2.8. Aperçu des
migrations des chefs de ménage de Niamey dans l'espace régional
ouest-africain
La ville de Niamey ne constitue pas un pôle de migration
important à l'échelle de l'Afrique de l'Ouest car seuls 7 % de
ses chefs de ménage sont originaires de cet espace. Ces derniers
appartiennent à huit nationalités (Ivoirienne, Béninoise,
Nigériane, Sénégalaise, Ghanéenne, Togolaise,
Burkinabé et guinéenne). D'après nos enquêtes, les
Togolais semblent être les plus présents parmi les chefs de
ménage de Niamey. 21 % des chefs de ménage ouest-africains sont
Togolais puis viennent les Maliens (19 %), les Béninois (13 %), les
Ivoiriens (11 %), les Ghanéens (8 %), les Burkinabé (6 %).. les
Sénégalais et Guinéens sont aussi présents.
En ce qui concerne les migrations, on note qu'au total, les
chefs de ménage de Niamey ont séjourné dans dix pays
ouest-africains ; il s'agit du Nigéria, de la Côte d'Ivoire,
du Nigéria, du Togo, du Sénégal, du Burkina Faso, du Mali,
du Ghana, du Bénin, du Libéria et de la Mauritanie. La carte
n°2.1 montre que les migrations en Afrique de l'Ouest des chefs de
ménage de Niamey ne rompent pas avec les anciens systèmes
migratoires mis en place depuis la période coloniale quand les pays de
la côte atlantique attiraient la main d'oeuvre de la sous-région.
Aussi, comme pendant la période coloniale, les flux migratoires des
chefs de ménage de Niamey sont-ils principalement tournés vers
les pays du Golfe de Guinée avec le Nigéria comme premier
pôle de migration (plus de 1/5 des migrations). La Côte d'Ivoire
est le deuxième pays d'accueil (19 %), puis vient le Togo (12 % des
migrations en Afrique de l'Ouest, cf. carte n°2.1).
Carte n°2.1: Destinations des chefs de ménage de
Niamey vers les pays de l'Afrique de l`Ouest
En revanche, le Burkina Faso qui est un pays de
l'intérieur de la région a été plus
fréquenté que le Bénin, pays côtier et limitrophe du
Niger. De même des pays comme la Mauritanie et le Libéria ont
rarement accueilli les chefs de ménage de Niamey au cours de leurs
parcours migratoires.
Mais, il faut bien rappeler que les motifs de cette migration
ont profondément changé. Du moins en ce qui concerne le cas de
chefs de ménage de Niamey qui sont plutôt des migrants de retour
au pays ; le constat pourrait être différent si
l'enquête avait porté sur les chefs de ménage
nigériens vivant encore dans les villes des pays ouest-africains.
Figure n°2.13 : Motifs des migrations des chefs
de ménage de Niamey vers l'Afrique de l'Ouest
La figure n°2.13 montre une importance des
migrations liées aux études et aux motifs économiques.
Pour les migrations économiques, elles sont essentiellement dues aux
aventuriers, c'est-dire des Nigériens qui émigrent vers la
côte pour chercher de l'argent ; ils sont peu qualifiés et y
exercent du commerce ou des activités manuelles. De retour à
Niamey, ils exercent des métiers artisanaux et du petit commerce. Leur
lieu de naissance est le plus souvent une localité de l'intérieur
du pays (village). Avant les années 1990, ce type de migration est rare
parmi les jeunes niaméens. Seuls les natifs de villages urbains comme
Gamkallé et Goudel le faisaient. Mais avec la crise économique et
la crise de l'emploi à Niamey, on remarque que type de migration a fini
par gagner les jeunes des quartiers populaires, notamment ceux du centre ville
et de la zone péricentrale (Kalley-Est, Liberté, etc.). Ces
jeunes qui n'ont pas la culture de l'aventure
« migratoire » reviennent à Niamey après un
séjour de un, deux voire trois ans. Il s'agit souvent d'un séjour
qui s'est soldé par un échec et une déception.
Quant aux migrations causées par les études,
elles sont surtout le fait de ceux qui ont fréquenté
l'école coranique. Dans certaines localités (villages du
département de Gaya), ce fait tend à devenir culturel et à
s'imposer comme une obligation pour les adolescents.
En résumé, l'analyse montre que les chefs de
ménage de Niamey ne sont pas de grands migrants (moins de 3 migrations)
et que les migrations internes occupent 80% de leur profil migratoire avec une
nette prédominance de Niamey (43 %). Par ailleurs, Niamey constitue une
plaque tournante importante à partir de laquelle s'opère
l'articulation entre migrations internes et migrations internationales des
personnes enquêtées.
Les migrations internationales occupent une faible place dans
le profil migratoire des chefs de ménage de la ville de Niamey et
sont principalement orientés vers l'espace sous-régional
ouest-africain (plus de 3 migrations sur 5) et dans une moindre mesure vers
l'Europe (1 migration sur 5) notamment en direction de la France (15 %). Si les
migrations internes sont essentiellement motivées par des raisons
économiques, l'analyse montre que les migrations internationales
notamment celles en direction de la France sont plutôt motivées
par des raisons qui relèvent des études, stages ou autres
formations dont la durée dépasse rarement deux ans.
Les chefs de ménage de Niamey sont essentiellement des
Nigériens de l'intérieur du pays et moins du tiers d'entre eux
sont natifs de la ville. Cela prouve que Niamey subit encore les effets de
l'exode rural et des migrations inter-urbaines puisque la plupart des
demandeurs de logement ou de parcelles proviennent de localité de
l'intérieur du pays. En revanche, la faible proportion
d'étrangers parmi les chefs de ménage de Niamey est la preuve que
Niamey ne constitue pas un pôle migratoire à l'échelle
régionale ouest-africaine. Ces étrangers qui vivent à
Niamey sont surtout locataires.
Enfin, il faut dire que ce profil générique de
la migration des chefs de ménage niaméens peut cacher des
disparités entre les habitants des différents espaces
résidentiels de la ville.
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