II. LES SOLUTIONS ENVISAGEES POUR AMELIORER LA PRISE
EN
CHARGE DES ETUDIANTS EN OSTEOPATHIE
Dans notre pratique, nous recevons principalement des patients
algiques, avec comme motif de consultation premier les douleurs
musculo-squelettiques [30], en particulier les lombalgies.
Cependant, lors de notre formation, nous avons appris à
manipuler et traiter des zones le plus souvent non douloureuses. Prenons
l'exemple d'un cours de T.D. de deuxième année portant sur les
techniques structurelles (haute vélocité-basse amplitude) sur les
vertèbres lombaires. Le cours commence par des rappels anatomiques,
ainsi que biomécaniques, puis les étudiants revoient les
différentes notions et tests appris dès la première
année. Enfin vient la présentation des techniques en
elles-mêmes. Le professeur-ostéopathe va montrer de nombreuses
fois le placement sur un étudiant volontaire, et réaliser la
correction sous forme de thrust (mobilisation passive de haute
vélocité-basse amplitude) sur une vertèbre lombaire
retrouvée en dysfonction.
Bien que la notion de craquement ne soit pas synonyme de
réussite de la technique, l'étudiant manipulé va ressentir
la sensation d'être « débloqué » et retrouver une
plus grande mobilité [31] [32]. Puis, chaque étudiant va
réaliser les mêmes étapes, à de nombreuses reprises,
et ce sur plusieurs étudiants, afin de manipuler différents
gabarits.
Impact de la sursollicitation ostéopathique chez les
étudiants en ostéopathie, Franceschi Nina, COP AM,
2019-2020
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C'est cette répétition de manipulations qui,
à terme, engendre des douleurs et des répercussions sur la
qualité de vie des étudiants. En effet, les manipulations de type
structurel sont des manipulations articulaires de haute vélocité,
ce qui implique la réaction de plusieurs récepteurs
kinesthésiques des articulations : corpuscules lamelleux ou de Pacini,
mécanorécepteurs de type 2 ou corpuscules de Ruffini, et
terminaisons libres [33]. Ces récepteurs sont soutenus par des ligaments
semblables à des faisceaux neuro-tendineux, et permettent l'ajustement
de l'inhibition réflexe des muscles lorsque l'articulation est en
contrainte. Si nous dépassons le seuil d'excitabilité d'un des
récepteurs par thrusts répétés sur une même
zone, comme c'est le cas lors de l'apprentissage des techniques, nous pouvons
entrainer à terme des décharges permanentes des arcs
réflexes, ce qui engendre une souffrance capsulo-ligamentaire, et donc
une exacerbation de la douleur. Ces propos rejoignent ceux d'Irvin Korr sur les
effets secondaires d'un déséquilibre neurologique et nous
interpellent sur leurs conséquences à long terme sur les
étudiants en ostéopathie.
Quelles solutions pouvons-nous apporter à la prise en
charge des étudiants en ostéopathie ?
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