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Mobilité résidentielle et processus d'étalement de la ville de Niamey (Niger).

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par Abdoulaye ADAMOU
Abdou Moumouni Dioffo - Doctorat de Géographie 2012
  

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5.4. Planification peu efficace face à l'étalement urbain

La présente analyse distingue la planification urbaine et la gestion urbaine qui traduit le jeu des acteurs. Ici, la planification considère tous les textes et schéma d'aménagement mise en place pour régir et contrôler le développement urbain. Dans ce sens, elle est perçue comme quelque chose de plutôt théorique qui doit conditionner la gestion urbaine. Ce qui fait que cette dernière notion est purement pratique et son analyse insiste sur les faits et la manière dont les textes, lois et schémas ainsi que les priorités dégagées sont mis en oeuvre.

La planification a toujours existé au Niger ; elle est apparue comme un instrument obligatoire pour réaliser le développement économique et social du pays. Elle y est, d'ailleurs, considérée comme un long processus qui peut être scindé en quatre grandes étapes à savoir :

- la période coloniale,

- l'étape de 1960 à 1990,

- la période de 1990 à 2000 consacrant la démocratisation,

- et enfin celle de 2004 à nos jours marquant la décentralisation effective du pays.

Il faut dire que chacune de ces étapes correspond à une période de la vie politique du Niger. Cette analyse, qui n'a pas pour objet de relever l'exhaustivité de plans initiés à chaque étape, place la planification urbaine d'abord dans le contexte global de planification nationale. Car jusqu'à récemment, la planification urbaine a eu du mal à se singulariser. Mieux, le maillage de la planification urbaine s'insère dans celui de la planification générale de l'espace et rejoint de ce fait les préoccupations d'Aménagement du Territoire. C'est pourquoi, il paraît primordial de faire un aperçu de l'organisation des villes sur le territoire national, afin de déceler les déséquilibres avant d'aborder les étapes de la planification ; cette dernière a pour but de résorber ce déséquilibre territorial et d'assurer un développement maîtrisé des villes du Niger.

5.4.1. Aperçu sur l'armature urbaine du Niger

La mesure du phénomène d'urbanisation varie d'un recensement à un autre selon les critères considérés dans les différentes analyses. En 1977, le recensement général de la population considère comme centres urbains tous les chefs-lieux de départements, d'arrondissements, toutes les communes et tous les postes administratifs s'ils comptent au moins 2 500 habitants. Cela semble être justifié par le fait qu'à cette date, seuls ces types de localités sont censés être dotés de certains équipements socio-collectifs. Le seuil de 2 500 habitants a permis de classer comme centre urbain 42 localités pour une population urbaine estimée à 656 203 habitants, soit 13% de la population totale du pays.

Le recensement général de la population de 1988 est plus réducteur, car faisant abstraction du poids démographique parmi les critères de définition de centre urbain. Ainsi, il ne considère comme centres urbains que les chefs-lieux de départements, d'arrondissements et les communes. Le caractère administratif est donc le critère exclusivement retenu. Il en résulte une diminution du nombre de villes de 42 à 39, bien que la population urbaine ait augmenté considérablement. Le taux d'urbanisation qui était de 12,86 % en 1977 est passé à seulement 15 % en 1988. Par exemple dans le département d'Agadez, Ingall qui était classé parmi les centres urbains en 1977 selon le seuil démographique retenu, ne figure plus dans la catégorie urbaine de 1988. La reconduction des critères de définition de centre urbain de 1988 en 2001 a donné lieu une stagnation du nombre de villes passant de 39 à 40 seulement en 13 ans.

Quant au taux d'urbanisation, il passe de 15 % en 1988 à 16 % en 2001, soit au total 1 798 501 habitants. Il apparaît clairement que ces critères ont conduit à une sous-estimation de la population urbaine à l'échelle du pays, même s'ils font état de l'augmentation rapide de certains centres urbains.

Il faut dire que plusieurs localités sont aujourd'hui dotées de l'eau courante, de l'électricité et de bien d'autres équipements et infrastructures, du fait de l'espace qu'elles occupent, de leur poids démographique ainsi que de leur densité d'habitants. D'où l'intérêt de prendre en compte ces points parmi les critères d'urbanité. C'est ainsi que l'Atlas du Niger édité en 2002, retient comme centre urbain toutes agglomérations d'au moins 5 000 habitants, dotées d'un centre de santé, d'un collège, d'un bureau de poste ou agence postale, d'un système d'adduction d'eau et d'un maillage minimum de voirie en terre. Selon la même analyse, le taux d'urbanisation s'élèverait à 18 %, soit une population urbaine de 1 900 000 habitants. Cette évolution du nombre des villes traduit aussi une certaine tendance à la concentration par polarisation de la population dans les villes existantes

Dans le document de Stratégie National de Développement Urbain (SNDU) élaboré en 2004, la définition d'un centre urbain se base sur l'existence dans une localité d'un réseau d'alimentation d'eau potable et d'énergie électrique, d'un établissement sanitaire, d'enseignement primaire à un cycle complet, d'un marché hebdomadaire ou permanent, d'une gare routière et d'un abattoir. Ce qui a permis de compter 73 villes en 2001 et 84 en 2004 selon le document de la stratégie de développement urbain. Le taux d'urbanisation y est estimé à près de 20 %.

En effet, avec la décentralisation, certaines localités rurales s'urbanisent non pas du fait de l'exode rural ou de la rurbanisation, mais grâce à la course aux équipements dans laquelle sont lancées les autorités communales et le programme spécial du Président de la République. Ainsi, sans avoir à se déplacer, beaucoup de ruraux deviennent citadins en un temps record. Cela rend acceptable les projections de la stratégie de développement urbain selon lesquelles les villes nigériennes abriteront 25 à 32 % de la population en 2020. Cependant, on remarque que le document de la Stratégie Nationale de Développement Urbain ne précise pas un seuil démographique dans sa définition de la ville. Or, il s'agit d'un critère essentiel de définition et de hiérarchisation des villes.

Dans un article intitulé « Villes nigériennes, l'émergence d'une armature urbaine nationale en pays sahélien », Bruneau J.-C. et al. ont montré l'évolution des villes du Niger. A cet effet, ils présentent la macrocéphalie de l'armature urbaine comme un phénomène marquant la décennie 1970. Selon ces auteurs, les années 80 voient les centres secondaires se renforcer par la multiplication des petites villes et la croissance des villes moyennes. Quel que soit la date considérée, ces auteurs retiennent comme centres urbains, les localités ayant une population agglomérée de 4 500 habitants au moins. L'argument émis est que cet effectif est la masse critique qui assure toute localité un fonctionnement bien distinct de celui d'un simple bourg ou d'un village. Aussi, pour distinguer les villes, ont-ils mis en place la typologie suivante :

- les centres de 4 500 à 25 000 sont considérés comme des petites villes ; 

- ceux de 25 000 à 120 000 habitants sont des villes moyennes ;

- au-delà de ces chiffres, on a les grandes villes.

Carte n° 5.5 : Armature urbaine du Niger

Source : Atlas du Niger (2002, p. 33)

Dans tous les cas, la répartition des villes au sein de l'espace nigérien exprime d'emblée un total déséquilibre ; les villes sont concentrées au sud du pays, notamment dans le Sahel nigérien, qui regroupe 90 % des citadins en 1988. Globalement la localisation des villes parait linéaire au sud-est suivant l'axe du fleuve (villes fluviales), au sud et sud-est suivant la route nationale reliant Niamey à N'guigimi et au centre et au nord suivant la route de l'uranium reliant le précédent  à Arlit. En plus, on relève quelques villes satellites qui se trouvent autour des grandes villes.

Pour harmoniser et restructurer son armature urbaine, le Niger a adopté une loi portant orientation de la politique nationale d'aménagement du territoire. Il s'agit de la loi 2001-032 du 31 décembre 2001, dont l'article 5 porte un intérêt particulier sur la structuration de l'armature du Niger. Il convient de rappeler que cette armature urbaine déséquilibré n'a pas pu se développer en dépit de l'existence d'une volonté de planification qui date de la période coloniale et qui s'est maintenue jusqu'à nos jours.

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