5.1.2. De 1960 à la fin
des années 1980 : Très peu de lotissements et demande de
plus en plus forte
A cette période, on assiste à plusieurs
programmes de lotissements donnant naissance aux quartiers comme Boukoki, et
à partir de 1972, des cités ou opérations
programmées de logements sociaux comme Poudrière.
Le développement de la ville s'étend sur la
rive droite du fleuve à partir de 1971 grâce à la
construction du pont Kennedy. Avant cette date, le site de la rive droite
était essentiellement rural avec des villages comme Lamordé,
Kirkissoye, Diamoyé.
Avec l'urbanisation, on assiste autour de ces villages,
à la naissance des zones loties mais également à des
extensions informelles. Ce qui fait qu'aujourd'hui, un quartier comme
Kirkissoye présente trois structures distinctes à savoir :
un noyau villageois, une extension informelle notamment sur les zones
inconstructibles voire inondables et enfin des extensions issues de
lotissements nettement mieux équipés que les
précédentes (carte 5.1). De 1975 jusqu'au début des
années 1980, les lotissements se faisaient sur fond de fausses
informations selon lesquelles « la terre appartient à
l'Etat ». Ce slogan, inculqué au président de
République du Niger, Seyni Kountché, a permis à l'Etat de
procéder à expropriations de terres pour cause d'utilité
publique sans pour autant avoir à dédommager les
propriétaires coutumiers. C'est ainsi que le chef de Village de
Lamordé Bitinkogui déclare avoir été
exproprié de 40 champs sans le moindre dédommagement dans le
cadre des lotissements du quartier Karadjé.
Pourtant la loi de 61-30 du 19 juillet 1961 est bel et bien
claire en ce qui concerne l'expropriation pour cause d'utilité publique.
Elle fixe la procédure de confirmation et d'expropriation des droits
fonciers coutumiers dans la république du Niger. Son article
1er stipule :
« Dans la république du Niger, sont
confirmés les droits fonciers coutumiers exercés collectivement
ou individuellement sur les terres non appropriées selon les
règles du code civil ou du régime de l'immatriculation. Nul
individu, nulle collectivité, ne peut être contraint de
céder ces droits si ce n'est pour cause d'utilité publique et
moyennant une juste compensation. Nul ne peut en faire un usage prohibé
par les lois ou par les règlements. Les collectivités ou les
individus qui, à la date de l'entrée en vigueur de la
présente loi, exercent des droits sur le sol en vertu des coutumes
locales ont la faculté de faire constater l'existence et
l'étendue de ces droits par l'application des procédures
ci-après qui se substituent à celles prévues par le
décret du 8 octobre 1925 »
Carte n°5.2 : Plan d'aménagement de la
ville de Niamey de 1961
Dès 1990, K.H. Motcho démontre, dans sa
thèse, que l'étalement est en train de prendre de l'ampleur en
mettant en relation l'évolution démographique et l'extension
spatiale de la ville. Aussi, procède-t-il à un
récapitulatif de l'évolution de la population de Niamey et celui
de l'évolution spatiale de la ville depuis la période coloniale
jusqu'en 1988. A partir de cela, l'auteur a pu élaborer une carte
montrant quelques étapes de la croissance spatiale de Niamey de la
période coloniale à 1990. Mais, la forte politisation de la
gestion urbaine à partir de 1990 n'a pas permis aux acteurs urbains de
comprendre la pertinence de sa démonstration. Il va ainsi s'ensuivre une
dilapidation des ressources foncières.
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