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PCA et crise sanitaire


par Mathieu Giusiano
Université Aix-Marseille  - Master Qualité et Gestion des Risques 2020
  

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II. Le Plan de Continuité d'Activité

A. Le PCA - Origine

1. Les premières normes

« Le hasard ne favorise que les esprits préparés » - Louis Pasteur

La multiplication de situations de crise telle qu'on a pu le constater précédemment nécessite la mise en place d'outils permettant d'assurer la continuité de l'activité des entreprises, et ceci tout en préservant la santé de leur personnel. En 1988 la création du DRI (Disaster Recovery Institute) apporte une première vision de la continuité d'activité. Cet institut apporte des conseils et du soutien à de nombreuses entreprises dans le monde et fournit notamment des formations, accréditation et leadership éclairé sur la thématique de continuité d'activité. C'est donc pour faire face à l'apparition de catastrophe qu'apparaissent les Plans de Secours Informatiques (PSI), les Plans de Reprise d'Activité (PRA) et les Plans de Continuité d'Activité (PCA). Le Comité de la Réglementation Bancaire et Financière en date du 21 février 1997 modifié le 8 janvier 2004, définit le PCA dans son article 4 comme « l'ensemble des mesures visant à assurer, selon divers scénarios de crises, y compris face à des chocs extrêmes, le

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maintien, le cas échéant de façon temporaire selon un mode dégradé, des prestations de services essentielles de l'entreprise puis la reprise planifiée des activités ». Ces plans s'attachent à répondre à une situation d'incertitude et à prévoir l'imprévisible afin de limiter les pertes et préserver la santé des salariés en période de crise. Il s'agit donc, pour une entreprise, de pallier les conséquences de l'arrêt de son activité, voire de contribuer à l'éviter en identifiant différents types de scénarios qui pourraient survenir. C'est ainsi que le Plan de Continuité d'Activités doit répondre à deux objectifs. Le premier est d'identifier les principaux événements qui pourraient frapper et rendre indisponible pour une durée significative une organisation ou un site. Cela peut provenir des catastrophes naturelles, d'actes terroristes, de malveillance, de pandémie, etc. Le second objectif correspond à la conception d'un plan de continuité d'activité optimisant les processus pour une reprise normale d'activité de l'organisation ou du site. Par ailleurs, un PCA permet de limiter les conséquences d'un sinistre à court et à long terme. A court terme tout d'abord il limite les pertes de chiffre d'affaires, de marge, de pénalités de retard, etc. A long terme ensuite, il limite les pertes de clients, de l'image de marque, des impacts juridiques, voire des problèmes sociaux.

L'instauration du PCA s'appuie sur deux sources :

· La norme British Standard Institute BS 25 999 : cette norme de Management de la Continuité d'Activité (MCA) apparu en 2006 comprend deux parties. La première partie pose les bases de bonnes pratiques quant à l'établissement des processus, des principes et des terminologies du MCA. La seconde partie est davantage axée sur les exigences de la mise en place, l'exploitation et l'amélioration du MCA.

· La norme ISO 22 301 : Mise à jour en 2019, cette récente norme a pour vocation de fournir un cadre de référence pour planifier, établir, mettre en oeuvre, exécuter et améliorer le Système de Management de Continuité d'Activité. Prévue pour être applicable à toutes les organisations, la présente norme vise à faire de la continuité d'activité un processus majeur de l'organisation.

Il convient également de préciser que l'élaboration d'un PCA équivaut à l'établissement de procédures documentées servant de guide à toutes les organisations visant à faire face à une situation de catastrophe pour laquelle quatre scénarii peuvent apparaitre : l'indisponibilité des

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ressources humaines, l'inaccessibilité et l'indisponibilité des bâtiments, l'interruption du système d'information et de la téléphonie ainsi que la défaillance de prestataire et sous-traitants stratégiques. La prise en compte de ces différents éléments via un PCA donne de fait un avantage concurrentiel aux organisations puisqu'il démontre un signe de maturité de l'organisme et rassure les parties prenantes.

De plus, l'apparition de la notion de continuité d'activité via l'existence des normes a permis de légitimer la fonction de Responsable Plan de la Continuité des Activités (RPCA). Dans le cadre de l'élaboration et de la gestion d'un PCA, le RPCA a la charge de sa formalisation de manière efficiente, son évaluation ou encore la mise à jour d'outils permettant la bonne réalisation des missions de contrôle. Parmi ses nombreuses missions, le RPCA se doit d'assurer la vision d'ensemble de la Continuité d'activité dans le cadre de son système de management, il doit mettre à jour le Plan de Reprise d'Activité et le Plan de Continuité d'activité de manière régulière afin que ces documents soient en constante adéquation avec la réalité du marché et doit avoir une vision à long terme de la démarche au-delà des moyens alloués.

2. Aspect réglementaire

Afin d'apprécier l'importance et le poids qu'a pris la notion de Système de Management de la Continuité d'Activité (SMCA), il convient de préciser le cadre réglementaire qui a permis l'évolution de cette notion.

Il apparait que l'élaboration d'un PCA est obligatoire dans certains secteurs. Le comité de Bâle, créé en 1974 regroupe les représentants des banques centrales et autres organismes de surveillance bancaire. Il est la principale instance d'établissements des normes et recommandations des activités bancaires. C'est ainsi qu'en 2004, les Accords de Bâle II rendent obligatoire l'élaboration d'une PCA dans les banques. Il s'agit d'intégrer une culture du risque et de préparer les banques à d'éventuelles catastrophes pouvant conduire à la mise en place d'une stratégie de continuité d'activité afin de maintenir l'équilibre financier mondial. Plus largement, les accords de Bâle II s'appuient sur trois piliers. Le premier est axé sur l'exigence de fonds propres des banques qui doivent représenter au moins 8% des crédits qu'elles ont accordés. Il s'agit de prévenir les risques des crédits via un calcul plus sophistiqué afin d'assurer une liquidité des banques en période de crise. Le deuxième pilier repose sur la procédure de surveillance de la gestion des fonds propres qui consistent en une évaluation de l'adéquation du

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niveau de ces fonds propres en lien avec les risques auxquels ils peuvent être confrontés. Enfin, le troisième pilier promeut la transparence et la discipline du marché. Les banques ont une obligation accrue de communiquer leur état financier ainsi que le montant effectif de leurs fonds propres.

La seconde obligation d'élaboration d'un PCA concerne les sociétés cotées au NYSE. C'est la loi Sarbanes-Oxley du 30 juillet 2002 qui impose donc aux entreprises cotées au New York Stock Exchange qui constitue la plus grande bourse mondiale d'assurer un contrôle interne. Cela passe notamment par la mise en oeuvre de procédures cadrées en matière de contrôle interne. Il convient de relever que l'objectif premier de cette loi est de « fournir des contrôles protégeant l'information contre toute utilisation, divulgation ou modification non autorisée et contre tous dommages ou pertes à l'aide de contrôle ». Il s'avère en effet, que le PCA est un outil permettant de limiter les pertes financières, et en cela il répond à la présente loi. Toutefois, la loi ne concerne pas uniquement les entreprises américaines. Les entreprises européennes ayant des intérêts avec les entreprises américaines que ce soit par l'existence de filiales ou diverses autres relations commerciales peuvent également être soumises à cette loi. Néanmoins, la loi Sarbanes-Oxley, ou loi SOX, trouve son influence en France avec la Loi de Sécurité Financière en 2003. De fait, ladite loi repose sur trois axes majeurs que sont la responsabilité accrue des dirigeants, un renforcement du contrôle interne ainsi qu'une réduction des sources de conflits d'intérêt.

Enfin, Solvabilité II provenant de la Directive du Parlement Européen et du Conseil en 2009 rend obligatoire l'élaboration d'un plan de continuité dans les secteurs de l'assurance. En effet, l'alinéa de l'article 41 sur les Exigences générales en matière de gouvernance stipule que « les entreprises d'assurance et de réassurance prennent des mesures raisonnables afin de veiller à la continuité et à la régularité dans l'accomplissement de leurs activités, y compris par l'élaboration de plans d'urgence. A cette fin, elles utilisent des systèmes, des ressources et des procédures appropriés et proportionnés »1. Il s'agit une fois encore d'instaurer des procédures qui permettent d'élaborer et de documenter des plans d'urgence afin de s'assurer que l'activité peut être maintenue, en dégradé, en période de crise.

1 Directive 2009/138/CE du Parlement Européen et du Conseil

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Toutefois, hormis les cas spécifiques décrits précédemment, l'élaboration du PCA n'est pas une obligation dans une organisation. De même, aucune loi n'impose à un organisme de maintenir son activité en période de crise. Ainsi, bien qu'il soit fortement recommandé de mettre en place un PCA afin d'assurer la pérennité de l'entreprise, l'employeur n'est pas tenu de maintenir son activité lorsqu'un évènement affecte le fonctionnement normal de l'entreprise.

B. Norme ISO 22 301

1. Origine de la norme ISO 22 301

La norme ISO 22 301 correspond à une norme relative au Système de Management pour la gestion de la Continuité des Activités (SMCA) dans le domaine de Sécurité et Résilience. Comme nous avons pu le constater précédemment, la présente norme remplace la BS 25 999 du British Standards Institute. L'Organisation Internationale de Normalisation (ISO) qui introduit les normes dans les domaines industriels et commerciaux a ainsi instauré en 2012 le SMCA. Le SMCA est un processus de gestion globale qui veille aux menaces potentielles pesant sur l'organisation et les impacts de celles-ci sur l'activité. Il s'agit donc de préserver les intérêts vis-à-vis des principales parties prenantes, sa réputation, sa marque ainsi que les valeurs qu'elle promeut. De plus, puisque la norme ISO 22 301 s'inscrit dans le cadre du système de management d'une organisation, elle évolue dans un cycle d'amélioration continue. Cela signifie que le processus doit assurer un effort continu afin d'améliorer les produits, les services et les processus. Pour s'assurer de cette procédure, la norme ISO 22 301 se découpe en quatre parties issues de la roue de Deming :

Ø Plan : Il s'agit de la planification de la continuité. Cette phase passe par l'implication de la direction dans la mise en oeuvre et l'application de cette norme. Elle comprend de fait l'élaboration d'une politique de continuité en respectant les exigences légales. C'est lors de cette phase que le responsable du SMCA analyse les risques pouvant affecter la bonne conduite de l'activité afin d'en faire ressortir les solutions de continuité possible et les ressources à allouer pour les réaliser.

Ø Do : A ce stade, il faut mettre en oeuvre les processus en charge de la continuité d'activité. Cela correspond donc à des dispositifs de gestion de crise, un protocole de

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veille et d'alerte mais aussi l'élaboration du Plan de Reprise d'Activité. Ce document établit les procédures qui permettent la reprise des activités en adoptant des mesures temporaires pour répondre aux exigences habituelles à la suite d'un incident. C'est lors de cette phase que le Plan de communication est également instauré dans le but que chacun des collaborateurs soient concernés et impliqués dans la procédure de continuité d'activité.

Ø Check : Cette phase consiste à surveiller, mesurer et parfois auditer les procédures relevant de la norme ISO 22 301. L'établissement d'exercices et de tests permet de s'assurer de la fiabilité des procédures en réponse à une crise. Cela passe notamment par la pertinence des scénarii de risques et l'évaluation des mesures de réductions des impacts en cas de survenance d'un risque majeur. Il s'agira de prendre des mesures de correction si des écarts apparaissent entre les attentes des procédures et leur réalisation effective.

Ø Act : Cette dernière étape s'axe véritablement sur la thématique de l'amélioration continue. Le retour d'expériences des tests et exercices faits lors de la phase précédente permet de comprendre la nature et l'amplitude des écarts entre le cadre méthodologique tel qu'il a pu être énoncé et la réalité des pratiques mises en oeuvre.

Par ailleurs, le SMCA a également pour vocation d'améliorer la résilience de toute entreprise. La notion de crise est fortement corrélée à la notion de changement. En effet l'apparition d'une crise peut faciliter le changement organisationnel. On parle alors de changement radical pouvant être définit comme « un changement majeur, global et rapide qui survient en situation de crise réelle ou appréhendée »1. Il convient de préciser qu'en réponse à une crise, le changement peut être volontaire et délibéré2. Mais le changement peut aussi être subi, ce qui engendre des répercussions négatives pour l'organisation. C'est dans ce contexte que la notion de résilience prend tout son sens. La résilience peut s'apparenter à la valeur caractérisant la résistance à un traumatisme où l'intérêt réside dans sa capacité à évoluer et à grandir. L. Bout définit en 2005 la résilience organisationnelle comme « un principe qui réside dans la capacité à sortir plus fort d'un traumatisme et qui permet de mettre en évidence la capacité intrinsèque

1 Soparnot, R, 2005 :33

2 Demers, C, 1999

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des organisations à retrouver leur état d'équilibre, soit leur état initial, soit un nouvel équilibre, pour fonctionner après un désastre ». Cette notion fait écho à la continuité d'activité car la résilience permet également de relever la capacité d'une organisation à faire face à une crise en y résistant dans un premier temps, mais aussi en changeant et en grandissant. Ce constat s'apparente fortement à l'amélioration continue dans lequel évolue le SMCA issue de la norme ISO 22 301.

2. Méthodologie de la norme ISO 22 301

Nous avons pu voir précédemment que le SMCA s'inscrit dans une démarche qualité à travers le PDCA en tant que système de management. De ce fait, le Plan de Continuité d'Activité est assimilé à la culture de l'organisation. La norme ISO 22 301 décrit en ce sens la méthodologie à adopter pour assurer de manière efficience l'intégration du SMCA au sein d'une entreprise.

Les prérequis à la mise en oeuvre d'un SMCA

L'objectif d'un SMCA est de déterminer les processus où il est nécessaire de minimiser voire supprimer les risques potentiels pouvant bousculer le fonctionnement normal de l'activité et pouvant entacher la santé des salariés. Pour cela, il est primordial d'identifier en amont les objectifs de l'organisation et les obligations vis-à-vis des parties prenantes ainsi que les processus métiers et les différentes activités. Cela permettra de déterminer les activités critiques de l'organisation, qui sont indispensables à sa pérennité. Il est également nécessaire de recenser les besoins des acteurs essentiels à la continuité d'activité en mode dégradé suite à la survenance d'un évènement majeur. Un fonctionnement en mode dégradé consiste en la fourniture de produit ou de service jugé indispensable malgré le manque de ressources financières, matérielles et humaines notamment dans le cadre d'une situation de crise. C'est la raison pour laquelle l'estimation des ressources minimales nécessaire pour la reprise des activités doit être faite également au plus tôt. Le SMCA permettra également d'estimer deux indicateurs primordiaux dans la gestion de crise. Le premier est le Délai Cible de Rétablissement (Recovery Time Objective/RTO) qui est la durée maximale d'interruption après un sinistre. Cet indicateur est mis en lien avec le Recovery Point Objective (RPO) qui correspond au niveau d'informations nécessaire à une activité afin qu'elle puisse être opérationnelle lors de sa reprise.

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Cette première étape de mise en place d'un SMCA permet d'établir des objectifs qui s'apparent bien souvent à la préservation des intérêts du personnel et des autres parties prenantes, la conformité aux engagements légaux et réglementaires, le maintien du niveau de performance financière mais aussi l'avantage concurrentiel que l'adoption de cette norme peut apporter par rapport aux entreprises concurrentes n'ayant pas réalisé cette démarche. L'atteinte de ces objectifs passe par la définition d'un périmètre qui détermine ce qui est inclus dans le SMCA et ce qui en est exclu. La définition du périmètre est un facteur à ne pas négliger car s'il n'est pas clairement défini le SMCA ne répondra pas aux attentes lors d'une crise ce qui peut fragiliser l'organisation au lieu de la renforcer. Il existe trois frontières du périmètre :

Ø Les limites organisationnelles : il s'agit ici de prendre en compte les unités organisationnelles qui seront inclus dans le SMCA, leurs structures ainsi que les responsabilités de chacun. Ce premier périmètre est généralement public et peut être consulté sur le site Web de l'entreprise ou sur leur intranet.

Ø Les limites des lignes d'activité : Plus précisément, on détermine à ce stade les produits et/ou services qui seront inclus dans le SMCA.

Ø Les limites physiques : il s'agit du lieu géographique qui sera inclus dans le périmètre, ainsi que les besoins nécessaires pour assurer son bon fonctionnement, notamment en mode dégradé.

La mise en oeuvre d'un SMCA

En prenant en compte les divers éléments détaillés plus haut, la mise en oeuvre d'un SMCA consiste à rendre opérationnel la stratégie de continuité d'activité. En effet, la stratégie doit être en cohérence avec les ressources disponibles en cas de situation de crise. Pour cela, il est pertinent de mettre à dispositions des collaborateurs des outils facilitant la communication tels que des lignes téléphoniques d'urgence, des salles de réunions équipées ou encore des VPN (Virtual Private Network), c'est-à-dire un système qui permet de créer un lien direct entre des ordinateurs distants tout en les isolant du reste du trafic. Pour rappel, l'apparition d'une crise peut conduire à différents scénarii d'indisponibilité (par site, par activité, par pays, ...) auxquels les stratégies de continuité d'activité se devront de répondre. C'est au caractère singulier et unique d'une crise et aux conséquences spécifiques qu'elle engendre que le SMCA se doit de répondre.

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Afin de s'assurer que les stratégies de continuité d'activité soient cohérentes, deux indicateurs doivent être établis. Le premier est la Durée Maximale d'Indisponibilité Admissible (DMIA). Selon l'ISO 22 301, il permet de définir le « temps nécessaire pour que les impacts défavorables pouvant résulter de la non-fourniture d'un produit/service ou de la non-réalisation d'une activité, deviennent acceptables ». Il correspond au RTO dont nous avons fait état précédemment. Le second indicateur est le Business Impact Analysis (BIA). Toujours selon la norme ISO 22 301 il est défini comme le « processus d'analyse des activités et de l'effet qu'une perturbation de l'activité peut avoir sur elles ». Autrement dit, le BIA est chargé d'identifier les activités et les processus critiques de l'organisation pour en analyser les impacts et les conséquences en cas d'arrêt des activités. Pour assurer cela, le BIA contient un descriptif de l'ensemble des activités, et notamment les activités jugées critiques, et l'évolution des impacts sur celles-ci. Une méthode d'évaluation des risques permet leur identification et leur évaluation dans l'objectif de les hiérarchiser. Pour cela, deux facteurs doivent être prise en compte : la gravité du risque et sa fréquence. La gravité du risque correspond au niveau de perte qu'implique la survenance d'un sinistre. La fréquence du risque équivaut au nombre de fois où le sinistre se réalise. Chacun de ces deux indicateurs est évalué par ordre croissant (généralement de 1 à 4). Cela signifie que le niveau de risque correspond au produit de ces deux indicateurs (un risque côté à 1 sur sa gravité et sa fréquence sera un risque faible/ un risque côté 4 sera élevé). L'ensemble des risques et leur cotation sera représenté dans une cartographie des risques. Ce document permet de faire ressortir les risques pour lesquels l'impact est le plus élevé. La finalité de cette méthode consiste à réaliser des plans de prévention pour faire diminuer l'impact de ces risques, c'est-à-dire transformer un risque brut élevé en un risque résiduel comportant un impact moindre. Il existe trois grands types de mesures :

Ø La mesure préventive : cette mesure située en amont d'un potentiel sinistre veille à s'assurer que les impacts de l'apparition de celui-ci ne touchent pas ou très peu l'organisation.

Ø La mesure de détection : déclenchée lors de l'incident, cette mesure à court terme donne rapidement des informations sur la situation afin d'agir au plus vite. On peut prendre pour exemples les alarmes incendies, les caméras de sécurités, les systèmes de détection d'intrusion...

Ø

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La mesure corrective : Située à posteriori d'un sinistre, la mesure corrective consiste à atténuer les conséquences de celui-ci. Ces mesures doivent être prises en compte dans l'amélioration continue que promeut la norme ISO 22 301.

Outre l'importance primordial que nécessite l'évaluation des risques, la mise en oeuvre du SMCA se doit également d'établir des mesures à prendre en cas de crise. Pour cela, la stratégie de continuité doit faire figurer les différentes solutions de repli oeuvrant à préserver la santé du personnel. Par ailleurs, une cellule de crise doit être constituée. Elle peut être composée des membres du personnel dont :

Ø Le responsable de la cellule de crise : Il a la responsabilité de l'organisation. De fait, il est la personne qui prendra les décisions stratégiques, désigne le pilote de la cellule de crise et valide avec lui la composition de la cellule. Il est également chargé d'anticiper les conséquences à moyen et long terme.

Ø Le responsable opérationnel : Généralement élu pilote de la cellule de crise, il est chargé d'évaluer la situation, de mettre en place des solutions pour assurer sereinement la reprise des activités et coordonne les ressources techniques et logistiques.

Ø La fonction communication : elle définit et met en oeuvre les politiques de communication en interne auprès du personnel pour lui communiquer la conduite à tenir. Elle communique également les informations à l'externe, notamment pour les médias, les clients, les fournisseurs, ...

Ø La fonction logistique : elle a la charge d'allouer les ressources pour assurer la reprise des activités, et gère le site lors de la crise. La fonction logistique est également tenue d'assurer le retour à la normale sur le site principal après une période d'indisponibilité.

A travers les membres qui composent la cellule de crise, on constate qu'elle est une entité essentielle en période de crise. En effet, elle est responsable des décisions conduisant à la bonne continuité des activités et à la préservation de la santé de son personnel. Ainsi pour faciliter l'organisation et la bonne communication entre ses membres, il est important de prédéfinir les salles de gestion de crise et de les équiper d'outils essentiels tels que des téléphones, une imprimante et un fax, des prises réseaux et autres fournitures de bureau.

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Pour faciliter l'organisation en gestion de crise et garder une traçabilité des décisions, de nombreuses fiches sont renseignées. Parmi elles, existe :

· Les fiches « aide à la décision » : elles permettent dès l'apparition de la crise de faciliter la prise de décision en envisageant les solutions les plus adaptées à la situation ;

· La fiche « point de situation » : elle permet la remontée d'information en temps réel auprès des acteurs concernés dans l'objectif de déterminer les actions à mener et les responsables qui en auront la charge ;

· La fiche « bilan de crise » : remplie à la fin de la crise cette fiche permet de faire un bilan sur la situation finale avec notamment le recensement des impacts et la rédaction d'un compte rendu complet ;

· La fiche « retour d'expérience » : dans un souci d'amélioration continue, cette fiche permet de recenser les points forts et les points faibles qui ont pu être relevés lors des différentes phases de la crise.

Contrôler, mesurer et améliorer le SMCA

Afin d'assurer l'amélioration continue du SMCA, il est essentiel de réaliser des tests qui permettent de relever les points faibles et les points forts de celui-ci. La mise en place d'exercices va également familiariser les acteurs du PCA avec les procédures ce qui assure une meilleure anticipation des incidences et des crises. Tous ces éléments veillent à la mise à jour de manière régulière du SMCA et vérifie que les acteurs du PCA soient toujours compétents. La phase de tests a donc une grande importance du fait qu'ils permettent de relever la capacité de l'organisation à mettre en oeuvre le PCA et à assurer sa bonne utilisation. L'ensemble des tests aboutit à un Retour d'Expérience (REX). Autrement dit, le retour de ces tests permet de tirer des enseignements afin de mettre à jour et corriger le PCA. En cela, la norme ISO 22 301 déclare que « cumulés au fil du temps, les exercices et tests valident l'ensemble des dispositions en matière de continuité d'activité, en impliquant les parties concernées ».

Il existe différents types de tests :

Ø Test « sur table » : il s'agit de mobiliser la cellule de crise afin de vérifier sa capacité de réaction, d'adaptation et de réalisation des procédures.

Ø Test « sélectif » : il cible une ou plusieurs activités critiques pour évaluer la mise en oeuvre de la gestion de la continuité en cas de crise.

Ø

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Test PCA global : centré sur l'ensemble de l'organisation en conditions réelles, il s'agit du type de test le plus complet qui permet d'évaluer la totalité des processus et l'ensemble des acteurs clés.

Il convient de préciser que pour les différents types de tests, le personnel peut soit être informé de la date de réalisation et son envergure, soit ne pas l'être pour assurer une réelle mise en situation.

Outre la réalisation de tests et d'exercice, il est pertinent de mesurer la performance du SMCA. La performance d'un système peut être perçue comme l'évaluation de l'effort consacré à l'atteinte d'un objectif particulier. Pour cela un indicateur de performance doit permettre à un décideur de conduire une action particulière ou lui permettre d'en évaluer le résultat. Pour être pertinent, l'indicateur doit être associé à un objectif stratégique mais il doit également permettre de comprendre les facteurs de réussite ou d'échec. De plus, il est possible de distinguer les indicateurs quantitatifs qui portent sur des éléments chiffrés, des indicateurs qualitatifs qui décrivent la qualité d'un résultat. Dans le cadre de l'évaluation d'un SMCA, il est possible d'évaluer la performance du système via des indicateurs tels que le coût moyen d'un incident, le nombre d'heures de formation par employés, le nombre d'exercices réalisés en un an, etc.

Pour finir, l'audit interne est également un moyen incontournable pour évaluer son système de management. Selon l'Institut des Auditeurs Internes, l'audit interne peut être défini comme « une activité indépendante et objective qui donne à une organisation une assurance sur le degré de maîtrise de ses opérations, lui apporte ses conseils pour les améliorer, et contribue à créer de la valeur ajoutée ». L'objectif de l'audit interne pour une organisation consiste à l'aider dans l'atteinte de ses objectifs en évaluant ses processus, son contrôle et sa gouvernance. En matière de SMCA, l'auditeur sera amené à examiner l'état des lieux, c'est-à-dire si ses activités critiques ont été correctement analysée et si la stratégie est en cohérence avec ses besoins. Il évaluera également la conduite du projet du PCA avec l'adéquation des ressources mobilisées, son intégration dans la culture de l'entreprise et la qualité des processus supports. Ainsi, en plus de vérifier la pertinence du système de management, l'audit interne va également vérifier sa conformité par rapport au référentiel de la norme ISO 22 301.

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C. Le Plan de Continuité d'Activité en réponse à la crise sanitaire

1. Le PCA : un outil qui se veut préventif

Il semble intéressant de se pencher sur l'application d'un Plan de Continuité d'Activité en réponse à une crise sanitaire pour plusieurs raisons. Comme nous avons pu le constater, une crise peut être de plusieurs natures et peut également être amenée à évoluer. Au niveau national, il est fait état de cinq risques majeurs pouvant conduire à une situation de crise : la menace terroriste, les risques naturels, les risques technologiques, les risques sanitaires et les risques cyber. Ainsi, une crise d'origine technologique (ou industrielle) peut conduire à une crise sanitaire en cas de libération dans l'air, l'eau ou le sol de produits chimiques. Nous avons pu nous rendre compte que la crise peut être évaluée différemment selon la perception des acteurs concernés, toutefois il s'avère que le concept de crise est fortement corrélé avec la notion d'incertitude. En France, le Plan National de Prévention de de Lutte « Pandémie Grippale » annonce que « le propre de la crise tient à l'incertitude. S'il est possible de la réduire, on ne peut jamais l'éliminer totalement ». Bien que cette notion d'incertitude soit inhérente à chaque crise, elle prend une place prépondérante en situation de crise sanitaire. En ce sens, le chercheur C. Roux-Dufort résume la crise en une « somme d'accumulation de déséquilibres et d'ignorance managériale »1. Il apparait en effet que l'incertitude est d'autant plus forte lors de crises sanitaires anxiogènes en raison du caractère indéfini de celles-ci. Dans un entretien avec le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) en avril 2004, Edgar Morin explique qu'initialement les citoyens étaient rassurés de voir le président Emmanuel Macron s'entourer d'un conseil scientifique. Mais devant les avis et points de vue contradictoires des scientifiques entre eux, il est apparu que la science ne peut pas toujours fournir de réponse en matière de crise sanitaire telle que celle de la COVID-19. Le philosophe déclare alors « nous essayons de nous entourer d'un maximum de certitudes, mais vivre, c'est naviguer dans une mer d'incertitudes, à travers des îlots et des archipels de certitudes sur lesquels on se ravitaille ». Une organisation ressent la même chose au cours de son évolution en souhaitant acquérir de nouvelles parts de marché, en se développant en interne, par le partenariat de nouveaux partenaires, etc. Cela est d'autant plus vrai en période de crise ou de nombreux repères deviennent caduques et ne permettent plus d'assurer le bon suivi de l'activité et l'évolution de l'environnement. En cela, la planification apparait comme un dispositif permettant d'encadrer

1 C. Roux- Dufort, « Gérer et décider en situation de crise », Dunod 2002.

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l'activité en période de crise, mais elle doit également comporter une part de flexibilité et d'agilité, notamment en période de crise sanitaire. Nous avons pu voir que la mise en place d'un PCA permettait de répondre à une indisponibilité de ressources d'ordre humain, matériel ou du système informatique. Néanmoins il apparait que lors d'une crise sanitaire apparaissent de nombreuses indisponibilités simultanément. Bien souvent les PCA sont adaptés pour répondre à des situations brusques liés à des pénuries de ressources et d'infrastructures locales. A contrario, une crise sanitaire provenant d'une pandémie n'engendre, a priori, aucun dégât matériel mais peut conduire à des impacts extrêmes sur l'état de santé d'une vaste population. Une partie du personnel peut être affecté par le virus, les déplacements peuvent être réduits afin de limiter la contagion, et la présence dans les infrastructures pourrait être réduite durant un certain temps. De plus, les conséquences induites au niveau mondial par une pandémie rendent la définition du périmètre des indisponibilités plus difficile. Suite à la pandémie de la COVID-19, Edgar Morin explique qu'il est très difficile d'en cerner les dimensions en raison du fait que l'on ne connait pas l'origine même du virus, les différentes formes qu'il peut prendre et sa potentielle évolution ainsi que les personnes auxquelles il s'attaque. De plus, les conséquences initialement sanitaires peuvent conduire à l'apparition de crises ultérieures ou concomitantes d'ordre social et économique.

2. Le PCA face à la complexité et la virulence des récentes crises sanitaires

En matière de Plan de Continuité d'Activité il est évident qu'il est nécessaire de prévoir des mesures de prévention pour la protection des salariés tout en maintenant l'activité en sécurisant les postes essentiels. En cela, il est important d'anticiper des scénarii de risques afin de préparer en amont des plans d'actions réalisables lors d'une situation de crise. Toutefois, il n'est pas possible de tout anticiper en raison du caractère incertain d'une crise. En effet, les accidents industriels de Tchernobyl en 1986 et de Fukushima et 2011 ont impacté de nombreuses organisations sur des zones très étendues. Ces deux catastrophes nucléaires ont eu des conséquences telles que nul ne pouvait les prédire. Ainsi, outre l'impossibilité de se rendre dans les locaux situés dans la zone d'exclusion nucléaire, les risques sanitaires sont également omniprésents. La radioactivité induite par l'explosion peut quant à elle perdurer dans l'air, l'eau et les sols pour de nombreuses années. Suite à l'accident nucléaire de Fukushima, le Ministre de la Science du pays a indiqué que 30 000km2 du sol japonais restaient contaminés au césium.

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A ce titre, une zone de 1 800 km2 est classée comme durablement inhabitable. Ces paramètres ne sont que peu imaginés dans la conscience du gestionnaire en charge de l'élaboration du PCA. Toutefois, concernant les organisations se situant à proximité de sites Seveso, et tout particulièrement des centrales nucléaires, il est pertinent de rapporter les risques encourus dans le PCA car bien qu'ils ne paraissent que peu réalisables, l'Histoire nous a démontré que le pire peut se produire. A ce titre il est également possible de prendre pour exemple l'explosion de l'usine AZF en 2001 située en plein coeur de la ville de Toulouse. Tout comme l'accident survenu à Beyrouth le 4 août dernier, c'est la réaction chimique de nitrates d'ammonium qui a été à l'origine de l'explosion. Bien que les dégâts en pertes humaines et matériels soient considérables, il est possible de constater les effets à plus long terme. En effet, suite à l'accident de l'usine AZF, une étude a permis de répertorier les conséquences sanitaires de l'évènement. Il est apparu que sur un échantillon de 2500 individus, 30% d'entre eux ont été victimes d'acouphènes dans les années qui suivirent. Par ailleurs, 15% des hommes et 22% des femmes ont souffert de stress posttraumatique. Ces éléments viennent démontrer qu'un accident à l'origine industriel peut engendrer de sévères conséquences sur l'état de santé d'une population. A travers le Business Impact Analysis (BIA) présent au sein du PCA, il est possible d'imaginer les scénarios dont nous avons pu faire état afin de protéger au mieux la santé des employés de l'organisation tout en veillant à assurer la continuité de l'activité. En cela, il apparait primordial de définir de manière pertinente le périmètre du PCA par une analyse complète du contexte géographique et organisationnel. Par ailleurs, l'élaboration du PCA permettra de définir la stratégie de continuité selon le scénario de crise. En effet, la gestion de crise sous-entend une mise en oeuvre de dispositifs et procédures nécessaires pour conduire les activités critiques de l'organisation.

En matière de pandémie grippale, le PCA s'avère également très utile. Une pandémie peut avoir des conséquences sur l'état de santé d'une population et pour cela, il est important d'instaurer des moyens de prévention pour limiter sa propagation. En ce sens, l'objectif d'un PCA Pandémie est à la fois de protéger les salariés en limitant la propagation de la pandémie tout en maintenant un certain niveau d'activité. Le mode de contamination d'un agent pathogène peut se faire sous plusieurs formes : contamination par contact, contamination par microgouttelettes ou microparticules aéroportées, contamination par vecteur (moustique, aliments, ...). Les conséquences d'une pandémie sur une organisation peuvent relever d'une diminution des effectifs dont une indisponibilité simultanée de plusieurs dirigeants, des annulations de commandes ou l'impossibilité de les satisfaire, ou encore d'une interruption forcée d'activité.

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Il apparait également que les gouvernements peuvent prendre des dispositions particulières pour protéger la santé de leurs citoyens et contenir la propagation du virus. C'est ce que nous avons pu constater en France le 17 mars 2020 avec les mesures de confinement prisent pour limiter la propagation du virus SARS-COV-2, plus connu sous le nom de COVID-19. Il est toutefois difficile pour le gestionnaire d'imaginer une pandémie d'une telle envergure. A ce titre, et pour fournir un cadre d'analyse, l'OMS recommande plusieurs scénarii se caractérisant notamment par une vague pandémique allant de 8 à 12 semaines avec un taux d'absentéisme de 25% tout au long de la pandémie, pouvant aller à 40% sur les deux semaines de pointe. Par ailleurs, il est défini plusieurs niveaux d'alerte pandémique pour une entreprise passant d'une période de vigilance à une période d'alerte pandémique pouvant aller jusqu'à une période pandémique maximale. A chacune de ces niveaux correspondent des mesures adaptées retranscrites dans le PCA. Pour faire face à une pandémie grippale, il est essentiel de sensibiliser le personnel sur les mesures de protection à adopter. Parmi les principales mesures de précaution il y a se laver les mains de manière régulière, éviter les personnes malades, porter des masques de protection. De fait, ces éléments seront indiqués dans le PCA Pandémie à travers les matériels nécessaires en cas de pandémie et les consignes d'hygiène et de sécurité en cas de contamination.

Pour résumer, le PCA est un outil reprenant de nombreuses thématiques permettant d'assurer une continuité d'activité en préservant la santé des salariés. Cela passe notamment par l'établissement de procédures de précaution pour se prémunir de la situation sanitaire en protégeant la santé du personnel et du public.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery