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Mobilité résidentielle et processus d'étalement de la ville de Niamey (Niger).

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par Abdoulaye ADAMOU
Abdou Moumouni Dioffo - Doctorat de Géographie 2012
  

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5.3. Stratégies d'extension sur lesquelles se base le SDAU

Après la mise en évidence de l'impact de la surestimation de la population de Niamey à l'horizon 1996 sur les projections de développement spatial de la ville, il s'avère important d'examiner les stratégies d'extension sur lesquelles se base le SDAU. Ces stratégies sont basées sur le fait qu'en 1984, la ville occupait une superficie de 5 500 hectares pour une population estimée à 375 000 habitants, soit une densité de moyenne de 68 habitants/hectares. Selon SDAU, la population supplémentaire en 1996 serait de 383 000 habitants qui seront réparties par la densification. A cet effet, il a été prévu une superficie supplémentaire de 11 000 hectares (SDAU Niamey, 1984, le livre blanc, p. 85). Cela suppose que la ville couvrirait une superficie de 16 500 hectares en 1996, si le SDAU est mise en oeuvre intégralement. Ainsi, la densité moyenne de la ville existante augmenterait de 12 habitants pour atteindre 80 habitants/hectare, tandis que celle des zones d'extensions avoisinerait 30 habitants /hectares.

Il faut dire que les extensions prévues dans le cadre du SDAU concernent toutes les parties de la ville suivant les espaces compris entre les principaux axes routiers. Ainsi, sur la rive gauche, l'extension sud-ouest de la ville concerne l'espace entre la route Tillabéry et le fleuve Niger sur plus de 237 hectares à aménager, hormis les terrains de haute potentialité agricole qu'il convient de préserver et les zones non urbanisables. Entre la route de Tillabéry et la route Ouallam, les aménagements prévus concernent 2 455 hectares. L'extension nord-est concerne, pour sa part, l'espace compris entre la route Ouallam et la route Filingué. Ici le SDAU a prévu d'aménager environ 1 542 hectares. A l'est de la ville, l'extension est prévue entre la route Filingué et la route de Dosso sur 1 947 hectares d'espaces à aménager. A cela s'ajoute une extension de 1 874 hectares entre la route de Dosso et le fleuve Niger au sud-est de la ville.

Au niveau de la rive droite, l'extension est prévue à l'ouest sur 1 935 hectares suivant la route Torodi, tandis qu'à l'est, elle devrait se faire autour de la route de Say sur 1.404 hectares.

On remarque que l'extension de la ville devrait concerner toutes les communes actuelles de la ville et que le SDAU n'avait pas comme ambition l'édification d'une ville compacte avec des fortes densités même à la périphérie. Il initiait plutôt une ville étalée, qui nécessiterait des besoins énormes en Voirie, Réseaux et Divers (VRD). Or cela fait déjà cruellement défaut dans certains quartiers de la ville existante.

De plus, l'absence de chronogramme, du moins dans le livre blanc du SDAU, concernant la mise en place des éléments urbains projetés, laisse une large marge de manoeuvre aux acteurs urbains tels que les autorités communales, notamment en ce qui concerne les lotissements. L'importance de l'espace supplémentaire prévu pour le développement confère au SDAU le caractère d'un projet coûteux pour les sociétés concessionnaires ainsi que pour l'Etat et les municipalités, qui auraient eu du mal à suivre le rythme d'extension comme c'est le cas d'ailleurs aujourd'hui.

En outre, il ne remet pas en cause un certain nombre de faits préexistants à savoir :

- la place centrale des organes étatiques dans la gestion urbaine alors que l'interventionnisme de l'Etat était déjà en crise ;

- l'habitat horizontal très consommateur d'espace ; ainsi 5 251 hectares soit 46% de l'espace à aménager sont destinés à l'habitat ;

- l'esprit d'aménagement ségrégationniste qui a commandé l'organisation spatiale de l'habitat de Niamey depuis la colonisation.

Sur le plan du SDAU, on observe sept zones d'habitats résidentiels à aménager, ainsi que les 12 zones d'habitats programmés. Ces zones sont généralement séparées de celles d'habitat traditionnel dit évolutif, soit par une route ou autoroute, soit par une barrière naturelle ou un équipement d'envergure. Bien que ces zones d'habitats se retrouvent partout dans la ville, on peut reconnaître que le SDAU ne fait pas la promotion de la mixité sociale. Le SDAU ne semble pas, non plus, rompre avec le caractère de ville militaire que certains chercheurs reconnaissent à Niamey. Mieux, il le renforce au point de vouloir faire de la ville une véritable forteresse, car en plus des camps militaires existant à l'époque, le SDAU a programmé l'installation de cinq autres à la périphérie de presque tous les axes d'extension spatiale.

De ce fait, on remarque, dans l'élaboration du SDAU, une certaine continuité d'anciennes pratiques urbanistiques qui tend à lui donner un aspect purement classique.

On constate également, que l'étalement de la ville sur fond de développement anarchique a réellement concerné toutes les zones d'extension prévue par le SDAU, sauf qu'il ne s'est pas fait dans le respect total des projections du SDAU. Aussi, dans la pratique, des réserves foncières prévues dans le cadre du SDAU ont-elles fini par être morcelées. C'est le cas du lotissement Kobontafa, destiné à l'usage d'habitation dans le cadre de l'opération « arriérés de salaire contre parcelle ». Ce lotissement a été opéré sur les réserves foncières se trouvant derrière l'aéroport au nord-est. Les 50 mètres prévus pour séparer l'Aéroport International Diori Hamani des résidences, de surcroît propriété de l'Escadrille, ont été un peu grignotés par la mairie en 2007, pour un usage d'habitation. Quant au quartier Sarry Koubou, une partie est logée sur un terrain prévu pour faire office de cimetière.

De même, Niamey 2000 et Saga Fondou AR ont été construits sur une réserve foncière prévue par le SDAU. Cependant, certains projets du SDAU ont été appliqués : c'est le cas de la cité de la francophonie réalisée sur un terrain prévu pour accueillir un habitat résidentiel, l'extension de l'aéroport.

L'analyse montre un développement non maîtrisé de la ville qui débouche sur un étalement sans précédent. La non-maîtrise du développement est relative à la production systématique et spéculative de parcelles devant accueillir des ménages dont la plupart ont eu une mobilité résidentielle centrifuge. La spéculation a surtout été forte à partir de la période démocratique qui donne lieu à une dilapidation voire un épuisement des ressources foncières ; l'étalement qui en résulte prendra davantage d'ampleur à l'horizon 2020 si rien n'est fait. Le SDAU de 1984 est certes un outil de maitrise du développement de la ville de Niamey, mais ne vise pas à sortir du processus d'étalement. Son examen critique révèle que l'application stricte de cet outil d'aménagement d'urbain ne maintiendrait qu'une ville étalée avec de faibles densités humaines.

L'étalement de la ville de Niamey qui est alimentée par la mobilité résidentielle des ménages n'est pas bien encadré du fait de la non-application des outils de planification conçus à cet effet.

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