2.9. Empreinte
différentielle des migrations sur les espaces résidentiels de la
ville de Niamey
Ici, l'étude procède à la synthèse
des données recueillies dans une même strate en vue de la
construction du profil par strate. L'objectif est de voir les
différences comportementales en matière de migration entre les
habitants des différentes zones de la ville : centre ville, zone
péricentrale, intermédiaire et périphérie de la
ville de Niamey. Le lieu d'origine, nombre moyen de migration ainsi que les
lieux de migration des chefs de ménage sont analysés par strate.
Cette démarche vise à questionner et à
illustrer la différentiation spatiale à des niveaux
d'échelles de plus en plus fins. De ce fait, l'analyse doit permettre de
partir des grandes tendances migratoires pour arriver aux facteurs plus locaux
de différentiation. L'intérêt de la démarche est de
montrer la singularité de chaque strate à travers le profil
migratoire de ses chefs de ménage.
2.9.1. Nombre de migrations
effectuées par les chefs de ménage des strates de la ville
L'observation des parcours migratoires des chefs de
ménage dans l'espace niaméen donne lieu à une certaine
spécificité des différentes strates. Ainsi, le tableau
n°2.6 montre que les chefs de ménage de la strate 2
présentent le plus long parcours migratoire avec une moyenne de plus de
trois migrations ; les chefs de ménage des autres strates de la
ville en comptent moins. Notons que la plus faible moyenne est constatée
parmi les chefs de ménage de la strate 3. Dans tous les cas, la
différentiation spatiale due aux migrations dépend de l'attribut
des espaces urbains considérés en l'occurrence les strates.
Ainsi, les chefs de ménage de la strate 2 présentent le parcours
le plus important du fait que cet espace regorge des quartiers
résidentiels (résidentiel, logement sociaux) notamment les
logements sociaux dont l'accès se fait par location-vente. Il s'agit
d'opérations programmées d'habitat qui favorisent les
fonctionnaires et les cadres supérieurs (Cité Fayçal, 105
logements, etc.). En plus, notons que les quartiers traditionnels de la strate
2 abritent des locataires dont le profil migratoire très
développé. En effet, les chefs de ménage locataires de
leur logement comptent en moyenne 3 migrations dans les strates 2 et 4 contre
2,8 pour ceux de la strate 1 et seulement 1,6 pour ceux de la strate 3.
strate
|
Moyenne migrations
|
Strate 1
|
2,6
|
Strate 2
|
3,1
|
Strate 3
|
2,3
|
Strate 4
|
2,8
|
Tableau n° 2.6: Nombre de migrations
effectuées par les chefs de ménage de différentes
strates de la ville de Niamey
Le nombre moyen de migrations observées chez les chefs
de ménage de la strate 1 est de 2,6. Cependant, la figure n°2.14
indique que 16 % des chefs de ménage de cette strate n'ont jamais
migré et ceux qui ont fait uniquement le déplacement sur Niamey
représentent près du quart de l'échantillon. Cela veut
dire que près de 2/5 des chefs de ménage de la strate ont un
profil migratoire qui s'arrête à Niamey, ville qu'ils n'ont plus
quitté depuis leur installation. Mais, les chefs de ménage, qui
ont migré deux à trois fois dans leur vie, constituent la classe
la plus fréquente, avec 28 % des chefs de ménage de la strate 1.
Seuls 18 % des chefs de ménage de la strate ont eu à migrer plus
de cinq fois dans leur vie.
Figure 2.14 : Nombre de Migrations effectuées par
les chefs de ménage de la strate1
La situation présentée à la figure 2.15
est totalement différente car les chefs de ménage de la strate 2
ont séjourné en moyenne dans 3,1 lieux. Il convient de
préciser que 22 % des d'entre eux ont migré au moins 6 fois.
Figure n°2.15 : Nombre de migrations
effectuées par les chefs de ménage de la strate 2
Dans la strate 3, 1/5 des chefs de ménage n'ont jamais
migré et ceux qui n'ont migré qu'une fois consacrant leur
arrivée à Niamey représentent 31 % de notre
échantillon (cf. figure n°2.16).
Figure n°2.16 : Nombre de migrations effectuées
par les chefs de ménage de la strate 3
Environ 1/3 des chefs de ménage ont migré entre
2 et 3 fois et ceux qui ont migré plus de 3 fois dans leur vie
constituent seulement 18 % des enquêtés de la strate 3. En
moyenne, les chefs de ménage de la strate 3 ont séjourné
dans 2,3 lieux.
Quant aux chefs de ménage de la strate 4, ils ont
séjourné dans 2,9 lieux. Notons, cependant, que un chef de
ménage sur 10 dans cette strate n'a jamais migré, et 1/3 a
migré une seule fois : c'est la fréquence la plus
élevée parmi ces migrants. Plus de ¼ des chefs de
ménage ont migré 4 fois ou plus cela est sans doute dû au
fait que 9/10 de chefs de ménage de la strate 4 sont des migrants.
Figure n°2.17 : Nombre de migrations
effectuées par les chefs de ménage de la strate 4
La situation d'ensemble concernant le nombre de migrations par
strate se confirme chez les chefs de ménage natifs de la ville. Aussi,
les natifs de Niamey résidant dans la strate 3 présentent-ils le
plus faible parcours migratoire avec moins de deux migrations en moyenne. Ceux
qui ont été plus mobiles se retrouvent dans la strate 2 puis dans
la strate 4. Au niveau de ces deux derniers espaces, le nombre de migrations
est supérieur à 2.
strate
|
Strate 1
|
Strate 2
|
Strate 3
|
Strate 4
|
Moyenne migrations
|
1,9
|
2,4
|
1,4
|
2,1
|
Tableau n° 2.7 : Nombre moyen de migrations des
natifs de Niamey par strate
Cela est dû au fait que les natifs restés dans la
strate 1 sont ceux qui, dans l'ensemble, n'ont pas accédé
à une mobilité sociale ascensionnelle. Ils n'ont donc pas les
moyens de s'établir ailleurs dans la ville. De ce fait, ils se voient
contraints de fonder leur famille, le plus souvent, dans le quartier qui les a
vus naître. Dans la strate 3, les natifs de Niamey ont plutôt suivi
leurs parents qui, au cours leur mobilité résidentielle
ascensionnelle, ont pu accéder à la propriété dans
cet espace jadis périphérique. Les natifs qui ont
accédé à un meilleur niveau d'instruction et à une
fonction de cadre moyen ou supérieur ont dû quitter la maison
familiale du centre ville pour s'établir dans les quartiers
résidentiels ou mixtes des strates 2 et 4.
Il faut préciser qu'au sein de chaque strate, on peut
relever des nuances en ce qui concerne la migration des chefs de ménage.
Ainsi chaque quartier peut présenter un profil particulier en fonction
de sa localisation, du type d'habitat et du statut d'occupation du logement du
ménage.
De ce fait, le parcours migratoire est un indicateur important
du statut d'occupation du logement du ménage. Aussi, avoir un parcours
migratoire long semble être un privilège pour les ménages
en ce qui concerne l'accès à la propriété. En
effet, dans 8 sur 13 quartiers enquêtés, les propriétaires
sont ceux qui présentent le plus grand nombre moyen de migrations par
rapport aux autres statuts d'occupation du logement. C'est seulement dans les
quartiers Liberté dans la strate1, Boukoki I dans la strate 2, Lazaret
et Kirkissoye dans la strate 4 qu'ils n'ont pas le parcours le plus
développé. Dans les quartiers Liberté, Boukoki I,
Gamkallé et Lazaret, les chefs de ménage ont migré moins
de deux fois en moyenne.
Statut d'occupation
Quartier
|
propriétaire
|
Ayant droit
|
locataire
|
Logé gratuitement
|
Squatter
|
Moyenne migration
|
Liberté
|
1,7
|
3
|
1,6
|
1
|
-
|
1,8
|
Lacouroussou
|
4
|
1,3
|
2,6
|
3,5
|
-
|
2,9
|
Terminus
|
5,3
|
2,4
|
4,2
|
1
|
-
|
3,2
|
Boukoki I
|
1,8
|
2
|
2
|
2
|
1
|
1,8
|
Plateau II
|
4,1
|
1,5
|
3,7
|
3
|
1
|
2,7
|
Cité Fayçal
|
6,2
|
8
|
3,5
|
2,3
|
-
|
5
|
Couronne Nord
|
3,8
|
0,9
|
1,3
|
3
|
2
|
2,2
|
Dar es-Salaam
|
3,8
|
1
|
2,2
|
3
|
3,7
|
2,7
|
Gamkallé
|
2,77
|
1,44
|
2,14
|
1,5
|
-
|
1,96
|
Pays-Bas
|
2,7
|
2
|
2
|
3
|
-
|
2,4
|
Kouara Kano
|
6,2
|
-
|
3,4
|
2
|
1
|
3,2
|
Lazaret
|
2
|
1
|
2,6
|
2
|
1
|
1,7
|
Kirkissoye
|
3,2
|
1,7
|
4
|
2
|
8
|
3,8
|
Tableau n°2.8 : Nombre moyen de migrations
effectuées par les chefs de ménage des quartiers
enquêtés
En revanche, les chefs de ménage des quartiers
Terminus, Cité Fayçal, Kouara Kano et Kirkissoye extension ont
migré en moyenne plus de 3 fois. La plus forte moyenne de migration est
enregistrée dans le quartier Cité Fayçal (5 migrations en
moyenne). Dans les quartiers Lacouroussou, plateau 2, Couronne Nord, Dar
es-Salaam, Pays-Bas, les chefs de ménage ont migré en moyenne
entre 2 et 3 fois.
Hormis le lieu de résidence actuel, le lieu d'origine
peut aussi avoir des influences sur le comportement migratoire des chefs de
ménages niaméens.
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