maintenir ou renforcer sa cohésion.
? La régulation
Nous pourrions définir la régulation comme le
fait pour une organisation ou un groupe d'élaborer les règles,
lois, règlements qui vont régir son fonctionnement. Appuyons-nous
sur la définition d'une organisation de Jean-Daniel Reynaud : «
Ce qui définit une organisation, c'est que c'est un ensemble
d'activités consciemment coordonnées. La régulation y a un
auteur. Mais quel auteur ? La direction, bien sûr, et tout l'encadrement,
hiérarchique ou fonctionnel, voire les conseillers extérieurs,
mais aussi les exécutants eux-mêmes : dans le fonctionnement
quotidien de l'organisation, ils inventent eux-aussi des règles... La
régulation dans une entreprise, bien que celle-ci possède une
direction officiellement désignée, est finalement complexe comme
pour tout acteur collectif. »6 Dans un premier temps, nous
dirons que la régulation correspond à l'activité d'une
organisation ou d'un groupe qui consiste à inventer ses règles.
Cette régulation fait appel non
5 Bibliographie (Wikipedia) Pierre Demeulenaere, Les normes
sociales, Paris, Presses universitaires de France, 2003.
6 J-D Reynaud, 1997, « Les règles du
jeu : L'action collective et la régulation sociale », Armand
Colin / Masson, Paris p 108
8
Didier DELABRE AP-HM / IFCS Promotion
2013-2014
seulement à la créativité des divers
acteurs, qu'il s'agisse des dirigeants, des cadres ou des exécutants,
mais elle fait également appel à un jeu de négociations
entre ces divers acteurs. Pour J-D Reynaud, ce jeu de négociations
s'exerce au moment de la création de la loi, par exemple dans les
étapes de consultation des partenaires sociaux par l'Etat au cours de la
préparation des lois sur le travail, ou sur le régime des
retraites,... Mais, il s'exerce encore pendant l'application même de la
loi. Telle loi sera renégociée à l'occasion d'un
changement de gouvernement, ou à cause de l'évolution de la
société, des habitudes.
« Les règles sociales ne sortent pas tout
armées d'une conscience collective. Elles sont le produit des
interactions sociales et, plus précisément, de l'engagement des
individus dans une action collective...
Les règles de différentes sources peuvent
concourir à une régulation commune, mais elles peuvent aussi
s'affronter. Le concours est parfois (est souvent) une concurrence. Il y a bien
une lutte des règles... »7 Dans cette lutte, les
divers acteurs, collectifs ou individuels, utilisent toutes les ressources
à leur disposition pour agir les uns sur les autres. Dans ces rapports
de force, ils feront appel à la pression directe et à la
séduction ou à l'influence, à la menace économique
comme à la pression morale et à l'appel aux règles de
droit. Pour préciser notre définition, la régulation est
donc cette lutte des règles et normes des divers groupes, acteurs
collectifs, dans la constitution des règlements. J-D Reynaud distingue
ensuite trois types de régulation :
? Une régulation endogène, c'est-à-dire
l'élaboration par le groupe de ses propres règles, en interne
pour ainsi dire.
? Une régulation exogène, imposée par une
autorité extérieure au groupe qu'il s'agisse de l'état, ou
de la direction de l'entreprise.
7 J-D Reynaud, 1997, « Les règles du
jeu : L'action collective et la régulation sociale », Armand Colin
/ Masson, Paris, p 139
9
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2013-2014
? Une régulation conjointe qui résulte de la
confrontation des deux régulations précédentes et de
processus de négociation qui s'engage entre elles.
|