Mobilité résidentielle et processus d'étalement de la ville de Niamey (Niger).

1.3. Présentation de la ville de Niamey

Il s'agit, ici, de situer géographiquement la ville de Niamey, de procéder à une revue des découpages territoriaux qu'elle a connus au cours de son histoire et de décrire ses traits physiques et humains.

1.3.1. Situation géographique de la ville de Niamey

La ville de Niamey est délimitée par le décret N°88-393/PCMS/MI du 24 novembre 1988. Elle s'étend sur 239 km² entre 13°20 et 13°35 de latitude Nord et entre 2°00 et 2°15 de longitude Est. Elle est située dans la partie Ouest du Niger.

Enclavée dans département de Kollo, la ville de Niamey est limitée au nord par le canton de Hamdallaye, à l'est par le canton de Liboré, au sud par le canton de Lamordé et à l'ouest par le canton de Karma (cf. carte n°1.2).

Carte n°1.2 : Situation géographique de la ville de Niamey

1.3.2. Caractéristiques physiques de la ville de Niamey

- Climat

Niamey a un climat de type sahélien caractérisé, selon A.H. Sidikou et A. Bontianti (2004), par quatre saisons à savoir :

1) La saison sèche et froide qui dure de novembre à mi-février. C'est la période des basses températures ; on y observe des températures nocturnes de 10°C. Cette saison est aussi la période de l'harmattan qui est un vent chaud et sec et qui souffle du nord-est au sud-ouest ;

2) la saison sèche et chaude de mars à juin est la période des plus fortes températures. Les températures diurnes atteignent 45°C ;

3) la saison des pluies qui va de juin à mi-septembre. Durant cette période, la ville reçoit en moyenne 526,4 mm de pluies (RFAU/ROC, 2001), avec des variations considérables d'une année sur l'autre : par exemple, 447 mm sont tombés en 1990 et 1161mm pour l'année exceptionnelle de 1998. C'est la période de la mousson, un vent frais et humide qui souffle d'ouest en est. Les pluies tombent généralement sous forme d'averses intenses de courtes durées. Toutefois, on observe au mois d'août des pluies qui durent souvent plus de 12 heures;

4) et enfin, une courte saison humide et chaude de septembre à mi-novembre.

Il convient de préciser que cette division du temps en saisons est quelquefois perturbée du fait du dérèglement climatique.

- Une ville, deux rives

Avec une altitude variant de 180 m à 250 m, la ville de Niamey s'étend, en 2004, sur 18 km du quartier Aéroport à l'est à l'ancien poste de police de la route de Tillabery à l'ouest et sur 12,5 km du lotissement Tchangarey au nord au poste de police de la route de Say au sud. Elle est séparée en deux parties par le fleuve Niger dont l'arc de cercle a guidé sa croissance et sa dissymétrie. Mais, il se trouve que ce fleuve joyaux de la ville de Niamey est menacé d'ensablement du fait de la diminution du couvert végétal et de la disparition progressive de la forêt-galerie qui protégeait ses berges.

La rive gauche de Niamey est installée sur des terrasses cuirassées du fleuve Niger formant un plateau au versant en falaise dans sa section s'étirant sur environ deux à trois km de Goudel à Gamkallé (Sidikou et Bontianti, 2004). Ce plateau surplombe le fleuve d'une altitude moyenne de 220 m et supporte la majeure partie du développement de la ville à savoir les quatre arrondissements (1^er , 2^e, 3^e, 4^e). Il est entaillé par quelques talwegs dont le plus important est le Gounti yena, une vallée de direction Nord-Sud dans laquelle se sont développés des jardins maraîchers et même l'horticulture. Il faut noter que cette vallée est soumise depuis plusieurs décennies à une érosion régressive qui menace les habitations environnantes ; elle constitue aussi la barrière naturelle entre ce qui était jadis qualifié de « ville blanche » c'est-à-dire le Plateau et « la ville indigène » (les quartiers traditionnels du centre ville).

L'urbanisation de la rive droite, actuelle 5^e Arrondissement, a été possible suite à la construction, en 1971, du pont Kennedy. Cette rive repose sur des terrasses alluviales d'une altitude moyenne de 185 m, inondable en de nombreux endroits situés en dessous de 182 m. Les inondations touchent également les zones situées dans les dépressions du plateau de la rive gauche.

Avec le développement de la ville, on note une transformation du couvert végétal à l'origine constitué d'Hyphaene thebaica (palmier doum dans la vallée du fleuve), de Guiera sénégalensis, de Combretum micrantum, de Combretum nigrican, de Combretum glutinosum, de Balanites aegyptiaca, d'Acacia albida, etc. Utilisée comme combustible et comme bois de construction (poutre), cette végétation a pratiquement disparu à l'intérieur et autour de la ville. Le rapport final de stratégie nationale de gestion de l'environnement urbain du Niger^12(*) montre la disparition quasi irréversible de la végétation dans un rayon de 50 km, et les conséquences multiples qui en découlent. L'on peut citer entre autres : le déboisement, la désertification de l'arrière-pays et l'intensification des ruissellements des eaux pluviales (K. H. Motcho, 1991).

Une observation des photographies aériennes de la ville de Niamey présente une certaine dualité de la végétation à l'intérieur de l'espace urbanisé. En effet, la végétation est abondante et très variée au niveau des quartiers dits résidentiels (comme le Plateau, Terminus, Cité OCI, etc.) et très clairsemée voire lâche dans les quartiers traditionnels ou spontanés. Il existe aussi un nombre assez important de bois et d'espaces verts à l'intérieur de cet espace urbain même s'ils sont de plus en plus morcelés par les services municipaux. C'est le cas de la ceinture verte située à l'est de la ville qui est constituée aussi bien d'espèces locales que d'espèces importées comme : Hécaluptus, Prosopus, Azerdiraca indica, etc.

Dans la cour de certains établissements scolaires, services, jardins publics et le long des grandes artères, la végétation est aussi dense que dans les quartiers résidentiels où elle est surtout appréciée pour la fraîcheur qu'elle apporte aux heures de canicule mais également pour la verdure qu'elle apporte dans un contexte de sécheresse et enfin pour la sécurisation par certaines espèces telles les bougainvilliers qui dissuadent les voleurs d'enjamber les clôtures des concessions ; tandis que les pauvres des quartiers traditionnels ou spontanés préfèrent les arbres assez ombragés comme Azerdiraca indica (le neem) et/ou ceux qui présentent des vertus médicinales à l'image de Acacia simea ou encore des arbres fruitiers.

Quant au couvert herbacé, il n'est constitué que d'Aristida mutabilis, d'Andropogon gayanus, de Cenchrus biflorus et d'Eragiotis tremula. Ce couvert herbacé déjà pauvre est aussi envahi par le Sida cordofilia.^13(*)

A l'issue d'une analyse géomorphologique, K. H. Motcho (1991) révèle que l'importance des espaces plans à la fois peu inclinés et peu disséqués rend l'urbanisation de Niamey aisée et limite ses coûts. Toutefois, précise-t-il, (...) l'urbanisation de la rive droite nécessite la construction d'un réseau d'assainissement tout comme certaines zones du plateau de la rive gauche où la faiblesse des pentes et l'aspect ondulé du relief entraînent une stagnation des eaux pluviales dans des petites dépressions, véritables gîtes des moustiques.

* ¹² République du Niger. Cabinet du Premier Ministre. Projet de Réhabilitation des infrastructures Urbaines (PRIU). Rapport final de la stratégie nationale de gestion de l'environnement urbain du Niger. TA THUY-septembre 2001.

* ¹³ . Réseau Francophone de l'Agriculture Urbaine en Afrique de l'Ouest et du Centre (RFAU/ROC). Coordination nationale du Niger. Profil des interactions entre la problématique foncière et le développement de l'agriculture urbaine dans la ville de Niamey. Septembre 2001, pp1-25